1. La Croix dans la vie de saint Josémaria.
2. Abandon en Dieu et identification au Christ.
3. Douleur et joie : obéissance au Père.
4. Le sens aimable et victorieux de la Croix.
5. Dévotion à la Croix.
6. Pour co-racheter avec le Christ.
7. La Croix et la Messe.
8. L’Esprit Saint, « fruit » de la Croix.
9. Marie au pied de la Croix.
La croix en question ici est la Croix du Christ, c’est-à-dire la « potence » de son sacrifice, dont le sens a radicalement changé par rapport à l’original : cessant d’indiquer la malédiction, elle en est venue à signifier la bénédiction. C’est donc le sens que le mot « croix » a pris dans un contexte chrétien, à cause du mystère pascal de Jésus, qui a été l’œuvre de notre Rédemption. Tout au long de la Tradition de l’Église, la Croix ne se réfère pas seulement à la souffrance, mais aussi, inséparablement, à la manière de la recevoir ainsi qu’à l’horizon d’espérance qui s’ouvre chez celui qui l’accueille. Il s’agit, en définitive, de se disposer à se conformer joyeusement avec la Volonté de Dieu, avec ce que Dieu veut ou permet, surtout quand cela implique des difficultés.
C’est en ce sens que saint Josémaria a utilisé le mot « Croix », l’écrivant souvent avec une majuscule pour souligner que c’est la Croix du Christ à laquelle le chrétien s’unit. En cohérence avec cette approche, saint Josémaria a construit sa vie et son enseignement en cohérence avec l’expérience de la Croix largement développée par la Tradition chrétienne bien que, comme cela arrive dans toute expérience profonde, avec ses propres nuances. Pour cette raison, nous avons développé le sujet en suivant une perspective fortement biographique.
1. La Croix dans la vie de saint Josémaria
La vie de saint Josémaria « montre une vision sereine et forte, simple et bienveillante de la croix ; c’est la vision qui jaillit de la proximité avec le Crucifié » (Mateo-Seco,1992,p. 420). Très tôt, il a connu la croix, non seulement pour en avoir entendu parler lorsqu’il a été élevé comme chrétien, mais aussi à cause des événements qui affectèrent sa famille. Il a subi la mort de ses trois sœurs cadettes, mortes en trois années successives – de la plus jeune à la plus proche de lui en âge – et a pu percevoir, dans ces circonstances, le courage chrétien avec lequel ses parents ont enduré ces malheurs. Plus tard, il les a vus porter avec sérénité la ruine de l’entreprise familiale, causée par des actions déloyales d’un ancien associé.
Physiquement, en plus de la maladie grave contractée à l’âge de deux ans, saint Josémaria a souffert tout au long de sa vie de divers maux de natures différentes, qu’il a endurés avec force d’âme. Il a alors appris à intégrer le moment de douleur dans l’horizon de la totalité de la vie, pénétrée d’espérance surnaturelle. De plus, il a su donner un sens positif à la douleur, précisément à la lumière de la Croix du Christ.
Saint Josémaria a vu sa compréhension du Mystère de la Croix approfondie alors que sa vie de prière et de pénitence se renforçait, tout particulièrement depuis le jour où il vit l’Opus Dei le 2 octobre 1928. Dès l’instant où il comprit que Dieu voulait quelque chose de lui, il sut aussi que le chemin qu’il devait parcourir impliquait la pénitence et l’expiation, c’est-à-dire la souffrance sereinement acceptée, vécue et recherchée. Voici comment il en parlait : « Le Seigneur me préparait malgré moi, avec des choses apparemment innocentes, qu’il utilisait pour mettre dans mon âme cette inquiétude divine. C’est pourquoi j’ai très bien compris cet amour tellement humain et tellement divin de Thérèse de l’Enfant Jésus, qui s’émeut lorsqu’apparaît à travers les pages d’un livre une image avec la main blessée du Rédempteur. Des choses de ce genre me sont aussi arrivées, m’ont ému et m’ont conduit à la communion quotidienne, à la purification, à la confession... et à la pénitence » (Méditation, 14-II-1964 : AVP, I, p. 92).
Il connut quelques épreuves pendant ses années de séminaire à Saragosse et dans les débuts de son ministère sacerdotal : l’hostilité de certains compagnons, l’incompréhension d’un formateur... ; et, dans le domaine familial, la mort inattendue de son père, quelques mois avant son ordination diaconale, ainsi que son rejet par certains proches parents. Ce furent des moments vécus avec Jésus-Christ, présent dans le tabernacle ; parfois, en passant la nuit à veiller dans la prière devant le Saint-Sacrement.
Tout de suite après le 2 octobre 1928, il se mit à fréquenter les hôpitaux pour s’occuper de malades à qui il demandait d’offrir leur souffrance à Dieu. Ses contacts avec María Ignacia García Escobar, une femme atteinte de tuberculose, qui allait être l’une des premières à demander l’admission à l’Opus Dei, s’inscrivent précisément dans ce contexte. C’est aussi en traitant avec plusieurs de ces patients que se produisit un événement qui l’a impressionné : une femme, déjà aux portes de la mort, après que les dernières aides spirituelles lui aient été administrées, sur la suggestion du prêtre, en vint à répéter haut et fort cette litanie de douleur : « Bénie soit la douleur. Bien-aimée soit la douleur. Sanctifiée soit la douleur... Glorifiée soit la douleur ! » (Notes intimes, no 563 : AVP, I,p. 443 ; cf. C 208). Cette découverte de la Croix comme gloire (Cf. F 1020, F 1022) était enracinée dans sa propre expérience personnelle : » Fête de l’Exaltation de la Sainte Croix : 1931. – Comme l’épître de ce jour m’a réjoui ! L’Esprit Saint, à travers saint Paul, nous y enseigne le secret de l’immortalité et de la gloire (...). Voilà le chemin sûr : par l’humiliation, jusqu’à la Croix : de la Croix, avec le Christ, à la Gloire immortelle du Père » (Notes intimes, no 284 : AVP, I, p. 387).
En poursuivant le parcours de la vie de saint Josémaria, on arrive à la Guerre Civile en 1936, l’année où une persécution religieuse sanglante éclate en Espagne. Saint Josémaria maintient une attitude de sérénité face aux événements graves, malgré les mille vexations qu’il endure dans ces circonstances, tout en ne cessant pas, comme c’est logique, de souffrir pour tout cela. Après la guerre, lorsque le développement normal du travail apostolique de l’Opus Dei reprend – également en dehors de Madrid – la « contradiction des bons » s’élève, c’est-à-dire l’hostilité de ceux qui, frères dans la foi, en viennent à combattre la nouveauté de l’Œuvre parce qu’ils ne la comprennent pas. La souffrance d’une telle situation fut moralement plus grande que celle de la guerre.
Au début des années quarante, à cause de calomnies contre sa personne, le fondateur de l’Opus Dei dit un soir, à Jésus, présent dans le tabernacle : « Jésus, si Tu n’as pas besoin de mon honneur, pourquoi en voudrai-je ? » (Lettre 29-XII-1947/14-II-1966, no 38 : AVP, II, p. 480). Dans une homélie dans laquelle il fit allusion à ce type de contrariétés, saint Josémaria commençait par dire : « N’oubliez pas qu’être avec Jésus c’est certainement rencontrer sa Croix. Lorsque nous nous abandonnons entre les mains de Dieu, il permet souvent que nous goûtions la douleur, la solitude, la contradiction, la calomnie, la diffamation, la moquerie au dedans de nous-mêmes et de l’extérieur, parce qu’il veut nous rendre conformes à son image et à sa ressemblance » (AD 301). Et il terminait en expliquant : « Ainsi Jésus sculpte l’âme des siens, sans cesser de leur donner la sérénité et la joie intérieure » (ibid.).
2. Abandon en Dieu et identification au Christ
Saint Josémaria a accepté la Croix dans sa vie, selon ces paroles du Seigneur qu’il a médité souvent : « Celui qui veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix chaque jour et qu’il me suive » (Lc 9, 23, cf. Mt 16, 24 et Mc 8, 34). Il est allé très loin sur ce chemin d’abandon confiant et joyeux entre les mains de Dieu : « Jésus porte la Croix pour toi : toi, porte-la pour Jésus. Mais ne porte pas la Croix en la traînant... Porte-la d’aplomb, car ta Croix, si tu la portes ainsi, ne sera plus une Croix quelconque : ce sera... la Sainte Croix. Ne te résigne pas à la Croix. Il y a peu de générosité dans le mot résignation. Aime la Croix. Lorsque tu l’aimeras vraiment, ta Croix sera... une Croix, sans Croix » (SR, Quatrième mystère douloureux). Il avait l’habitude d’écrire sur l’épacte - le calendrier liturgique annuel - : « In laetitia, nulla dies sine cruce ! » (Avec joie, pas de jour sans croix !), et il a commenté qu’il le faisait « pour [s]’encourager à porter le fardeau du Seigneur avec élégance, toujours avec bonne humeur – même si c’est très souvent à rebrousse-poil – toujours avec joie » (Lettre 2-II-1945, no 21 : AGP, série A.3, 92-3-2).
Ce bref parcours biographique révèle une identification progressive de saint Josémaria avec le Christ sur la Croix : depuis l’interprétation sereine des événements adverses, que l’éducation reçue lui avait appris, jusqu’à assumer la douleur comme chemin de pénitence et d’identification à la Volonté de Dieu, et plus encore d’identification au Christ.
C’est ainsi également que Flavio Capucci l’entend, lorsqu’il parle des épreuves que saint Josémaria a subies au cours de la période qui va de 1931 à 1935 : « C’est une série d’épreuves dures et prolongées, qui, chaque jour et pendant plusieurs années, l’ont fait se sentir incapable de subvenir par lui-même à ses devoirs les plus élémentaires, comme la subsistance de la famille. Une seule de ces épreuves aurait suffi à décourager quiconque n’était pas tenu par la main et guidé par Dieu pour les affronter (...). Dans la vie du Fondateur, elles se superposèrent l’une sur l’autre jusqu’à rendre évident l’héroïsme de son acceptation de la Croix. (...) La Croix n’apparaît pas seulement comme le prix à payer pour obtenir des fruits surnaturels, mais aussi et surtout comme un chemin de purification, de détachement intérieur, de cet abandon total en Dieu qui permet au Seigneur d’agir selon son bon vouloir. En d’autres termes : dans chacun de ces événements, on assiste à un développement qui va d’une acceptation radicale, dès le début des difficultés interposées par le Seigneur sur le chemin de l’Opus Dei, et avance, à travers un abandon toujours plus complet, jusqu’à atteindre un seuil où l’on ressent une identification alors pleinement joyeuse à la logique de Dieu, qui est la logique du Christ. Le processus d’identification au Christ culmine sur la Croix » (Capucci, 2003, pp. 165-166).
3. Douleur et joie : obéissance au Père
Saint Thomas – qui s’appuie sur Jean Damascène – explique que, dans le Christ, la douleur est compatible avec la joie (cf. S.Th III, q. 46, a. 8). Saint Josémaria prolonge cette considération en ce sens que, par la foi, tout chrétien est uni au Christ : « La pleine acceptation de la Volonté de Dieu apporte nécessairement la joie et la paix : le bonheur sur la Croix. — On voit alors que le joug du Christ est doux et que son fardeau n’est pas accablant » (C 758). C’est l’expérience étonnante des saints : « Tu as fait, Seigneur, que je comprenne qu’avoir la Croix, c’est trouver le bonheur, la joie. Et la raison – je le vois plus clairement que jamais – est la suivante : avoir la Croix, c’est s’identifier au Christ, c’est être le Christ et, par conséquent, être un enfant de Dieu » (Notes prises dans une méditation, 28-IV-1963).
De plus, l’amour et la joie trouvent leur fondement dans la Croix : « On parle parfois d'amour comme si c'était un élan vers l'autosatisfaction ou un simple moyen de compléter égoïstement sa personnalité. Ce n'est pas cela ! L'amour vrai, c'est sortir de soi, c'est se donner. L'amour apporte la joie, mais c'est une joie dont les racines sont en forme de croix » (QCP 43).
Saint Josémaria utilisait comme oraison jaculatoire les mots omnia in bonum, par lesquels il résumait l’affirmation consolante de la Lettre aux Romains : « Nous le savons, quand les hommes aiment Dieu, lui-même fait tout contribuer à leur bien, puisqu'ils sont appelés selon le dessein de son amour » (Rm 8, 28). C’est-à-dire les choses agréables et les choses désagréables. Ainsi, on comprend que « la pénitence est gaudium etsi laboriosum — joie, bien que laborieuse » (C 548). La raison profonde n’est autre que celle de saint Paul : « Puisque nous sommes ses enfants, nous sommes aussi ses héritiers : héritiers de Dieu, héritiers avec le Christ, si du moins nous souffrons avec Lui pour être avec Lui dans la gloire » (Rm 8, 17).
Ainsi, la Croix devient le chemin pour atteindre la pleine conscience de notre filiation divine dans le Christ. Pour cette raison, la Croix ne consiste pas tant dans le fait de souffrir, que dans l’obéissance à la Volonté de Dieu, comme le Christ qui se fit obéissant jusqu’à la mort, et la mort sur la croix (cf. Phil 2, 8).
C’est aussi le chemin incontournable de la sainteté chrétienne, comme l’enseigne avec autorité le Magistère de l’Église : « Le chemin de la perfection passe par la Croix. Il n’y a pas de sainteté sans renoncement et combat spirituel (cf. 2 Tim 4). Le progrès spirituel implique l’ascèse et la mortification qui conduisent progressivement à vivre dans la paix et la joie des béatitudes » (CEC, no 2015).
4. Le sens aimable et victorieux de la Croix
Saint Josémaria était conscient qu’il y avait de la place pour des interprétations erronées par rapport à la Croix et que parfois l’être humain se cherche – peut-être inconsciemment – des souffrances qui le submergent. C’est pourquoi il met en garde : « Comme ils sont nombreux ceux qui, jouets de leur orgueil et de leur imagination, s'immolent sur des calvaires qui ne sont pas ceux du Christ. La Croix que tu dois porter est divine. Refuse-toi absolument d'en porter une qui soit humaine. Et si tu devais un jour tomber dans ce piège, rectifie aussitôt : il te suffira de penser qu'Il a souffert infiniment plus, par amour pour nous » (Chemin de Croix, IIIème Station).
Bien qu’il connût l’importance que le mot « victime » avait dans la tradition spirituelle et qu’il respectait d’autres chemins que le sien, il préférait souligner que la seule victime innocente est en réalité le Christ : « Pour nous, mes enfants, la Croix est un lieu de repos. Ouvrez vos bras et mettez-vous sur ces croix de bois qui sont dans nos maisons. Sur ces croix, il n’y a pas de crucifié, parce que nous devons nous y clouer, sans pleurer, sans crainte, sans nous appeler victimes. C’est pour cela qu’il y a le Christ : il est la seule victime » (Notes prises lors d’une réunion de famille, 14-IX-1962).
Dans la douleur et la contradiction, si on se conforme pleinement à la Volonté de Dieu, on obtient la victoire spirituelle. Ici, une autre considération prend place : lorsque nous portons volontiers la Croix, Jésus devient notre Cyrénéen (Cf. F 252 et passim). À cet égard, saint Josémaria faisait la réflexion ascétique suivante : « Parfois, la Croix apparaît sans qu'on la cherche : c'est le Christ qui s'inquiète de nous. Et si jamais, devant cette Croix inattendue, et peut-être plus obscure, ton cœur montrait de la répugnance... ne lui donne pas de consolation. Quand il en demandera, dis-lui doucement, comme en confidence, plein d'une noble compassion : sur la Croix, mon cœur ! sur la Croix, mon cœur ! » (Chemin de Croix, Vème Station).
O crux, ave, spes unica ! chante la liturgie de l’Église. Ainsi se résument l’expérience et la doctrine de saint Josémaria sur ce point central de son message. Guidés de sa main, nous comprenons mieux et avec une profondeur nouvelle des paroles telles celles écrites par saint Paul dans la Lettre aux Galates : « Mihi autem absit gloriari nisi in cruce Domini nostri Iesu Christi - Mais pour moi, que la Croix de notre Seigneur Jésus Christ reste ma seule fierté »(Ga 6, 14). Nous comprenons donc qu’est en jeu le renouveau effectif – la nouvelle création – par lequel nous jouissons d’une liberté glorieuse, propre aux enfants de Dieu, que le monde ne comprend pas toujours, mais qui est merveilleusement féconde : « Alors que tu célébrais la fête de l’Exaltation de la Sainte Croix, tu as supplié le Seigneur, de toutes les forces de ton âme, de t’accorder la grâce “d’exalter” la Sainte Croix dans tes facultés et tes sens... Ce sera comme une vie nouvelle ! Comme un sceau qui affermira l’authenticité de ta mission... ton être tout entier sur la Croix ! » (F 517). C’est la victoire du Christ, et aussi la nôtre : « Voici la grande révolution chrétienne : convertir la douleur en une souffrance féconde ; faire d'un mal, un bien. Nous avons dépouillé le diable de cette arme... : et, avec elle, nous conquérons l'éternité » (S 887).
La Croix n’est plus une potence et une malédiction. Le Seigneur bénit par la Croix (cf. S 257). Les Pères de l’Église ont souligné le parallèle entre l’arbre du paradis, qui a causé la mort par la désobéissance d’Adam, et l’arbre de la Croix, qui a apporté la vie par l’obéissance du Christ, le nouvel Adam. Ceci est exprimé succinctement dans la préface de la messe de la fête de l’Exaltation de la Sainte Croix : « ut unde mors oriebatur, inde vita resurgeret ; et, qui in ligno vincebat, in ligno quoque vinceretur : per Christum » (pour, là même où la mort était née, y faire surgir la vie, et pour que celui qui vainquit par le bois, fût aussi vaincu par le bois : par le Christ).
D’autre part, saint Josémaria, à la suite de saint Paul (cf. P 3, 18), se plaint du manque d’affection croissant vis à vis de la Croix : « Souvent autour de nous règne comme une sorte de peur de la Croix, de la Croix du Seigneur. Et c'est que l'on a commencé à appeler croix tous les événements désagréables qui surgissent au cours de la vie et qu'on ne sait pas assumer comme un enfant de Dieu, contempler dans une perspective surnaturelle. Ne va-t-on pas jusqu'à enlever les croix qu'ont plantées nos aïeux au bord des chemins... ! Dans la Passion, la Croix a cessé d'être symbole de châtiment : elle est devenue un signe de victoire. La Croix est l'emblème du Rédempteur : in quo est salus, vita et resurrectio nostra, en elle se trouvent notre salut, notre vie et notre résurrection » (Chemin de Croix, IIème Station).
5. Dévotion à la Croix
De ces considérations, on comprend la profonde dévotion de saint Josémaria à la Sainte Croix. Déjà, dans le premier oratoire qu’il a installé dans la résidence DYA, il y avait une croix de bois. Ce conseil de Cheminy fait référence ; « Lorsque tu verras une pauvre croix de bois, seule, misérable et sans valeur… et sans crucifié, n’oublie pas que cette croix est ta Croix : celle de chaque jour, cachée, sans éclat et sans consolation… Elle attend le crucifié qui lui manque. Et ce crucifié, ce doit être toi » (C 178). Cependant, la croix de bois et la considération spirituelle de Chemin que nous venons de rappeler, si claires dans leur contexte, ont donné lieu à des insinuations surprenantes et graves de la part de certains. Loin de l’interprétation ascétique qui correspondait à la croix sans crucifié, certains propagèrent des on-dit. Pour couper à la racine ces fausses interprétations, l’évêque du diocèse et, plus tard, le Saint-Siège, accordèrent des indulgences chaque fois que l’on embrassait ou que l’on récitait une oraison jaculatoire devant cette croix. Soulignons aussi – et cela réaffirme la profondeur avec laquelle il a vécu le lien entre la Croix, l’abandon et la joie – que saint Josémaria établit que cette croix soit ornée de fleurs lors des fêtes liées à la Sainte Croix.
Il est éclairant d’évoquer une observation qu’il faisait sur l’art sacré : « Il est une fausse ascétique qui représente le Seigneur sur la Croix, hargneux, révolté. Un corps déformé qui semble menacer les hommes : vous m'avez brisé, mais Je rejetterai sur vous mes clous, ma croix et mes épines. Ceux-là méconnaissent l'esprit du Christ. Il a souffert tout ce qu'Il a pu — et comme Il est Dieu, Il pouvait tant ! — ; mais Il aimait plus qu'il ne souffrait... Et après sa mort Il consentit qu'une lance ouvrît une autre plaie, pour que toi et moi trouvions refuge contre son Cœur très aimant » (Chemin de Croix, XIIème Station). Ainsi, nous comprenons aussi la dévotion particulière qu’il avait pour le Christ « vivant » sur la Croix, c’est-à-dire le Christ avant sa mort et avant que son côté ne soit ouvert avec la lance, qu’il contemplait souffrir sur la Croix, avec sérénité, plein d’amour. En fait, il a fait sculpter cette sculpture à Rome et à Torreciudad et c’est ainsi qu’il le considérait dans sa méditation : « C'est l'amour qui a conduit Jésus au Calvaire. Et une fois sur la Croix, tous ses gestes et toutes ses paroles sont des gestes et des paroles d'amour, d'amour serein et fort. Dans un geste de Prêtre éternel, sans père ni mère, sans généalogie (cf. Hb 7, 3), Il ouvre ses bras à l'humanité tout entière » (Chemin de Croix, XIème Station).
Saint Josémaria aimait regarder la Croix. Il portait toujours un crucifix sur lui et recommandait de prier avec lui : « Ton crucifix. — En tant que chrétien, tu devrais toujours porter sur toi ton crucifix. Et le poser sur ta table de travail. Et le baiser avant de t’endormir et à ton réveil ; et quand ton pauvre corps se rebellera contre ton âme, baise encore ton crucifix » (C 302). Ensuite, le sens qu’il lui donne est très profond : « C'est Notre Seigneur Jésus-Christ qui le veut : il faut Le suivre de près. Il n'y a pas d'autre chemin. Telle est l'œuvre du Saint-Esprit dans chaque âme et dans la tienne : sois docile, n'oppose pas d'obstacles à Dieu, jusqu'à ce qu'Il fasse un Crucifix de ta pauvre chair » (S 978). On voit déjà que ce qui est en jeu, c’est l’identification au Christ, Fils de Dieu et Rédempteur du monde.
6. Co-racheter avec le Christ
« Jésus se livre sans défense à l'exécution de la sentence. Rien ne lui sera épargné, et voici que le poids de la croix infamante s'abat sur ses épaules. Mais, par la vertu de l'amour, la Croix se transformera en trône de sa royauté. (...) Avec quel amour Jésus embrasse le bois qui va devenir l'instrument de sa mort ! N'est-il pas vrai que, dès que tu cesses d'avoir peur de la Croix, de ce que les gens appellent croix, et que ta volonté s'applique à accepter la Volonté divine, tu es heureux, et que disparaissent tous tes soucis, toutes tes souffrances physiques ou morales ? Douce et aimable est, en vérité, la Croix de Jésus. Avec elle, nulle peine n'a d'importance : seule compte la joie de se savoir co-rédempteur avec Lui » (Chemin de Croix, IIème Station). Cette citation de Chemin de Croix nous conduit à un autre point important : la croix du chrétien est une participation effective, intérieure et non plus simplement extérieure, à la Croix du Christ. La Croix nous parle de co-racheter avec le Christ. Embrasser la Croix, c’est ainsi que, par la foi et l’amour, nous laissons effectivement la toute-puissance de Dieu agir à travers nous (Cf. S 995). Et cela non seulement dans des circonstances ou des situations spéciales, mais dans l’existence ordinaire au milieu du monde, si l’on vit le désir d’accomplir en tout la Volonté de Dieu. Le Seigneur l’a fait comprendre à saint Josémaria par une grâce spéciale, le 7 août 1931, date la fête de la Transfiguration du Seigneur à Madrid à cette époque : « L’heure de la Consécration arriva : au moment d’élever l’Hostie Sacrée, sans perdre le recueillement dû, sans me distraire – je venais de faire intérieurement l’offrande à l’Amour miséricordieux, vint à ma pensée avec une force et une clarté extraordinaires, ces mots de l’Écriture : « Et si exaltatus fuero a terra, omnia traham ad me ipsum » (Jn 12, 32) ... Et je compris que ce seraient les hommes et les femmes de Dieu qui hisseraient la Croix avec les doctrines du Christ au sommet de toute activité humaine. Et j’ai vu le Seigneur triompher, attirant toutes choses à Lui » (Notes intimes, nos 217 et 218 : AVP, I, p. 381).
Il est important de souligner – nous l’avons déjà fait, mais cela vaut la peine de le répéter – que l’endroit de la réalisation effective de ce « portement de la Croix » n’est pas seulement la maladie grave, la persécution, le danger du martyre ou d’autres contradictions de cette sorte, mais tout le vaste champ des tâches ordinaires et des relations normales dans la famille, au travail, dans celles de l’amitié, et dans les autres occupations de la vie quotidienne : « Même les jours où il semble que l’on perd son temps, il y a dans le prosaïsme des mille petites choses ordinaires de chaque journée assez de poésie pour que l’on se sente sur la Croix : sur une Croix sans spectacle » (F 522).
Dans cette perspective, les mots cités prennent un sens très concret, avec lequel Jésus invite le disciple à porter la croix de chaque jour. « L'amour de Dieu nous invite à porter haut la Croix, à sentir aussi sur nous le poids de l'humanité entière et à accomplir, dans les circonstances propres à l'état et au travail de chacun, les desseins, clairs et aimants à la fois, de la volonté du Père » (QCP 97). Cela peut vraiment être le mode de vie des fidèles ordinaires, à condition qu’ils se donnent pleinement à l’accomplissement de la Volonté de Dieu ; de cette façon, à travers la vie des chrétiens, vécue avec un sens surnaturel, la croix, portée comme « sceau divin » (cf. S 70 et F 412) de leur statut d’enfants de Dieu, est placée dans les entrailles mêmes du monde.
7. La Croix et la Messe
Le Catéchisme de l’Église Catholique enseigne que l’Eucharistie est le « sacrement de notre salut accompli par le Christ sur la Croix » (no 1359). Ainsi, « quand l’Église célèbre l’Eucharistie, elle fait mémoire de la Pâque du Christ et celle-ci devient présente : le sacrifice que le Christ a offert une fois pour toutes sur la Croix demeure toujours actuel » (CEC, no 1364). Par conséquent, « le sacrifice du Christ et le sacrifice de l’Eucharistie sont un unique sacrifice : "c’est une seule et même victime, c’est le même qui offre maintenant par le ministère des prêtres, qui s’est offert Lui-même alors sur la Croix. Seule la manière d’offrir diffère" (Cc. Trente, sess. 22a, Doctrina de ss. Missae sacrificio) » (CEC no 1367). Saint Josémaria eut une conscience vive de cette doctrine, comme on peut le lire dans cette considération de Forge : « Lorsque tu assisteras à la sainte messe, pense — et c’est la pure vérité — que tu es en train de participer à un Sacrifice divin : sur l’autel, le Christ s’offre de nouveau pour toi » (F 831). C’est pourquoi il propose le conseil suivant : « Oui, vis la sainte messe ! — Elle t’aidera, cette réflexion, que se faisait un prêtre ardent : est-il possible, ô mon Dieu, de participer à la sainte messe sans être saint ? — Et il poursuivait : chaque jour je resterai blotti dans la plaie du côté de mon Seigneur, fidèle à une résolution prise il y a longtemps ! — Essaye à ton tour ! » (F 934).
La relation étroite entre la Croix et la Messe montre une fois de plus que ce qui est en jeu, c’est l’identification dynamique du chrétien au Christ : « Je vous ai toujours enseigné, très chères filles et fils, que la racine et le centre de votre vie spirituelle est le Saint Sacrifice de l’Autel, dans lequel le Christ Prêtre renouvelle son Sacrifice au Calvaire, en adoration, honneur, louange et action de grâce à la Très Sainte Trinité. De cette façon, très unis à Jésus dans l’Eucharistie, nous accèderons à une présence continue de Dieu, au milieu des occupations ordinaires propres à la situation de chacun dans ce pèlerinage terrestre, à la recherche du Seigneur en tout temps et en toutes choses. Et en ayant dans nos âmes les mêmes sentiments du Christ sur la Croix, nous réussirons à faire de toute notre vie soit une réparation incessante, une demande assidue et un sacrifice permanent pour toute l’humanité, parce que le Seigneur vous donnera un instinct surnaturel pour purifier toutes les actions, les élever à l’ordre de la grâce et les transformer en instrument d’apostolat. Ce n’est qu’ainsi que nous serons des âmes contemplatives au milieu du monde, comme l’exige notre vocation, et que nous deviendrons de véritables âmes sacerdotales, faisant de tout ce qui est nôtre une louange continue de Dieu »(Lettre 2-II-1945, no 11 : AGP, série A.3, 92-3-2).
Au cours de la dernière décennie de sa vie, saint Josémaria vécut l’expérience suivante, à laquelle il se réfère indirectement : « Après tant d'années, ce prêtre fit une découverte merveilleuse, il comprit que la Sainte Messe est un véritable travail, operatio Dei, travail de Dieu. Et en la célébrant, ce jour-là, il éprouva douleur, joie et fatigue. Il sentit dans sa chair l'épuisement d'une tâche divine. Au Christ également la première Messe, la Croix, coûta bien des efforts » (Chemin de Croix, XIème Station).
La découverte réside dans la nouvelle prise de conscience de la relation qui existe entre ce qui est célébré dans les mystères – l’actualisation sans effusion de sang du Sacrifice de la Croix – et ce qui est vécu dans les circonstances de chaque jour, par la pleine acceptation des exigences du travail humain jusqu’à l’épuisement. Cette découverte est venue souligner de manière vivante le sens que la Croix a dans l’existence des fidèles : l’identification du croyant au Christ. La Messe, en tant que renouvellement sacramentel du sacrifice de la Croix, réalise déjà cette identification. Mais, ce qui s’opère ex opere operato dans le sacrement, exige la disponibilité de chacun pour son plein développement dans la vie.
8. L’Esprit Saint, « fruit » de la Croix
Dans l’histoire du salut, le mystère pascal du Christ et l’envoi de l’Esprit Saint ne sont pas deux épisodes qui se suivent dans le temps sans plus. Au contraire, celui-ci est vraiment le fruit de celui-là. Dans la lettre encyclique Dominum et vivificantem, Jean-Paul II a souligné cette corrélation entre le Sacrifice de la Croix et le don du Paraclet, lorsqu’il a écrit : « L'Esprit Saint (…) agit au plus profond du mystère de la Croix. Venant du Père, il tourne vers le Père le sacrifice du Fils, le faisant entrer dans la divine réalité de la communion trinitaire. Si le péché a engendré la souffrance, maintenant la douleur de Dieu dans le Christ crucifié acquiert, par l'Esprit Saint, toute son expression humaine. On se trouve ainsi devant un mystère paradoxal d’amour : dans le Christ souffre un Dieu repoussé par sa propre créature (...) ; mais en même temps, devant la profondeur de cette souffrance - et, indirectement, la profondeur du péché même (...) – l'Esprit fait croître à un degré nouveau le don fait à l'homme et à la création depuis le commencement. Dans les profondeurs du mystère de la Croix, l'Amour agit, et cet Amour amène l'homme à participer de nouveau à la vie qui est en Dieu même » (DVi, no 41).
Par l’Esprit Saint, nous participons donc en tant que fils, avec le Christ et dans le Christ, à la vie divine de la Trinité. C’est la tâche attribuée au Paraclet de promouvoir, c’est-à-dire d’initier puis de faire mûrir, notre identification au Christ. Ce que saint Josémaria souligne, en exprimant de manière vivante la doctrine qui vient d’être rappelée : « l’Esprit Saint est le fruit de la Croix » (F 759 ; cf. QCP 96 & 137). À un autre endroit, il l’expose plus en détail : « ...dans la vie du Christ, le Calvaire a précédé la Résurrection et la Pentecôte. Le même processus doit se reproduire dans la vie de chaque chrétien (...). Le Saint-Esprit est le fruit de la Croix, du don total à Dieu, de la recherche exclusive de sa gloire et du renoncement absolu à nous-mêmes.Ce n'est que lorsque l'homme, fidèle à sa grâce, se décide à mettre la Croix au centre de son âme, en se reniant soi-même par amour de Dieu, lorsqu'il est réellement libéré de l'égoïsme et de toute fausse sécurité humaine, c'est-à-dire quand il vit vraiment de la foi, c'est alors, et alors seulement, qu'il reçoit en sa plénitude le grand feu, la grande lumière et la grande consolation du Saint-Esprit » (QCP 137).
Les fruits typiques de l’action de l’Esprit se manifesteront dans la vie de celui dont la docilité se concrétise précisément dans la volonté d’embrasser la Croix : « Ne gêne pas l’œuvre du Paraclet : unis-toi au Christ pour te purifier, et subis avec lui les insultes, les crachats, les soufflets…, les épines, le poids de la croix…, les clous déchirant ta chair, les angoisses d’une mort dans l’abandon… Et glisse-toi dans le flanc ouvert de notre Seigneur Jésus jusqu’à trouver un abri sûr dans son Cœur blessé » (C 58).
L’acceptation joyeuse de la Volonté de Dieu dans la douleur – la Croix – dépend de la conscience de notre condition de pécheurs ainsi que de notre filiation divine dans le Christ, dont l’artisan est précisément le Paraclet. D’une part, l’Esprit Saint nous donne la certitude de la rémission des péchés et, d’autre part, favorise le sentiment joyeux de notre adoption filiale dans le Christ.
9. Marie au pied de la Croix
Dans le processus d’identification effective du croyant au Christ, œuvre de l’Esprit, qui utilise la Croix pour cette raison, l’aide de la Sainte Vierge ne nous manque pas. Saint Josémaria ne manque pas de constater que le Christ nous a donné sa Mère pour qu’elle soit aussi notre Mère, précisément depuis la Croix, alors qu’il allait rendre l’esprit quelques instants plus tard (cf. Jn 19, 30). » Notre Dame des Douleurs. Quand tu la contempleras, vois son Cœur : c’est une Mère qui a deux enfants face à face : Lui… et toi » (C 506).
Marie nous donne un exemple de foi, d’acceptation et d’obéissance à la Volonté de Dieu à l’heure suprême de la Croix. « "Cor Mariae perdolentis, miserere nobis !" Invoque sans crainte le Cœur de Sainte Marie, décidé à t'unir à sa douleur, en réparation pour tes péchés et pour ceux des hommes de tous les temps. — Et, pour chaque âme, demande-lui que sa douleur augmente en nous l'aversion du péché, que nous sachions aimer, à titre d'expiation, les contrariétés physiques ou morales de chaque jour » (S 258).
Plus que toute autre, la vie de Marie a eu valeur de co-rédemption et, par conséquent, est exemplaire pour le chrétien. « Nous comprenons mieux de la sorte ce moment de la Passion de Notre Seigneur que nous ne nous lasserons jamais de méditer : Stabat autem juxta crucem Jesu mater ejus, à côté de la Croix de Jésus se trouvait sa Mère (Jn 19, 25) » (AD 287). D’où ce conseil : « Toi et moi, conduits par Marie, nous voulons nous aussi consoler Jésus, acceptant toujours et en tout la Volonté de son Père, de notre Père. C'est seulement ainsi que nous savourerons la douceur de la Croix du Christ et que nous l'embrasserons avec la force de l'Amour, la portant en triomphe sur tous les chemins de la terre » (Chemin de Croix, IVème Station).
Thèmes connexes : Abandon ; Joie ; Réparation ; Douleur ; Saint-Esprit ; Filiation divine ; Identification au Christ ; Mortification et pénitence ; Obéissance ; Volonté de Dieu.
Bibliographie :AD 294-316 ; QCP 95-101, QCP 127-138 ; Benoît XVI, Lettre Enc. Spes salvi ; 2007 Jean-Paul II, Lettre. Enc. Dominum et vivificantem, 1986 ; Salvador Bernal Mgr Josemaría Escrivá de Balaguer. Portrait du Fondateur del’ Opus Dei, Madrid, Rialp, 1980 ; Flavio Capucci, « Croce e abbandono. Interpretazione di una sequenza biografica (1931-1935) », dans GVQ, II, pp. 155-179 ; Guillaume Derville, « Une connaissance d’amour. Note de théologie sur l’édition critico-historique de « Chemin » (II) », SetD, 3 (2009), pp. 277-305 ; Javier Echevarría Getsemaní.En prière avec Jésus-Christ, Barcelone, Planeta, 2005 ; Cornelio Fabro, « Via Crucis : la « contemporanéité » du chrétien avec le Christ » Cultura e Libri,76 (1992), pp. 29-36, version espagnole dans « Via Crucis :la « contemporanéité » du chrétien avec le Christ », dans Miguel Ángel Garrido Gallardo (coord.) l’œuvre littéraire de Josémaria Escrivá, Pampelune, EUNSA, 2002, p. 175-187 ; José Luis Illanes Traité de Théologie Spirituelle ,Pampelune, EUNSA, 2007 ; Lucas Francisco Mateo-Seco, « Sapientia Crucis. Le mystère de la Croix dans les écrits de Josemaría Escrivá de Balaguer », ScrTh, 24 (1992), p. 419-438 ; PedroRodríguez, « Omnia traham ad meipsum ». La signification de Jean 12, 32 dans l’expérience spirituelle de Monseigneur Escrivá de Balaguer Romana.Bolletino della Prelatura della Santa Croce e Opus Dei, 13 (1991), pp. 331-352.