LA TRÈS SAINTE VIERGE MARIE

1. Une vie entièrement mariale. 2. Un enseignement mariologique aux racines trinitaires. 3. La maternité divine, fondement de la vie de Marie et de la dévotion mariale. 4. Mère des hommes. 5. Sainte Marie, exemple de vertus.

1. Une vie entièrement mariale.
2. Un enseignement mariologique aux racines trinitaires.

3. La maternité divine, fondement de la vie de Marie et de la dévotion mariale.

4. Mère des hommes.

5. Sainte Marie, exemple de vertus.

Saint Josémaria a toujours insisté sur le fait que le seul modèle pour le chrétien est Jésus-Christ, et celui qui modèle, l'Esprit Saint. Sa devise était "me cacher et disparaître, afin que seul Jésus brille". Cependant, tout en réitérant fréquemment ce critère dans ses conversations, avec la même simplicité, il disait : « S’il y a une chose en laquelle je veux que vous m'imitiez, c'est dans l'amour que j'ai pour la Très Sainte Vierge ». C’était une exception dans laquelle il se donnait en exemple. On peut dire que son existence et son enseignement ont été profondément mariaux : l'amour de la Vierge a imprégné ses actions et toute sa prédication. Sa vie intérieure était centrée sur une relation intime et continue comme le petit enfant d'une Mère tellement digne d’être aimée.

1. une vie entièrement mariale

La dévotion mariale a pris racine dans l'âme de saint Josémaria dans la maison de ses parents. Ses parents, José Escrivá et Dolores Albás, étaient de fervents catholiques qui professaient un amour affectueux pour la Vierge Marie. Il suffit de rappeler qu'à l'âge de deux ans, alors qu'il souffrait d'une grave maladie qui semblait incurable, sa mère, Dolores, entreprit une neuvaine à Notre-Dame du Sacré-Cœur pour la guérison de son fils, avec la promesse d'un pèlerinage à la Vierge de Torreciudad en cas de guérison. Cette promesse fut accomplie par les parents avec leur enfant peu de temps après. Ce sont donc eux, en premier lieu, qui lui ont inculqué, par leur exemple et leurs enseignements, une affection filiale pour Marie ; d'eux, saint Josémaria a appris Bendita sea tu pureza (bénie soit ta pureté) et une prière d'offrande à la Sainte Vierge, Ô Notre Dame, ô ma Mère, je me donne entièrement à Vous.... Dans son enfance, il accompagnait parfois ses parents dans la récitation du Rosaire.

Son séjour au jardin d'enfants des Filles de la Charité, de 1905 à 1908, et chez les Pères de Écoles Pies (NdT piaristes ou scolapes), de 1908 à 1915, a également contribué à la croissance progressive de sa piété et de sa dévotion à Marie. Le piariste Manuel Laborda l'a préparé à sa première communion et lui a enseigné la formule de communion spirituelle suivante : Je voudrais Seigneur te recevoir avec la pureté, l'humilité et la dévotion avec lesquelles ta Sainte Mère te reçut, avec l'esprit et la ferveur des saints, prière qu'il a récité très souvent chaque jour depuis lors jusqu'à sa mort. Comme on peut le voir clairement dans cette prière, la Vierge est placée comme modèle et exemple à imiter dans la réception de l'Eucharistie. On sait qu'à certaines occasions, au cours de ses années d'école secondaire, face à des conversations inappropriées avec ses camarades de classe, il se retirait prudemment et récitait le chapelet en guise de réparation.

Pendant les vacances de Noël 1917, alors qu'il était déjà à Logroño, le Seigneur entra de façon inattendue et profonde dans la vie de saint Josémaria, bouleversant les aspirations de sa vie. C'est à ce moment qu'il décida de devenir prêtre, afin d’être disponible pour faire la volonté de Dieu. La Vierge fût très présente dans ce changement de direction de sa vie. Voici comment il le décrit dans ses notes intimes : « Ma Mère du Mont Carmel m'a poussé vers la prêtrise. Alors que moi, Notre-Dame, jusqu'à l'âge de seize ans, j'aurais ri de celui qui m’aurait dit que j'allais porter la soutane... Comme tu es obligée, douce Vierge des Baisers, de me prendre par la main, comme un de tes enfants touts petits ! » (no 163 : AVP, I, p. 98, n. 80).

En tant que séminariste, d'abord à Logroño (1918-1920) puis à Saragosse, au séminaire de Saint-François de Paule, sa dévotion à Marie s'enracine de manière tendre, profonde, forte et sereine dans sa vie quotidienne. En plus des prières mariales récitées au Séminaire, saint Josémaria continuait à réciter les trois parties du Rosaire et, profitant des moments où la discipline du Séminaire le lui permettait, il se rendait à la Sainte Chapelle de la cathédrale du Pilar. Il le faisait souvent pour clamer devant l'image vénérée de la Vierge l’oraison jaculatoire Domina, ut sit ! afin que s'accomplisse ce que Dieu lui avait fait pressentir mais qu'il ne connaissait pas encore. En raison de son amour profond pour Notre-Dame du Pilier, il célébra sa première Messe dans cette même Sainte Chapelle le 30 mars 1925.

À Madrid, son amour et sa dévotion envers la Vierge continuèrent de se manifester. Il se confiait régulièrement à elle, afin que son travail pour les âmes soit fructueux (cf. AVP, I, p. 282). Le 2 octobre 1928, jour où Dieu lui fit voir l'Opus Dei, saint Josémaria raconte : « ému, je me suis mis à genoux – j'étais seul dans ma chambre, entre deux causeries – j'ai rendu grâce à Dieu, et je me souviens avec émotion du son des cloches de la paroisse de Notre-Dame des Anges » (AVP, I, p. 293). Il était pleinement convaincu que la Sainte Vierge Marie avait été présente à ce moment-là et c'est pourquoi, tout au long de sa vie, il n'a pas hésité à affirmer à plusieurs reprises que « l'Opus Dei est né et s'est développé sous le manteau de la Très Sainte Vierge Marie ».

Il fréquentait la Sainte Vierge Marie avec une confiance intime, comme un petit enfant sans défense qui a besoin de sa Mère. C'est ce que montre, par exemple, un passage de ses Notes intimes : « Ce matin je suis revenu sur mes pas, comme un petit garçon, pour saluer la Vierge, devant sa représentation dans la rue d’Atocha, tout en haut de la maison de la Congrégation de Saint-Philippe. J'avais oublié de la saluer : quel enfant rate l'occasion de dire à sa mère qu'il l'aime ? Notre-Dame, que je ne sois jamais un ex-petit enfant » (no 446 : AVP, I, p. 341). C’est ce que montre aussi le baiser filial qu'il donnait chaque jour, en sortant ou en entrant dans sa maison, à une petite statue qu'il appelait "ma Vierge des Baisers" ; ou le livre sur le saint Rosaire qu'il a écrit un jour d’une traite pendant la neuvaine de l'Immaculée Conception en 1931, près du chœur, dans le couloir menant à la sacristie de l'église Sainte-Elisabeth ; ou aussi les prières qu'il récitait souvent devant l'image de Notre-Dame de l'Almudena située dans un coin de la muraille, en pleine rue, à côté de l'église qui porte ce nom (aujourd'hui la cathédrale).

Fin novembre 1937, pendant la guerre civile espagnole, alors qu'il quittait la zone républicaine avec beaucoup de difficultés pour pouvoir continuer librement son travail apostolique, saint Josémaria souffrit une grande contradiction spirituelle due au doute où il était de savoir s’il devait quitter Madrid. Il se tourna avec foi vers la puissante protection de la Très Sainte Vierge, qui calma et apaisa sa conscience, le remplissant d'une paix et d'une joie profondes (cf. AVP, II, pp. 191-196).

En février 1946, saint Josémaria envoya don Álvaro Del Portillo à Rome pour obtenir du Saint-Siège le Decretum laudis sur l'Opus Dei ; cependant, les négociations furent retardées et se trouvèrent dans une impasse. Sa présence dans la Ville éternelle était requise. Malgré la gravité de son diabète qui rendait un tel voyage déconseillé, il se mit en route pour Rome. Saint Josémaria plaça ce voyage et toutes les étapes qu'il allait franchir sous la protection de la Vierge Marie. Il fit une visite à Notre Dame du Pilier et au monastère de Monserrat. À Barcelone, dans une prière de supplication et de confiance, il se tourna également vers l'intercession maternelle de Notre-Dame de la Merci.

Saint Josémaria continua à ressentir délicatement la proximité affectueuse de Notre Dame au cours des années suivantes et jusqu'à la fin de ses jours sur terre. Lorsque, par exemple, en 1951, une très forte contradiction se profile au-dessus de l'Œuvre, contradiction que le fondateur ignore mais pressent, il se tourne, comme toujours, vers la protection de la Mère de Dieu. C'est ainsi qu'il l'expliquera plus tard à ses enfants : « Comme je ne trouvai personne sur terre qui puisse nous aider vraiment et de façon décisive, je me suis tourné vers Notre Sainte Mère Marie » (AVP, III, p. 199), et il consacra l'Opus Dei au Cœur Immaculé de Marie dans la Sainte Maison de Lorette le 15 août. En son nom et au nom de l'Opus Dei tout entier, il dit à Notre-Dame : « Nous te consacrons notre être et notre vie, tout ce qui nous appartient : ce que nous aimons et ce que nous sommes. À toi nos corps, nos cœurs et nos âmes ; nous sommes à toi et nos apostolats sont à toi » (AVP, III, p. 201).

Au cours de la décennie 1950-1960, saint Josémaria visita les sanctuaires mariaux d’Europe les plus connus, comme un pèlerin pénitent et amoureux, déposant aux pieds de la Sainte Vierge tout son amour et son désir de sainteté, implorant son aide et sa protection maternelles pour toute l'Église et pour l'Opus Dei. Il priait spécialement la Vierge pour qu'elle lui accorde la grâce de parvenir à la solution juridique définitive pour l'Œuvre (cf. AVP, III, p. 566). Lorsque, dans les années soixante et soixante-dix, l'Église connut une douloureuse période de crise doctrinale et spirituelle, saint Josémaria réagit également en se tournant vers le Seigneur par l'intercession efficace de Sainte Marie, la Toute-Puissante Suppliante. Le 23 août 1971, il sentit s'imprimer dans son âme, avec une clarté et une force irrésistibles – comme une locution divine –, l’oraison jaculatoire : Adeamus cum fiducia ad thronum gloriae ut misericordiam consequamur – Approchons nous avec confiance du trône de gloire pour obtenir miséricorde – (cf. He 4,16 : AVP, III, p. 609).

Dans ce contexte, il intensifia ses pèlerinages dans divers sanctuaires mariaux en Europe et, en mai 1970, il voulut se prosterner aux pieds de Notre Dame dans le sanctuaire de Guadalupe au Mexique. Là, sur une tribune située à la hauteur de l'image de la Vierge, il fit une neuvaine humble et pleine de supplications, accompagné de quelques-uns de ses enfants : « Mère, nous venons à Toi, Tu dois nous écouter. Nous demandons des choses en vue de mieux servir l'Église, pour mieux préserver l'esprit de l'Œuvre. Tu ne peux pas ne pas nous entendre ! Tu veux que tout ce que ton Fils désire soit accompli, et ton Fils veut que nous soyons des saints, que nous fassions l'Opus Dei. Tu dois nous écouter ! » (AVP, III, pp. 586-587).

Son affection ardente pour la Mère de Dieu et notre Mère le conduit, à la fin de sa vie, à promouvoir ce qu'il a lui-même appelé une de ses "dernières folies" : la construction du sanctuaire de Torreciudad, expression à la fois de sa dévotion à la Vierge Marie et de son amour pour les âmes. L'itinéraire marial de saint Josémaria prit fin, comme sa propre vie terrestre, le 26 juin 1975 : juste avant, il avait contemplé avec tendresse une image de Notre-Dame de Guadalupe qui présidait son bureau.

2. Un enseignement mariologique aux racines trinitaires

La pensée mariologique de saint Josémaria est profondément enracinée dans la grande tradition doctrinale et spirituelle de l'Église, bien qu'elle acquière ses propres nuances en accord avec le message de sainteté dans la vie ordinaire qui accompagne sa mission dans l'Église. La perspective dominante est, avant tout, trinitaire (Marie est contemplée comme la Femme choisie de toute éternité par le Père pour être, par l'action de l'Esprit Saint, la Mère du Verbe incarné). Mais le mystère de Marie est également contemplé par saint Josémaria dans la perspective d'une existence humaine sanctifiée par la grâce divine et une correspondance héroïque.

Les racines profondes de sa pensée sont, comme nous l'avons dit, essentiellement trinitaires. Dans Chemin, par exemple, on peut lire : « Comme les hommes aiment qu’on leur rappelle leur parenté avec des personnages célèbres de la littérature, de la politique, de l’armée, de l’Église ! … — Chante donc cet hymne aux pieds de la Vierge Immaculée :Je vous salue Marie, fille de Dieu le Père ; je vous salue Marie, Mère de Dieu le Fils ; je vous salue Marie, Épouse de Dieu le Saint-Esprit… Dieu seul est au-dessus de vous ! » Dans Amis de Dieu, nous trouvons d'autres mots similaires : « Marie, Fille de Dieu le Père, de par l’Incarnation du Seigneur dans ses entrailles immaculées est l’Épouse de Dieu le Saint-Esprit et la Mère de Dieu le Fils » (AD 274). Saint Josémaria aimait beaucoup l'invocation de Marie comme Fille, Mère et Épouse de Dieu, dont l'origine remonte à saint François d'Assise et qui depuis est utilisée assidûment dans la littérature spirituelle. Il est probable que saint Josémaria l'ait appris chez le Pères des Écoles Pies au collège qu'il fréquentait enfant à Barbastro, car dans la récitation quotidienne du Rosaire de cet établissement, à la fin de chaque dizaine, on ajoutait : « Je vous salue Marie, Fille de Dieu le Père ; Je vous salue Marie, Mère de Dieu le Fils ; Je vous salue Marie, Épouse de Dieu le Saint-Esprit ; Je vous salue Marie, Temple et Tabernacle de la Très Sainte Trinité ; Je vous salue Marie, conçue sans la tache du péché originel. Amen ».

L'empreinte de cette contemplation mariale de racine trinitaire est évidente dans de nombreux passages des œuvres de saint Josémaria. En voici, comme preuve, un des plus caractéristiques : « Marie, fille de Dieu le Père, mère de Dieu le Fils, épouse de Dieu le Saint-Esprit, monte au Ciel. Au-dessus d'elle, il n'y a que Dieu, et Lui seul. Mystère d'amour que celui-ci. La raison humaine ne parvient pas à le comprendre. Seule la foi réussit à expliquer qu'une créature ait pu être élevée à une telle dignité, qu'elle devienne l'objet aimé de toutes les complaisances de la Trinité. Nous savons que c'est un secret divin. Mais, parce qu'il s'agit de notre Mère, nous avons plus de facilité – si l'on peut dire – pour comprendre cette vérité de foi que d'autres » (QCP 171). En mettant en évidence la relation différenciée de Sainte Marie avec chacune des Personnes divines, l'auteur veut montrer la dimension trinitaire ineffable de la mission de Notre-Dame dans l'économie du salut. « Elle vit et nous protège, elle est à côté du Père, du Fils et de l’Esprit Saint, en corps et en âme. Celle-là même qui est née en Palestine, qui s’est donnée au Seigneur dès son enfance, qui a reçu l’annonce de l’archange Gabriel, qui a mis au monde notre Sauveur, qui s’est trouvée avec Lui au pied de la Croix » (AD 292).

Cette accentuation trinitaire de la dévotion mariale a des conséquences spirituelles évidentes, car la dévotion mariale, en nous rapprochant du mystère de Marie par l'amour et le contact personnel, nous aide à pénétrer plus profondément dans sa source, qui est le mystère de Dieu. D'où ces mots : « Ceux qui trouvent démodées les dévotions envers la Très Sainte Vierge, manifestent qu'ils ont perdu de vue le sens profondément chrétien qu'elles contiennent et qu'ils ont oublié la source dont ils procèdent : la foi en la volonté salvatrice de Dieu le Père, l'amour envers Dieu le Fils qui s'est réellement fait homme et est né d'une femme, la confiance en Dieu le Saint-Esprit qui nous sanctifie par sa grâce. C'est Dieu qui nous a donné Marie, et nous n'avons pas le droit de la repousser ; nous devons au contraire recourir à elle avec l'amour et la joie des enfants » (QCP 142). « Adresse-toi à la Sainte Vierge – la Mère, la Fille, l’Épouse de Dieu, et notre Mère –, et demande-lui de t’obtenir de la Très Sainte Trinité davantage de grâces : la grâce de la foi, de l’espérance, de l’amour, de la contrition. Ainsi, lorsqu’il te semblera qu’un vent fort, sec, capable de flétrir les floraisons de l’âme souffle dans ta vie, il ne flétrira rien en toi... ni chez tes frères et sœurs » (F 227).

La fréquentation filiale de la Vierge Marie offre donc, selon l'enseignement de saint Josémaria, une manière adéquate pour fréquenter les Personnes divines : « La Sainte Vierge. Où trouver meilleure maîtresse de l’amour de Dieu que cette Reine, cette Dame, cette Mère, qui entretient la relation la plus intime avec la Trinité : Fille de Dieu le Père, Mère de Dieu le Fils, Épouse de Dieu le Saint-Esprit, et qui est en même temps notre Mère ? — Aie personnellement recours à son intercession ! » (F 555). Le chemin sûr « pour parvenir à la Très Sainte Trinité passe par Marie » (F 543). « Sa main bénie nous mènera jusqu'à Jésus et par lui, jusqu'au Père, dans le Saint-Esprit » (Aimer l’Église, 17). Marcher filialement, dans la vie spirituelle, à la main de notre Mère (faire "l'expérience particulière de l'amour maternel de Marie") conduit doucement à l'intimité avec Dieu et à la maturité chrétienne : « Je t’assure que si tu empruntes ce chemin, tu trouveras aussitôt tout l’amour du Christ : et tu te trouveras plongé dans cette vie ineffable de Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit. Tu y puiseras des forces pour accomplir entièrement la Volonté de Dieu, tu t’empliras de désirs de servir tous les hommes. Tu seras le chrétien que tu rêves d’être parfois : débordant d’œuvres de charité et de justice, joyeux et fort, compréhensif envers autrui et exigeant envers soi-même. Telle est sans plus la trempe de notre foi. Accourons à Sainte Marie, qui nous accompagnera d’un pas ferme et constant » (AD 293).

a) Fille de Dieu le Père

Le Concile Vatican II appelle Marie « fille de prédilection du Père » (Lumen Gentium, 53). Bien que saint Josémaria n'utilise pas ce qualificatif, il est néanmoins clair que, dans sa pensée, la relation filiale de Marie avec Dieu le Père a des caractéristiques uniques.

En effet il concentre à plusieurs reprises son attention sur deux thèmes liés entre eux. Tout d'abord, sur son élection singulière et sur les très grands dons qu’elle a reçus : « Parce qu’il est Omnipotent, Tout-Puissant, Omniscient, Infiniment Sage, Dieu se devait de choisir sa Mère. Et toi, qu’aurais-tu fait si tu avais dû la choisir ? Je pense que toi et moi, nous aurions choisi celle que nous avons, en la comblant de toutes les grâces. C’est ce que Dieu a fait (...) Dieu a entouré sa Mère de tous les privilèges, dès le premier instant. Et la voilà belle, et pure, et limpide en son âme et en son corps ! » (F 482). En second lieu, le regard de saint Josémaria s'attarde sur la parfaite et pleine correspondance de la Demoiselle de Nazareth aux desseins divins : « Notre Dame écoute avec attention ce que Dieu veut d'elle ; elle médite ce qu'elle ne comprend pas ; elle interroge sur ce qu'elle ne sait pas. Ensuite, elle s'applique de tout son être à accomplir la volonté divine : je suis la servante du Seigneur : qu'il m'advienne selon ta parole ! » (QCP 173). Marie, fille bien-aimée du Père, est aussi, pour ceux qui sont enfants de Dieu par la grâce, un modèle pour apprendre à sanctifier leur existence ordinaire d'enfant de Dieu. « Efforçons-nous d'imiter son obéissance à la volonté de Dieu, obéissance où se mêlent harmonieusement noblesse et soumission. (...) Sainte Marie, notre exemple en toutes choses, nous apprend maintenant que l'obéissance à Dieu n'est pas servilité, qu'elle ne subjugue pas notre conscience. Au contraire, elle nous incite intérieurement à découvrir la liberté des enfants de Dieu » (ibidem).

b) Mère de Dieu le Fils

La relation de Marie avec le Fils est singulière, irremplaçable et unique : elle est la Mère du Verbe Incarné. Saint Josémaria nous a laissé un témoignage vibrant du ton de sa contemplation du moment de l'Incarnation : « N’oublie pas, mon ami, que nous sommes des enfants. Marie, la Dame au doux nom, est en prière. Toi, tu es dans cette maison tout ce que tu voudras : un ami, un serviteur, un curieux, un voisin... — Quant à moi, je n’ose pas être quoi que ce soit en ce moment. Caché derrière toi, je contemple la scène, ébloui. L’Archange transmet son message... Quomodo fiet istud, quoniam virum non cognosco ? — Comment cela se fera-t-il puisque je ne connais point d’homme ? (Lc 1, 34). La voix de notre Mère ramène à ma mémoire, par contraste, toutes les impuretés des hommes..., les miennes aussi. Et combien je hais alors les misérables bassesses de la terre !... Quelles résolutions ! Fiat mihi secundum verbum tuum — Qu’il me soit fait selon ta parole (Lc 1, 38). Et dans l’enchantement de ces paroles virginales, le Verbe s’est fait chair. La première dizaine va s’achever... Avant tout autre mortel, j’ai encore le temps de dire à mon Dieu : Jésus, je t’aime » (Saint Rosaire, Premier Mystère Joyeux).

La vie ordinaire et apparemment banale de Marie, traversée d’un sentiment intime de relation filiale avec Dieu, est également marquée par la conscience de sa mission maternelle. Elle prend soin de l'Enfant Jésus, L'éduque et Le protège, mais elle s'efforce d'apprendre de Lui, qui était aussi enfant de Dieu. « J’aime remonter en pensée à ces années pendant lesquelles Jésus est resté aux côtés de sa Mère, années qui couvrent presque toute la vie de notre Seigneur en ce monde. Le voir petit, quand Marie prend soin de Lui, Le couvre de baisers et L’amuse. Le voir grandir, sous les yeux aimants de sa Mère et de Joseph, son père sur la terre. Avec quelle tendresse et avec quelle délicatesse Marie et le saint Patriarche devaient-ils se préoccuper de Jésus pendant son enfance et, en silence, apprendre beaucoup et constamment de Lui. Leurs âmes devaient s’identifier progressivement à l’âme de ce Fils, Homme et Dieu. C’est pourquoi la Mère, et après elle Joseph, connaît mieux que quiconque les sentiments du Cœur du Christ, et tous deux sont le meilleur chemin, le seul affirmerais-je, pour arriver jusqu’au Sauveur » (AD 281).

c) Épouse de Dieu Saint-Esprit

Saint Josémaria traite la relation de Marie avec le Paraclet avec une grande sobriété et décrit cette relation par l'expression « Épouse du Saint-Esprit ». Il suit en cela la tradition qui, partant de saint François d'Assise, est poursuivie par Conrad de Saxe, Jean de Parme, saint Bernardin de Bustis, saint Robert Bellarmin, saint Laurent de Brindisi, saint Louis-Marie Grignon de Monfort, saint Alphonse-Marie de Liguori, etc.

Dans la pensée du fondateur de l'Opus Dei, redevable à la doctrine paulinienne, le Paraclet est Celui qui modèle la vie nouvelle des chrétiens. Bien qu'il l'appelle « le Grand Inconnu », parce que « l'action de l'Esprit Saint peut passer inaperçue » (QCP 130), il affirme en même temps, avec toute la Tradition de l'Église, que l'application de la rédemption objective à tous les hommes est la mission propre de la Troisième Personne, parce que « c'est le Saint-Esprit qui, par ses inspirations, imprime un ton surnaturel à nos pensées, à nos désirs et à nos actes. C'est Lui qui nous pousse à adhérer à la doctrine du Christ et à l'assimiler en profondeur. C'est Lui qui nous éclaire, nous rend conscients de notre vocation personnelle et nous donne la force de réaliser tout ce que Dieu attend de nous. Si nous sommes dociles au Saint-Esprit, l'image du Christ se formera sans cesse davantage en nous et nous nous approcherons ainsi chaque jour davantage de Dieu le Père » (QCP 135).

Saint Josémaria ne l'aborde pas explicitement, mais il est évident qu'il applique cette doctrine à Marie de manière éminente, car « elle est le chef-d'œuvre de Dieu (...). Tous les idéaux trouvent leur réalité en elle ; mais nous ne devons pas en conclure que sa sublimité et sa grandeur nous la rendent inaccessible et distante. C’est la pleine de grâces, la somme de toutes les perfections : et elle est Mère » (AD 292). La sainteté – la plus élevée – de la Vierge vient du Paraclet, qui est « l'Esprit envoyé par le Christ pour réaliser en nous la sanctification qu'Il a méritée pour nous sur la terre » (QCP 130).

3. La maternité divine, fondement de la vie de Marie et de la dévotion mariale

La doctrine mariale de saint Josémaria peut s'inscrire dans le courant traditionnel de la mariologie qui s'est développé à partir du Moyen Âge et a atteint son apogée dans la seconde moitié du XIXe siècle et la première moitié du XXe, connu sous le nom de mariologie christotypique, pour le différencier de l'autre courant, né au début du XXe siècle et qui a reçu une grande impulsion au milieu de ce siècle, connu sous le nom de mariologie ecclésiotypique. Le principe fondamental de la systématisation mariologique christotypique est la maternité divine de Marie. C'est cette vérité de foi qui organise, ordonne et sous-tend toutes les autres prérogatives de la Vierge. Le Magistère antérieur au Concile Vatican II, ainsi que la plupart des mariologues et des auteurs spirituels de cette période, se sont placés dans cette ligne théologique. Et elle est encore valable aujourd'hui pour de nombreux spécialistes de la mariologie.

Pour le fondateur de l'Opus Dei également, « la Maternité divine de Marie est la racine de toutes les perfections et de tous les privilèges dont elle est ornée. À ce titre, elle a été conçue immaculée et elle est pleine de grâces, elle est toujours vierge, elle est montée aux cieux en corps et en âme, elle a été couronnée Reine de la création tout entière, au-dessus des anges et des saints (...) Il n’y a pas de danger d’exagérer. Nous n’approfondirons jamais assez ce mystère ineffable ; nous ne pourrons jamais remercier assez notre Mère de cette familiarité avec la Très Sainte Trinité qu’elle nous a donnée » (AD 276). Comme on peut le voir dans ce texte, pour saint Josémaria, toutes les autres prérogatives de Marie – l'immaculée conception, la virginité perpétuelle, l'assomption, la royauté mariale, sa médiation – découlent directement du privilège de la maternité et y sont orientées. « Le fondement de ce culte se trouve dans la Maternité divine de Notre Dame, origine de la plénitude de dons de nature et de grâce dont la Très Sainte Trinité l’a embellie » (AD 291).

Le caractère central de cette vérité de foi l'a amené, dans l'une de ses homélies, à gloser en termes émus sur la définition du Concile d'Éphèse, comme on le voit, par exemple, dans ce passage d’Amis de Dieu : « Telle a toujours été la foi sûre. Le Concile d’Éphèse a proclamé, contre ceux qui l’ont nié, que si quelqu’un ne confesse pas que l’Emmanuel est vraiment Dieu, et que pour cela la très Sainte Vierge est Mère de Dieu, puisqu’elle a engendré selon la chair le Verbe de Dieu incarné, qu’il soit anathème (Concile d'Éphèse, c. 1 : Denzinger-Schön, 252 [113]). L’histoire nous a conservé des témoignages de l’allégresse des chrétiens face à ces décisions claires, nettes, qui réaffirmaient ce qu’ils croyaient tous : Le peuple tout entier de la ville d’Éphèse, des premières heures du matin jusqu’à la nuit, demeura anxieux dans l’attente de la résolution... Quand il sut que l’auteur des blasphèmes avait été déposé, nous commençâmes tous à l’unisson à glorifier Dieu et à acclamer le Synode, parce que l’ennemi de la foi était tombé. À peine sortis de l’église, nous fûmes accompagnés avec des torches jusqu’à nos demeures. C’était de nuit : toute la ville était joyeuse et illuminée (Saint Cyrille d'Alexandrie, Epistolae, 24). Voilà ce qu’écrit saint Cyrille et je ne puis nier que, même à seize siècles de distance, cette réaction de piété m’impressionne profondément » (AD 275).

La condition de Marie comme Mère du Christ signifie que tout en Elle nous conduit à son Fils. C'est-à-dire que tant la réflexion mariologique que la piété mariale tendent à la croissance de la foi christologique. Saint Josémaria l'a exprimé de manière succincte, en reprenant une expression de saint Louis-Marie Grignon de Monfort, expression devenue populaire par la suite : Par Marie vers Jésus. Parce que, écrit saint Josémaria, « si vous cherchez Marie, vous trouverez Jésus. Et vous apprendrez à comprendre un petit peu ce qu'il y a dans ce cœur de Dieu qui s'anéantit, qui renonce à manifester son pouvoir et sa majesté, pour se présenter à nous sous la forme d'un esclave » (QCP 144). En outre, il affirmera, comme quelqu'un qui l'a très bien vécu dans sa propre vie et dans celle des autres, que « c’est toujours par Marie que l’on va et que l’on “revient” à Jésus » (C 495).

4. Mère des hommes

La prédication de saint Josémaria contemple fréquemment Notre Dame dans les mystères de la vie de son Fils. D'abord, dans la vie cachée de notre Seigneur et, ensuite, dans les mystères de sa vie publique, pour se conclure au Calvaire, où le Fils consomme la Rédemption en mourant sur la Croix. « Les passages de la Sainte Écriture qui nous parlent de Notre Dame, montrent justement comment la Mère de Jésus accompagne son Fils pas à pas en s'associant à sa mission rédemptrice, en se réjouissant et en souffrant avec Lui, en aimant ceux qu'aime Jésus, en s'occupant avec une sollicitude maternelle de tous ceux qui sont à ses côtés » (QCP 141). En d'autres termes, Marie, avec son don de soi et son amour profond pour la volonté de Dieu, collabore, comme une nouvelle ève, de manière active à la mission de son Fils.

L'association intime de Sainte Marie avec l'œuvre rédemptrice de son Fils, continuellement affirmée par le Magistère de l'Église, conduit le fondateur de l'Opus Dei à proclamer qu’en effet « Marie est étroitement unie à l'incomparable manifestation de l'amour de Dieu qu'est l'Incarnation du Verbe, qui se fit homme comme nous et prit sur Lui le fardeau de nos misères et de nos péchés. Marie, fidèle à la mission divine pour laquelle elle fut créée, a prodigué et prodigue continuellement ses soins aux hommes, tous appelés à être frères de son Fils Jésus. Et la Mère de Dieu est réellement, maintenant aussi, Mère des hommes » (QCP 140). Pour le fondateur, la maternité divine est le fondement de la maternité spirituelle, de sorte que « la Très Sainte Vierge peut être appelée en toute vérité Mère de tous les chrétiens. Saint Augustin l'affirmait en une formule lumineuse : Sa charité fit en sorte que naquissent dans l'Église les fidèles, membres de cette tête dont elle est effectivement la mère selon le corps (Saint Augustin, De sancta virginitate, 6) » (QCP 141).

En tant que Mère de Jésus, Marie a participé à chaque instant à l'œuvre rédemptrice du Verbe incarné, unissant ses souffrances, en particulier au Calvaire, à celles du Crucifié et les offrant au Père. « Notre Dame écoutait les paroles de son Fils, et s’unissait à sa douleur : “ Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? (Mt 27, 46) ” Que pouvait-elle faire ? Se fondre dans l’amour rédempteur de son Fils, offrir au Père l’immense douleur qui, telle une épée tranchante, transperçait son Cœur pur. Jésus se sent à nouveau réconforté par cette présence discrète et aimante de sa Mère » (AD 288). C'est alors que Jésus, dans le disciple bien-aimé, a confié à sa Mère tous les hommes et surtout ses disciples.

Saint Josémaria utilise le terme de corédemption pour exprimer la collaboration de Marie à la rédemption objective suivant l'usage des auteurs spirituels de son temps. « Les souverains pontifes ont appelé Marie à bon droit Corédemptrice : Tellement, en même temps que son Fils souffrant et mourant, elle souffrit jusqu’à en mourir presque ; et elle a renoncé de telle sorte à ses droits maternels sur son Fils, pour le salut des hommes en l’immolant, autant qu’il dépendait d’elle, pour apaiser la justice de Dieu, que l’on peut dire à juste titre qu’elle a racheté le genre humain conjointement au Christ (BenoîtXV, Lettre apostolique Inter sodalicia, 22 mars 1918). Nous comprenons mieux de la sorte ce moment de la Passion de Notre Seigneur que nous ne nous lasserons jamais de méditer : Stabat autem juxta crucem Jesu mater ejus, à côté de la croix de Jésus se trouvait sa Mère (Jn 19, 25) » (AD 287). D'où la joie de saint Josémaria lorsque Paul VI la proclama Mère de l'Église lors du Concile Vatican II, le 21 novembre 1964.

Marie exerce sa mission maternelle en se prodiguant continuellement dans un service d'amour auprès de ses enfants. Il est clair que « pour comprendre le rôle que joue Marie dans la vie chrétienne, pour nous sentir attirés vers elle, pour rechercher, dans un élan filial, son aimable compagnie, il n'est pas besoin de grandes démonstrations, bien que le mystère de la Maternité divine soit tellement riche que jamais nous n'en considérerons suffisamment le contenu » (QCP 142). Saint Josémaria nous conseille de nous approcher de la Sainte Vierge avec la conscience d'être des petits enfants sans défense. « Pensez-vous que pour notre Mère Sainte Marie, nous ne cessons jamais d’être petits, parce qu’elle ouvre le chemin du Royaume des Cieux qui sera donné à ceux qui se font enfants » (AD 290). « Nous avons besoin d'elle !... Lorsqu'un petit enfant prend peur dans l'obscurité de la nuit, il crie : Maman ! De la même manière, je ressens la nécessité de crier, dans mon cœur, souvent : Mère ! Maman ! ne m'abandonne pas ! » (Chemin de Croix, IVe Station).

En se basant sur sa propre expérience, il nous suggère comment nous devrions nous comporter avec elle : « les rapports de chacun de nous avec sa propre mère peuvent nous servir d'exemple et de modèle pour nos rapports avec la Dame au Doux Nom, Marie. Nous devons aimer Dieu avec le cœur avec lequel nous aimons nos parents, nos frères et sœurs, les autres membres de notre famille, nos amis et amies ; car nous n'en avons pas d'autre. C'est donc avec ce même cœur que nous fréquenterons Marie » (QCP 142). C'était la manière de procéder de saint Josémaria : ses rapports avec la Sainte Vierge étaient ceux d'un petit enfant qui, aimant follement sa Mère, avait besoin de son aide et de sa protection constantes. « La Sainte Vierge est notre Mère, et nous ne voulons ni ne pouvons la laisser seule » (Chemin de Croix, XIIIe Station).

5. Sainte Marie, exemple de vertus

La Sainte Vierge, qui vit glorifiée en âme et en corps au Ciel, est, en ce qui regarde son existence terrestre, le paradigme de toutes les vertus. Dans sa vie, Dieu nous montre le modèle d'identification au Christ, c'est-à-dire la perfection de la charité et la plénitude de la vie chrétienne. Elle nous oriente et nous accompagne sur le chemin sur lequel doit nous mener notre vie d'enfant de Dieu. Elle est toujours aimable et proche de nous, vivifiante et agissante.

Tout d'abord, elle est un exemple dans l'exercice des vertus théologales. « Maîtresse de foi. Oui, bienheureuse celle qui a cru : c’est ainsi que la salue sa cousine Élisabeth, quand Notre Dame va dans la montagne lui rendre visite. Cet acte de foi de Marie avait été une merveille : Je suis la servante du Seigneur ; qu’il m’advienne selon ta parole (Lc 1,38). (...) Si notre foi est faible, accourrons à Marie » (AD 284-285). « Maîtresse d’espérance. Marie proclame que désormais toutes les générations me diront bienheureuse (Lc 1, 48). Humainement parlant, sur quoi reposait cet espoir ? Qui était-elle, pour les hommes et pour les femmes d’alors ? (…) Le trône de Marie, comme celui de son Fils, c’est la Croix. Et pendant le reste de son existence, jusqu’à ce qu’elle soit élevée aux cieux en corps et en âme, c’est sa présence silencieuse qui nous impressionne » (AD 286). « Maîtresse de charité. Rappelez-vous la scène de la présentation de Jésus au temple (...). L’immense charité de Marie envers l’humanité fait que s’accomplisse également en elle l’affirmation du Christ : Il n’est pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis (Jn 15,13) » (AD287). De la même manière, Marie est aussi un modèle pour apprendre à vivre toutes les vertus morales, comme l'humilité (cf. C 507; AD 96), l'obéissance (cf. QCP 173), la force (cf. C 508), la simplicité (cf. C 510), la sainte pureté (cf. C 511), etc.

En bref, le chemin de notre sainteté doit toujours regarder notre Mère comme son paradigme. « Nous sommes encore pèlerins, mais Notre Mère nous a précédés et nous montre déjà la fin du chemin : elle nous répète qu'il est possible d'y parvenir et que, si nous sommes fidèles, nous y parviendrons. Car la Très Sainte Vierge n'est pas seulement un exemple pour nous, elle est aussi le secours des chrétiens. Et devant notre requête – Monstra te esse Matrem – elle ne sait ni ne veut refuser à ses enfants les soins de sa maternelle sollicitude » (QCP 177). Elle ne manque jamais de nous accompagner : « Tu n’es pas seul. — Ni toi, ni moi nous ne pouvons nous trouver seuls. Et moins encore si nous allons à Jésus par Marie, car elle est une Mère qui ne nous abandonnera jamais » (F 249). Elle est toujours proche de nous : « Aime Notre Dame. Elle t’obtiendra d’abondantes grâces pour vaincre dans ta lutte quotidienne » (C 493). Avec elle, tout est possible, même quand cela semble inaccessible : « Avant, seul, tu ne pouvais rien… — Désormais tu as eu recours à Notre Dame. Avec elle, comme tout est facile ! » (C 513).


Thèmes connexes : La Très Sainte Vierge Marie, Dévotion à ; Pèlerinages ; Sainte Famille ; Saint Joseph ; Saint Rosaire (livre) ; Sanctuaires et lieux mariaux, Pèlerinages de Saint Josémaria à.

Bibliographie:Antonio Aranda, “María Hija predilecta del Padre, en las enseñanzas del Beato Josemaría Escrivá de Balaguer” Estudios Marianos, 66 (2000), pp. 313-342 Id., “La doctrina mariológica de san Josemaría en Es Cristo que pasa”, ScrdeM, 7 (2010), pp. 317-340 Id. “La propuesta mariológica de Mons. Álvaro del Portillo”, ScrTh, 33 (2001), pp. 193-211; Federico Delclaux Santa María en los escritos de San Josemaría Escrivá de Balaguer, Madrid, Rialp, 2004; Javier Echevarría, “El amor a María Santísima en las enseñanzas de Mons. Josemaría Escrivá de Balaguer” Palabra, 156-157 (1978), pp. 341-345; José Luis Illanes El Dios y Padre de Nuestro Señor Jesucristo, Pamplona, EUNSA, 2000; Fernando Ocáriz Hijos de Dios en Cristo. Introducción a una teología de la participación sobrenatural, Pamplona, EUNSA, 1972.

Juan Luis Bastero