ÉGLISE

1. L'Église, mystère de foi. 2. Propriétés de l'Église. 3. L'Église, Peuple sacerdotal. 4. Les laïcs et la mission de l'Église.

1. L'Église, mystère de foi.
2. Propriétés de l'Église.
3. L'Église, Peuple sacerdotal.
4. Les laïcs et la mission de l'Église.

[NdT les citations en français de l’ouvrage « Aimer l’Église » sont dans la suite de cet article empruntées au site escrivaworks.org quand elles portent sur des passages identifiés d’une des trois homélies de saint Josémaria Escrivá et sont référencées par le point dudit site ; lorsqu’elles n’ont pu être identifiées ou se rapportent à l’introduction contenant des textes d’Alvaro Del Portillo, elles ont été traduites par le traducteur et restent référencées dans l’ouvrage en espagnol « Amar a la Iglesia », acronyme AIG : les références sont alors surlignées en jaune dans la présente traduction et portent sur la pagination de cette édition en espagnol. Par ailleurs l’ordre adopté pour la présentation des homélies de saint Josémaria Escriva semble différent sur le site escivaworks.org et sur l’ouvrage espagnol référencé AIG, ce qui complique la recherche des citations.]

La compréhension de l'Église par saint Josémaria se manifeste dans sa prédication et ses écrits, mais aussi dans sa praxis pastorale et spirituelle. Plus qu’une ecclésiologie systématique, il propose une expérience de foi vécue, attestée et partagée. Comme toute prédication, celle-ci répond à des circonstances et des objectifs spécifiques. Ses homélies actualisent la Parole de Dieu afin de favoriser la conversion et d’aller à la suite du Seigneur. Certaines d'entre elles ont un contenu ecclésiologique direct, comme Le grand Inconnu (25 mai 1969, QCP) ; La fin surnaturelle de l'Église (28 mai 1972, dans Aimer l’église) ; Loyauté envers l'Église (4 juin 1972, ibid.) et Prêtre pour l'éternité (13 avril 1973, ibid.) ; ces trois dernières homélies datent du début de la décennie difficile des années soixante-dix, et rappellent les principaux points de l'enseignement catholique sur l'Église et le ministère sacerdotal. L'homélie Aimer le monde passionnément (Entretiens 113-123), qui propose un guide pour l'existence chrétienne dans le monde, revêt une importance particulière. On y trouve souvent des formulations clarificatrices de la foi catholique, comme sur la mission de l'Église ou sa dimension hiérarchique, ou sur l'existence et la signification du sacerdoce ministériel ; à côté de ces résumés catéchétiques, on trouve ici et là des affirmations qui comportent des présupposés et ont des conséquences théologiques de grande portée. Les textes de nature pastorale-spirituelle (C, S et F) contiennent des conseils issus de son expérience de l'Église comme habitat de la vie chrétienne (cf. RODRÍGUEZ, 2004, p. 200). D'autres écrits proposent des orientations pour l’accueil de l'enseignement ecclésiologique du Concile Vatican II, comme l'entretien Spontanéité et pluralisme du peuple de Dieu (Entretiens 1-23). Avec la diversité des genres et des destinataires, saint Josémaria transmet un sensus Ecclesiae vivant, un amour de l'Église et une conscience intense de la grandeur de la vocation dans le Christ (cf. AIG, pp. 25-26, 37, 56-57 ; DEGENHARDT, 2002, pp. 91-104 ; DEL PORTILLO, AIG, pp. 99-125 ; BURKE, 1981, pp. 691-701).

1. L'Église, mystère de la foi

Pour saint Josémaria, l'Église est le mystère de la vie du Dieu Trine qui a fait irruption dans l'histoire pour que les hommes aient le salut et la vie en abondance. Parce que le peuple de Dieu vit de la participation à la vie du Père, du Fils et du Saint-Esprit, on accède seulement par la foi à sa pleine réalité. « Nous devons méditer souvent, pour ne pas l'oublier, que l'Église représente un mystère grand et profond. Nous ne pourrons pas l'appréhender pleinement en cette vie. Si la raison essayait de l'expliquer à elle seule, elle ne verrait que la réunion de personnes qui accomplissent certains préceptes et qui pensent de façon semblable. Mais cela, ce ne serait pas la sainte Église Nous les catholiques, nous trouvons dans la sainte Église notre foi, nos règles de conduite, notre prière, le sens de la fraternité, la communion avec tous nos frères déjà disparus et qui se purifient dans le purgatoire – l'Église souffrante – ou avec ceux qui jouissent déjà de la vision béatifique – l'Église triomphante – et aiment éternellement le Dieu trois fois saint. C'est l'Église qui demeure ici et qui, en même temps, transcende l'histoire » (Aimer l’Église 2 ; cf. AIG, p. 28 et p. 30).

a) L'Église, œuvre de la Trinité

Son caractère de mystère vient de son lien avec le mystère trinitaire : « L’Église prend racine dns le mystère fondamental de notre foi catholique : celui de Dieu Un en essence et Trine en personnes. Les Pères de l'Église l'ont toujours vue ainsi : centrée sur la Trinité » (Aimer l’Église, 1). La prédication de saint Josémaria se rattache de manière connaturelle à l'enseignement du Concile Vatican II sur la relation de l'Église à la Sainte Trinité, tant dans son origine historique que dans son être permanent. L'Église naît du dessein du Père et vit de la double mission conjointe et inséparable du Fils et de l'Esprit Saint. « L'Église est l'œuvre de la Sainte Trinité » (Aimer l’Église 22). Ainsi, ce qui est décisif dans l'Église, c'est l'action de la Trinité et la présence du Christ en elle par l'Esprit : « Ce qui est le plus important dans l'Église, ce n'est pas de voir comment les hommes répondent, mais de voir ce que Dieu fait. L'Église, c'est le Christ présent parmi nous ; Dieu qui vient à l'humanité pour la sauver, en nous appelant par sa révélation, en nous sanctifiant par sa grâce » (QCP 131). Dieu le Père « ne cesse de sanctifier, par l'Esprit Saint, l'Église fondée par son Fils bien-aimé » (Aimer l’Église, 2). L'Église accomplit la volonté du Père et est l'épouse du Fils assistée par l'Esprit Saint. « Quand viendra l'Esprit de vérité, annonce Jésus, Il me glorifiera, car c'est de mon bien qu'Il prendra pour vous en faire part (Jn 16, 14). Le Saint-Esprit est l'Esprit envoyé par le Christ pour réaliser en nous la sanctification qu'Il a méritée pour nous sur la terre. Sans foi en Jésus-Christ, en sa doctrine, en ses sacrements et en son Église, il ne peut y avoir de foi en l'Esprit Saint » (QCP 130). « Le Christ vit [dans son Église] (…). Je vous le dis en vérité, il vous est utile que je m'en aille ; car si je ne m'en vais pas, le Consolateur ne viendra pas à vous ; mais si je m'en vais, je vous l'enverrai (Jn 16, 7). C'était le dessein de Dieu : Jésus, en mourant sur la Croix, nous a donné l'Esprit de Vérité et de Vie. Le Christ demeure dans son Église : dans ses sacrements, dans sa liturgie, dans sa prédication, dans toute son activité. D'une manière particulière, le Christ reste présent parmi nous, dans le don de soi quotidien de la Sainte Eucharistie. C'est pourquoi la messe est le centre et la racine de la vie chrétienne. Dans chaque messe, il y a toujours le Christ tout entier, Tête et Corps » (QCP 102). L'amour trinitaire déverse sa grâce à travers l'Église sur l'humanité entière, en particulier dans la célébration de l'Eucharistie, source et sommet de la vie chrétienne, où a lieu le don de soi trinitaire qui soutient l'Église dans son être.

b) Corps du Christ par le Saint-Esprit

Par le don de son Esprit, le Christ fait de l'Église son Corps Mystique (cf. LG, 7). L'enseignement paulinien sur le corps que les chrétiens forment avec le Christ Tête est constant chez saint Josémaria. La communauté chrétienne, visible et historique, est le Corps du Christ qui vit sous l'action de l'Esprit Saint selon le dessein d'amour du Père. « La Sainte Écriture emploie beaucoup d'expressions, tirées de l'expérience humaine, pour parler du Royaume de Dieu et de sa présence parmi nous, dans l'Église. Elle la compare au bercail, au troupeau, à la maison, à la semence, à la vigne, au champ que Dieu a ensemencé ou au terrain sur lequel il a construit. Mais elle met l'accent sur une expression qui les résume toutes : l'Église est le Corps du Christ. (...) Comme notre foi est lumineuse ! Nous sommes tous dans le Christ parce qu'il est la tête du corps de l'Église (Col 1, 18). C'est la foi que les chrétiens ont toujours confessée » (Aimer l’Église, 4 & 5). La vie du Christ s'étend à ses membres en solidarité de grâce, et ainsi tous communiquent entre eux, sur la terre comme au ciel (cf. C 544 ; F 462 & 846). La communion des saints est le fondement de la fraternité spirituelle et visible entre l'Église historique et pèlerine avec les saints du ciel, et entre nous qui vivons sur la terre (cf. C 469) : dans la prière et la mission avec les frères qui s'accompagnent (cf. C 545), qui se soutiennent mutuellement par leur prière (cf. C 546 & 547), par leurs privations et leur pénitence (cf. C 548 & 550). C'est ainsi que s'actualise « cette fraternité si profondément vécue par les premiers chrétiens » (Entretiens 61, & 24 ; ROMANO, 1992, pp. 144-147). La communion avec Marie, Mère de Dieu et de l'Église revêt une importance particulière (cf. MIRALLES, 2004, pp. 186-188 ; sur Marie et l'Église, cf. AIG, p. 43 ; AD 155 & 288 ; QCP 139, 140, 141, 145 & 171).

c) L'Église, inséparablement divine et humaine

L'une des grandes questions qui ont accompagné l'ecclésiologie au cours des derniers siècles a été l'articulation des dimensions humaine et divine de l'Église. La Const. Dogm. Lumen Gentium, no 8, parle de la « réalité complexe » constituée par l'humain et le divin dans l'Église. Par analogie avec le mystère du Verbe incarné, les aspects invisibles et visibles de l'Église ne sont pas séparables, comme si on voulait séparer une Église charismatique d’une Église institutionnelle ou hiérarchique. Elle est « Corps du Christ Notre Seigneur en personne, l'action du Saint-Esprit, la tendre présence du Père. Par conséquent, l'Église est inséparablement humaine et divine. (...) Elle vit et agit dans le monde. Toutefois sa fin et sa force ne se trouvent pas sur la terre, mais au Ciel » (Aimer l’Église 6). L'Église est une communauté dotée d'une dimension juridique, d'une structure indissociable car elle n'est pas « l'œuvre des hommes et le simple produit de contingences historiques. Il n'y a qu'une Église. Le Christ n'a fondé qu'une Église : visible et invisible, avec un corps hiérarchique et organisé, avec une structure fondamentale de droit divin et une profonde vie surnaturelle qui l'anime, la soutient et la vivifie » (ibid.). D'où son analogie avec le mystère du Verbe incarné. En tant qu’humaine, elle exige un aggiornamento, c'est-à-dire un retour fidèle aux sources, à « l'idéal de l'Évangile » (Entretiens 28), à « l'esprit authentique de l'Évangile » (Entretiens 35), ce qui n'implique pas un saut dans l'histoire en ignorant ce qui s’est passé entretemps : « tout ce qui se développe dans l'histoire » grandit « d'une manière graduelle et progressive, comme grandit tout organisme vivant » (Entretiens 26). Face à une compréhension dialectique du progrès doctrinal et vital du Peuple de Dieu (progressisme versus intégrisme), saint Josémaria affirme : « Moi, en revanche, je préfère croire – de toute mon âme – à l'action de l'Esprit Saint, qui souffle où il veut et sur qui il veut » (Entretiens 23).

d) Notre Mère, la Sainte Église

Saint Josémaria vit l'Église comme une Mère en qui nous croyons, que nous aimons, servons et vénérons, qui nous remplit de joie et élargit notre cœur (cf. C 517-519, 522, 524-525, 576 & 750 ; S 49, 275, 354, 365, 409 & 920 ; F 471, 583, 630, 632, 638, 722, 769, 852, 932, 935 & 1043 ; Entretiens 117 ; AD 33 & 110). L'Église est la « Sainte Mère, qui nous a fait entrer dans la vie de la grâce et nous nourrit jour après jour avec une inépuisable sollicitude » (AIG, pp. 25, 34, 38 ; ROMANO, 1992, pp. 125-129). Cette considération est en continuité avec la grande tradition chrétienne et met en évidence l'instrumentalité salvifique de l'Église. La maternité de l'Église engendre la « foi de l'Église » à travers les sacrements de la foi, en particulier l'Eucharistie (cf. RODRÍGUEZ, 2004, pp. 207-209). Face à tout individualisme, le chrétien se sait en communion avec la totalité des pasteurs et des fidèles au sein de l'Église, dans laquelle il nait à la vie dans le Christ. C'est pourquoi saint Josémaria exhorte à, « en tout temps et en toute chose, (…) avoir les mêmes sentiments que l'Église du Christ » (Entretiens 29), malgré les défauts de ceux qui la composent (cf. AIG, pp. 24-26 ; QCP 131).

2. Propriétés de l'église

« Et unam, sanctam, catholicam et apostolicam Ecclesiam ! … — Je m’explique ta lenteur quand tu pries, pour mieux savourer : je crois à l’Église une, sainte, catholique et apostolique… » (C 517). « Voilà les propriétés essentielles de l'Église, qui découlent de sa nature, telle que le Christ l'a voulue » (Aimer l’Église 19). Ces propriétés unissent l'Église « au mystère le plus ineffable de notre sainte religion : celui de la Très Sainte Trinité » (Aimer l’Église 1 ; cf. ROMANO, 1992, pp. 129-132). L'unité et la sainteté sont des reflets de la sainteté du Dieu Saint, Un et Trine, qui par l'apostolicité envoie l'Église dans le monde entier pour être « le sacrement universel du salut », mission qui est le sens de sa catholicité – (cf. Ad Gentes, décret sur l’activité missionnaire de l’Église, no 1).

a) L'unité

Dans une de ses homélies, saint Josémaria contemple l'unité à partir de l'Évangile de Jean (cf. Aimer l’Église 20) Ainsi, en plus de l'unité interne de l'Église, il souligne la dimension de l'unité visible de l'Église. Jésus appelle à l'unité de ses disciples en un seul troupeau sous un seul Pasteur et prie le Père pour l'unité de ses disciples, à la ressemblance de l'unité du Fils avec le Père. Sans unité, il n'y a pas de vie et pas de fruit. Unité interne avec le Christ, la vigne, et aussi unité externe entre les membres du Corps. Pour les chrétiens, l'unité doit être une passion comme l'ont vécu les Pères de l'Église. Saint Josémaria commente tout cela : « Quels accents merveilleux Notre Seigneur a employés pour parler de cette doctrine ! Il multiplie les mots et les images pour que nous le comprenions, pour que cette passion de l'unité reste gravée en notre âme » (Ibid.). Pour saint Josémaria, il ne fait aucun doute que l'Église est une et unique. « L'union des chrétiens ? Oui. Plus encore : l'union de tous ceux qui croient en Dieu (...) Mais le Christ a fondé une seule Église ; Il n'a qu'une seule Épouse » (Aimer l’Église 21). Les séparations des chrétiens ne l'ont pas fait disparaître. « Elle n'est pas à reconstruire avec des fragments dispersés à travers le monde » (Ibid.). La conviction de saint Josémaria sur l'Église et la plenitudo fidei catholique était compatible avec son amitié pour les chrétiens non catholiques marquée par un profond respect pour la « liberté des consciences » (qu'il distingue de la « liberté de conscience » au singulier car « cela revient à juger comme moralement bon le fait que l’homme repousse Dieu » (AD 32). « Un jour, encouragé par l'accueil affable et paternel de Sa Sainteté, – racontait saint Josémaria – j'ai expliqué au pape Jean XXIII : « Saint-Père, dans notre Œuvre, tous les hommes, catholiques ou non, ont toujours trouvé une demeure accueillante : je n'ai pas appris l'œcuménisme de Votre Sainteté. » Il eut un rire ému, car il savait que, dès 1950, le Saint-Siège avait autorisé l'Opus Dei à recevoir, comme coopérateurs, les non-catholiques et même les non-chrétiens » (Entretiens 22 ; cf. Entretiens 29). Saint Josémaria a énuméré quelques aspects de sa spiritualité dans lesquels il notait des points de rencontre avec des chrétiens non catholiques (cf. Entretiens 22). Sa passion pour l'unité des chrétiens « afin que le monde croie » (Jn 17,21) débouchait sur le désir de l'unité humaine : « Je demande chaque jour au Seigneur d'agrandir mon cœur pour qu'il continue de rendre surnaturel l'amour qu'il a mis dans mon âme pour tous les hommes, sans distinction de race, de peuple, de conditions culturelles ou de fortune » (Aimer l’Église 21).

b) la sainteté

La sainteté de l'Église se réalise selon une double phase, à savoir « une perfection que nous pourrions appeler originelle, et une autre finale, eschatologique » (Aimer l’Église 22). L'Église a été dotée à l'origine, de manière constitutive, des biens du salut : la Parole et les Sacrements, afin de sanctifier l'humanité. « Notre Mère est sainte, parce qu'elle est née pure et qu'elle continuera d'être sans tache pour l'éternité (...) Notre Mère est sainte, de la sainteté du Christ auquel elle est unie en corps – que nous formons à nous tous – et en esprit – l'Esprit Saint (...).Tu es sainte, Église, ma Mère, parce que le Saint Fils de Dieu t'a fondée ; tu es sainte parce que le Père, source de toute sainteté, l'a ainsi disposé ; tu es sainte parce que l'Esprit Saint t'assiste, lui qui demeure en l'âme de tes fidèles pour réunir les enfants du Père qui habiteront l'Église du Ciel, la Jérusalem éternelle » (Aimer l’Église 25). Saint Josémaria relie la sainteté de l'Église à sa maternité salvatrice qui engendre dans son sein le peuple sanctifié : « Et en tant que membres d'un peuple saint, tous les fidèles ont reçu cette vocation à la sainteté et doivent s'efforcer de répondre à la grâce et d'être personnellement saints » (Aimer l’Église 22). Mais jusqu'à ce que l'Église atteigne sa phase eschatologique, une « contradiction apparente souligne un des aspects du mystère de l'Église. L'Église, qui est divine, est aussi humaine, parce qu'elle est formée par des hommes, et que les hommes ont des défauts » (Aimer l’Église 23). Dans l'histoire, la paille et le blé, le bon et le mauvais poisson, se mélangent. « Tous ne répondent pas avec loyauté à son appel. Et l'on découvre à la fois dans l'Église, Épouse du Christ, la merveille du chemin du salut, (…) les misères de ceux qui le parcourent », et la beauté de la Mère « que l'ombre de la bassesse humaine peut maintenir cachée » (Aimer l’Église 25) par les péchés de ses enfants. La sainteté de l'Église « peut demeurer voilée – mais jamais être détruite, parce qu'elle est indéfectible – (...) ; elle peut demeurer cachée aux yeux humains (…) à certains moments d'une obscurité que l'on pourrait appeler collective » (Aimer l’Église 22). « Ces défauts [humains], chez notre sainte Mère, sont le résultat de l'action des hommes qui peuvent atteindre des limites extrêmes dans la malice, mais qui ne parviendront jamais à détruire, ni même à porter atteinte à ce que nous avons appelé la sainteté originelle et constitutive de l'Église » (Aimer l’Église 24).

c) Catholicité

L'Église est catholique (cf. AIG, pp. 26-31), universelle au sens large : l'Église, sacrement unique, existe pour le salut de l'humanité. « L'Église était déjà catholique le jour de la Pentecôte. Elle naît catholique du Cœur blessé de Jésus, comme un feu que le Saint-Esprit allume » (Aimer l’Église 26). Elle est catholique au sens intensif, parce qu'elle transmet la foi intègre et la droite célébration des sacrements ; parce qu'elle guérit toute la personne, corps et âme ; parce qu'elle distribue toutes sortes de dons spirituels ; la diversité catholique harmonise les différences dans une unité ouverte à toutes les races et cultures, sans particularisme. Liée à la catholicité, saint Josémaria parle souvent de romanité : « Je savoure ce mot : romaine ! Je me sens romain, parce que romain veut dire universel, catholique (...) Être romain, ce n'est pas faire montre de particularisme, mais d'œcuménisme authentique ; cela implique le désir d'agrandir son cœur, de l'ouvrir à tous avec la soif rédemptrice du Christ » (Aimer l’Église 28 ; cf. Entretiens 123). L'affection de saint Josémaria pour le Siège de Pierre (cf. C 467, 520, & 573) est liée, non pas tant à la « latinité », mais à l'unité et à l'universalité de l'Église (cf. RODRÍGUEZ, 2004, pp. 205-206).

d) Apostolicité

L'Église est apostolique (cf. AIG, pp. 31-36) parce que toute l'Église a été envoyée dans le monde pour répandre la foi et le salut du Christ. L'Église est apostolique parce que tous les baptisés participent à la mission du Christ. « Nous devons tous nous sentir responsables de cette mission de l'Église, qui est la mission du Christ. Celui qui ne ressent pas de zèle pour le salut des âmes, celui qui ne recherche pas de toutes ses forces à faire connaître et aimer le nom et la doctrine du Christ ne comprendra pas l'apostolicité de l'Église » (Aimer l’Église 32). Cette « apostolicité fondamentale » découle de la consécration baptismale au cœur de laquelle se trouve l'apostolicité propre aux pasteurs. Jésus l'a fondée sur les Apôtres, et Simon-Pierre a reçu du Christ une élection personnelle comme principe d'unité du Collège Apostolique et de tous les fidèles.

3. L'Église, un peuple sacerdotal

Par le baptême, le Christ consacre son Peuple sacerdotal. « Par le baptême, nous avons tous été institués prêtres de notre propre existence pour offrir des sacrifices spirituels, agréables à Dieu par Jésus-Christ (1P 2, 5), et pour réaliser chacune de nos actions dans un esprit d'obéissance à la volonté de Dieu, perpétuant ainsi la mission de Dieu fait Homme » (QCP 96). Toute l'existence chrétienne est le déploiement de la condition filiale et sacerdotale obtenue lors de l'incorporation au Corps du Christ Prêtre. « Est apôtre le chrétien qui se sent greffé sur le Christ, identifié au Christ par le Baptême; habilité à lutter pour Lui par la Confirmation; appelé à servir Dieu en travaillant dans le monde par le sacerdoce commun des fidèles qui confère une certaine participation au sacerdoce du Christ ; cette participation, tout en étant essentiellement distincte de celle qui constitue le sacerdoce ministériel, donne la capacité de prendre part au culte de l'Église, et d'aider les hommes dans leur route vers Dieu par le témoignage de la parole et de l'exemple, par la prière et par l'expiation. Chacun de nous doit être ipse Christus. C'est Lui, l'unique médiateur entre Dieu et les hommes (cf. 1Tm 2, 5) : et nous, nous nous unissons à Lui pour offrir, avec Lui, toutes choses au Père » (QCP 120). En vertu de ce sacerdoce commun, la mission « fait partie de la nature même du chrétien : ce n'est pas quelque chose de surajouté, de superposé, d'extérieur à son activité quotidienne, à ses occupations professionnelles » (QCP 122). Pour cette raison, « Être chrétien, ce n'est pas un titre de pure satisfaction personnelle : c'est un nom – une substance – qui suppose une mission » (QCP 98 ; cf. MIRALLES, 2004, pp. 192-195). « C'est dans l'histoire, c'est dans le temps que se construit le Royaume de Dieu. Le Seigneur nous a confié cette tâche à tous, et aucun de nous ne peut s'en sentir exempté » (QCP 158). Par son activité, son exemple et sa parole, par la prière et l'offrande de sa vie à Dieu, le chrétien réalise « la présence constante de l'Église dans le monde, puisque tous les catholiques sont eux-mêmes l'Église car ils sont de plein droit membres de l'unique peuple de Dieu » (QCP 53).

a) L'égalité chrétienne

Chez saint Josémaria, nous trouvons une forte affirmation de l'égalité des fidèles dans le Christ. « Il y a une égalité dans l'Église : une fois baptisés, nous sommes tous égaux, parce que nous sommes enfants du même Dieu, Notre Père. En tant que chrétiens, aucune différence ne sépare le Pape et le dernier venu à l'Église » (Aimer l’Église 14). « Il n'y a pas de chrétiens de deuxième catégorie, obligés à mettre en pratique un Évangile au rabais. Nous avons tous reçu le même baptême et, s'il est vrai qu'il existe une grande diversité de charismes et de situations humaines, il n'y a qu'un seul et même Esprit, qui distribue les dons divins, une même foi, une même espérance et une même charité » (QCP 134). « L'appel de Dieu, le caractère baptismal et la grâce font que chaque chrétien peut et doit pleinement incarner la foi. (...). Cela implique une vision plus profonde de l'Église, en tant que communauté formée par tous les fidèles, de sorte que nous sommes tous solidaires d'une même mission que chacun doit remplir selon ses conditions personnelles » (Entretiens 58-59). Toutes les différences se situent à l'intérieur de cette égalité fondamentale : « Le prêtre n'est supérieur au laïc ni en tant qu'homme ni en tant que fidèle (...) il serait erroné de soutenir qu'un prêtre est davantage chrétien que tout autre fidèle » (Aimer l’Église 40-41).

b) Le ministère hiérarchique

En outre, « par une volonté divine expresse, nous avons une diversité de fonctions, qui comporte aussi une diversité de capacités, un caractère indélébile conféré aux ministres sacrés par le sacrement de l'Ordre » (Aimer l’Église 14). « Par institution divine, l'Église se compose du Pape, des évêques, des prêtres, des diacres et des laïcs. C'est ce que Jésus a voulu. Par volonté divine, l’Église, est une institution hiérarchique » (Aimer l’Église 13-14). « Sans union avec le corps épiscopal et avec sa tête, le souverain pontife, il ne peut y avoir, pour un catholique, d'union avec le Christ » (Entretiens 59 ; cf. ROMANO, 1992, pp. 132-134). D'où la nécessaire unité avec les évêques comme garantie de fécondité spirituelle et pastorale. Saint Josémaria n'a jamais cessé de rechercher l'approbation de l'Ordinaire du lieu, tant dans son activité personnelle que dans celle de l'Opus Dei, suivant sa maxime : « servir l'Église comme l'Église veut être servie » (CAPARRÓS, 2004, pp. 93-125). Il rappelait la nécessité, dans une expression imagée, de « tirer la charrette » dans la même direction que les évêques. Il a stipulé que les autorités de la Prélature de l'Opus Dei devaient maintenir un dialogue régulier avec les évêques afin de recevoir des indications pour que les fidèles de la Prélature, connaissant les directives magistérielles et pastorales, puissent les mettre en pratique pour le bien de chacune des Églises locales (cf. Statuta, nos 173, 174 & 176). Tout cela est la manifestation d'une conviction théologique fondée sur les paroles du Christ :Ut omnes unum sint (Jn 17, 21). « C'est la prière que Jésus fait à Dieu le Père pour nous ; et c'est aussi la prière que, unis à Jésus-Christ, tous les enfants du Seigneur dans l'Opus Dei prient quotidiennement depuis le début de l'Œuvre : pro unitate apostolatus pour l'unité que seul le Pape donne à toute l'Église, et l'évêque, en communion avec le Saint-Siège, pour son diocèse » (Lettre 31 mai 1943, no 31 : OIG, p. 133). D'où la vénération, l'affection et la prière pour les évêques et les prêtres qu’inculquait saint Josémaria (cf. F 136 ; ROMANO, 1992, pp. 135-140).

c) Religieux

L'unité et la variété des vocations et des charismes dans l'Église suscitaient l'admiration de saint Josémaria (cf. RODRÍGUEZ, « L'Opus Dei comme réalité ecclésiologique », in OIG, p. 41). Cette variété est liée, avant tout, à la mission du Seigneur que l'Église poursuit à travers l'évangélisation. C'est pourquoi les grandes positions des fidèles dans l'Église, y compris la vie religieuse, répondent à sa structure opérationnelle pour réaliser la mission : « Il appartient à la hiérarchie – cela fait partie de son magistère – d'indiquer les principes doctrinaux qui doivent présider à la réalisation de cette tâche apostolique et l'éclairer. Quant aux laïcs, qui travaillent au milieu des circonstances et des structures propres à la vie séculière, ils ont pour tâche immédiate et directe, spécifique, d'ordonner ces réalités temporelles à la lumière des principes doctrinaux énoncés par le magistère ; tout en agissant en même temps avec l'autonomie personnelle nécessaire pour ce qui est des décisions concrètes qu'ils ont à prendre dans la vie sociale, familiale, politique, culturelle, etc. Et quant aux religieux, qui s'écartent de ces réalités et activités séculières pour embrasser un état de vie particulier, leur mission est de rendre publiquement un témoignage eschatologique, qui rappelle aux autres fidèles du Peuple de Dieu que cette terre n'est pas un domicile permanent » (Entretiens 11).

La vie religieuse mérita toujours de la part de saint Josémaria respect et vénération (cf. ROMANO, 1992, pp. 150-152). « Le chemin de la vocation religieuse me semble béni et nécessaire dans l'Église, et qui ne l'estimerait point n'aurait pas l'esprit de l'Œuvre » (Entretiens 62). Nombre de ses meilleurs amis étaient membres d'ordres religieux et de congrégations. « Nous vénérons et nous aimons l'état religieux. Je prie chaque jour pour que tous les vénérables religieux continuent à offrir à l'Église des fruits de vertus, d'œuvres apostoliques et de sainteté (...) Nous n'avons que vénération et affection pour tous les religieux sans exception, et nous prions le Seigneur de faire en sorte que soient chaque jour plus féconds les services qu'ils rendent à l'Église et à l'humanité tout entière » (Entretiens 43 & 54). « Vous savez bien qu'il est propre à notre esprit de voir avec joie que de nombreuses vocations se présentent pour les séminaires et pour les familles religieuses. En outre, nous rendons grâce à Dieu de ce que nombre de ces vocations sont le fruit du travail de formation spirituelle et doctrinale que nous effectuons parmi les jeunes : en animant chrétiennement l'atmosphère qui nous entoure, en la rendant plus surnaturelle et plus apostolique, nous favorisons logiquement, pour toutes les institutions de l'Église, un plus grand nombre d'âmes » (Lettre 11-III-1940, no 39 : OIG, p. 31).

4. Les laïcs et la mission de l'Église

En vertu de sa prédication de l'appel universel à la sainteté et à l'apostolat, saint Josémaria a consacré une attention particulière aux fidèles laïcs. Tout d'abord, en éveillant leur conscience d'être baptisés et donc responsables de la mission. « L'apostolat n'est pas la mission exclusive de la Hiérarchie, ni des prêtres ou des religieux » (Aimer l’Église 32). « Notre mission de chrétiens est de proclamer cette Royauté du Christ, de l'annoncer par nos paroles et par nos œuvres. Le Seigneur veut que les siens soient présents à tous les carrefours de la terre. (...) Il veut que le plus grand nombre des siens reste au milieu du monde, dans les occupations terrestres. Par conséquent, ces chrétiens-là doivent porter le Christ dans tous les milieux où s'accomplissent les tâches humaines : à l'usine, au laboratoire, dans les champs, dans l'atelier de l'artisan, dans les rues de la grande ville et sur les sentiers des montagnes » (QCP 105). La vocation laïque est la manière de vivre le Baptême caractérisée par la recherche du royaume de Dieu en s'occupant des choses temporelles et en les ordonnant selon Dieu (LG, 31) ; leur existence est façonnée par la nouveauté radicale du Baptême ; ils sont rendus participants de la fonction sacerdotale, prophétique et royale du Christ ; et le mode d’agir séculier est leur manière de coopérer à la mission de l'Église.

Pour saint Josémaria, les laïcs accomplissent la mission de manière « ecclésiale » mais pas (nécessairement) « ecclésiastique ». L’utilisation qu’il fait de ces termes est significative. Il parle d'apostolat « ecclésiastique », d'œuvres « ecclésiastiques », de société « ecclésiastique », de sociologie « ecclésiastique », de personnes « ecclésiastiques » ou « d’ecclésiastiques » (cf. Entretiens 9, 20, 21, 34, 60, 61, 112, 113 & 119). Le qualificatif dénote une sorte de relation « officielle » avec le ministère hiérarchique, ou une tâche « officiellement représentative » de la hiérarchie. Alors que le qualificatif « ecclésial » désigne la réalité chrétienne en général : la communauté « ecclésiale » ; la valeur « ecclésiale » (des tâches apostoliques « séculières », c'est-à-dire « non ecclésiastiques », mais « ecclésiales ») ; les responsabilités « ecclésiales » (des laïcs), etc. En particulier, il parle d'une compréhension de la tâche ecclésiale particulière – et non ecclésiastique ou officielle – propre aux laïcs (cf. Entretiens 20). Saint Josémaria est conscient des risques d'un institutionnalisme confessionnel, comme forme « ecclésiastique » de configuration chrétienne de la société, qui pourrait devenir un « monde » officiellement qualifié au sein du monde humain. Au contraire, « un autre mode de présence chrétienne (...) [est] plus nécessaire (…) [et consiste en] : la libre initiative des citoyens [catholiques] » (Entretiens 81 ; cf. Entretiens 12). Saint Josémaria reconnaît sans doute qu'il est légitime, et souvent nécessaire, que l'Église ait des institutions officielles ; cependant, il « préfère que les réalités se distinguent à leurs fruits, plutôt qu'à leur nom » (Entretiens 81). Il aspire à ce que les chrétiens promeuvent des « tâches laïques et séculières, animées par des citoyens courants, usant de leurs droits civiques normaux, en accord avec les lois de chaque pays, et toujours menées avec sens professionnel. (...) Elles ne jouissent d'aucune représentation officielle de la sainte hiérarchie de l'Église. Ce sont des œuvres de promotion humaine, culturelle et sociale, réalisées par des citoyens qui tentent de les éclairer à la lumière de l'Évangile et de les réchauffer à la chaleur de l'amour du Christ » (Entretiens 71 & 119). Ce témoignage s'enracine dans la « spontanéité apostolique de la personne » et dans « son initiative libre et responsable guidée par l'action de l'Esprit » (Entretiens 19, 22, 116 & 117 ; cf. ROMANO, 1992, pp. 157-165). Une telle activité christianise la vie humaine de l'intérieur ; c'est une activité « ecclésiale » car elle rend l'Église présente dans l'émergence même de la dynamique du monde où les laïcs n'ont pas besoin de pénétrer « simplement parce qu'ils sont des citoyens ordinaires, égaux aux autres, et donc déjà là » (Cf. Entretiens 65). Ainsi, le « monde » des chrétiens n'est pas « autre » que celui dont ils font déjà partie. Ce que le laïc doit faire, c'est être dans le monde intégralement en tant que chrétien. « Chaque chrétien doit être un alter Christus, ipse Christus, présent parmi les hommes » (Entretiens 58 ; cf. à ce sujet : Entretiens 20-22, 58-59, 60-62 & 112 ; GARCÍA SUÁREZ, 1970, pp. 145-164).


Thèmes connexes : Communion des saints ; Fidèles chrétiens ; Laïcs ; Liberté ; Pontife romain ; Sacerdoce ministériel.


Bibliographie : AIG passim ; C 517-527 ; Entretiens 1-23 ; S 351-356, 407-411 ; OIG passim ; Gonzalo ARANDA - José R. VILLAR, « L’amour pour l’Église et le Pape dans Chemin », in José MORALES (coord.) études sur Chemin, Madrid, Rialp, 1988, pp. 213-237 ; Karl BRAUN, « Der Ökumenismus bei Josemaría Escrivá », in César ORTIZ (Hrsg.) Josemaría Escrivá. Profile einer Gründergestalt, Köln, Adamas, 2002, pp. 105-122 ; Cormac BURKE, « Une dimension de sa vie : l’amour de l’Église et du Pape », ScrTh, 13 (1981), pp. 691-701 ; Ernest CAPARRÓS, « Servir l'Église : idéal du bienheureux Escrivá », in GVQ, V/2, pp. 93-125 ; Karl DELAHAYE Ecclesia Mater. Chez les Pères des trois premiers siècles, Paris, Cerf, 1964 ; Johannes J. DEGENHARDT, « Josemaría Escrivás Liebe zu Kirche und Papst », in César ORTIZ (Hrsg.) Josemaría Escrivá. Profile einer Gründergestalt, Cologne, Adamas, 2002, pp. 91-104 ; Alfredo GARCÍA SUÁREZ, « Existence chrétienne séculière: notes sur un livre récent », ScrTh, 2 (1970), pp. 145-164; Antonio MIRALLES, « Aspetti dell'ecclesiologia soggiacente alla predicazione del beato Josemaría Escrivá », dans GVQ/1, pp. 177-198 ; Pedro RODRÍGUEZ, « Signification de l’Église dans Chemin », in GVQ/1, pp. 199-212 ; Giuseppe ROMANO, « L'uomo, Cristo, la Chiesa », in Giuseppe ROMANO – José Luis OLAIZOLA (eds.) Il vangelo nel lavoro. Josemaría Escrivá, Milan, Edizioni Paoline, 1992, pp. 9-171.

José Ramón VILLAR