ANGES

1. Les anges et leur rôle dans la vie du chrétien et dans l’histoire de l’Opus Dei. 2. Les archanges saint Raphaël, saint Michel et saint Gabriel et les œuvres que saint Josémaria leur a confiées. 3. Dévotion aux Anges Gardiens.

1. Les anges et leur rôle dans la vie du chrétien et dans l’histoire de l’Opus Dei.
2. Les archanges saint Raphaël, saint Michel et saint Gabriel et les œuvres que saint Josémaria leur a confiées.
3. Dévotion aux Anges Gardiens.

Les anges sont des créatures personnelles, purement spirituelles et immortelles (cf. CEC, n° 330). L’existence des anges a toujours été une vérité crue par les chrétiens, héritée de la tradition hébraïque et assumée comme une vérité de foi par l’Église. Les anges sont serviteurs et messagers de Dieu (cf. CEC, nos 328-329). Déjà dans l’Ancien Testament, ils apparaissent comme des ambassadeurs, envoyés par Dieu, pour transmettre un de ses commandements (cf. 2 R 1, 3 ; Jc 6, 11-18), pour instruire les prophètes (cf. Za 3, 4-6) ou pour protéger les individus (cf. Tb 3, 24-25) et les élus (cf. Dn 10, 13-29 ; 12, 1). Dans le Nouveau Testament, toute leur mission est centrée sur le Christ et son œuvre rédemptrice. La vie du Christ est marquée par des interventions angéliques : l’Incarnation (cf. Lc 1, 11-26), la naissance à Bethléem (cf. Lc 2, 9 ; Mt 2, 13), l’enfance (cf. Mt 2, 19), le début de sa vie publique (cf. Mt 4, 11), l’agonie au Jardin des Oliviers (cf. Lc 22, 43), et enfin ils apparaissent comme témoins de sa Résurrection (cf. Mt 28, 2-5 ; Jn 20, 12). Les apôtres et les disciples, qui doivent poursuivre l’œuvre du Christ, sont protégés par l’intervention des anges (cf. Ac 5, 19 ; 12, 7-11 ; 27, 23).

1. Les anges et leur rôle dans la vie des chrétiens et dans l’histoire de l’Opus Dei

Les anges ont eu et ont un rôle important dans l’histoire du salut. Depuis le commencement, Dieu a compté sur eux dans son empressement à donner à l’homme le bonheur éternel pour lequel Il l’a créé : la mission des anges est intégrée dans le plan salvifique divin en faveur des hommes. Ils n’ont d’autre but que d’adorer Dieu et d’agir à son service pour que le projet salvifique atteigne sa plénitude, c’est-à-dire l’union de tous les êtres créés avec le Père, dans le Christ, par l’Esprit Saint. C’est la raison d’être de leur existence et de leur travail en tant qu’intermédiaires entre Dieu et les hommes, un aspect que saint Josémaria a compris en profondeur : « Dieu sera à nos côtés et enverra ses anges pour être nos compagnons de voyage, nos prudents conseillers tout au long du chemin, les collaborateurs de toutes nos entreprises » (QCP 63).

Déjà à l’époque patristique, il était enseigné qu’un ange spécial protège continuellement chaque homme : c’est l’ange de la garde ou gardien (nom suggéré dans Ps 90 [Vg 89], 11). La doctrine répandue par les Pères de l’Église était l’objet d’une croyance générale à l’époque du Christ (cf. Mt 18, 10) et de l’Église primitive (cf. Ac 12, 15). Avec une argumentation philosophique, saint Thomas explique pourquoi la présence des anges gardiens dans le monde est un aspect de la providence divine. Entre la nature divine et celle des hommes, écrit-il, il y a la nature angélique, et puisque les choses inférieures sont prises en charge par les supérieures, il est logique que Dieu, dans sa providence sur le salut des hommes, ait voulu faire usage des anges qui aident les hommes à tendre vers leur fin et à éviter les difficultés qui entraveraient leur progrès (cf. In II Sent, d 11, q. 1, a. 1, sol).

D’après la biographie et les écrits du fondateur de l’Opus Dei, il est clair qu’il était profondément conscient du rôle important qu’ils ont joué dans sa vie. Saint Josémaria parle toujours des anges d’une manière vivante et concrète, et c’est précisément grâce à cela qu’il a pu indiquer et fournir des éléments essentiels sur leur réalité, leur nature et leur mission, offrant une contribution significative dans le domaine de la spiritualité et de la réflexion théologique (cf. Lavatori, « Gli angeli : la loro presenza e la loro azione nella vita cristiana secondo il beato Josemaría », in GVQ, V/I, p. 137).

Un événement d’importance capitale lié aux anges se trouve dans la date de fondation de l’Opus Dei : précisément le 2 octobre 1928, mémoire liturgique des Anges Gardiens. Cette coïncidence entre la naissance de l’Opus Dei et la fête des Anges restera toujours comme une pierre miliaire dans l’âme du fondateur : « L’Œuvre de Dieu n’a pas été imaginée par un homme (...). Il y a de nombreuses années, le Seigneur l’a inspirée à un instrument inepte et sourd, qui l’a vue pour la première fois le jour des Saints Anges Gardiens, deux octobre dix-neuf cent vingt-huit (...) (Instruction 19-III-34, n° 6-7 : AVP, I, p. 297). « J’ai reçu l’illumination sur toute l’Œuvre (...). Les cloches de l’église Notre-Dame des Anges célébrant leur Patronne résonnent encore à mes oreilles » (Méditation, 14-II-1964 : AVP, I, p. 295). Comme l’affirme Mgr Álvaro del Portillo, « à partir de la fête des Anges Gardiens de 1928, notre Fondateur a eu pour eux une dévotion plus intense. Il apprenait à ses enfants : « La fréquentation et la dévotion aux Saints Anges Gardiens sont au cœur de notre travail, c’est une manifestation concrète de la mission surnaturelle de l’Œuvre de Dieu » » (DelPortillo,1993, p. 159).

2. Les archanges saint Raphaël, saint Michel et saint Gabriel et les œuvres que saint Josémaria leur a confiées

Le Pseudo-Denys parle d’une hiérarchie angélique, composée de neuf ordres unis ensemble pour que chacun aide l’autre à atteindre sa fin, qui est l’unité et la ressemblance avec Dieu (séraphins, chérubins, trônes, dominations, vertus, puissances, princes, archanges, anges). L’Écriture Sainte, qui n’est pas rigoureuse en ce qui concerne le nombre d’ordres angéliques (cf. Ep 1, 21 et Col 1, 16), nous parle de la présence et de l’action de trois archanges : Raphaël (cf. Tb 3, 17 ; 4, 21 ; 11, 18), Gabriel (cf. Dn 9, 21-27 ; Lc 1, 19,26) et Michel (cf. Jude 1, 9 ; Ap 12,7-9), en faveur du salut des hommes.

À partir du 2 octobre 1928, saint Josémaria, conscient de la mission que Dieu lui avait confiée, commença à développer son apostolat auprès des gens. Au fil du temps, il perçut le besoin d’organiser cet apostolat personnel qu’il développait avec des hommes et des femmes de couches sociales et de professions très différentes, et il cherchait les moyens de le structurer. C’est dans ce contexte que le 6 octobre 1932, en priant dans la chapelle de Saint Jean de la Croix, lors d’une retraite spirituelle au couvent des Carmélites Déchaux de Ségovie, il eut « la motion intérieure d’invoquer pour la première fois les trois Archanges et les trois Apôtres – dont nous, tous les membres de l’Opus Dei, nous demandons chaque jour l’intercession (...) –, en les prenant dès cet instant comme Patrons des trois œuvres qui composent l’Opus Dei » (Instruction 8-XII-41, n. 9 : AVP, I, p. 466).

Sous le patronage de saint Raphaël, il a mis le travail de formation chrétienne que l’Opus Dei réalise avec la jeunesse, considérée comme l’une des phases les plus importantes du développement et de la croissance de la personne, avant une pleine intégration dans la vie sociale et professionnelle. De cet engagement apostolique à provoquer l’enthousiasme de la jeunesse – l’œuvre de saint Raphaël – avec un idéal de sainteté et de suite du Christ au milieu du monde et par le travail, viennent de nombreuses personnes qui se joignent à l’œuvre de saint Michel et à l’œuvre de saint Gabriel. A l’œuvre de saint Michel appartiennent les fidèles de l’Opus Dei qui s’engagent à vivre le célibat apostolique avec une disponibilité totale au service des besoins de formation et d’apostolat que l’Œuvre développe dans le monde entier. L’œuvre de saint Gabriel est consacrée à la formation et à l’apostolat parmi les chrétiens adultes, qui, dans une grande majorité, sont des pères et des mères de famille. A l’invocation des trois archanges, saint Josémaria a joint celle des trois apôtres : saint Jean, saint Pierre et saint Paul (cf. Berglar,1987, p. 140).

3. Dévotion aux anges gardiens

L’Écriture Sainte montre les anges comme des êtres actifs : elle nous révèle qu’ils interviennent dans l’histoire humaine. Dans la vie de saint Josémaria, le naturel et la fréquence avec lesquels il accourt à eux se manifestent également dans des détails très matériels : dans une période de grandes difficultés économiques, sa montre s’était cassée. Sa réaction fut de se confier à la providence divine, en se tournant vers son ange gardien : « Parlant à mon Seigneur, je lui ai dit que mon Ange Gardien, à qui Il a donné plus de talent qu’à tous les horlogers, devrait réparer ma montre. J’ai pensé qu’Il m’entendait car j’ai à nouveau secoué, touché et retouché, en vain, la montre endommagée. Puis (...), je me suis agenouillé et j’ai commencé un Notre Père et un Je vous salue, que je ne pense pas avoir finis, parce que j’ai repris la montre, touché les aiguilles... et elle s’est remise à marcher ! J’ai rendu grâce à mon bon Père » (Notes intimes, n. 892 : AVP, I, p. 478-479). À ce moment et à d’autres moments similaires peut se référer un point de Chemin : « Tu t’étonnes que ton ange gardien t’ait rendu d’évidents services. — Tu ne devrais pas t’en étonner : c’est bien pour cela que le Seigneur l’a placé près de toi » (C 565). Une idée similaire se reflète dans la suggestion : « Lorsque tu auras un besoin, lorsque tu rencontreras une contrariété, petite ou grande, invoque ton ange gardien, afin qu’il résolve cette affaire avec Jésus, ou qu’il te rende le service opportun dans chaque cas » (F 931).

Tout comme saint Josémaria a vécu et expérimenté la présence et l’action efficace des anges, la référence à ces êtres spirituels était également fréquente à la fois dans ses conseils et suggestions dans la direction des âmes et dans sa prédication. À plusieurs reprises, il a exhorté à être un confident des anges, jusqu’à ce que nous ayons avec eux une véritable amitié et une communion intime : « Aie confiance en ton ange gardien. — Traite-le comme un ami intime — il l’est — et il saura te rendre mille petits services dans les affaires ordinaires de chaque jour » (C 562). Cette amitié qu’il recommande est clairement due à la conscience claire que saint Josémaria a de la nature de leur mission : « La tradition chrétienne décrit les anges gardiens comme de grands amis, placés par Dieu auprès de chaque homme pour l'accompagner au long de sa route. Voilà pourquoi elle nous invite à les fréquenter avec assiduité, à recourir à eux » (QCP 63).

Comme on peut le voir à travers les citations ci-dessus, le fondateur de l’Opus Dei a une certitude conceptuelle et une foi incontestée dans l’action angélique en faveur des hommes. Par conséquent, non seulement il accourait à son ange gardien pour lui confier ses affaires, mais il avait aussi l’habitude de saluer et d’accourir aux anges gardiens des autres personnes pour prier pour elles : « Prends l’habitude de confier à son ange gardien chaque personne que tu fréquentes, afin qu’il l’aide à être bonne et fidèle, et joyeuse ; afin qu’elle puisse recevoir, le moment venu, l’étreinte éternelle de l’Amour de Dieu le Père, de Dieu le Fils, de Dieu le Saint-Esprit et de Sainte Marie » (F 1012). Sa foi en l’existence et la mission des anges était telle que, quand il était séminariste, il avait relevé dans un livre d’un Père de l’Église que les prêtres ont, en plus de l’ange gardien, un archange ministériel. C’est pourquoi il rapportait lui-même que, dès le jour de son ordination, il s’était adressé à son archange ministériel avec une grande simplicité et une grande confiance, à tel point qu’il affirmait être sûr que, si l’opinion de cet auteur n’était pas correcte, le Seigneur lui en aurait accordé un, à cause de la foi avec laquelle il l’avait toujours invoqué (cf. Del Portillo,1993, p. 159).

Selon Mgr Álvaro del Portillo, saint Josémaria « avait pris l’habitude de toujours saluer l’ange gardien des gens qu’il rencontrait : il avait l’habitude de dire qu’il saluait ce « personnage » en premier. Un jour de 1972 ou 1973, l’archevêque de Valence, Mgr Marcelino Olaechea, vint le voir accompagné de son secrétaire. Comme ils étaient des amis très proches, le Père le salua et dit en plaisantant : « Don Marcelino, qui ai-je salué en premier ? » L’archevêque répondit : « D’abord, moi. « Non, dit le Père. J’ai d’abord salué le personnage ». Don Marcelino répondit, perplexe : « Mais, entre mon secrétaire et moi, le personnage, c’est moi ». Alors notre Fondateur expliqua : « Non, le personnage, c’est votre Ange Gardien » » (Del Portillo,1993, pp. 159-160).

Citons deux autres manifestations. Premièrement, sa conscience de la relation des anges à la Sainte Eucharistie. Il avait la ferme conviction que, par l’adoration et la vénération, les anges sont présents à la célébration de la Sainte Messe : « la terre et le ciel s'unissent pour entonner avec les anges du Seigneur : Sanctus, Sanctus, Sanctus... J'applaudis et je m'unis à la louange des anges : cela ne m'est pas difficile, parce que je me sais entouré d'eux quand je célèbre la Sainte Messe » (QCP 89). Fruit d’une pleine foi dans la présence réelle du Christ dans l’Eucharistie, lorsqu’il faisait la génuflexion devant le Tabernacle, il remerciait toujours les Anges, présents en ce lieu, pour l’adoration qu’ils rendent continuellement à Dieu. Il avait l’habitude de commenter : « Quand je vais dans un oratoire (...) là où se trouve le tabernacle, je dis à Jésus que je l’aime, et j’invoque la Trinité. Alors je rends grâce aux Anges qui gardent le Tabernacle, adorant le Christ dans l’Eucharistie » (Del Portillo, 1993, p. 159).

Et deuxièmement, sa confiance dans l’aide de l’ange gardien dans ce moment suprême qu’est la fin de la vie terrestre : « Notre Ange Gardien nous accompagne toujours comme un témoin privilégié. Ce sera lui qui, à l'heure de ton jugement particulier, rappellera les attentions que tu auras eues pour Notre Seigneur, tout au long de ta vie. Plus encore : lorsque tu te sentiras perdu devant les terribles accusations de l'ennemi, ton Ange présentera les élans intimes de ton cœur (peut-être les as-tu toi-même oubliés) ces manifestations d'amour que tu as adressées à Dieu le Père, à Dieu le Fils, à Dieu le Saint-Esprit (...) » (S 693).


Thèmes connexes : Activité de l’Opus Dei ; Dévotion, dévotions.

Bibliographie : C 562-570 ; Jean Daniélou Les anges et leur mission d’après les Pères de l’Église, Paris, Desclée de Brouwer, 1990 ; Joseph Duhr, « Anges », in DSp, I, 1937, cols. 580 -625 ; Renzo Lavatori Gli angeli. Storia e pensiero, Genova, Marietti, 1991 Id., « Gli angeli : la loro presenza e la loro azione nella vita cristiana secondo il beato Josemaría », in GVQ, V/1, pp. 137-156 ; Álvaro del Portillo Entretien sur le fondateur de l’Opus Dei, Madrid, Rialp, 1993 ; George Tavard, « Les anges », dans Bernard Sesboué (dir.) Histoire des dogmes II, 2, Madrid, BAC, 1973.

Gabriela Aybar Perlender