OBÉISSANCE

1. L'obéissance dans le contexte de la famille et de la société civile. 2. L'obéissance dans le contexte de la communauté ecclésiale. 3. La dimension théologale de l'obéissance chrétienne. 4. L'obéissance dans la vie de saint Josémaria. 5. Le chemin d'obéissance des enfants de Dieu au milieu du monde. 6. Obéissance, liberté et responsabilité personnelle du chrétien.

1. L'obéissance dans le contexte de la famille et de la société civile.
2. L'obéissance dans le contexte de la communauté ecclésiale.
3. La dimension théologale de l'obéissance chrétienne.
4. L'obéissance dans la vie de saint Josémaria.
5. Le chemin d'obéissance des enfants de Dieu au milieu du monde.
6. Obéissance, liberté et responsabilité personnelle du chrétien.


Le mot "obéissance" désigne l'action d'obéir, c'est-à-dire de se conformer à la volonté d'autrui ou de l'exécuter. L'obéissance présuppose l'autorité de celui qui commande, c'est-à-dire de celui qui a le droit d’imposer ou de conseiller une conduite et qui agit dans le cadre de sa compétence. Et, en ce qui concerne celui qui obéit, l’obéissance présuppose qu'il exécute ce commandement de manière consciente et libre, car, si ce n'était pas le cas – c'est-à-dire s'il fait ce qu'un autre veut sous la pression d'une violence physique ou morale – on n’aurait pas affaire à un acte d'obéissance, mais à un acte de la volonté forcée. L'obéissance est, en somme, un acte éminemment interpersonnel, dans lequel celui qui obéit fait sienne la volonté de celui qui commande.

Mais le mot "obéissance" est également utilisé pour désigner non pas un simple acte, mais une vertu, c'est-à-dire la qualité morale de celui qui est prêt à obéir. La compréhension de l'obéissance comme vertu implique la référence à la liberté, dont nous venons de parler, mais aussi d'autres facteurs, concrètement la bonté morale de ce qui est commandé. Lorsque celui qui commande impose une conduite immorale, la réponse ne doit pas être l'obéissance, mais, au contraire, le refus d'exécuter cette action et, en allant plus loin, de mettre les moyens pour aider celui qui voulait l’imposer à changer sa façon de penser, ou du moins à cesser d'essayer d'imposer cette conduite aux autres.

Saint Josémaria nous transmet une doctrine théologique, spirituelle et pastorale sur cette vertu, vécue, méditée, prêchée et diffusée à partir de son expérience chrétienne et de son appel à se sanctifier au milieu du monde. D'où son ton empreint de vitalité. Pour la présenter, nous allons d'abord évoquer les aspects anthropologiques de l'obéissance, puis les aspects théologiques et enfin présenter quelques aspects complémentaires.

1. L'obéissance dans le contexte de la famille et de la société civile

L'homme est un être social par nature : il naît dans une communauté (la famille) et c'est dans ce contexte, et dans celui de la société civile, qu'il grandit et se développe. Les enfants ont besoin de leurs parents non seulement pour leur alimentation corporelle, mais aussi pour façonner leur personnalité et acquérir les connaissances et les valeurs qui leur permettront d'affronter les étapes ultérieures de leur vie. D'où la responsabilité des parents, mais aussi celle des enfants qui doivent reconnaître l'autorité de leurs parents et se laisser guider par eux, c'est-à-dire obéir (cf. QCP 22-23 & 27-29).

L'obéissance est appelée à être présente non seulement dans l'enfance et la prime jeunesse, mais tout au long de la vie ; non seulement dans la famille, mais dans de nombreuses autres sphères. L'idéal auquel l'être humain doit aspirer est de devenir une personne mûre en caractère et en jugement (cf. Chemin, Prologue et chapitre Caractère), mais il n’est pas de devenir un être isolé des autres, enfermé dans sa propre façon de penser et d'agir. L'homme est essentiellement un être social et relationnel. Une vie humaine digne de ce nom implique la conscience des dimensions sociales de la personne, de l'importance de la société non seulement comme source de biens permettant de satisfaire ses propres besoins, mais surtout comme sphère dans laquelle la personne se développe et se réalise dans les relations avec les autres, dans l'amitié, dans la participation aux tâches communes, dans la solidarité.

Tout cela sans oublier que la société humaine implique pluralité des fonctions et des tâches, et diversité de ceux qui la composent ; elle implique en outre structuration, ordre, hiérarchie, autorité. Et donc obéissance : « Hiérarchie. – chaque pièce à sa place –. Que resterait-il d’un tableau de Vélasquez, si chaque touche de couleur s’en allait à son gré, si chaque fil de la toile cédait, si chaque bout de bois du châssis se détachait des autres ? » (C 624). L'obéissance – avec ses multiples manifestations au sein de la famille, dans l'exercice de la vie professionnelle, dans la vie relationnelle et dans les autres sphères de la société civile – présuppose, de la part de celui qui obéit, la conscience de sa propre responsabilité ; mais aussi – et même avant tout et préalablement – une attitude de service du bien commun de la part de celui qui commande, ainsi que l'existence d'un ordre juste dans la société. Si cette attitude et cet ordre juste faisaient défaut, l'obligation d'obéir pourrait être mise entre parenthèses et se transformer en une invitation à résister et à modifier cet ordre auquel aucune personne noble, et encore moins un chrétien, ne peut rester indifférent, car « un homme ou une société qui demeure passif devant les tribulations ou les injustices, qui ne s'efforce pas de les soulager, n'est pas à la mesure de l'amour du Cœur du Christ » (QCP 167).

L'obéissance, la véritable et pleine obéissance – exercice de vertu – implique sens de la justice, esprit de service et de docilité, c'est-à-dire disponibilité à faire ce qui a été justement commandé. Et elle implique également l'humilité, la reconnaissance des limites de sa propre intelligence – aucun être humain ne possède la totalité des connaissances, qu’elles soient spéculatives ou pratiques – et, par conséquent, elle implique aussi ouverture d’esprit pour écouter les autres et admettre qu'il y a d'autres personnes qui peuvent justement donner des conseils et même des ordres. Ainsi, l'obéissance s'oppose à l'égoïsme : « Il est incroyable que l'on puisse être si heureux en ce monde où beaucoup s'entêtent à vivre tristement, car ils poursuivent leur égoïsme, comme si tout s'achevait ici-bas ! — Ne sois pas de ceux-là..., corrige-toi à chaque instant ! » (S 296). « Tu es seul..., tu te plains..., tout t'ennuie. — C'est parce que ton égoïsme t'isole de tes frères, et que tu ne te rapproches pas de Dieu » (S 709). Et, avec l'égoïsme, l'orgueil : « si l'obéissance ne te donne pas la paix, c’est que tu es orgueilleux » (C 620).

Elle requiert donc une série de caractéristiques ou de propriétés que saint Josémaria se plaisait à énumérer : sincère, sans réticences ni commentaires excessifs ; attentive, ce qui signifie "écouter" ; intelligente, mettant ses propres connaissances et sa capacité d'initiative au service de l'exécution de ce qui est commandé ; prompte, sans retard inutile ni atermoiements ; confiante ; intègre, etc. (cf. QCP 17 & 42, où il se réfère à l'exemple de saint Joseph ;C 616, 619, 623 & 627 ; F 231 ; S 379, 380, 572 & 578).

Les traités d'éthique et de théologie morale ont largement abordé les différentes questions liées à l'obéissance, que ce soit en référence à cette vertu, ou en parlant de la justice et des vertus sociales dans leur ensemble, en analysant la nature et le fondement des lois, en considérant les droits et les devoirs de l'individu en tant qu'être social, etc. Ils ont ainsi élaboré une doctrine large, complétée par une casuistique variée (dans quels cas il est licite de ne pas obéir à un commandement, quand peut-on – et même doit-on – avoir recours à l'objection de conscience...). Bien que les références à ces questions ne manquent pas dans la prédication de saint Josémaria, il ne semble pas nécessaire ici d'entrer dans leur examen détaillé ; nous pouvons donc nous limiter aux principes généraux déjà esquissés.

2. L'obéissance dans le contexte de la communauté ecclésiale

« Le bon vouloir de Dieu a été que les hommes ne reçoivent pas la sanctification et le salut séparément, hors de tout lien mutuel ; il a voulu en faire un peuple qui le connaîtrait selon la vérité et le servirait dans la sainteté » (Lumen Gentium, 9). Le fruit de cette volonté divine est l'Église, signe et sacrement d'un salut destiné à l'humanité. Incorporé à l'Église par le Baptême, le chrétien, homme ou femme, grandit au sein de la communauté chrétienne, où il a accès à la parole de Dieu et à ces sources de vie que sont les sacrements. L'Église est, comme le rappelle également le document susmentionné (cf. Lumen Gentium, 11), une communauté organice structa, organiquement structurée, avec une configuration qui, à partir de la distinction entre le sacerdoce commun (sacrement du Baptême) et le sacerdoce ministériel (sacrement de l'Ordre), comprend une diversité d'institutions surgies de l'action de l'Esprit Saint et de développements historiques. Dans l'Église, il y a donc une égalité et une fraternité radicales, et en même temps une autorité, une hiérarchie. Et donc l'obéissance.

L'enseignement de saint Josémaria s'appuie ici sur un principe fondamental : la reconnaissance sincère de l'aide que l'Esprit Saint apporte à l'Église et, par conséquent, la nécessité d'agir à tout moment avec une attitude de foi. C'est pourquoi, plus que de simple obéissance, il parle d'amour, d'unité, de fidélité filiale : « Quelle joie que de pouvoir dire du tréfonds de mon âme : j’aime ma mère, la sainte Église ! » (C 518) « Ce cri – serviam ! – exprime la volonté de “servir” très fidèlement l’Église de Dieu, au prix même de tes biens, de ton honneur et de ta vie » (C 519).

Pour rendre plus concret ce qu'implique l'obéissance dans l'Église, nous pouvons signaler deux domaines fondamentaux :

a) Tout d'abord, l'obéissance de la foi (cf. Rm 10, 16), l'acceptation, en s’y soumettant, de la foi transmise par l'Église et, en elle, par le magistère exercé par les évêques et en particulier par le Pontife romain. Il s'agit d'une véritable obéissance, car le contenu ou l'objet de la foi transcende la raison humaine, et exige donc une adhésion profonde et confiante au magistère ecclésiastique (S 275 ; F 133 & 581). En revanche, cela transcende le concept d'obéissance, car il ne s'agit pas d'abandonner sa propre volonté à celle d'un autre, mais d'accueillir un témoignage et, ce faisant, de s'ouvrir à la vérité que ce témoignage véhicule, en se laissant remplir de la "lumière", de la "splendeur", de la "certitude", de la "chaleur" que la foi implique (cf. C 575).

b) Mais l'Église a reçu du Christ non seulement la mission de transmettre la vérité révélée, mais aussi celle de guider le chrétien, d'orienter sa conduite pour qu'il accomplisse tout ce que le Christ a ordonné (cf. Mt 28, 30). Il y a donc, dans la vie de l'Église, des commandements et des préceptes (la Messe dominicale, par exemple), que le chrétien est appelé à suivre et à accomplir "fidèlement" (cf. C 522), et il y a aussi des conseils (comme la pratique de certaines dévotions par exemple) qui doivent être reçus et considérés avec l'attention et la docilité que leur origine exige. La discipline ecclésiastique est, en outre, ample et laisse une grande part à l'initiative individuelle pour tout ce qui concerne la recherche de la sainteté et l'exercice de l'apostolat auquel tout chrétien est appelé en raison de son baptême.

À l'intérieur de l'Église, tantôt comme effet d'une inspiration spéciale de l'Esprit Saint, tantôt comme fruit de l'initiative de personnes ou d'institutions particulières, il existe de nombreuses institutions à but apostolique, éducatif, social, etc. qui, dans un domaine ou un autre, réalisent la mission de l'Église ou y contribuent. Toutes ces institutions ont, de manière plus ou moins détaillée selon les cas, une structure de gouvernement qui implique des relations de décision et d'obéissance. Dans les chapitres de Chemin et Sillonque saint Josémaria consacre à l'obéissance, il y a plusieurs points qui font référence à cette réalité. Citons-en trois qui nous semblent significatifs : « Dans les travaux d’apostolat, il n’est pas de petite désobéissance » (C 614) ; « Celui qui est à la tête ne donne pas l’exemple ? … Quel dommage ! — Mais lui obéis-tu pour ses qualités personnelles ? … Ou bien traduis-tu à ta convenance les mots de saint Paul, obedite præpositis vestris, obéissez à vos supérieurs, en y interpolant quelque chose comme : à condition que le supérieur ait des qualités qui me plaisent ? » (C 621, citant He 13,17) ; « Tu n'aimes pas l'obéissance si tu n'aimes pas vraiment l'ordre que l'on te donne, si tu n'aimes pas vraiment ce qu'on t'a commandé » (S 375).

3. La dimension théologique de l'obéissance chrétienne

Ce qui a été dit ci-dessus est sans aucun doute important, mais si nous devions nous arrêter là, nous resterions à la surface de ce que la foi chrétienne dit de l'obéissance. Le fait fondamental, et on pourrait dire spécifique, du message chrétien sur la vertu d'obéissance est lié à la révélation de l'amour de Dieu pour les hommes, à la proclamation de sa paternité, de son attention pour la créature humaine qu'il accompagne avec l'amour d'un Père dans toutes les circonstances de sa vie. La conscience de cette paternité, et de la filiation correspondante, conduit le chrétien à assumer sa propre existence en sachant qu'il peut affronter chaque moment, chaque tâche, en la vivant dans la conscience de la proximité amoureuse de Dieu, et donc avec une attitude d'amour, d'adoration, d'obéissance, de désir d'accomplir la volonté divine à chaque instant.

La vertu d'obéissance acquiert ainsi les caractéristiques d'une vertu générale (S.Th., I-II, 9-104), une vertu qui se réfère avant tout à ce que détermine l'autorité de l'Église, à ceux qui ont la fonction de gouvernement dans les diverses sphères de la société civile, à la totalité de l'existence. En effet, comme l'écrit saint Paul, « il n’y a d’autorité qu’en dépendance de Dieu, et celles qui existent sont établies sous la dépendance de Dieu ; si bien qu’en se dressant contre l’autorité, on est contre l’ordre des choses établi par Dieu » (Rm 13, 1-2) ; ce qui implique une obéissance également intérieure, « non seulement pour éviter la colère, mais encore pour obéir à la conscience » (Rm 13, 5). À condition, bien sûr, que le commandement réponde à la justice et ne s'oppose pas à la volonté de Dieu, puisque « Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes » (Actes 5, 29). L'obéissance est, en ce sens, une vertu générale, puisqu'elle nous pousse à vivre de telle manière que « toujours et en tout » (C 287) nous cherchions à plaire à Dieu, à faire sa volonté, quelle que soit la manière dont elle se manifeste à nous. D'où l'exclamation que nous trouvons dans Forge : « Que l’on puisse dire de ta vie que ce qui la distingue, c’est d’”aimer la Volonté de Dieu” » (F 48), car dans l'identification avec la volonté divine se trouve la pleine réalisation de la personne humaine, et la source du bonheur qui, initié dans la vie terrestre, débouche sur l'éternité.

Cette compréhension théologale de l'obéissance est complétée, chez saint Josémaria, par deux considérations fondamentales. En premier lieu, la conscience de la dignité de la personne humaine, non seulement créature, mais enfant de Dieu. D'où une forte insistance sur le rapport entre obéissance et liberté : il n'y a pas de véritable obéissance sans liberté, et la liberté se réalise par rapport au bien et, par conséquent, inclut l'obéissance lorsque c'est par le commandement que le bien se manifeste. « Il nous faut estimer spécialement l'obéissance. Je suis très attaché à la liberté, et c'est précisément pour cela que j'aime tant cette vertu chrétienne. Nous devons nous sentir enfants de Dieu et vivre avec le désir d'accomplir la volonté de notre Père ; réaliser les choses en fonction du vouloir de Dieu, parce que nous en avons envie – la raison la plus surnaturelle qui soit » (QCP 17). « L'esprit de l'Opus Dei, esprit que je m'efforce de pratiquer et d'enseigner depuis plus de trente-cinq ans, m'a fait comprendre et aimer la liberté personnelle. Lorsque Dieu Notre Seigneur accorde sa grâce aux hommes (...) c'est comme s'Il leur tendait la main, une main paternelle, pleine de force et, surtout, remplie d'amour ; en effet, Il vient nous chercher un par un, en nous considérant comme ses filles et ses fils, et Il connaît notre faiblesse. Le Seigneur attend que nous fassions l'effort de prendre sa main, cette main qu'Il met à notre portée : Dieu nous demande un effort, effort qui est la preuve de notre liberté. Et pour pouvoir le réaliser nous devons être humbles, nous devons nous considérer comme des petits enfants et aimer l'obéissance bénie avec laquelle nous répondons à la paternité bénie de Dieu » (ibidem ; cf. AD 28-31). L'obéissance, et l'obéissance délicate, jusque dans les détails, n'est pas un signe de servilité et d'immaturité, mais au contraire de "maîtrise", d'une maîtrise de sa propre liberté, l'ordonnant au service, à l'amour et au don de soi (cf. QCP 19 & 173).

La considération de l'obéissance comme fruit d'une liberté consciente de son ordination au bien, avec tout ce que cela implique, est complétée par la référence à l'identification au Christ, qui fait de l'obéissance chrétienne une partie du mystère de la rédemption. « Le Christ, pour accomplir la volonté du Père, inaugura le Royaume des cieux sur la terre, tout en nous révélant son mystère et, par son obéissance, effectua la rédemption » (Lumen Gentium, 3). En effet, Dieu, dans sa sagesse et sa bonté infinies, a créé les hommes et décrété de les élever pour qu'ils participent à la vie divine ; et, comme ils avaient péché en Adam, il ne les a pas abandonnés au pouvoir de la mort, mais il a réalisé son plan selon une modalité rédemptrice qui passe par le don de soi amoureux et obéissant jusqu’à la mort de son propre Fils, en oblation salvifique pour tous les hommes (cf. Rm 5, 19). Ainsi, depuis son entrée dans le monde (cf. He 10, 5) jusqu'à sa mort (cf. Ph 2, 8), la vie du Christ est marquée par une obéissance filiale née de son amour du Père (cf. Jn 4, 34). C'est dans cette réalité que se trouvent l'origine et le fondement de l'obéissance en tant que vertu chrétienne : dans l'identification libre, aimante et confiante avec le Christ et, dans le Christ, avec la volonté rédemptrice de Dieu le Père.

Ces réalités constituent l'humus des enseignements de saint Josémaria sur l'obéissance. Nous les commentons ci-après en glosant ses caractéristiques.

a) Trinitaire et historico-salvifique

Pour saint Josémaria, l'obéissance ne se fonde pas sur des raisons humaines, même si celles-ci, comme l'efficacité, l'ordre, la discipline, ou même l'abnégation ou l'amour lui-même, sont reconnues et estimées dans toute leur valeur, mais sur des motivations théologiques, dérivées du cadre trinitaire et de l'histoire du salut dans lequel l'Écriture situe le sens et la portée de l'obéissance. Ce sont des raisons qui s'enracinent dans la foi au Christ : « Le Verbe descend du Ciel et prend notre chair, marquée de ce sceau merveilleux de la liberté dans la soumission » (AD 25) et, quand son heure est venue, « Il [s’abaisse], devenant obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix » (Ph 2,8), afin d'accomplir le plan du Père. Le Christ Rédempteur obéit filialement et amoureusement, avec le désir de restituer au Père la gloire endommagée par l'offense de l'homme, et d'offrir ce salut qui était perdu. Le Christ devient ainsi le pont, l'aqueduc par lequel l'Amour de Dieu se répand à l'intérieur des cœurs qui, ranimés par la charité et répondant à la grâce de l'Esprit Saint, apprennent à obéir en suivant les traces du Verbe incarné (cf. QCP 84). Dans cette réponse humaine, initiée au moment du fiatobéissant de Marie (cf. QCP 173 ; AD 25), le mystère de Jésus obéissant devient en quelque sorte présent, contribuant ainsi avec Lui à la gloire de Dieu et au salut de l'humanité. C'est à partir des données de l'éternel projet créateur et rédempteur de la Trinité, et de son économie dans l'histoire du salut à travers les missions du Fils et de l'Esprit Saint, que saint Josémaria éclaire la logique de cette vertu.

b) christocentrique

La prédication du fondateur de l'Opus Dei s'inspire constamment du texte évangélique, amenant son interlocuteur à imiter et à fréquenter personnellement le Christ. Son discours adopte toujours une perspective christocentrique, dans laquelle l'obéissance est connotée par deux caractéristiques inséparables : son profil christologique et son potentiel de configuration au Christ.

La première est fondée sur un fait biblique central : le Christ a obéi. L'obéissance chrétienne a pour modèle le Fils de Dieu qui s'est fait homme et a secondé par sa vie l'accomplissement du projet salvateur du Père. Deux textes du Nouveau Testament reviennent le plus souvent dans sa prédication : Pour saint Josémaria, l'obéissance caractérise l'existence du Christ de façon si centrale qu'elle acquiert la catégorie de synthèse biographique : « Les Saints Évangiles nous ont transmis une autre biographie de Jésus, résumée en trois mots latins, qui nous donnent la réponse : erat subditus illis, il leur obéissait (Lc 2, 51) » (QEP 17). Tout l'arc de la vie terrestre du Fils de Dieu, depuis son entrée dans le monde par l'Incarnation (Lc 1, 26) jusqu'à ce qu’Il remette son esprit sur la Croix (Ph 2, 8), reste sous le signe de l'obéissance filiale, de l'adhésion amoureuse et complète à la volonté de Dieu. Dans cette perspective, sur fond de scène du Calvaire, les années d'enfance et de jeunesse du Christ, son obéissance cachée à Nazareth, sont particulièrement lumineuses et éloquentes : « Considérons de nouveau l'exemple du Christ : Jésus obéit et Il obéit à Joseph et à Marie. Dieu est venu sur terre pour obéir, pour obéir aux créatures » (QCP 17). La soumission du Fils aux plans de Dieu pendant tout le temps de sa vie "ordinaire" apparaît, dans sa sobre normalité, chargée d'un sens salvifique qui se révèle pleinement sur le Golgotha : « Par son anéantissement, par sa simplicité, par son obéissance, par la divinisation de la vie courante et vulgaire des créatures, le Fils de Dieu s'est rendu vainqueur » (QCP 21).

Le deuxième trait – la potentialité de configuration au Christ – indique que le Christ obéissant, pleinement identifié par amour à la volonté de son Père, n'est pas seulement un simple exemple, mais un modèle que le Maître intérieur – l'Esprit Saint – reproduit dans la vie du chrétien avec la collaboration de sa liberté. Sur ce chemin d'identification au Christ, de "christification" (cf. Camino Edicion Critico Historica, p. 268), qui est le chemin de la sainteté, l'obéissance a une fonction spéciale de "christo-configuration" : elle nous incline à incorporer notre propre volonté dans l'adhésion amoureuse et filiale du Christ à la volonté de son Père. Nous la comprenons donc comme la vertu « avec laquelle nous répondons à la paternité bénie de Dieu » (QCP 17) ; et, par conséquent, avec une attitude de fils, et non d'esclaves ; avec une attitude pleine de maîtrise de soi et d'amour, et non de servilité.

Sans l'obéissance, il ne peut y avoir de suivi authentique du Christ ni de pleine identification à Lui, puisque son être de Fils se manifeste précisément comme une adhésion amoureuse au Père. L'obéissance est donc une vertu centrale, éminemment positive et féconde, qui reproduit mystérieusement dans le chrétien le cœur même du mystère du Christ, son oui filial et complet à Dieu le Père. « Il faut mourir à soi-même, pour renaître à une vie nouvelle. Car c'est ainsi que Jésus a obéi jusqu'à la mort sur la Croix, mortem autem crucis. Propter quod et Deus exaltavit illum (Ph 2, 8). Et c'est pourquoi Dieu l'a exalté. Si nous obéissons aux volontés de Dieu, la Croix sera, pour nous aussi, résurrection, exaltation. La vie du Christ s'accomplira en nous pas à pas » (QCP 21).

c) Filiale et fondée sur la foi, l'espérance et l'amour.

L'invitation constante de saint Josémaria à regarder et à s'identifier au Christ, le Fils obéissant du Père, s'accompagne de cette autre invitation : l'appel à vivre une « obéissance soumise à la volonté de Dieu » (QCP 19). C'est une disposition stable, une ouverture sans défenses, une adhésion radicale et complète à la volonté divine qui doit jaillir du cœur des enfants de Dieu. La vie du Christ n'avait « d'autre sens que d'obéir à la volonté de Dieu » (QCP 21), et il doit en être de même dans la vie du chrétien.

Ce mouvement filial qu’implique la vertu chrétienne d'obéissance s'oppose, chez saint Josémaria, à la passivité autant qu'à l'effort volontaire. Elle est toujours le fruit de son lien avec les axes de toute vie chrétienne : les vertus théologales et les dons de l'Esprit Saint (cf. QCP 43). Comme le soulignait son premier successeur à la tête de l'Opus Dei, saint Josémaria « aimait l'obéissance parce qu'il la voyait en relation avec les vertus les plus importantes : de la foi à la charité, de l'humilité à la simplicité » (in Del Portillo, 1993, p. 197). L'obéissance se fonde sur les vertus qui accompagnent la vie de la grâce et, en synergie avec elles, elle caractérise l’agir des enfants de Dieu. La vertu apparaît ainsi fermement enracinée dans la vie théologale et porte le sceau et le dynamisme de son empreinte surnaturelle.

Pour saint Josémaria, la vie chrétienne se tisse avec les fils de fibres humaines et divines : la volonté d'un fils qui, comme celle du Christ, est liée à celle de Dieu son Père. Dans cette communion des volontés, l'inclination propre à l'obéissance joue un rôle clé. Certes, la réponse filiale – obéissante – du chrétien à la volonté de Dieu le Père exige sacrifice, don de soi et, parfois, renoncement. Cependant, la source à laquelle s'alimente cette réponse ne réside pas dans le sacrifice ou le renoncement – bien que ceux-ci soient nécessaires – mais dans l'amour, et donc dans les vertus théologales et dans l'action de l'Esprit Saint qui suscite l'harmonie – qui est "docilité" (QCP 130) – avec la volonté divine. Dieu lui-même, en somme, rend possible la réponse filiale et libre – obéissante – à ses plans.

L'obéissance naît d'une foi humble et docile, pleine de confiance en Dieu, à la fois proactive et soumise (cf. QCP 42), parce que, comme le disait saint Josémaria avec une expression imagée, la volonté divine « ne se manifeste pas avec fracas » (QCP 17). En fait, « Il arrive en effet au Seigneur de suggérer son vouloir comme à voix basse, tout au fond de la conscience : il faut alors L'écouter avec attention, pour percevoir cette voix et Lui être fidèles. Mais, bien souvent, c'est à travers les autres qu'Il nous parle, et il peut arriver que la vue de leurs défauts, ou l'idée que peut-être ils ne sont pas bien informés, ou qu'ils n'ont pas compris toutes les données du problème, soit pour nous comme une invitation à ne pas obéir » (ibidem). L'obéissance surmonte ces difficultés en s'ouvrant à la volonté de Dieu que le regard de la foi – la "vision surnaturelle" – nous amène à reconnaître comme Père, de sorte que l'obéissance se configure selon sa propre forme, reproduisant la physionomie que la réponse d'amour a revêtue dans le Christ : le service de son Père et de tous les hommes. « Car l'Amour ne demande pas de droits : ce qu'il veut, c'est servir. C'est le Seigneur qui, le premier, a parcouru ce chemin avec amour. Jésus, comment as-tu obéi ? (...). Il faut sortir de soi-même, se compliquer la vie, la perdre par amour de Dieu et des âmes » (QCP 19). L'obéissance se construit aussi sur l'espérance, car le chrétien sait que sa réponse filiale à Dieu – même si elle comporte de la souffrance – lui permet d'entrevoir, déjà ici-bas, le triomphe définitif du Christ : « si nous avons imité le Christ en faisant le bien – en obéissant et en portant la croix malgré nos misères –, nous ressusciterons comme le Christ : surrexit Dominus Vere, qui est vraiment ressuscité (Lc 24, 34) » (QCP 21). Et enfin elle se construit sur l'amour, puisque « le secret pour donner du relief aux choses les plus humbles, voire les plus humiliantes, c’est d’aimer » (C. 418) ; « Tu me demandes quel est le fondement de notre fidélité ? — À grands traits, je te dirais qu’elle repose sur l’amour de Dieu, qui nous fait surmonter tous les obstacles: l’égoïsme, l’orgueil, la fatigue, l’impatience… » (F 532).

Pour saint Josémaria, l'obéissance chrétienne s'enracine dans la vie théologale et s’y forge, rendant le chrétien capable de vivre sur terre d'une manière nouvelle – divine – : placé filialement et avec confiance devant un Père qui le cherche personnellement et attend à chaque instant la réponse à son projet d'amour ; avec la certitude joyeuse et sereine – soutenue par la promesse divine – qu'avec sa grâce, il ressuscitera avec le Christ s'il accepte jusqu'au bout la volonté bienveillante, mais aussi exigeante, de Dieu. C'est pourquoi le chrétien se tourne toujours vers le Christ. Et aussi vers Marie, parce que la vie de la Mère de Dieu, et celle de son époux saint Joseph, est la réalisation la plus achevée de cette obéissance qui a le Christ comme source et modèle (cf.QCP 41-43 & 173).

4. L'obéissance dans la vie de saint Josémaria

« Comme des enfants qui obéissent » (1 P 1, 14) fidèlement : tel fut Saint Josémaria. Toute sa biographie a été marquée par l'obéissance, de sorte que sa vie est inséparable de ses enseignements, et constitue un témoignage de premier ordre et un critère herméneutique de ce que ces enseignements contiennent. À partir du 2 octobre 1928, l'obéissance de saint Josémaria s'est forgée comme une recherche patiente, une écoute attentive et confiante, une acceptation aimante et une correspondance filiale au charisme et à la mission que Dieu lui avait révélés et confiés. Dès lors, il se consacre entièrement à la mission divine (cf. AVP, I, p. 308 et suivantes).

C'est pourquoi son obéissance est particulièrement évidente dans l’accueil, le déploiement et la réalisation du charisme fondationnel, ainsi que dans sa traduction canonique. Comme le soulignent les spécialistes du parcours juridique de l'institution, la soumission filiale du fondateur au projet divin signifiait, d'une part, « un effort de cohérence avec l'inspiration originelle, comme fidélité à une lumière initiale qui déployait progressivement ses potentialités », et, d'autre part, « elle impliquait (...) beaucoup plus : se laisser remplir du don reçu, l'incarner dans sa propre existence, le transmettre aux autres, le défendre face aux incompréhensions possibles et réelles. Et tout cela, sans se refermer sur soi-même, mais, au contraire, en s'ouvrant à toute l'Église, en se laissant juger par Elle, car c'est seulement dans l'Église qu'il y a une garantie de vérité, et c'est seulement dans et par l'Église que toute mission chrétienne concrète peut atteindre son but » (cf Itinerario Juridico del Opus Dei, p. 15).

C’est dans sa réponse au plan de Dieu que saint Josémaria a placé l'unique aspiration de sa vie. Avec une image familière, il disait : « Seigneur, ton petit âne veut mériter qu’on l’appelle celui qui aime la volonté de Dieu » (Notes intimes, nº 711, 28 avril 1932 : in AVP, II, p. 531). Ce désir constitue à tel point le fil conducteur de toute son existence que, chez lui, vie et obéissance à la vocation-mission divine s'entremêlent et se confondent. Dans cette unité inséparable, il a aussi formé de nombreux chrétiens et les fidèles – prêtres et laïcs – de l'Opus Dei (cf. Del Portillo, 1993, pp. 197-199).

5. Le chemin d'obéissance des enfants de Dieu au milieu du monde

Conformément au chemin fondationnel et à la proclamation de la vocation universelle à la sainteté et à l'apostolat que le charisme fondationnel implique, saint Josémaria a rappelé que la sphère dans laquelle Dieu appelle le chrétien ordinaire à suivre le Christ est le monde, là où il existe, vit et agit couramment. C'est là que nous trouvons le lieu théologique – et pas seulement sociologique – dans lequel Dieu attend des personnes une réponse libre et obéissante à son plan de salut (cf. Entretiens 114). Le chemin de sainteté – et donc d'obéissance – du chrétien ordinaire, à l'imitation de ce que fut l'obéissance du Christ dans ses années de vie cachée, passe par les conditions ordinaires de son existence dans le monde (cf. QCP 20-21). « Depuis 1928, j'ai clairement compris que Dieu désire que les chrétiens prennent pour exemple la vie du Seigneur tout entière. J'ai compris tout spécialement sa vie cachée, sa vie de travail courant au milieu des hommes : le Seigneur veut, en effet, que beaucoup d'âmes trouvent leur voie dans ces années de vie cachée et sans éclat. Obéir à la volonté de Dieu est toujours, par conséquent, sortir de son égoïsme ; mais cela ne doit pas se réduire essentiellement à s'éloigner des circonstances ordinaires de la vie des hommes, nos égaux par l'état, la profession, la situation dans la société » (QCP 20). Dans ce contexte, l'exercice de l'obéissance revêt des caractéristiques et des concrétisations éminemment séculières et laïques, mais non moins exigeantes pour autant : « Il nous faut aimer Dieu, afin d'aimer sa volonté, et d'avoir le désir de répondre aux appels qu'Il nous adresse à travers les obligations de notre vie courante : dans notre devoir d'état, dans notre profession, dans notre travail, dans notre famille, dans nos relations sociales, dans nos propres souffrances et dans celles des autres, dans l'amitié, dans notre désir de réaliser ce qui est bon et juste » (QCP 17).

Il est un fait, par ailleurs, que les sphères de l'existence séculière sont très variées : famille, vie professionnelle, enseignement, politique, divertissement. Et chacun de ces domaines comporte ses propres lois, de sorte que l'obéissance a des nuances et des implications différentes dans chacun d'eux. Dans ce contexte, et en tenant compte des enseignements de la déontologie et de la théologie morale, il a toujours enseigné que le chrétien doit non seulement respecter mais aussi se conformer à ces lois, et a proclamé que l'activité de l'Opus Dei se déroule en tout temps en pleine cohérence avec les lois civiles de chaque pays (cf. Entretiens 30). Tous les fidèles de l'Opus Dei – comme les autres chrétiens – doivent « vivre l'esprit évangélique dans l'exercice de leur profession. Cela leur impose, tout d'abord, de respecter la justice et l'honnêteté », en se soumettant « à toutes les lois du pays » et en évitant « toute espèce de parti pris ou de favoritisme » (Entretiens 52).

Le chemin de l'obéissance au milieu du monde est, pour saint Josémaria, non seulement un témoignage de valeur humaine et de sens de la justice, mais aussi un chemin de sanctification authentique et, inséparablement, de participation à l'œuvre rédemptrice que le Christ a accomplie par sa soumission filiale au dessein du Père. Par leur obéissance dans l'ordinaire, les fidèles laïcs coopèrent au salut avec le Christ car, en découvrant et en acceptant les exigences divines cachées dans la vie ordinaire, ils assimilent leur volonté au oui du Christ au Père et, comme Lui, donnent leur vie en service d'amour pour leurs égaux.

6. Obéissance, liberté et responsabilité personnelle du chrétien

L'appel à ramener la création à Dieu dans le Christ depuis le cœur même du monde implique que le domaine propre et spécifique – mais non exclusif – dans lequel les fidèles laïcs doivent vivre la vertu d'obéissance est le domaine temporel. Dans cet ordre, ils doivent agir avec liberté et responsabilité personnelles, c'est-à-dire avec une expertise professionnelle et une conscience bien formée, par la connaissance droite des principes de l'ordre moral que la Hiérarchie interprète et enseigne, et en assumant la responsabilité en leur nom propre des décisions qu'ils prennent et des actions qui s’ensuivent. Cette liberté et cette responsabilité dans les affaires temporelles impliquent que, parallèlement à l'unité dans la foi, il existe un large et légitime pluralisme parmi les laïcs en ce qui concerne leurs actions personnelles libres dans les affaires de nature professionnelle, sociale, politique, etc.…, puisque la doctrine catholique ne crée pas de dogmes en matière de libre opinion.

Nous sommes face à un enseignement constamment proclamé dans la vie et le ministère de saint Josémaria : l'obéissance du chrétien à Dieu et à l'autorité de l'Église n'est pas incompatible avec la liberté et la responsabilité personnelle dans l'ordre temporel ; et même plus : la réalisation des plans de Dieu dans cet ordre, – réalisation à laquelle les laïcs sont appelés par un appel divin – exige une obéissance surnaturelle qui est à la fois libre et intelligente, réfléchie, mure et responsable. Il l'illustrait ainsi : « Un homme qui sait que le monde – et non seulement l'église – est son lieu de rencontre avec le Christ, aime ce monde, tâche d'acquérir une bonne préparation intellectuelle et professionnelle, établit en toute liberté ses propres jugements sur les problèmes du milieu où il évolue ; et, par conséquent, il prend ses propres décisions, lesquelles, parce qu'elles sont les décisions d'un chrétien, procèdent en outre d'une réflexion personnelle, qui tente humblement de saisir la volonté de Dieu dans les détails, petits et grands, de la vie. Toutefois, il n'arrive jamais à ce chrétien de croire ou de dire qu'il descend du temple vers le monde pour y représenter l'Église, ni que les solutions qu'il donne à des problèmes sont les solutions catholiques » (Entretiens 116-117). Dans toute son action temporelle, le chrétien agit avec sa liberté personnelle et, par conséquent, avec sa responsabilité également personnelle.

Thèmes connexes : Devoirs d’état ; Famille, Sanctification de la ; Foi ; Identification au Christ ; Liberté dans les affaires temporelles ; Morale chrétienne ; Sécularité ; Société ; Vie ordinaire, Sanctification de la vie.

Bibliographie : AD 24-38 ; C 614-629 ; CONV 113-123 ; QCP 14-21, QCP 41-53 ; IJC, pp. 13-19 ; S 372-415 ; AIG, pp. 99-124 Javier Echevarría Memoria del Beato Josemaría Escrivá. Entrevista con Salvador Bernal, Madrid, Rialp, 2000, pp. 119, 164, 233, 328-331; Ernst Burkhart - Javier López Vida cotidiana y santidad en la enseñanza de San Josemaría. Estudio de teología espiritual, II, Madrid, Rialp, 2010, pp. 434-439; Ignacio de Celaya Urrutia, “Obediencia”, en GER, XVII, pp. 154-157; Tullo Goffi, “Obbedienza”, en Ermanno Ancilli (dir.) Dizionario Enciclopedico di Spiritualità, Roma, Città Nuova, 1990, pp. 1739-1743; Michel Labourdí, "Obediencia", in Dizionario Enciclopedico di Spiritualità, Roma, Città Nuova, 1990, pp. 1739-1743. 1739-1743; Michel Labourdette, "La vertu d'obéissance selon saint Thomas", in Revue thomiste 57 (1957), pp. 626- 656; Álvaro del Portillo Entrevista sobre el Fundador del Opus Dei, Madrid, Rialp, 1993 ; Jean-Marie R. Tillard, "Obéissance", in DSp, XI, 1982, cols 535-563.

María Pilar Río