FIDÉLITÉ

1. Fidélité, loyauté et persévérance. 2. Fidélité de Dieu et fidélité du chrétien. 3. Fidèle dans les petites choses. 4. Loyauté envers l’Église.

1. Fidélité, loyauté et persévérance.
2. Fidélité de Dieu et fidélité du chrétien.

3. Fidèle dans les petites choses.

4. Loyauté envers l’Église.


La fidélité est une vertu qui conduit à être ferme et constant dans l’exécution des engagements moralement droits que l’on a pris et à ne pas manquer à la parole donnée. C’est une vertu essentielle pour le bon développement de la vie sociale et dans les relations avec Dieu. La référence à la fidélité est très fréquente dans les enseignements de saint Josémaria. Ce n’est pas étonnant parce que la fidélité appartient au domaine de la justice qui, d’un point de vue biblique, est identifiée à la sainteté. En tout cas, saint Josémaria la voit intimement unie à la sainteté elle-même et à l’apostolat, comme un appel divin – la vocation – et une réponse à cet appel : « Jésus-Christ a mis la sainteté comme condition de l’efficacité de l’activité apostolique ; ou plutôt notre effort pour être fidèles, car, sur terre, nous ne serons jamais saints. Cela semble incroyable, mais Dieu et les hommes attendent de nous une fidélité sans palliatifs, sans euphémismes, qui aille jusqu’à ses dernières conséquences, sans médiocrité ni concessions, dans la plénitude d’une vocation chrétienne assumée et pratiquée avec application » (AD 5).

C’est dans ce contexte qu’il parle habituellement de fidélité : fidélité à la vocation chrétienne, à l’appel universel à la sainteté et à l’apostolat, et à la concrétisation que Dieu lui-même en fait à travers la vocation personnelle de chacun dans l’Église.

1. Fidélité, loyauté et persévérance

Dans les écrits et la prédication du fondateur de l’Opus Dei, la loyauté occupe une place importante aux côtés de la fidélité, comme s’il s’agissait de concepts pratiquement équivalents (cf. Burkhart - López, II, pp. 433-434). Parfois, cependant, il semble la distinguer, la considérant comme le substrat purement humain de la fidélité qui, en tant que vertu surnaturelle, assume la loyauté humaine et l’élève à l’ordre de la grâce. Dans cette ligne, il a l’habitude de recourir à des images et des modèles de loyauté humaine pour illustrer la fidélité chrétienne en tant que telle, sans oublier que, pour lui, l’humain et le divin doivent toujours être harmonieusement unis.

Intimement liée à la fidélité se trouve aussi la « persévérance », qui deviendra sa principale conséquence, sa manifestation la plus visible. De plus, il n’y a pas de vraie fidélité si elle n’est pas persévérante, si elle n’est pas vécue tout le temps et pour toujours. Pour cette raison ce sont des vertus étroitement liées à l’espérance : « Quant à moi, et je désire qu’il en aille de même pour vous, l’assurance de me sentir, de me savoir, fils de Dieu, me remplit d’une espérance véritable, cette vertu surnaturelle qui, quand elle est infusée dans les créatures, se conforme à notre nature, ce qui fait d’elle aussi une vertu très humaine. Je suis heureux, fort de la certitude du Ciel que nous atteindrons, si nous restons fidèles jusqu’au dernier moment ; du bonheur que nous aurons, quoniam bonus, car mon Dieu est bon et sa miséricorde est infinie» (AD 208).

2. Fidélité de Dieu et fidélité du chrétien

Le principal soutien à la fidélité du chrétien est, pour saint Josémaria, la fidélité-même de Dieu. Dieu, qui est toujours fidèle, est la plus grande garantie, le fondement principal de notre propre loyauté. Avec la grâce de Dieu, le chrétien ose se proposer d’être fidèle : « Tu me demandes quel est le fondement de notre fidélité ? — À grands traits, je te dirais qu’elle repose sur l’amour de Dieu, qui nous fait surmonter tous les obstacles: l’égoïsme, l’orgueil, la fatigue, l’impatience… » (F 532). Et ce en toute confiance, sachant que « si tu ne L’abandonnes pas, Lui ne t’abandonneras pas » (C 730) ; « Dieu ne se laisse pas gagner en générosité et, sois-en sûr, il accorde la fidélité à qui se soumet à Lui » (F 623). Même si, à un moment donné, nous le quittions, il viendrait avec sa grâce pour nous aider à reprendre la route, car, comme le dit saint Paul, « Lui reste fidèle à sa parole, car il ne peut se rejeter lui-même » (2 Tim 2, 13). C’est pourquoi saint Josémaria, qui allait et enseignait à aller vers Dieu pour tout, l’affirmait avec plus d’intensité quand il s’agissait d’être fidèle : « Seigneur, je n’aurai de confiance qu’en toi. Aide-moi, pour que je te sois fidèle, car je sais que je peux tout attendre de cette fidélité à ton service, en abandonnant entre tes mains toutes mes préoccupations et tous mes soucis » (F 903).

Cependant, la confiance en Dieu, décisive et indispensable, n’empêche pas la nécessité d’un effort personnel pour être fidèle, bien au contraire : la fidélité est lutte et correspondance à la grâce : « Être fidèle à Dieu suppose qu'on lutte, d'une lutte corps à corps, d'homme à homme — le vieil homme contre l'homme de Dieu — au coup par coup, sans plier » (S 126). Dans la pratique, saint Josémaria est bien conscient des hauts et des bas que l’âme peut subir, même s’il sait que l’aide ne manque jamais. C’est pourquoi il insiste autant sur la valeur des ombres que sur celle des lumières dans le cadre de la persévérance : « Tu me confiais que, par moments, Dieu te remplit de lumière ; mais en d'autres moments, pas du tout — Très ferme, je t'ai rappelé que le Seigneur est toujours infiniment bon. C'est pourquoi, pour aller de l'avant, ces moments de lumière te suffisent ; bien que les autres aussi te soient profitables, pour te rendre plus fidèle » (S 341). « Prends courage ! …, même quand la marche devient difficile. N’es-tu pas heureux que la fidélité à tes engagements de chrétien dépende en bonne partie de toi ? Réjouis-toi, et renouvelle librement ta décision : moi aussi, Seigneur, je le veux. Compte avec ma petitesse ! » (F 361).

Dans la ligne d’une possible alternance de lumières et d’ombres, saint Josémaria évoque même la possibilité d’une nette prédominance de celles-ci dans la vie spirituelle d’une personne. Le critère est, même alors, la fidélité fermement soutenue par la confiance en Dieu : « Ta condition de fils de Dieu, tu l’as vue en toute clarté; sache que, même si tu ne la revoyais plus (ce qu’à Dieu ne plaise !) tu dois poursuivre ton chemin, pour toujours, par simple fidélité, sans regarder en arrière » (F 420). Le point qui vient d’être mentionné semble essentiel pour saisir toute la profondeur et l’importance que le fondateur de l’Opus Dei attribue à la fidélité en tant que vertu chrétienne : c’est une fidélité qui repose sur Dieu lui-même, éternellement fidèle et immuable, tout-puissant, ferme et inébranlable. Par conséquent, un moment de contemplation de cette fidélité divine éternelle suffit pour continuer avec notre propre fidélité qui vient de lui. La fidélité est la confiance en Dieu lui-même.

Il y a deux textes importants de saint Paul, sur lesquels saint Josémaria s’appuyait spécialement pour cet enseignement. Citons un passage dans lequel ils apparaissent unis : « Nous ne pourrons jamais perdre l'assurance d'arriver à être saints, de répondre aux appels de Dieu, et de persévérer jusqu'au bout. Dieu, qui a commencé en nous l'œuvre de notre sanctification, la mènera à son terme. Car si le Seigneur est pour nous, qui peut être contre nous ? Lui qui n'a pas épargné son propre Fils, mais L'a livré pour nous tous, comment ne nous fera-t-Il pas don de tout avec Lui ? (Rm 8, 31-32) » (QCP 176).

Lorsqu’il s’agissait de décliner l’objet de la fidélité, saint Josémaria aimait faire une référence particulière à trois réalités fondamentales : « J’ai l’habitude de dire que trois choses nous remplissent de joie sur la terre et nous valent le bonheur éternel au ciel : une fidélité sans faille, pleine de délicatesse, joyeuse et indiscutable à la foi, à la vocation que chacun a reçue et à la pureté. Celui qui restera accroché aux ronces du chemin, la sensualité, l’orgueil…, y restera volontairement et, s’il ne rectifie pas, ce sera un malheureux, car il aura tourné le dos à l’Amour du Christ » (AD 187).

Comme il est évident, saint Josémaria voit une relation étroite entre bonheur et fidélité (cf. S 84) : la ressemblance de ces termes en espagnol (fidelidad, felicidad) lui permet de pratiquer comme un jeu de mots qui lui sert à montrer quelque chose de très profond : si la fidélité conduit à la sainteté, elle conduit au bonheur plein et définitif, mais aussi pour la même raison à « plein de bonheur sur terre ». Comme l’expérience le confirme, il suffit de regarder autour de nous : une femme ou un homme fidèle déborde généralement de bonheur, et ils sèment la paix et la joie partout où ils passent.

Dans les écrits et la prédication de saint Josémaria, nous trouvons également une référence aux moyens d’être fidèle qui, en bref, sont tous les éléments qui font partie d’une vie chrétienne vécue en plénitude. Là aussi, il aimait en souligner quelques-uns : « C'est dans ce climat de miséricorde de Dieu que se déroule l'existence du chrétien. C'est dans ce cadre que se situent ses efforts pour se comporter en fils du Père. Et quels sont les principaux moyens qui permettent à la vocation de s'affermir ? je t'en signalerai aujourd'hui deux, qui sont comme les axes vivants de la conduite chrétienne : vie intérieure et formation doctrinale — connaissance profonde de notre foi » (QCP 8).

Ce binôme vie intérieure et formation doctrinale est cohérent avec tout son enseignement spirituel qui cherche toujours un équilibre entre l’intelligence et le cœur : par exemple, lorsqu’il insiste sur la nécessité d’avoir « la piété des enfants et la doctrine des théologiens » (QCP 10). Et c’est directement lié à son insistance sur l’accomplissement de ce qu’il appelait les « normes » du plan de vie spirituelle comme un déploiement pratique de la vie intérieure, et donc comme une garantie de cette fidélité : « Et comment acquérir “ notre formation ” et conserver “ notre esprit ” ? — En obéissant aux normes précises que ton directeur spirituel t’a données, t’a expliquées et t’a fait aimer : applique-les et tu seras apôtre » (C 377). Conseil qui se réfère aux pratiques concrètes de la vie spirituelle reçues de la Tradition (oraison mentale, Sainte Messe, chapelet, lecture spirituelle, confession, examens de conscience, etc.) que saint Josémaria a recommandées dès le début de son travail sacerdotal (cf. CEC,p. 287) et qu’il a continué à recommander pour la sanctification au milieu du monde qu’il enseignait.

Sur le deuxième pôle de ce binôme – la doctrine des théologiens – nous pouvons rappeler cet autre réflexion de notre auteur : « La loyauté implique le désir réel de se former : mû par un amour sincère, tu ne souhaites pas courir le risque de répandre ou de défendre, par ignorance, des principes et des attitudes qui sont très loin de concorder avec la vérité » (S 346).

L’être humain, en effet, doit être conscient de la nécessité de la fidélité pour ce qui a trait aux autres ; et cela à la fois au plan humain – loyauté à l’engagement, fidélité dans les relations et au travail – et au plan surnaturel puisque notre vie influence la vie des autres. Cette considération doit stimuler les efforts personnels pour unir la foi chrétienne et la loyauté d’une manière cohérente : « Tu as beaucoup de personnes autour de toi, et tu n’as pas le droit de constituer un obstacle à leur bien spirituel, à leur bonheur éternel. Tu as l’obligation d’être saint, de ne pas décevoir Dieu, compte tenu du choix dont tu as fait l’objet de sa part ; de ne pas décevoir non plus ces créatures qui attendent tellement de ta vie de chrétien » (F 20).

Le désir sincère et la résolution ferme d’être fidèle étaient ancrés dans les profondeurs de l’âme de saint Josémaria, et il l’exprimait souvent dans une oraison jaculatoire composée d’un seul mot latin qu’il invitait à répéter : Serviam ! je Te servirai. « Ce cri — serviam ! — exprime la volonté de “ servir ” très fidèlement l’Église de Dieu, au prix même de tes biens, de ton honneur et de ta vie » (C 519). « Le non serviam de Satan n’a été que trop fécond. — Ne te sens-tu pas généreusement poussé à dire chaque jour, décidé à prier et à agir, un serviam — je te servirai, je serai fidèle ! — qui dépasse en fécondité son cri de rébellion ? » (C 413).

3. Fidèles dans les petites choses

Conformément à son enseignement sur la sanctification de la vie ordinaire et la valeur des petites choses dans lesquelles cette vie consiste habituellement, saint Josémaria aimait souligner l’importance de la fidélité dans ce qui est petit, rappelant ce que Jésus-Christ lui-même dit dans la parabole des talents (Mt 25, 21-23) : « Parce que tu as été in pauca fidelis, fidèle dans les petites choses — entre dans la joie de ton Seigneur. — Ce sont des paroles du Christ. — In pauca fidelis… — Dédaigneras-tu maintenant les petites choses, si la gloire du ciel est promise à ceux qui les respectent ? » (C 819).

Bien qu’il affirme que cette fidélité se manifeste aussi dans les petits détails, saint Josémaria garde toujours à l’esprit qu’il s’agit d’une grande fidélité, d’une fidélité héroïque, comme il convient à la seule vraie sainteté. L’insistance du fondateur de l’Opus Dei sur l’ordinaire comme moyen de sainteté ne signifie pas qu’il abaisse la barre de la sainteté en tant que telle, car, en réalité, elle ne peut pas être abaissée : si elle n’est pas héroïque, ce n’est pas la sainteté, ce n’est pas la sainteté de Dieu. La clé réside, une fois de plus, dans l’intensité de l’amour : « Faites tout par amour. — Ainsi il n’y a pas de petites choses : tout est grand. — Persévérer par amour dans les petites choses, c’est de l’héroïsme » (C 813).

Saint Josémaria présente également la même idée dans la perspective opposée, celle du danger posé à l’âme par une multiplication ou une répétition de petites infidélités : « Qui fidelis est in minimo et in majori fidelis est : qui est fidèle dans les petites choses l’est aussi dans les grandes. — Saint Luc te signale par ces mots la racine de tes égarements. Fais ton examen » (C 243). « Nous devons nous persuader que le plus grand ennemi du rocher n'est ni la pioche, ni la hache, ni quelque autre instrument, quelle que soit sa force de pénétration : c'est le filet d'eau qui s'infiltre goutte à goutte entre les fissures de la roche, jusqu'à en ruiner les structures. Le plus grand danger, pour un chrétien, c'est de négliger la lutte dans ces petites escarmouches qui entament peu à peu l'âme, jusqu'à la laisser en ruine, brisée, indifférente et insensible aux appels divins. Écoutons le Seigneur qui nous dit : celui qui est fidèle dans les petites choses l'est aussi dans les grandes, et celui qui manque à la justice dans les petites choses y manque aussi dans les grandes (Lc 16, 10). C'est comme s'Il nous rappelait ceci : lutte à chaque instant dans ces détails qui peuvent te sembler insignifiants mais qui sont grands à mes yeux ; accomplis ponctuellement ton devoir ; souris à celui qui en a besoin, même si tu souffres ; consacre sans remords le temps nécessaire à la prière ; viens en aide à celui qui te cherche ; pratique la justice, en la dépassant avec la grâce de la charité » (QCP 77).

Nous ne sommes pas confrontés à une considération purement théorique, mais aussi à la triste expérience de ceux qui renoncent à être fidèles. Saint Josémaria l’évoque en se référant à un texte de l’Écriture Sainte : « Je tremble de peur quand je lis certain passage de la seconde épître à Timothée : l'Apôtre se plaint que Démas se soit enfui à Thessalonique, attiré par les charmes de ce monde... Pour une bagatelle, et par peur des persécutions, un homme que saint Paul mentionne dans d'autres épîtres parmi les saints a trahi l'entreprise divine. J'en tremble de peur, quand je pense à ma petitesse ; et tout cela m'incite à vouloir être fidèle au Seigneur jusque dans les événements qui peuvent paraître indifférents ; parce que, s'ils ne me permettent pas de m'unir davantage à Lui, je n'en veux pas ! » (S 343).

Il est clair, en outre, que la fidélité dans ce qui est petit est « héroïque » si elle est tenace et constante ; ce qui nous ramène à la relation étroite entre fidélité et persévérance et nous permet de souligner qu’une manifestation claire et pratique de la fidélité est l’effort de continuer à avancer dans la vie spirituelle, même si ce n’est qu’un peu plus chaque jour. A travers ces mots transparaît la résolution effective de ne jamais s’arrêter : « Depuis notre première décision consciente de vivre, dans toute son intégralité, la doctrine du Christ, nous avons sûrement beaucoup avancé sur le chemin de la fidélité à sa Parole. Et pourtant, n'est-il pas vrai qu'il reste encore beaucoup à faire ? N'est-il pas vrai qu'il nous reste surtout trop d'orgueil ? Nous avons besoin, sans aucun doute, d'une nouvelle conversion, d'une loyauté plus entière, d'une humilité plus profonde, pour que le Christ croisse en nous et que notre égoïsme diminue, puisque illum oportet crescere, me autem minui (Jn 3, 30), il faut que Lui grandisse et que moi je diminue. Il n'est pas possible de rester immobiles. Nous devons avancer vers le but que saint Paul nous indiquait : Si je vis, ce n'est plus moi, mais le Christ qui vit en moi (Ga 2, 20). Haute et noble ambition que cette identification avec le Christ qui suppose la sainteté. Mais il n'y a pas d'autre chemin si l'on désire être cohérent avec la vie divine que Dieu a fait naître dans notre âme par le baptême. Avancer, c'est progresser en sainteté ; reculer, c'est se refuser au développement normal de la vie chrétienne. Car ce feu de l'amour de Dieu a besoin d'être alimenté, de s'intensifier chaque jour en s'enracinant dans notre âme ; et c'est en brûlant de nouveaux éléments que le feu demeure vivant » (QCP 58).

4. Loyauté envers l’Église

Pour saint Josémaria, la fidélité à Dieu est inséparable de la loyauté envers l’Église, qui est le corps du Christ et le temple de l’Esprit Saint : « “Je porte sur moi la sollicitude pour toutes les églises”, écrivait saint Paul. Et ce soupir de l’Apôtre rappelle à tous les chrétiens — à toi aussi — la responsabilité qui leur incombe de mettre aux pieds de l’Épouse de Jésus-Christ, de la Sainte Église, ce que nous sommes et ce que nous pouvons, en l’aimant très fidèlement, fût-ce au prix de nos biens, de notre honneur et de notre vie » (F 584).

Dans les dernières années de sa vie qui coïncident avec la période difficile que l’Église traversa à partir du milieu des années 1960, il a souffert intensément, comme le soulignent ses biographes, de la crise de foi et de loyauté qui s’est manifestée chez de nombreux chrétiens, y compris les prêtres et les religieux. Cela le poussa, en plus de sa prière, de sa mortification et de l’offrande de sa vie pour l’Église, à intensifier en particulier les appels à la fidélité dans sa prédication et ses écrits. Il suffit de mentionner l’homélie intitulée justementLoyauté envers l’Église (Aimer l’Église, nos 18-33), dans laquelle on trouve ces paroles : « Nous sommes en train de contempler le mystère de l'Église une, sainte, catholique, apostolique. C'est le moment de nous demander : est-ce que je partage avec le Christ sa soif des âmes ? Est-ce que je prie pour cette Église dont je fais partie, dans laquelle je dois accomplir une mission spécifique que personne d'autre ne peut remplir à ma place ? Être dans l'Église est déjà beaucoup ; mais cela ne suffit pas. Nous devons être Église, parce que notre Mère ne doit jamais être pour nous une inconnue, extérieure et étrangère à nos pensées les plus profondes. (…) S'il vous arrive d'entendre des mots ou des cris offensants pour l'Église, montrez avec humanité et charité à ces êtres dépourvus d'amour que l'on ne peut maltraiter une telle Mère. On l'attaque actuellement avec impunité parce que son royaume, qui est celui de son Maître et Fondateur, n'est pas de ce monde » (no 33).

Concluons par un autre enseignement important de saint Josémaria sur la fidélité : le rôle décisif de la Très Sainte Vierge Marie, par son exemple et son intercession : « Alors que s'est produite la débandade apostolique et que le peuple enragé crie à tue-tête sa haine de Jésus-Christ, Sainte Marie suit de près son Fils à travers les rues de Jérusalem. La clameur de la foule ne la fait pas reculer, et elle ne cesse d'accompagner le Rédempteur tandis que tous ceux du cortège, dans l'anonymat, montrent une lâche hardiesse pour maltraiter le Christ. Invoque-la avec force : " Virgo fidelis ! " — Vierge fidèle! et supplie-la pour que nous, qui nous disons amis de Dieu, nous le soyons en vérité et à toute heure » (S 51).


Thèmes connexes : Espérance ; Foi ; Filiation divine ; Sainteté ; Vocation.

Bibliographie : Aimer l’Église, nos 18-33 ; C 983 à 999 ; S 340-371 ; Ernst Burkhart - Javier López Vie quotidienne et sainteté dans l’enseignement de saint Josémaria. Étude de théologie spirituelle, II, Madrid, Rialp, 2011 ; Francisco Fernández-Carvajal - Pedro Beteta Enfants de Dieu. La filiation divine que le bienheureux Josémaría Escrivá a vécue et prêchée, Madrid, Palabra, 1995 ; José Morales Fidélité, Madrid, Rialp, 2004.

Javier Sesé