ÉTUDE

1. Importance de l’étude pour la croissance intellectuelle. 2. Étude et vie intérieure. 3. L’étude en vue de la formation professionnelle et culturelle. 4. Étude et développement de la personnalité.

1. Importance de l’étude pour la croissance intellectuelle.
2. Étude et vie intérieure.

3. L’étude en vue de la formation professionnelle et culturelle.

4. Étude et développement de la personnalité.

« Si tu dois servir Dieu par ton intelligence, étudier est pour toi une obligation grave » (Chemin 336). Dans son commentaire de ce point de Chemin, Pedro Rodríguez souligne le « caractère central de l'étude, de l'activité scientifique et du travail en général », pour une raison à la fois « théologique, spirituelle et apostolique », aussi bien s'il s'agit de professions qualifiées, que pour les étudiants, les intellectuels, ou toutes les activités professionnelles (cf. Chemin, edicion critico-historica, pp. 504-505). L'étude est, en effet, un élément fondamental pour acquérir la compétence professionnelle requise, pour améliorer la formation personnelle sur les activités que chacun développe.

L'importance de l'étude devient flagrante quand rentrent en compte l'amour et le service de la vérité : « Grâce à l'étude, tu seras à même d'exposer les raisons de ta certitude : l'absence de contradictions (car il ne peut y en avoir) entre la Vérité et la science, entre la Vérité et la vie » (Sillon 572). La recherche et la contemplation de la vérité est, en fait, ce qui fait de l'étude un instrument essentiel pour la croissance intellectuelle, pour l'amélioration de la vie spirituelle, pour l’acquisition de prestige dans le travail professionnel et, enfin, pour le développement de sa propre personnalité. C'est la raison pour laquelle il a été possible d'écrire, en commentant la valeur de l'étude chez saint Josémaria : « L'étudiant a un riche panorama mental… qui ne le satisfait pas, et il élève son esprit, cherche les dimensions du monde et se convainc qu'elles sont étroites. L'étude est chemin vers Dieu » (Albareda, 1966, p. 431). Cela étant dit, on comprend bien que, dès le troisième point du chapitre de Chemin consacré à l'étude, on puisse lire: « L’étude, la formation professionnelle, quelle qu’elle soit, sont obligations graves chez nous » (Chemin 334).

1. Importance de l'étude pour la croissance intellectuelle

Dans les vingt-huit points du chapitre «Étude» de Chemin, « entre considérations doctrinales et applications pratiques, Josémaría Escrivá développe une théologie et une morale de l’étude qui sont un véritable vademecum pour guider la conduite des enseignants, des chercheurs et étudiants à l’université » (Fontán, 2002, p. 19). Cette théologie et cette morale de l'étude s'inscrivent essentiellement dans un concept clé de la doctrine de saint Josémaria, un concept sans lequel il n'est pas possible de comprendre son message : « l'unité de vie », concept central de sa pensée. L'étude, en effet, suppose un engagement envers la vérité, qui à son tour requiert une attitude vitale fondamentale, qui peut se résumer en postulant que l'effort pour atteindre la vérité implique « la lutte pour rendre sa propre vie conforme à celle-ci » (Castillo, 2002 , p. 174).

L'étude, inscrite dans la doctrine de l'unité de vie, conduit au perfectionnement intellectuel de l'être humain qui aspire à la possession d'un savoir, savoir qui doit conduire au dévoilement du sens le plus profond de la réalité, conduisant à son tour au développement personnel. Pour cette raison – soulignait saint Josémaria – « dès que nous apprenons quelque chose, nous en découvrons d’autres que nous ignorions et qui constituent une motivation pour poursuivre la tâche sans jamais dire assez ! » (Amis de Dieu 232). De cette manière, se produit une croissance à la fois intellectuelle et personnelle.

Tout cela exige que la personne qui étudie croisse dans une dimension non seulement spéculative, mais aussi morale et spirituelle : sans cela, l'étude risque de se limiter à une simple érudition. Chez un chrétien, cela implique également un approfondissement rationnel des doctrines de foi entraînant à démêler le sens de la vérité la plus profonde et la plus intime sur la personne humaine et sa relation avec Dieu (cf. Amis de Dieu 26). C’est ainsi que l'étude, l'amour de la vérité et l'unité de vie s'entrelacent avec la conscience de la filiation divine qui anime la spiritualité de la doctrine de saint Josémaria.

La personne grandit en valorisant les idées apprises dans la perspective en question, et l'intelligence devient « capable de comprendre et d'adorer Dieu » (Chemin 367). On découvre alors, au fond de ce message, la mentalité catholique et universelle qui encourage l'enseignement de l'étude ; surtout quand il transcrit lui-même certaines caractéristiques de cette mentalité : « la largeur de vues et l'approfondissement énergique de ce qui est sans cesse vivant dans l'orthodoxie catholique ; le souci droit et sain (qui n'est jamais frivolité) de renouveler les doctrines caractéristiques de la pensée traditionnelle, en matière de philosophie et d'interprétation de l'histoire... ; une attention vigilante aux orientations de la science et de la pensée contemporaines » (Sillon 428).

A la lumière du plan divin sur toute la création, la raison humaine – ouverte au-delà des limites de sa subjectivité – peut alors reconnaître la condition des choses créées, et donc aussi la référence à Dieu dont toutes les choses du monde sont porteuses: l'homme « rend ainsi apparent le verbe divin qui gît en elles de manière inconsciente, la parole créatrice » (Aranda, 1990, p. 104). Une fois l'intelligence éclairée par cette vérité, l'agir de l'être humain dans ce monde se voit à travers un nouveau prisme, à partir duquel on comprend qu'il est un chemin vers sa fin éternelle et transcendante: « La foi chrétienne (...) nous pousse à voir le monde comme une création du Seigneur, à apprécier, par conséquent, tout ce qui est noble et tout ce qui est beau, à reconnaître la dignité de chaque personne, faite à l'image de Dieu » (Quand le Christ passe 99).

2. Étude et vie intérieure

« Il est bon que tu apportes cette ténacité à l’étude, à condition que tu l’apportes aussi à acquérir la vie intérieure » (C 341). En étroite continuité avec la croissance intellectuelle, l'étude est comme enchâssée dans la vie intérieure de l'homme qui cherche la vérité. C'est pourquoi saint Josémaria souligne la nécessité d'une « préoccupation de toute âme fidèle d'atteindre la signification la plus profonde de ce monde, qui est œuvre de Dieu. (...) Puisque le monde est sorti des mains de Dieu, puisque Dieu a créé l'homme à son image et à sa ressemblance et qu'Il lui a donné une étincelle de sa lumière, notre intelligence doit s'attacher, fût-ce au prix d'un rude effort, à dégager le sens divin qui réside naturellement en toute chose et, à la lumière de la foi, à en percevoir aussi le sens surnaturel, celui qui résulte de notre élévation à l'ordre de la grâce » (Quand le Christ passe 10).

Dans cette perspective de compréhension rationnelle de la foi, l'étude est comprise, dans le message de saint Josémaria, comme une réalité qui affecte la vie intérieure du chrétien. En effet, « il disait aux étudiants universitaires qu'étudier était une obligation grave pour eux, et qu'une heure d'étude, pour un étudiant chrétien, avait la valeur spirituelle d'une heure de prière » (Fontan, 2002, p. 18). C'est ainsi qu'on lit au point 335 de Chemin: « Une heure d’étude, pour un apôtre moderne, c’est une heure de prière ». En cohérence avec ce qui est dit ci-dessus sur le thème de l'unité de vie fondée sur la reconnaissance de la condition de créées que toutes les choses possèdent, et sur la filiation divine, toute activité courante – et l'étude d'une manière particulière – contribue à l'édification de la vie spirituelle, qui se répand sous la forme d'un apostolat au milieu du monde. À notre avis, c'est là le contexte des réflexions suivantes de l'auteur : « À l’exercice habituel de ta profession, ajoute un motif surnaturel et tu auras sanctifié le travail » (Chemin 359): « Étude, travail: devoirs inéluctables pour tout chrétien ; (...) ils constituent une arme fondamentale pour qui veut être apôtre au milieu du monde » (Sillon 483) ; « Il faut étudier..., pour gagner le monde et le conquérir pour Dieu » (Sillon 526).

L'étude, étroitement liée au travail professionnel propre, l'est aussi à l'accomplissement de la mission chrétienne et à la rencontre personnelle avec Dieu, à chaque fois qu'elle s'effectue dans une atmosphère d'ouverture à la vérité et à Dieu, source de toute Vérité : « Alors, nous rehausserons le niveau de notre effort, et nous veillerons à ce que tout travail accompli devienne une rencontre avec Notre Seigneur, et à ce qu'il serve d'appui aux autres, à ceux qui suivront notre chemin... De cette façon, l'étude deviendra prière » (Sillon 526). Et ailleurs : « Toi qui es étudiant, penche-toi sur tes livres, plein d'un esprit apostolique, avec l'intime conviction que ces heures, si nombreuses, sont déjà — et maintenant même — un sacrifice spirituel offert à Dieu, bénéfique pour l'humanité, pour ton pays, pour ton âme » (Sillon 522). Vécu ainsi, il sera manifeste qu'« entre la prière et le travail il ne doit pas y avoir de solution de continuité » (Sillon 471).

3. L'étude en vue de la formation professionnelle et culturelle

C’est dans ce sens que prend place cet appel qui informe la doctrine de saint Josémaria sur « l'apostolat professionnel »: « Tu ne songes qu’à édifier ta culture. — Et il te faut édifier ton âme. — Ainsi, tu travailleras comme tu le dois, pour le Christ : pour qu’il règne dans le monde, il faut que des hommes, le regard tourné vers le ciel, s’auréolent de prestige dans toutes les activités humaines, et à partir d’elles exercent un apostolat de caractère professionnel dans le silence et avec efficacité » (Chemin 347). Ainsi, dans le contexte de l'unité de vie, se trouvent intimement liées l'étude, la formation professionnelle et culturelle et le but ultime de l'être humain qui n'est autre que la sainteté.

Comme mentionné ci-dessus, le point 334 de Chemin se conclut par l'indication suivante: « L’étude, la formation professionnelle, quelle qu’elle soit, sont obligations graves chez nous ». Cette "grave obligation", désormais appelée "la formation professionnelle quelle qu'elle soit" est ancrée dans tout le message de saint Josémaria, et il en est ainsi car « l'effort pour apprendre et se former est un élément clé de l'édifice de la sainteté » (Ruibal , 2002, p. 65). Pour cette formation professionnelle, liée à l'étude, un amour profond de la vérité est requis, ainsi qu’on l'a écrit en parlant de sa vision de l'université comme service à Dieu et aux âmes : « amour de la vérité: intelligence mise au service de cet amour; largeur de vues; universalité des horizons; intensité dans l'étude; désir de communiquer les acquis »(Castillo, 2002, p. 157).

L'étude s'intègre ensuite à la préparation culturelle nécessaire pour vivre en catholique dans le monde contemporain; de plus, elle oriente la formation professionnelle vers ce désir toujours renouvelé de prestige professionnel « pour qui veut être apôtre au milieu du monde » (Sillon 483). De cette manière, ses enseignements apparaissent en accord avec les indications du Concile Vatican II, qui a encouragé les laïcs à ordonner les affaires terrestres et temporelles, selon l'ordre divin (cf. Lumen Gentium, 31). Une tel ordonnancement, dans l'ensemble de son message et de son œuvre, ne serait pas possible sans la formation professionnelle et culturelle adéquate et continue offerte par l'étude de tout sujet qui se présente comme une tâche de la vie quotidienne de celui qui vit au milieu du monde; Il poussait donc à faire la réflexion suivante: « l'étude ou le travail est une partie essentielle de mon chemin. Le discrédit professionnel — conséquence de la paresse — anéantirait ou rendrait impossible mon travail de chrétien. Pour attirer les autres et les aider, j'ai besoin (car c'est Dieu qui le veut) de l'ascendant que donne le prestige professionnel » (Sillon 781).

4. Étude et développement de la personnalité

« Étudier, c'est servir » (Nieto, 1979, p. 54). Et chez un autre auteur : « L'étude a la même force sanctificatrice que toute activité humaine et a une caractéristique qui lui est propre: son objet immédiat est la vérité. Et l'une et l'autre chose ont une influence directe sur la personne qui se consacre à l'étude, sur la société et sur l'Église » (Ruibal, 2002, p. 67). Dans le cadre de la doctrine du fondateur de l'Opus Dei, l'étude comprend non seulement le développement de sa propre compétence professionnelle, mais aussi la formation culturelle. Cela afin de faire pénétrer la vérité dans la vie sociale, et dans le but de perfectionner sa propre personnalité, ce qui s'acquiert par le développement de l'intelligence, en particulier lorsqu'elle se réfère à la rencontre avec Dieu, lorsque se révèle la signification divine des choses créées et de tous les savoirs. Et l'homme lui-même, dans le développement de sa personnalité, retrouve en lui la trace de l'amour divin dans sa condition d'image et dans la liberté de son agir. « Celui qui a vraiment l'esprit et l'attitude d'apprendre, se rend compte de l'unité profonde de tous les aspects de la réalité, des connexions, voit tout en tout et Dieu en tout. À son tour, quand il regarde Dieu, il capte une lumière qui l'aide à mieux comprendre toutes les choses et toutes les dimensions de la réalité » (Alvira, 2002, pp. 603-604).

Le tout avec un clair sens apostolique et un clair sens du service : « Il importe absolument que nous diffusions la lumière de la doctrine du Christ. Capitalise dans ta formation, meuble ton esprit d’idées claires, de la plénitude du message chrétien, que tu pourras ensuite transmettre à d’autres. N’attends pas de Dieu des illuminations, car il n’a aucune raison de te les communiquer, alors que tu disposes de moyens humains bien concrets: l’étude, le travail » (Forge 841). Si on vit ainsi, ce qui était l'un des grands rêves de saint Josémaria se réalisera, à savoir qu'il y ait beaucoup de gens avec une bonne formation spirituelle et compétents dans leur propre tâche : « Un secret. — Un secret à crier sur les toits : ces crises mondiales sont des crises de saints. Dieu veut une poignée d’hommes “ à lui ” dans chaque activité humaine. Après quoi… pax Christi in regno Christi : la paix du Christ dans le règne du Christ » (Chemin 301).


Thèmes connexes : Apostolat; Culture; Éducation et enseignement; Formation: Considération générale; Unité de vie.

Bibliographie : Chemin 332-359; José María Albareda Herrera, “La ciencia y la vida en el pensamiento del Profesor Albareda [Selección de textos del profesor Albareda realizada por Nuestro Tiempo]” Nuestro Tiempo, 143 (1966), pp. 432-441; Rafael Alvira, “Educación y cultura en el pensamiento de Josemaría Escrivá de Balaguer” Anuario Filosófico, 35 (2002) pp. 601-608; Antonio Aranda, “Perfiles teológicos de la espiritualidad del Opus Dei”, ScrTh, 22 (1990), pp. 84-111; Carmen Castillo, “Un ejemplo de espíritu universitario”, en Luis Felipe Capriles (ed.) Josemaría Escrivá de Balaguer y la Universidad, Caracas, 2002, pp. 155-176; Urbano Ferrer, “Carácter y autodominio en las virtudes humanas” Anuario Filosófico, 35 (2002), pp. 581-600; Antonio Fontán,