1. La dévotion dans les enseignements de saint Josémaria.
2. Principales dévotions dans l’enseignement de saint Josémaria.
3. Considérations finales.
La réflexion théologique pour décrire l’attitude de l’homme envers Dieu mentionne avant tout les trois vertus théologales : la foi, par laquelle l’homme reçoit la Parole de révélation qui lui fait connaître la vie divine et la réalité infinie de l’amour de Dieu ; l’espérance, par laquelle il a pleinement confiance en Dieu et dirige son désir vers Lui ; la charité, qui fait de lui un participant au même amour divin. Immédiatement après ces trois vertus, vient habituellement la vertu de religion par laquelle la vie se réfère à Dieu en reconnaissant sa souveraineté absolue et en Lui rendant un culte. Parmi les actes internes de la vertu de la religion, cette même réflexion spirituelle en indique trois : la prière, qui conduit à élever l’esprit vers Dieu et à entrer en relation avec Lui ; l’adoration, par laquelle l’homme reconnaît « Dieu, comme Créateur et Sauveur, Seigneur et Maître de tout ce qui existe, Amour infini et miséricordieux » (CEC, n. 2096) ; et enfin la dévotion. En gardant à l’esprit que la vertu de la religion incline une personne à s’abandonner à la souveraineté et à la bonté divine, la spécificité de la dévotion est la disposition qui informe la volonté pour éveiller en elle le désir effectif de s’unir à Dieu : c’est une ouverture qui se manifeste dans la promptitude à accomplir des actes internes d’attachement et d’amour, beaucoup d’entre lesquels se refléteront dans des pratiques externes, qui sont une affirmation de ce désir initial. La dévotion est donc le reflet d’une volonté active qui s’appuie sur divers moyens pour, en restant vibrante, atteindre ce qu’elle désire.
1. La dévotion dans les enseignements de saint Josémaria
« Nous nous sommes épris de l’Amour. Aussi le Seigneur ne veut pas que nous soyons des gens secs, raides, semblables à des objets inertes. Il nous veut imprégnés de son affection ! » (F 492). Ces paroles de saint Josémaria encadrent l’approche pour faire face à sa vie chrétienne et, en particulier, aux pratiques de dévotion. Étant une disposition de la volonté, la dévotion, par sa nature, transcende la sensibilité. Cependant, l’unité du corps et de l’âme dans l’homme donne une originalité propre aux actes de dévotion. Ainsi, lorsque les actes de dévotion sont fermes et sincères, ils peuvent entraîner la sensibilité, et surtout cette réalité, plus profonde que la sensibilité, que l’on appelle généralement le « cœur ». Chez saint Josémaria, les actes de dévotion sont le fruit d’un cœur brûlant qui entend positivement aimer Dieu, comme on peut le voir, par exemple, dans la relation avec Sainte Marie : « Que chaque Ave Maria, chaque salutation que tu adresses à la Sainte Vierge fasse de nouveau battre un cœur plein d’amour, ... cela, je le comprends très bien ! »(F 615). Il est clair qu’il s’agit d’une attitude qui ne se fonde pas sur l’émotivité et qui implique un effort voulu et conscient, réfléchi, pour exprimer à Dieu le désir de l’aimer par-dessus tout, qui peut parfois s’accompagner d’affections sensibles, ou, à d’autres moments de sécheresse : « Cela ne me fait rien de vous dire que par moments, le Seigneur m’a octroyé bien des grâces ; mais qu’à l’ordinaire j’avance à rebrousse-poil. Je suis mon plan, non parce qu’il me plaît, mais parce que c’est ce que je dois faire, par Amour. Mais, Père, peut-on jouer la “ comédie ” devant Dieu ? N’est-ce pas là de l’hypocrisie ? Sois tranquille : le moment est venu pour toi de participer à une comédie humaine sous le regard d’un spectateur divin. Persévère. Le Père, le Fils et le Saint-Esprit contemplent ta comédie ; réalise tout par amour de Dieu, pour lui plaire, même si cela te coûte » (AD 152).
Il faut aussi se rappeler que l’homme a besoin de réalités sensibles pour les actes de culte et c’est pourquoi il a recours à des images, des mots, des gestes, qui gardent des analogies avec les sacrements comme signes sensibles d’une réalité invisible, c’est-à-dire comme des moyens qui se réfèrent à une réalité surnaturelle. C’est ainsi que ce conseil est compris : « Mets sur ta table de travail, dans ta chambre, dans ton portefeuille..., une image de Notre Dame et dirige ton regard vers elle quand tu commences ton travail, pendant que tu le réalises et lorsque tu le termines. Elle t'obtiendra (je te l'assure !) la force pour faire de ton occupation un dialogue amoureux avec Dieu » (S 531).
2. Principales dévotions dans l’enseignement de saint Josémaria
Dans le langage chrétien, on passe relativement rapidement du terme « dévotion » au singulier, qui est l’usage propre de l’époque antique, au pluriel « dévotions », pour indiquer les pratiques dans lesquelles l’attitude de dévotion se concrétise, et qui contribuent à son développement. La lecture du chapitre « Dévotions » de Chemin (551-574), ainsi que d’autres écrits, et la considération de sa biographie, nous permettent de saisir divers aspects de la doctrine sur les dévotions de saint Josémaria. En premier lieu, le ton de ses écrits manifeste son expérience personnelle : ce qu’il affirme est soutenu par ce qu’il s’efforce de vivre, avec, très souvent, des épisodes autobiographiques. Quant à l’objet des dévotions, il suit la tradition chrétienne qui a consolidé la dévotion et les dévotions autour des grands mystères de la foi et des autres aspects capitaux de la doctrine catholique.
On trouvera dans les lignes qui suivent les principales pratiques de piété que saint Josémaria a vécues et recommandées, sans prétention d’énumérer tous les aspects de chacune d’elles. Il est intéressant de noter que, dès les premières années, il les a distribuées tout au long de la semaine, afin de ne pas manquer de garder à l’esprit les plus importantes : « Le dimanche, je le dédierai à la Sainte Trinité. Lundi, à mes bonnes amies les Âmes du Purgatoire. Mardi, à mon Ange Gardien et à tous les autres Anges Gardiens, et à tous les anges du ciel sans distinction. Mercredi, à mon Père et Seigneur Saint Joseph. Jeudi, à la Sainte Eucharistie. Vendredi, à la Passion de Jésus. Samedi à la Vierge Sainte Marie, ma Mère » (Notes intimes, n. 568 : AVP, I, p. 419, nt. 215). Voyons maintenant une liste de ces dévotions.
a) Sainte Trinité
Saint Josémaria, en faisant sien l’usage de la liturgie, apprend à s’adresser aux trois Personnes divines, en les traitant chacune particulièrement, comme il le conseille : « Apprends à louer le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Apprends en particulier cette forme de dévotion à la Très Sainte Trinité : je crois en Dieu le Père, je crois en Dieu le Fils, je crois en Dieu le Saint-Esprit ; j’aime Dieu le Père, j’aime Dieu le Fils, j’aime Dieu le Saint-Esprit ; j’espère en Dieu le Père, j’espère en Dieu le Fils, j’espère en Dieu le Saint-Esprit. Je crois, j’espère en la Très Sainte Trinité, et je l’aime. — Une telle dévotion est nécessaire en tant qu’exercice spirituel de l’âme, qui se manifeste par des élans du cœur, même s’ils ne se traduisent pas toujours en parole » (F 296). C’est une invocation qui contribue à nourrir la mémoire constante de la Trinité, dont le point de départ se trouve dans l’acte de culte par excellence, l’Eucharistie : « L'amour de la Trinité pour les hommes fait que, de la présence du Christ dans l'Eucharistie, naissent pour l'Église et pour l'humanité toutes les grâces (...). C'est le sacrifice du Christ offert au Père avec la coopération du Saint-Esprit : oblation d'une valeur infinie, qui éternise en nous la Rédemption, ce que ne pouvaient faire les sacrifices de l'Ancienne Loi. (…) Dans la Messe, dans cette Messe que nous célébrons maintenant, la Très Sainte Trinité intervient, je le répète, d'une manière spéciale. Répondre à tant d'amour exige de nous un don total du corps et de l'âme: nous écoutons Dieu, nous Lui parlons, nous Le voyons, nous Le mangeons » (QCP 86-87).
b) Jésus-Christ
La dévotion au Verbe incarné occupe une place prépondérante dans les dévotions du fondateur de l’Opus Dei car « tout le pouvoir, toute la majesté, toute la beauté, toute l’harmonie infinie de Dieu, ses richesses grandes et incommensurables, tout un Dieu ! est demeuré caché dans l’Humanité du Christ pour nous servir. Le Tout-Puissant se montre décidé à obscurcir sa gloire pour un temps, afin de faciliter la rencontre rédemptrice avec ses créatures » (AD 111). Pour approfondir le mystère du Christ, il recommandait de méditer sur sa vie à travers une lecture attentive de l’Evangile, sans toutefois cesser de souligner certains aspects, tels que la Passion, le travail du Christ et la réalité de Jésus Enfant qui le touchait profondément, comme le souligne son livre Saint Rosaire dont nous tirons ce passage : « Comme il est bon Joseph ! — Il me traite comme un père. — Et même il me pardonne si je prends l’Enfant dans mes bras et passe des heures entières à lui dire des choses douces et ardentes ! ... Et je l’embrasse — embrasse-le toi aussi —, et je le berce, et je chante tout bas, et je l’appelle Roi, Amour, mon Dieu, mon Unique, mon Tout ! ... » (SR, Troisième mystère joyeux). En ce qui concerne la Passion, rappelons-nous le point 382 de Chemin : « Sur cette Histoire de Jésus que je t’ai offerte, j’ai écrit en dédicace : “ Cherche le Christ, trouve le Christ, aime le Christ. ”— Ce sont trois étapes très distinctes. As-tu essayé, au moins, de vivre la première ? » Ainsi que sa recommandation du Chemin de Croix, sujet d’un de ses livres, et dont il affirme dans Chemin : « Le Chemin de Croix. — Voilà une dévotion forte et riche de sève spirituelle ! Puisses-tu t’habituer à parcourir en pensée ces quatorze stations de la Passion et de la mort du Seigneur, les vendredis. — Je t’assure que tu y puiseras de la force pour toute la semaine » (C 556). Dans le contexte de la Passion, la méditation sur les plaies du Christ occupe également une place de choix. Il nous invite à nous y introduire pour nous purifier, pour nous imprégner du Sang du Christ et pour nous enflammer dans l’amour (Cf. F 5).
Avec le sacrifice rédempteur, le fondateur de l’Opus Dei vénère le signe du chrétien et conseille : « Avant de commencer à travailler, place un crucifix sur la table ou près de tes instruments de travail. De temps en temps, jette-lui un coup d'œil... Quand tu sentiras venir la fatigue, ton regard se tournera vers Jésus, et tu retrouveras des forces nouvelles pour persévérer dans ton effort. Car ce crucifix est plus que le portrait d'un être cher — les parents, les enfants, la femme, la fiancée. Il est tout : ton Père, ton Frère, ton Ami, ton Dieu, et l'Amour de tes amours » (Chemin de Croix, XIème Station). Dans ce contexte se place la présence de la croix de bois qu’il a disposé de placer dans les oratoires des centres de l’Opus Dei : un bois sombre, sans la figure du Christ, comme un appel au sacrifice caché de chaque jour, « parce que la Croix vide appelle des épaules qui la portent » (C 277).
Ses attentions envers Jésus dans le Saint-Sacrement sont très nombreuses ; il conseille non seulement la visite au Saint-Sacrement (cf. C 554), mais aussi de l’accompagner, si cela n’est pas physiquement possible, au moins en faisant échapper son cœur depuis le lieu de travail vers le tabernacle (cf. F 746), cette « prison d’amour », car « voici vingt siècles qu'il est là... volontairement enfermé, pour moi et pour tous » (F 827).
c) Saint-Esprit
Le fondateur de l’Opus Dei a cherché à maintenir, dès son plus jeune âge, une relation intime avec le Paraclet, comme le révèlent des annotations de 1932-34 (cf. CECH, 266-269). Un échantillon de son ardente dévotion est rassemblé dans ce point de Forge, de saveur autobiographique : « Les livres qui lui servaient de lecture avaient toujours pour marque-page une bande de papier avec cette devise, écrite en caractères larges et énergique : « Ure igne Sancti Spiritus ! » — On aurait dit qu’il n’écrivait pas, mais qu’il gravait : brûle du feu du Saint-Esprit ! Chrétien, je voudrais laisser ce feu divin comme sculpté dans ton âme, enflammé dans ta bouche et allumé dans tes œuvres » (F 923).
Partant de la foi dans la proximité avec le Paraclet, il suggère : « Dialogue assidûment avec le Saint-Esprit, ce Grand Inconnu : c’est lui qui doit te sanctifier.
N’oublie pas que tu es temple de Dieu. — Le Paraclet est au centre de ton âme : écoute-le et suis docilement ses inspirations » (C 57). De cette façon, il met en relief la tâche incessante de la Troisième Personne divine, et en même temps souligne comment Lui rendre la pareille : « la tradition chrétienne a résumé l'attitude que nous devons adopter envers le Saint-Esprit en un seul mot : docilité. C'est-à-dire, être sensibles à ce que l'Esprit divin réalise autour de nous et en nous, aux charismes qu'Il distribue, aux mouvements et aux institutions qu'Il suscite, aux résolutions et aux décisions qu'Il fait naître en notre cœur »(QCP 130).
d) Sainte Vierge Marie
La piété mariale imprègne la vie de saint Josémaria qui s’est toujours senti comme un fils qui fait pleinement confiance à la tendre médiation de sa Mère, comme il l’affirme dans Forge :« Tu dois ressentir le besoin urgent de te voir tout petit, dépourvu de tout, faible. C’est alors que tu te jetteras dans le giron de notre Mère du ciel avec des oraisons jaculatoires, des regards affectueux, des pratiques de piété mariale..., toutes choses qui sont au cœur de ton esprit filial. — Elle te protègera » (F 354). Il avait l’habitude de réciter la prière d’offrande à sainte Marie – Notre Dame, ma Mère ! ...– que ses parents lui avaient enseigné (cf. AD 296). Sa dévotion à la Très Sainte Vierge Marie avait une profonde racine théologique et sacramentelle : il aimait rappeler, conformément à sa tendance à relier l’humain et le divin, que « Jésus-Christ, conçu dans le sein de Sainte Marie sans l'intervention d'un homme, par la seule vertu du Saint-Esprit, possède le Sang même de sa mère et c'est ce Sang qui est offert en sacrifice rédempteur au Calvaire et à la Sainte Messe » (QCP 89).
Dans la récitation du Saint Rosaire, il souligne avec emphase que Notre-Dame se charge de conduire ceux qui la prient sur des chemins de contemplation en méditant sur les joies, les douleurs et la gloire de la Vierge. Il conseille également de diffuser cette pratique (cf. F 621). Et il ajoute : « Le Rosaire est très efficace pour ceux qui ont pour armes l'intelligence et l'étude: lorsqu'ils implorent Notre Dame, l'apparente monotonie de ces enfants qui supplient leur Mère détruit en eux tout germe de vaine gloire et d'orgueil » (S 474). Il portait le scapulaire du Carmel et l’appréciait d’une manière particulière parce que « peu de dévotions mariales — il en est beaucoup d’excellentes — sont plus enracinées parmi les fidèles et ont reçu plus de bénédictions pontificales. — Et ce privilège du samedi est si maternel ! »(C 500).
e) Saint Joseph
Conscient des fruits que la dévotion à saint Joseph apporte à l’âme, il déclare : « depuis bien des années, il me plait de l'invoquer sous le titre affectueux de Notre Père et Seigneur » (QCP 39). Voyant en lui un modèle de fidélité à la mission que Dieu lui a confiée, il souligne : « Vois toutes les raisons que nous avons pour vénérer saint Joseph et pour apprendre de sa vie. Il fut un homme fort dans la foi...; par son travail constant, il a fait vivre sa famille — Jésus et Marie —; il a préservé la pureté de Marie, qui était son épouse...; et il a respecté — il a aimé ! — la liberté de Dieu, qui non seulement avait choisi la Sainte Vierge pour Mère, mais avait aussi fait de lui l’époux de Sainte Marie »(F 552). Il l’imaginait jeune, plein de vertus, et faisant compagnie, en quelque sorte, à Jésus dans le Saint-Sacrement à côté de Marie (cf. AVP, III, p. 730). Pendant les sept dimanches précédant le 19 mars, il méditait sur les Joies et les Douleurs du saint Patriarche.
f) Les Saints Anges
Le recours aux Anges est évident dès les premières années de sa vie. Il souligne l’aide qu’ils apportent dans la vie intérieure : « Tes communions étaient très froides, tu prêtais peu d'attention à Notre Seigneur : tu te distrayais pour n'importe quelle bagatelle. — Mais depuis que tu penses, dans ton dialogue intime avec Dieu, que les Anges sont présents, ton attitude a changé... : "qu'ils ne me voient pas ainsi !", te dis-tu... — Et vois comment la force du " qu'en dira-t-on " (mais pour le bien, cette fois-ci) t'a fait un petit peu avancer vers l'Amour » (S 694). Son recours aux Anges Gardiens était constant : « Je demande au Seigneur que, lors de notre séjour sur cette terre d’ici-bas, nous ne nous écartions jamais du voyageur divin. Nous devons pour cela augmenter notre amitié avec les saints anges gardiens. Nous avons tous un grand besoin de compagnie, de celle du Ciel et de celle de la terre. Ayez de la dévotion pour les saints anges ! » (AD 315). Il suggère de recourir à eux lorsqu’on fait de l’apostolat, ou que l’on passe par une épreuve, et pour les situations de la vie ordinaire : « Tu t’étonnes que ton ange gardien t’ait rendu d’évidents services. — Tu ne devrais pas t’en étonner : c’est bien pour cela que le Seigneur l’a placé près de toi » (C 565). Il plaça les travaux apostoliques de l’Œuvre sous le patronage des Archanges Saint Michel, Saint Gabriel et Saint Raphaël.
g) Les saints
Dans ses écrits de jeunesse, on peut se rendre compte de sa confiance envers les personnages du Nouveau Testament, et en particulier avec les Apôtres. Entre autres choses, il a nommé comme patrons de l’Opus Dei, avec les trois Archanges, Saint Pierre, Saint Paul et Saint Jean. Il choisit comme intercesseurs pour certains aspects de l’apostolat de l’Œuvre Sainte Catherine de Sienne, Saint Nicolas de Bari, Saint Thomas More, Saint Pie X et le saint Curé d’Ars. Et dans ses écrits on sent la relation d’affection et la familiarité avec les grandes figures de l’Église : « Ne demande pas seulement à Jésus le pardon de tes fautes : ne l’aime pas seulement dans ton cœur… (…) Aime-le de toute la force de tous les cœurs de tous les hommes qui l’ont le plus aimé. Sois audacieux : dis-lui que tu es plus éperdument amoureux de lui que Marie-Madeleine, plus que Thérèse et la petite Thérèse…, plus fou qu’Augustin, Dominique et François, plus qu’Ignace et François-Xavier » (C 402).
h) Les âmes du Purgatoire
En plus de l’intercession des saints, saint Josémaria comptait sur l’aide apportée par l’Église souffrante : « Les âmes bénies du purgatoire. — Par charité, par justice et par un égoïsme bien pardonnable — elles peuvent tant auprès de Dieu ! — tiens-en bien compte dans tes sacrifices et dans ta prière. Ah ! si tu pouvais dire, en parlant d’elles : “ Mes bonnes amies, les âmes du purgatoire… ” » (C 571). Il offrait des suffrages et priait pour elles à la fin de la récitation du chapelet.
3. Considérations finales
Dans son enseignement sur les dévotions, saint Josémaria unit trois aspects fondamentaux : une conscience aiguë de la vérité de Dieu et de la réalité de son Incarnation ; une bonne appréciation du cœur humain et donc de l’affectivité ; un sens de l’équilibre qui l’amène à rejeter à la fois tout rigorisme froid et tout sentimentalisme vide.
Un autre passage peut servir d’exemple, quelques mots écrits en référence à ceux qui, dans les années 1960-1970, parlaient d’une crise supposée de la dévotion au Sacré-Cœur de Jésus : « Cette crise n'existe pas ; la vraie dévotion fut et reste toujours une attitude vivante, pleine de sens humain et de sens surnaturel. Ses fruits ont été et sont toujours savoureux : la conversion, le don de soi, l'accomplissement de la volonté de Dieu, la pénétration, à la lumière de l'amour, des mystères de la Rédemption. Je n'en dirai pas autant, par contre, des manifestations de sentimentalisme inefficace, à force de carence de doctrine et d'excès de piétisme. Elles ne me plaisent pas non plus, ces images maniérées, ces figures du Sacré-Cœur incapables de suggérer une dévotion sincère à des personnes douées de bon sens surnaturel chrétien » (QCP 163).
La solide base dogmatique de sa doctrine s’accompagnait également d’une vie liturgique profonde, source des dévotions eucharistiques. D’autre part, c’est une caractéristique de son enseignement, ferme sur le patrimoine spirituel de l’Église, que d’imprimer aux diverses dévotions un sens vivant qui, loin de toute innovation ou altération, les renouvelle par l’affection avec laquelle il les invite à les accomplir : « Si tu veux éviter la routine dans tes prières vocales, efforce-toi de les réciter avec tout l’amour que met quand il parle pour la première fois celui qui tombe amoureux..., et comme si c’était la dernière occasion que tu avais de t’adresser au Seigneur » (F 432). Il voit donc clairement ces dévotions comme issues d’un tout unitaire : elles sont vécues comme une réponse à l’amour de Dieu offerte avec joie, générosité et tendresse.
Enfin, il convient de noter que le message de saint Josémaria s’adresse principalement aux chrétiens qui vivent dans le cadre d’une vie familiale, professionnelle et sociale qui occupe toute leur journée. Pour cette raison, les conseils pratiques qu’il donne sont incisifs et ponctuels dans le but de rendre accessibles, à tous types de personnes et sans diminuer leur essence, des pratiques qui sont le patrimoine traditionnel de l’Église. Dans cette ligne se situe un avertissement clé: « Aie peu de dévotions particulières, mais qu’elles soient constantes » (C 552),suggérant ainsi la sobriété nécessaire à celui qui est engagé dans des activités variées ; et la régularité, qui facilite la profondeur de la vie intérieure.
Thèmes connexes : Anges ; Croix ; Jésus-Christ ; Sainte Famille ; Saint Joseph ; Très Sainte Vierge Marie ; Très Sainte Vierge Marie, Dévotion à.
Bibliographie : C 551-574.