MAGNANIMITÉ

1. La magnanimité dans l'enseignement de saint Josémaria. 2. Aspects de la magnanimité.

1. La magnanimité dans l'enseignement de saint Josémaria.
2. Aspects de la magnanimité.

La magnanimité est la vertu par laquelle la personne humaine est inclinée à accomplir de grandes actions de toutes sortes, des actions qui sont vraiment dignes d'être honorées. N'est pas magnanime celui qui recherche de grandes choses si elles impliquent de l'orgueil ou un manque de vertu, car celles-ci ne mériteraient pas vraiment d'être honorées. La magnanimité pousse à l'héroïsme dans tout acte vertueux (cf. S. Th., II-II, q. 129 et I-II, q. 66 a 4 ad 3).

1. La magnanimité dans l'enseignement de saint Josémaria

Pour saint Josémaria, la magnanimité est d'une grande importance dans la recherche de la sainteté au milieu du monde, car il comprend la sainteté comme l'héroïcité de l'amour et des autres vertus. D'où son conseil de renouveler sans cesse une magnanimité sincère, et son encouragement à vivre dans une attitude de foi joyeuse et totale en Dieu dans le travail de chaque jour.

Dans son homélie sur les vertus humaines, il cite la magnanimité parmi celles qu'il considère comme « le fondement des vertus surnaturelles » (AD 74). Il souligne qu'« il est indispensable de lutter pour les acquérir et les pratiquer toutes » (AD 76) et que chaque vertu s’entrelace avec les autres de sorte que « je ne saurais dire quelle est la principale vertu humaine » (Ibid.). Mais il traite surtout de la force d'âme, de la sérénité, de la patience et de la magnanimité, dans cet ordre.

Décrivant la vertu de magnanimité de manière générale, il dit : « Magnanimité, qui est grandeur d’âme, ouverture du cœur au plus grand nombre, force qui nous dispose à sortir de nous-mêmes, à entreprendre des actions valeureuses, pour le bien de tous. La mesquinerie n’est pas pensable chez le magnanime ; pas plus que la lésinerie, le calcul égoïste, ou l’intrigue intéressée. Le magnanime s’adonne sans réserve à ce qui en vaut la peine ; c’est pourquoi il est capable de se donner lui-même. Donner ne lui suffit pas : il se donne. Il peut alors comprendre ce qui constitue la plus grande preuve de magnanimité : se donner à Dieu » (AD 80).

2. Aspects de la magnanimité

En suivant le modèle de ces considérations, les enseignements de saint Josémaria sur la magnanimité peuvent être regroupés en trois blocs thématiques. Le premier serait constitué par les textes qui se réfèrent à sa compréhension de la magnanimité humaine comme une réponse de l’être humain à la magnanimité infinie de Dieu face à laquelle, même dans les rêves les plus audacieux, nous resterons toujours en deçà ; le deuxième serait les explications sur la manière dont cette réponse se manifeste dans la recherche héroïque de la sainteté ; le troisième comprendrait la dimension de la charité envers les autres, surtout dans le zèle apostolique et l'aide fraternelle.

À titre d'exemple du premier type de texte, nous citons le suivant : « Émerveille-toi en considérant la magnanimité de Dieu : il s’est fait Homme pour nous racheter, pour que toi et moi — qui ne valons rien, reconnais-le ! — nous ayons avec Lui des relations confiantes » (F 30). « Demande-lui ce que tu veux sans crainte ! Et insiste ! Souviens-toi de la scène que nous rapporte l’Évangile à propos de la multiplication des pains. — Vois avec quelle magnanimité il répond aux apôtres : Combien de pains avez-vous ? Cinq ?... Que me demandez-vous ?... Et il donne six, cent, des milliers... Pourquoi ? — Parce que le Christ connaît nos besoins avec une sagesse divine et que, par sa toute-puissance, Il peut faire davantage et va plus loin que nos désirs. Le Seigneur voit bien au-delà de notre pauvre logique, et Il est infiniment généreux ! » (F 341).

Dans ces mots, l'initiative de Dieu dans tout le progrès vertueux de l'homme est fortement soulignée. Dieu, dans sa miséricorde infinie, choisit la plus haute manifestation d'amour, allant même jusqu'à l'extrême de la « folie d'Amour de la Sainte Eucharistie » (C 432). En ce sens, il est magnanime et appelle à la magnanimité.

La réponse humaine s'articule en correspondance avec l'initiative de Dieu. Il existe un texte particulièrement clair de saint Josémaria, dans lequel nous pouvons apprécier l’enchaînement des éléments de la vertu de magnanimité avec le noyau de son message, l'appel universel à la sainteté : « Si ce n'est pas pour construire une œuvre très grande, entièrement divine – la sainteté – ce n'est pas la peine de se donner. Aussi, lorsqu'elle canonise les saints, l'Église proclame-t-elle l'héroïcité de leur vie » (S 611). Les grandes œuvres, objet propre de la magnanimité, ne valent que si elles sont de Dieu, si elles conduisent à la sainteté. Mais la sainteté n'est pas possible si l’on ne trouve pas l’héroïcité dans les œuvres.

Il n'est pas surprenant qu'un thème qui apparaît à plusieurs reprises en relation avec la réponse magnanime de l'homme à l'effusion de l'amour divin soit la référence à la Sainte Eucharistie (cf. C 432, C 436 ; QCP 84). L'action de Marie qui, à Béthanie, oint les pieds de Jésus d'un parfum précieux, occupe une place prééminente dans la réflexion de saint Josémaria. Il décrit son action avec chaleur et la prend comme une règle de conduite dans le culte divin : « Quelle preuve évidente de magnanimité dans la prodigalité de Marie » (AD 126 ; cf. C 527).

La considération de la générosité de Marie de Béthanie conduit au troisième groupe de textes qui soulignent la dimension caritative de la magnanimité envers les autres. Il s'agit de nourrir de nobles ambitions dans un grand cœur qui, reconnaissant le Christ dans les autres, nous pousse à être apostoliques et à aider ceux qui sont dans le besoin. Ce dynamisme, qui part de la générosité de Dieu pour atteindre la nôtre, se reflète, entre autres, dans le texte suivant : « Ne soyez ni mesquins ni pingres avec Celui qui s’est si généreusement surpassé pour nous au point de se livrer totalement, sans compter. Réfléchissez-y : que vous coûte, même sur le plan financier, le fait d’être chrétien ? Mais surtout, n’oubliez pas que Dieu aime qui donne avec joie » (AD 126). C'est une attitude qui, comme on l'a déjà dit, exige un cœur grand, universel, "catholique" (cf. C 7) et un esprit ouvert qui embrasse tous les peuples et toutes les races comme des frères et des sœurs (cf. C 525).

Chez saint Josémaria, la magnanimité a une dimension apostolique évidente. Il ne pouvait en être autrement, puisque son esprit unit étroitement la sainteté – amour héroïque et dévouement – et l'apostolat : « la sanctification forme un tout indissociable avec l'apostolat » (QCP 145). En ce sens, la magnanimité le conduit à dire : « Il faut que les problèmes des autres soient nos problèmes; la fraternité chrétienne doit être profondément ancrée dans nos âmes, de sorte que personne ne nous soit indifférent » (Ibid.). Loin de nous faire penser à notre propre excellence, la magnanimité est un encouragement : "ouvrez grand votre cœur pour qu'il puisse contenir l'humanité entière. Pensez, avant tout, à ceux qui vous entourent à vos parents, à vos frères, à vos amis, à vos compagnons —et cherchez comment vous pourriez les amener à approfondir leur amitié avec Notre Seigneur » (QCP 175).

Saint Josémaria, qui a entrepris et promu des œuvres de grande magnitude et de grande portée, a souligné l'importance des "petites choses" par rapport à la magnanimité. Les petites choses sont le moyen d'accomplir tout ce qui est grand et elles sont le chemin de la sainteté, car « la sainteté ne consiste pas à faire de grandes choses » (F 61), mais à lutter « dans ta vie intérieure et dans l’accomplissement héroïque de ton devoir, jusqu’au bout » (F 60; cf. C 825).

Comme dans d'autres aspects de la vie chrétienne, saint Josémaria enseigne que l'exemple de sainte Marie dans la vertu de magnanimité joue un rôle herméneutique de premier ordre : « Car voilà ce qui explique la vie de Marie : son amour. Un amour poussé à l'extrême, jusqu'à l'oubli total de soi, toute contente qu'elle était de se trouver à sa place, là où Dieu la voulait, dans l'accomplissement total de la volonté divine (...) Il nous appartient d'essayer d'être comme Elle, dans les circonstances précises où Dieu a voulu que nous vivions » (QCP 148).


Thèmes connexes : Apostolat ; Petites choses ; Force ; Fraternité ; Justice ; Promotion sociale et développement ; Sainteté ; Solidarité ; Vertus humaines

Bibliographie ; “El amor de los hijos de Dios. Las virtudes cristianas”, in Ernst Burkhart - Javier López Vida cotidiana y santidad en la enseñanza de San Josemaría. Estudio de teología espiritual, II, Madrid, Rialp, 2011, pp. 285-494 ; Tullo Goffi, "Magnanimidad", in Ermanno Ancilli(dir. ) Diccionario de Espiritualidad, II, Herder, Barcelona, 1983, pp. 526-529 ; F. Marti, "Magnanimité", in DSp, X, pp. 91-97 ; S.Th., II-II, q. 129 et I-II, qq. 66 a 4 ad 3.

Martin Schlag