IDENTIFICATION AU CHRIST

1. Suivre, Imiter, S’identifier. 2. Notions de fond. 3. Contenu de l'identification. 4. Le modèle de Marie.

1. Suivre, Imiter, S’identifier.
2. Notions de fond.

3. Contenu de l'identification.

4. Le modèle de Marie.

La formule « s’identifier au Christ » et sa dérivée « identification au Christ » sont utilisées habituellement par saint Josémaria comme expression de l'horizon authentique de la vie chrétienne. Cette vie consiste en effet, et c'est là sa grandeur et son mystère, en une croissance progressive du baptisé par la grâce et sa propre correspondance dans la conformation initiée surnaturellement dans le Baptême (cf. Rm 8, 29) avec le Fils de Dieu fait Homme, le Rédempteur de l'humanité. La présence répétée de ces formules dans les écrits de saint Josémaria est un signe indicatif de l'enracinement de la notion correspondante dans sa pensée théologico-spirituelle. L'identification au Christ constitue sans aucun doute pour notre auteur le but et la substance de l'être chrétien et aussi, par conséquent, la raison même de la lutte pour la sainteté. Et tout cela (identification, but, substance, sainteté, lutte) est considéré à la lumière particulière de l'esprit de l'Opus Dei dans le scénario de la vie quotidienne et du travail ordinaire du « chrétien courant ».

1. Suivre, imiter, s’identifier

En suivant la tradition spirituelle de l'Église, saint Josémaria enseigne que le chemin spécifique de développement de la vie chrétienne trouve son unité dans le fait de suivre et d’imiter le Christ. Les textes dans lesquels il mentionne ces notions, ensemble ou séparément, sont abondants. Les contenus de celles-ci tendent à s'unifier, ou pour ainsi dire à se fondre, tout en atteignant leur plénitude de sens dans la notion d'identification au Christ. C'est cette notion – toujours éclairée par les lumières fondamentales de l'esprit de fondation : sainteté, travail et devoirs ordinaires, mission apostolique – qui occupe une place privilégiée dans son enseignement sur la vie chrétienne.

Dans une telle notion, d'autres formules conceptuelles dont saint Josémaria faisait un usage fréquent pour nommer et définir le fidèle chrétien, comme alter Christus (un autre Christ) et ipse Christus (le Christ lui-même), trouvent leur fondement et leur place théologico-spirituelle. De son expérience spirituelle découle cette considération : « Si nous lui sommes fidèles, Jésus-Christ reproduit sa vie dans la vie de chacun d’entre nous, d’une manière ou d’une autre, tant dans son processus interne — la sanctification — que dans notre conduite extérieure » (F 418). D'où son affirmation : « Dans la vie spirituelle, il n'y a pas de nouvelle époque à laquelle il faudrait parvenir. Tout a déjà été donné dans le Christ, qui est mort, qui est ressuscité, qui vit et demeure toujours. Mais il nous faut nous unir à Lui par la foi, en laissant sa vie se manifester en nous, afin que l'on puisse dire que chaque chrétien est non plus alter Christus, mais ipse Christus, le Christ lui-même ! » (QCP 104).

Si la première de ces formules, alter Christus – également présente dans la tradition doctrinale et spirituelle de l'Église – fait allusion à la configuration baptismale du chrétien au Christ (puisque chaque baptisé est ontologiquement semblable au Christ), la seconde, ipse Christus, propre à saint Josémaria, indique plutôt le fruit de la croissance de cette configuration comme effet de la conjonction entre la grâce et la correspondance à la grâce, ainsi que l'efficacité apostolique qu'elle entraîne. L'alter Christus (c'est-à-dire le fidèle chrétien au sens plein du terme : laïc ou ministre, homme ou femme), qui coopère librement à l'action de l'Esprit Saint dans son âme et répond à la mission apostolique reçue, est non seulement ontologiquement un autre Christ, mais l’est aussi opérationnellement et, surtout, efficacement. L'image du Christ en lui devient de plus en plus semblable au Modèle, tant dans son être que dans son agir, avec l'efficacité correspondante dans l'ordre du salut. Spirituellement, par son identification ontologique et opérative progressive au Fils de Dieu, il est de plus en plus ipse Christus, le Christ lui-même : le Christ agit efficacement par le témoignage, la parole et l'action apostolique de celui qui est son image. Nous reviendrons sur ces idées dans les paragraphes suivants.

Dans les écrits de saint Josémaria, la notion que nous étudions apparaît sous différentes formulations : identification, s'identifier, identifié... au Christ. Bien que nous citions différents passages dans les pages suivantes, historiquement parlant sa présence est particulièrement intéressante au point 947 de Chemin où l'on peut lire : « Tu t’effarais de me voir approuver le manque d’“ uniformité ”, dans cet apostolat auquel tu travailles. Et je t’ai dit : Unité et variété. — Vous devez être aussi différents que le sont entre eux les saints du paradis, dont chacun a ses traits personnels et singuliers. — Et en même temps, vous devez être entre vous aussi ressemblants qu’eux, car ils ne seraient pas saints si chacun ne s’était pas identifié au Christ ».

Ce texte, dans lequel saint Josémaria établit la synonymie entre « être un saint » et « s'être identifié au Christ », provient à son tour – comme le montre CECH, p. 1008 – d'un passage de ses Notes Intimes daté du 24 décembre 1931. Le fait est important pour au moins deux raisons : a) à cause de la profondeur théologique d'une telle synonymie qui, exprimée en ces termes, n'est pas du tout courante dans la littérature spirituelle du premier tiers du XXe siècle ; et b) parce qu'elle nous permet de comprendre – précisément parce qu'elle remonte à une période aussi ancienne – que saint Josémaria, dès le début de sa mission fondatrice, a compris le sens théologique de la sainteté chrétienne en termes d'« identification au Christ ». C'est ainsi qu'il le formulera toujours dans ses écrits (voir, par exemple, Entretiens 70, 72 & 91 ; QCP 106 & 110 et tant d'autres).

Comment saint Josémaria en est-il venu à établir et à formuler ainsi une corrélation entre la sainteté et l'identification au Christ qui était inédite dans les années 30 ? Nous ne pouvons pas donner de raisons catégoriques, mais il est possible de penser que derrière cette corrélation, également soutenue par des lumières charismatiques spécifiques, se cache une lecture méditée de la doctrine paulinienne – surtout dans Romains, Éphésiens et Galates – sur l'élection des chrétiens dans le Christ pour être saints et sur le don de l'adoption filiale. C'est ce que semblent impliquer, par exemple, certaines paroles prononcées par saint Josémaria en 1963, où l'on voit que la sainteté filiale et héroïque à laquelle il a été appelé est comprise par lui comme une identification amoureuse au Christ sur la Croix. Il l’énonce ainsi :

« Quand le Seigneur me donnait ces coups, vers l'année trente et un, je ne comprenais pas. Et soudain, au milieu de cette grande amertume, ces mots : tu es mon fils (Ps 2,7), tu es le Christ. Et je ne pouvais que répéter : Abba, Pater, Abba, Pater, Abba, Abba, Abba ! Maintenant, je le vois sous un jour nouveau, comme une nouvelle découverte : comme on voit, au fil des années, la main du Seigneur, de la Sagesse divine, du Tout-Puissant. Tu m'as fait comprendre, Seigneur, qu'avoir la Croix, c'est trouver le bonheur, la joie. Et la raison – je la vois plus clairement que jamais – est la suivante : avoir la Croix, c'est s'identifier au Christ, être le Christ, et donc être enfant de Dieu. (...) La Croix : le Christ est là, et tu dois te perdre en Lui ! Il n'y aura plus de douleur, plus de fatigue. Tu ne dois pas dire : Seigneur, je ne peux pas continuer, je suis un misérable.... Non, ce n'est pas vrai ! Sur la Croix, tu seras le Christ, et tu te sentiras enfant de Dieu, et tu t’exclameras : Abba, Pater ! quelle joie de te rencontrer, Seigneur » (cité dans Aranda, 2001, pp. 16 et 249).

Vouloir s'identifier au Christ signifie désirer une pleine union spirituelle avec Lui : avec sa volonté, avec son don de soi, avec sa Croix. C’est le fruit et la manifestation de l'amour. « L’amour cherche l’union, l’identification avec la personne aimée. En nous unissant au Christ, nous serons pris du désir de le seconder dans cette vie de renoncement, d’aimer sans mesure et de nous sacrifier jusqu’à la mort » (AD 236). L'identification au Christ dont parle saint Josémaria – imparfaite dans cette vie et ouverte à une croissance qui n'atteindra sa plénitude qu'au ciel – pourrait être exprimée comme la réalisation progressive de la vie du chrétien dans le Christ comme le Christ vit en lui (cf. Ga 2, 20).

En ce sens, si nous appelons « personnalité » l'ensemble des traits dans l'unité desquels se reflète en quelque sorte la partie la plus intime et la plus incommunicable de chaque personne, les deux phrases de saint Josémaria que nous reproduisons ci-après nous aident à comprendre la profondeur de sa pensée sur la notion que nous étudions : « D’accord, tu dois avoir une personnalité, mais la tienne doit tendre à s’identifier à celle du Christ » (F 468). « Seigneur, (…) fais que le fond de ma personnalité soit de m'identifier à Toi » (QCP 31).

2. Notions de fond

Les clés théologiques et spirituelles de l'identification au Christ dans l'enseignement de saint Josémaria doivent être saisies en approfondissant son enseignement sur le chrétien en tant qu'alter Christus, ipse Christus. C'est dans ce contexte qu'elles doivent être trouvées et méditées. Nous exposons ci-après les aspects fondamentaux, selon nous, de cette question.

Le fidèle chrétien, grâce aux dons baptismaux, est ontologiquement capable d'être un autre Christ, et il est aussi appelé à l'être volontairement en coopérant avec la grâce. Il a reçu une configuration surnaturelle au Fils de Dieu fait homme (il est à son image) dans laquelle il doit continuer à grandir tout au long de sa vie (en croissant dans sa ressemblance), en s'unissant toujours plus étroitement au Christ sous la conduite de l'Esprit Saint, par l'amour, et en s'exerçant à l'accomplissement de sa propre mission apostolique. Assimilé ainsi au Rédempteur, il participe aussi – par le dynamisme de la grâce – à son efficacité salvatrice : le Christ, présent en son image par la grâce – présent dans l'alterChristus – agit non seulement en lui par le moyen de l'Esprit Saint, mais aussi avec lui et par lui. L'alter Christus, en vertu de cette assimilation et de cette participation qu’il doit continuer à accroître par la grâce et par ses œuvres, peut aussi être appelé ipse Christus, le Christ lui-même. Il l'est en effet, de manière participée, dans la mesure où il est son image dans laquelle le Fils de Dieu est présent et par laquelle il continue en quelque sorte de « passer » parmi les hommes avec son efficacité salvifique. Saint Josémaria aime contempler ce « passage » salvifique du Christ à travers les chrétiens qui, unis à lui par l'amour, rendent l’efficacité du salut présente dans l'ici et maintenant de l'histoire, par leur activité ordinaire sanctifiée et le sens apostolique de leur mission. « La vie courante et ordinaire n'est pas chose de peu de valeur : tous les chemins de la terre peuvent être l'occasion d'une rencontre avec le Christ, et Il nous invite à nous identifier à Lui pour accomplir – à l'endroit où nous sommes – sa mission divine » (QCP 110).

La doctrine spirituelle de saint Josémaria, intensément christocentrique, a un fondement théologique solide dans l'unité inséparable dans le Christ entre la personne et la mission. Comme nous le lisons dans l'un de ses ouvrages : « Il n'est pas possible de séparer, chez le Christ, son être de Dieu-Homme de sa fonction de Rédempteur. Le Verbe s'est fait chair et Il est venu sur la terre ut omnes homines salvi fiant, pour sauver tous les hommes. Avec nos misères et nos limitations personnelles, nous sommes d'autres Christs, le Christ Lui-même et nous aussi sommes appelés à servir tous les hommes » (QCP 106). On trouve une formulation similaire dans ces mots : « Il n'est pas possible de séparer la vie intérieure et l'apostolat, comme il n'est pas possible de séparer chez le Christ son être de Dieu fait homme et sa fonction de Rédempteur » (QCP 122). L'important principe christologique invoqué ici, et les conséquences spirituelles qui en découlent, jaillissent des racines les plus profondes du Nouveau Testament et sont présents sous une forme ou une autre dans toute la tradition théologique et spirituelle. Il s'agit d'un principe christologique important qui a de nombreuses conséquences spirituelles et apostoliques.

L'inséparabilité dans le Christ entre l'être et la fonction, ou entre la personne et la mission, constitue dans la pensée de saint Josémaria une profonde conviction doctrinale et est, en même temps, un principe fondateur – on pourrait même dire structurel – de sa contemplation du mystère du Christ. Le fondement révélé est paulinien et johannique : le Fils de Dieu s'est fait homme pour racheter les hommes (pour les libérer du péché, pour les élever à la condition de fils du Père), et il les a rachetés parce qu'il est le Fils de Dieu fait homme. L'être et la fonction (la personne et la mission) forment dans le Christ une unité inséparable qui, comme telle, doit être considérée en elle-même et de manière participée dans le chrétien, alter Christus, ipse Christus, appelé, comme le Maître, à se donner au service de la rédemption de l'humanité. En d'autres termes, la vie du chrétien dans le Christ a toujours pour saint Josémaria un sens apostolique ultime : poursuivre la mission rédemptrice du Verbe incarné. « Embrasser la foi chrétienne, c'est s'engager à poursuivre la mission de Jésus parmi les créatures. Chacun d'entre nous doit être alter Christus, ipse Christus, un autre Christ, le Christ lui-même. Ce n'est qu'ainsi que nous pourrons mener à bien cette vaste, cette immense entreprise qui n'aura jamais de fin : sanctifier de l'intérieur toutes les structures temporelles en y portant le ferment de la Rédemption » (QCP 183).

Dans cette perspective, la notion d'identification au Christ contient, non pas séparément mais dans une unité indivisible, deux clés théologiques fondamentales, puisqu'il s'agit, en même temps, d'une ressemblance participée dans la filiation du Christ (le chrétien est, par grâce, un fils dans le Fils) et d'une ressemblance participée dans la mission du Christ et dans son efficacité salvifique (le chrétien est par grâce, et il est appelé à l'être par sa propre correspondance, « rédempteur dans le Rédempteur »). Il est important de souligner ce deuxième aspect parfois un peu négligé dans la réflexion théologique et peut-être aussi dans la formation de la conscience chrétienne. Il n’en est pas ainsi dans l'enseignement de saint Josémaria. Il l'exprime, par exemple, à de nombreuses reprises, au moyen du terme et de la notion de « co-rédemption » qu'il tient en grande estime. En voici un exemple : « La grande mission que nous recevons, avec le baptême, est celle de la co-rédemption. La Charité du Christ nous presse (cf. 2 Co 5,14) de prendre sur nos épaules une partie de cette tache divine qu'est le rachat des âmes. Regardez : la Rédemption, consommée lors de la mort de Jésus dans la honte et dans la gloire de la Croix, scandale pour les Juifs, folie pour les païens, (1Co 1, 23) se poursuivra par la volonté de Dieu jusqu'à ce que vienne l'heure du Seigneur. (...) C'est pourquoi notre désir le plus ardent est de nous considérer comme co-rédempteurs avec le Christ, sauver avec Lui toutes les âmes, parce que nous sommes, nous voulons être ipse Christus, Jésus-Christ Lui-même, et Lui s'est livré Lui-même pour le rachat de tous (1 Tm 2, 6) » (QCP 120-121).

3. Contenu de l'identification

Avant d'examiner de plus près le contenu caractéristique de la notion d'identification au Christ dans les écrits de saint Josémaria, il convient de faire deux mises en garde :

– Les contextes dans lesquels la notion est envisagée sont de caractère spirituel ou pastoral, c'est-à-dire de nature pratique : de vie chrétienne vécue.

– La personne avec laquelle l'Auteur dialogue habituellement dans ces contextes en l'exhortant à s'identifier au Christ, est le « chrétien courant », une expression qui fait allusion dans ses textes au citoyen chrétien, inséré comme un de plus dans la normalité de la vie ordinaire et du travail professionnel, mais personnellement engagé vis-à-vis des exigences de la foi comme disciple fidèle du Maître et fils de l'Église.

Les contenus que nous étudions peuvent être résumés dans cinq sections. L'identification au Christ : a) est le but et la perfection de la suite/imitation propre au chrétien ; b) est synonyme de sainteté et de chemin de sanctification ; c) exige un contact personnel avec Lui : la vie intérieure ; d) est inséparable de la référence à la Croix ; e) est une condition pour être un instrument efficace au service de la Rédemption.

a) L'identification au Christ, but et perfection propre au chrétien comme suiveur ou imitateur.

La vie chrétienne, comprise comme la vie du chrétien ordinaire dans le Christ, est conçue dans les textes de saint Josémaria non pas comme quelque chose de séparé ou de différent de la vie ordinaire, puisque « vivre en chrétien ne consiste pas à cesser d’être des hommes » (AD 75), mais comme son accomplissement sur le plan de la foi : être un parmi les autres mais avec la tête et le cœur fixés sur l'exemple du Christ, en s'efforçant de le suivre de près et « appliqués à l’imiter chaque jour » (ibidem).

Dans le langage théologico-spirituel, il est courant d'utiliser les termes de suite et d'imitation (du Christ) pour décrire la manière pratique de développer une existence chrétienne authentique. Ces deux notions proviennent directement du Nouveau Testament (cf. par exemple Aranda, 2001, p. 158-159). Suivre le Christ signifie être son disciple, croire en Lui, participer à son destin, être lié à sa personne et à son message, ce qui se traduit par des attitudes morales précises. Imiter le Christ signifie imiter son amour, son dévouement, son exemple, et venir partager ses sentiments.

Saint Josémaria utilise aussi largement ces notions traditionnelles en les accentuant en même temps avec ses propres nuances. Dans ses textes, essentiellement adressés au chrétien ordinaire, ces notions acquièrent une tonalité singulière dans la mesure où elles sont nuancées par le statut théologique et existentiel dudit sujet. Ainsi, la suite du Christ (de ses traces, de ses pas, de ses empreintes, etc.), est considérée avant tout dans la mesure où elle s'effectue dans la vie ordinaire, au milieu du monde, dans son propre environnement professionnel, etc. De même, l'imitation du Christ (de sa conduite, de sa charité, de son détachement, de son humilité, etc.) a particulièrement une tonalité d’imitation de sa vie quotidienne, de son travail quotidien, etc.

À titre d'exemple, voici un texte caractéristique : « Depuis 1928, j'ai clairement compris que Dieu désire que les chrétiens prennent pour exemple la vie du Seigneur tout entière. J'ai compris tout spécialement sa vie cachée, sa vie de travail courant au milieu des hommes : le Seigneur veut, en effet, que beaucoup d'âmes trouvent leur voie dans ces années de vie cachée et sans éclat (...). Je rêve – et le rêve est devenu réalité – d'une foule d'enfants de Dieu en train de se sanctifier dans leur vie de citoyens ordinaires, de partager les soucis, les idéaux et les efforts des autres créatures. J'ai besoin de leur crier cette vérité divine : si vous demeurez au milieu du monde, ce n'est pas que Dieu vous ait oubliés, ce n'est pas que le Seigneur ne vous ait pas appelés. Mais Il vous a invités à poursuivre votre route parmi les activités et les soucis de la terre ; car Il vous a fait savoir que votre vocation humaine, votre profession, vos qualités, loin d'être étrangères à ses divins desseins, ont été sanctifiées comme une offrande très agréable au Père » (QCP 20).

Le sujet nécessiterait plus d'attention (cf. Aranda, 2001, pp. 161-178). Mais ce qu'il est intéressant de souligner maintenant avant tout, c'est que la suite et l'imitation du Christ par le chrétien ordinaire, qui est alter Christus, ipse Christus, tendent par leur nature même à l'identification au Christ. Dans l'enseignement de saint Josémaria, les deux premières notions mènent directement à la troisième. Ses fréquentes exhortations à suivre Jésus (cf., par exemple, S 728), à agir comme Lui (cf., par exemple, QCP 106), à se revêtir de Lui (cf., par exemple, F 155), etc. sont en réalité des exhortations – comme on peut le voir dans les passages cités ci-dessus – à s'identifier à Lui, ce qui est le but à atteindre (« Quand te proposeras-tu, une bonne fois, de t’identifier à ce Christ qui est la Vie ? » (F 818).

Pour nous aider à saisir la profondeur christologique de la notion d'identification au Christ, ainsi que sa centralité dans la pensée de saint Josémaria, on pourrait trouver de nombreux textes. Mais il nous suffit de concentrer notre attention sur les deux que nous retranscrivons ci-dessous et qui, par leur éloquence même, se passent de tout commentaire. Tous deux parlent de suite et d'imitation, mais surtout d'identification, et plus encore – en se référant à l'existence de l'alter Christus, ipse Christus – de ses importantes conséquences apostoliques :

– « Nous devons apprendre de lui, de Jésus, notre unique modèle. Si tu veux progresser en évitant les faux pas et les égarements, tu n’as qu’à marcher là où il a marché, poser la plante de tes pieds sur l’empreinte de ses pas, pénétrer dans son Cœur humble et patient, boire à la source de ses commandements et de ses actes d’amour. En un mot, tu dois t’identifier à Jésus-Christ, tu dois t’efforcer de te convertir pour de bon en un autre Christ parmi tes frères les hommes » (AD 128).

– « Suivre le Christ : voilà le secret. L’accompagner de si près que nous vivions avec lui, comme ses douze premiers apôtres ; de si près que nous nous identifiions à lui. Nous ne tarderons pas à affirmer, si nous ne mettons pas d’obstacle à l’action de la grâce, que nous nous sommes revêtus de notre Seigneur Jésus-Christ. Le Seigneur se reflète en notre conduite comme dans un miroir. Si le miroir est tel qu’il doit être, il conservera le visage très aimable de notre Sauveur sans le défigurer, sans le caricaturer : et les autres pourront l’admirer, le suivre » (AD 299).

Ce dernier passage, tiré d’Amis de Dieu, est suivi d'autres paroles de saint Josémaria dans lesquelles il offre des pistes pour approfondir les dimensions spirituelles de la notion que nous étudions. Il est simplement reproduit ici bien qu'il mériterait une section à part entière : « J’ai distingué quatre degrés dans cet effort pour nous identifier au Christ : le chercher, le trouver, le fréquenter, l’aimer. Peut-être vous rendrez-vous compte que vous en êtes à la première étape. Cherchez-le alors avec acharnement ; cherchez-le en vous-mêmes de toutes vos forces. Si vous agissez avec cette opiniâtreté, j’ose vous garantir que vous l’avez déjà rencontré et que vous avez commencé à le fréquenter et à l’aimer, et à avoir votre conversation dans le ciel (cf. Ph 3, 20) » (AD 300).

b) L'identification au Christ, synonyme de sainteté et de chemin de sanctification

Dans la continuité de la section précédente, nous allons considérer maintenant certains passages où saint Josémaria assimile la « sainteté » à « l'identification au Christ ». L'équivalence des deux notions quant à leur signification ultime est évidente puisqu'elles sont l'expression d'une même réalité : la perfection de la vie chrétienne comprise comme le processus de croissance du chrétien dans la ressemblance au Christ tout au long de sa vie. En ce sens, on peut dire que « l’identification au Christ » est synonyme de sainteté en plénitude de sens, c'est-à-dire in facto esse, et qu’elle est également synonyme de sanctification ou de sainteté in fieri, c'est-à-dire en tant que processus d'assimilation au Modèle qu’est le Fils de Dieu.

Dans quelques mots de Chemin cités plus haut qui reprennent une pensée écrite par saint Josémaria en 1931, nous lisons : « Vous devez être aussi différents que le sont entre eux les saints du paradis, dont chacun a ses traits personnels et singuliers. – Et en même temps, vous devez être entre vous aussi ressemblants qu’eux car ils ne seraient pas saints si chacun ne s’était pas identifié au Christ » (C 947). Deux dimensions ou moments internes sont entrelacés dans l'idée contenue dans cette phrase : les saints ont atteint au ciel la plénitude de l'identification au Christ, après avoir lutté sur terre pour croître dans cette identification. En d'autres termes, la plénitude de l'identification eschatologique (la sainteté au ciel) s’atteint par le processus croissant d'identification sur terre (le processus de sanctification ou de lutte pour la sainteté).

L'idée qu'il faut retenir est que la sainteté, qu'elle soit contemplée dans la perfection de son stade final ou encore dans son accomplissement en cours, est simplement décrite par saint Josémaria comme identification au Christ. Dans le premier cas comme un point d'arrivée définitif et irréversible ; dans le second comme un chemin à parcourir, déjà éclairé par la lumière du but final. C'est sur ce dernier terrain que se situent les trois passages transcrits ci-dessous.

Le premier, extrait d'une homélie sur la conversion et la lutte pour la sainteté, exprime avec une grande clarté ce que nous venons de dire : « il n'est pas possible de rester immobiles. Nous devons avancer vers le but que saint Paul nous indiquait : Si je vis, ce n'est plus moi, mais le Christ qui vit en moi (Gal 2, 20) Haute et noble ambition que cette identification avec le Christ qui suppose la sainteté. Mais il n'y a pas d'autre chemin si l'on désire être cohérent avec la vie divine que Dieu a fait naître dans notre âme par le baptême. Avancer, c'est progresser en sainteté ; reculer, c'est se refuser au développement normal de la vie chrétienne » (QCP 58).

Le second, inclus dans un texte sur le mariage comme vocation à la sainteté, souligne la même idée : le chemin de la sainteté, également dans l'état de mariage, est celui de l'identification au Christ. « Le mariage est fait pour permettre à ceux qui le contractent de s'y sanctifier et de sanctifier les autres à travers lui : pour cela les conjoints reçoivent une grâce spéciale que confère le sacrement institué par Jésus-Christ. Celui qui est appelé au mariage trouve dans cet état – avec la grâce de Dieu – tout ce qui est nécessaire pour se sanctifier, pour s'identifier tous les jours davantage à Jésus-Christ et pour amener au Seigneur les personnes avec lesquelles il vit » (Entretiens 91).

Le troisième passage, enfin, rappelle la même doctrine générale, en soulignant les nuances propres à la sanctification selon l'esprit de l'Opus Dei : « Ceux qui veulent vivre parfaitement leur foi et pratiquer l'apostolat selon l'esprit de l'Opus Dei, doivent se sanctifier grâce à la profession, sanctifier la profession et sanctifier les autres par la profession. En vivant de la sorte, sans se distinguer par conséquent des autres citoyens, en étant pareils à ceux qui travaillent à leurs côtés, ils s'efforcent de s'identifier au Christ et ils imitent ses trente années de travail dans l'atelier de Nazareth » (Entretiens 70).

c) L'identification au Christ nécessite de Le fréquenter personnellement : c’est la vie intérieure.

La formulation de ce titre est directement inspirée de la description simple et exacte de la vie intérieure faite par saint Josémaria : « La vie intérieure n'est rien d'autre qu'un rapport assidu et intime avec le Christ pour nous identifier à Lui » (QCP 56). C'est-à-dire que pour s'identifier à Lui, il est nécessaire d'avoir un contact habituel avec Lui : la vie intérieure. Or « la vie intérieure suppose une union croissante avec le Christ, par le Pain et la Parole » (QCP 122).

La corrélation établie par ces deux textes est très claire : pour s'identifier au Christ, il faut le fréquenter assidûment, s'unir à lui dans l'Eucharistie et dans la prière. Voici un nouveau passage qui le confirme : « Le but n'est pas facile : nous identifier au Christ. Mais il n'est pas non plus difficile, si nous vivons comme le Seigneur nous l'a appris : si nous avons recours tous les jours à la Parole, si nous imprégnons notre vie de la réalité sacramentelle – l'Eucharistie qu'Il nous a laissée comme aliment » (QCP 32).

Comme on peut le constater, la voie d'identification au Christ est celle de la vie intérieure ou, en d'autres termes, la voie de l'amour et de la connaissance. L'amour personnel, en effet, pousse ceux qui s'aiment à bien se connaître, en recherchant une identification mutuelle des intentions, des affections et des attitudes. De même, l'identification du chrétien au Christ par l'amour exige de rechercher l'intimité de leur relation dans l'Eucharistie : vouloir être, selon l'expression de saint Josémaria, des « âmes d'Eucharistie » : « Demandons donc au Seigneur la grâce d'être des âmes eucharistiques, de nous aider à ce que nos rapports personnels avec Lui se traduisent par la joie, la sérénité, le désir de justice. Nous aiderons alors les autres à reconnaître le Christ, nous contribuerons à Le mettre au faîte de toutes les activités humaines » (QCP 156). Il n'est pas nécessaire de s'arrêter maintenant sur ce sujet important qui est étudié dans d'autres articles du Dictionnaire.

À côté de la relation eucharistique, il y a la relation de la prière, de la méditation personnelle par laquelle on cherche à connaître le Seigneur plus profondément : « Quand on aime quelqu'un, on désire connaître tous les détails de sa vie et de son caractère, de façon à s'identifier à lui. C'est pourquoi nous devons méditer la vie de Jésus, depuis sa naissance dans une crèche, jusqu'à sa mort et à sa résurrection » (QCP 107). « Regardez calmement l'exemple du Maître, et vous vous rendrez vite compte que nous avons un matériel abondant pour méditer tout au long de notre vie, pour prendre des résolutions sincères de plus grande générosité. En effet, et ne perdez pas de vue ce but que nous devons atteindre, chacun d’entre nous doit s'identifier à Jésus-Christ qui, comme vous l'avez entendu, s'est fait pauvre pour toi et pour moi, et a souffert en nous donnant l'exemple, afin que nous suivions ses empreintes (cf. 1 Pt 2, 21) » [NdT la référence à AD 111 dans l’original espagnol est erronée et le traducteur n’a pas trouvé la bonne] (AD 111).

d) L'identification au Christ est inséparable de la référence à la Croix.

Quelques paragraphes plus haut, nous avons cité des paroles de saint Josémaria qui ont une signification particulière pour le sujet que nous étudions : « Tu m'as fait comprendre, Seigneur, que posséder la Croix, c'est trouver le bonheur, la joie. Et la raison – je la vois plus clairement que jamais – est la suivante : avoir la Croix, c'est s'identifier au Christ, c'est être le Christ, et donc être enfant de Dieu » (cité dans Aranda, 2001, pp. 16). La puissance et l'éloquence de ces derniers mots – « avoir la Croix, c'est s'identifier au Christ » – sont telles que toute ce paragraphe s’y résume. Difficile d’en dire davantage.

L'identification au Christ en Croix (avec ses sentiments, son don de soi, son amour) est pour saint Josémaria la voie royale de la vie chrétienne : « Si tu ne luttes pas, ne me dis pas que tu veux t’identifier davantage au Christ, le connaître, l’aimer. En empruntant cette voie royale, suivre le Christ, nous comporter en enfants de Dieu, nous savons bien ce qui nous attend : la Sainte Croix, où nous devons voir le point central sur lequel s’appuie notre espérance de nous unir au Seigneur »" (AD 212).

L'identification au Christ sur la Croix est donc aussi le chemin de l'humilité et de la joie chrétiennes qui ouvrent le chemin vers le ciel. Contentons-nous, à titre d'exemple, de ces deux textes : « Lorsque nous sentons bouillonner en nous l'orgueil, cette superbe qui nous fait voir en nous des surhommes, c'est alors qu'il faut dire non, dire que notre seul triomphe doit être celui de l'humilité. C'est ainsi que nous nous identifierons au Christ sur la Croix – non pas irrités, inquiets ou de mauvais gré, mais joyeux – car cette joie dans l'oubli de soi-même est la meilleure preuve d'amour qui soit » (QCP 19). « Pour accompagner le Christ dans sa Gloire, lors de sa victoire définitive, il est nécessaire de participer à son holocauste et de nous identifier à lui, qui est mort sur le Calvaire » (F 1022).

e) L'identification au Christ est une condition pour être un instrument efficace au service de la Rédemption.

Le chrétien, alter Christus, ipse Christus, par les dons reçus et par sa réponse personnelle, est, comme nous l'avons vu, le sujet d'une ressemblance participée dans la filiation et la mission du Christ. Il participe donc aussi, de diverses manières, à l'efficacité de l'action sanctificatrice du Rédempteur. Cela signifie que l'action apostolique de l'ipse Christus – parce qu'elle se réalise dans le Christ et dans l'Esprit Saint – est toujours en quelque sorte efficace dans l'ordre du salut. Le chrétien, ipse Christus, dans la mesure où il est identifié au Christ, est aussi, en Lui, co-rédempteur. C'est précisément l'idée exprimée dans le titre de cette section.

Dans l'enseignement de saint Josémaria, cette idée est formulée de plusieurs façons. En effet, elle est toujours présente, implicitement ou explicitement, lorsqu'il traite de la vocation chrétienne, ce qui est très souvent le cas dans ses textes. Puisque la vocation chrétienne est un appel à s'identifier au Christ et à co-racheter avec lui (« La vocation chrétienne, cet appel personnel du Seigneur, nous amène à nous identifier à Lui. Mais, ne l’oublions pas, c’est pour racheter tous les hommes qu’il est venu au monde » : AD 256), il est logique qu'en exhortant au premier (s’identifier), saint Josémaria appelle aussi – en priant pour cela le Seigneur – au second (être un instrument apostolique efficace). « Seigneur, remplis-moi de ta clarté, divinise-moi ; que je m'identifie à ton adorable Volonté, pour me transformer en l'instrument que tu désires » (S 273). « Ne mets pas d’obstacles à la grâce : tu dois te convaincre que, pour être levain, tu as besoin d’être saint, de lutter pour t’identifier à Lui » (F 397).

S'identifier au Christ implique donc de s'identifier à ses aspirations rédemptrices (cf. QCP 138) afin de réaliser dans la vie ordinaire – sans quitter la place que chacun occupe dans le monde – « cette mission sacerdotale qu'Il a confiée à tous ses disciples sans exception et qui nous pousse à être sel et lumière du monde » (QCP 96).

4. Le modèle de Marie

Pour clore cette synthèse de l'enseignement de saint Josémaria sur le thème central de l'identification (ontologique et spirituelle) du chrétien au Christ, nous ne pouvions manquer de faire référence à son identification à l'exemple de Marie en qui se reflète parfaitement l'image du Sauveur. Comme dans tout ce qui précède on pourrait citer de nombreux passages des œuvres de saint Josémaria, mais nous nous limitons à en transcrire un qui comprend tout : l'exhortation à s'identifier à Marie, le chemin à suivre pour y parvenir et, enfin, l'efficacité apostolique que l'on peut obtenir de cette manière : « Si nous nous identifions à Marie, si nous imitons ses vertus, nous pouvons obtenir que le Christ naisse, par la grâce, dans l’âme de beaucoup de personnes qui s’identifieront à lui par l’action de l’Esprit Saint. Si nous imitons Marie, nous participerons d’une certaine façon de sa maternité spirituelle. En silence, comme Notre Dame ; sans que cela se remarque, presque sans mots, par le témoignage intègre et cohérent d’une conduite chrétienne, avec la générosité qui nous fera répéter un fiat sans cesse renouvelé, comme quelque chose d’intime entre nous et Dieu » (AD 281).


Thèmes connexes : Contemplatifs au milieu du monde ; Dieu le Père ; Esprit Saint ; Filiation divine ; Enfance spirituelle ; Inhabitation trinitaire ; Jésus-Christ ; Sainte Famille ; Sainteté ; Sainte Trinité ; Unité de vie ; Vie ordinaire, (Sanctification de la).

Bibliographie : Antonio Aranda « Le bouillonnement du sang du Christ ». Étude sur le christocentrisme du bienheureux Josémaria Escrivá, Madrid, Rialp, 2001 Id., « Autour du "alter Christus, ipse Christus" de S. Josémaria Escrivá », dans Tomás Trigo Rendre raison de l’espérance. Hommage au Professeur Dr José Luis Illanes, Pamplona, Servicio de Publicaciones de la Universidad de Navarra, 2005, pp. 763-794 Id. Identità cristiana. I fondamenti, Roma, EDUSC, 2007 ; José Luis Illanes, « Le chrétien "alter Christus-ipse Christus". Sacerdoce commun et sacerdoce ministériel en l’enseignement du Bienheureux Josémaría Escrivá de Balaguer », in Gonzalo Aranda - Claudio Basevi - Juan Chapa (eds.) La Bible, exégèse et culture. études en l’honneur du Prof. D. José María Casciaro, Pamplona, EUNSA, 1994, pp. 605-622 Id. Existence chrétienne et monde. Jalons pour une réflexion théologique sur l’Opus Dei, Pamplona, EUNSA, 2003 ; Paul O'Callaghan, "The Inseparability of Holiness and Apostolate. The Christian, "alter Christus, ipse Christus", in the Writings of Blessed Josémaria Escriva", AnTh, 16 (2002) 1, pp. 135-164 ; George Pell, « Blessed Josemaria Escriva’s Christocentrism »", dans GVQ, I, pp. 141-153 ; Giuseppe Tanzella-Nitti, « Perfectus Deus, perfectus homo. Réflexions sur l'exemplarité du mystère de l'Incarnation du Verbe dans les enseignements du bienheureux Josémaria Escrivá »Romana. Bulletin de la Prélature de la Sainte-Croix et de l'Opus Dei, 25 (1997), pp. 360-381.

Antonio Aranda