AMOUR DE DIEU

1. Caractère théologal de l’amour envers Dieu. 2. Concrétisations vitales de l’amour de Dieu. 3. Amour envers Dieu et amour envers le prochain. 4. Marie : modèle d’amour envers Dieu.

1. Caractère théologal de l’amour envers Dieu.
2. Concrétisations vitales de l’amour de Dieu.

3. Amour envers Dieu et amour envers le prochain.

4. Marie : modèle d’amour envers Dieu.

Affronter le thème de l'amour pour Dieu dans la vie et les enseignements d'un saint implique d'aller au cœur de son existence et de sa pensée. Tout dans sa vie découle de l'amour de Dieu qui remplit son cœur, tout en est une expression, tout est orienté vers la charité et y conflue. Ainsi, l'examen de cette thématique chez saint Josémaria englobe implicitement l'ensemble de ce Dictionnaire et renvoie tacitement à beaucoup des thèmes qui le composent. Sans cette vue d'ensemble on en perd et la physionomie et sa portée.

1. Caractère théologal de l'amour de Dieu.

Une analyse, même sommaire, de l'amour de Dieu chez le fondateur de l'Opus Dei, révèle surtout son caractère théologal. L’amour envers Dieu dans la vie et la doctrine de saint Josémaria s'enracine dans la conscience - propre à la personne de foi - de se savoir aimée de Dieu, d'un amour sans mesure qui se manifeste dans la création et l'action rédemptrice et sanctificatrice de Dieu. Le croyant ne voit pas l'histoire du salut comme quelque chose d'impersonnel, comme s’il s'agissait d'un ensemble d'événements qui se situent face à lui, sans l'impliquer ontologiquement et existentiellement, mais comme ce qu'elle est : l'action d'un Dieu qui crée, rachète et sanctifie, en s'impliquant dans l'Incarnation et avec l'envoi du Saint-Esprit. L'amour pour Dieu consiste dans la réponse humaine à l'amour de Dieu, rendue possible par l'action de Dieu lui-même.

Saint Josémaria dirige son regard vers le noyau du mystère de l'amour de Dieu, soulignant à la fois son noyau trinitaire et sa proximité avec chacun de nous. Il le fait de manière significative en se référant à l'Écriture et spécifiquement au Christ. « Dieu le Père a bien voulu nous accorder, avec le cœur de son Fils, infinitos dilectionis thesauros, d'inépuisables trésors d'amour, de miséricorde et de tendresse. Si nous voulons découvrir à quel point Dieu nous aime — à quel point Il écoute nos prières, et même les prévient — il nous suffira de suivre la pensée de saint Paul : Il n’a pas épargné son propre Fils, mais il l’a livré pour nous tous : comment pourrait-il, avec Lui, ne pas nous donner tout ? (Rm 8, 32) » (QCP 162).

La conscience de la profondeur de l'amour de Dieu pour l'homme, qui a marqué la biographie et la pensée de saint Josémaria, découle de l'assomption profonde de la foi, c'est-à-dire de la pénétration du sens de ce que nous transmettent l'Écriture et la Tradition de l'Église (avec son Magistère, sa liturgie, etc.). L'expérience personnelle de cet amour (spirituel, mystique) n'est rien d'autre que l'écho dans la propre existence de ce que Dieu révèle et opère. C'est pourquoi saint Josémaria nous exhorte à une lecture de l'Évangile dans laquelle ce qui est raconté nous interpelle. « Jésus est ton ami. — l’Ami. — Avec un cœur de chair comme le tien. — Avec des yeux pleins de bonté, qui ont versé des larmes pour Lazare… — Et il t’aime, toi, autant que Lazare » (C 422). L'aspect objectif de la foi chrétienne véritablement assimilée et l’aspect subjectif de la propre vie intérieure possèdent ainsi une authenticité qui ne laisse place ni à un « objectivisme » froid et existentiellement indifférent, ni à un « subjectivisme » qui privilégie, par rapport à la lumière de la révélation divine, l'interprétation individualiste de ses propres expériences.

La méditation sur l'amour de Dieu, fondée sur une foi vécue, ouvre l'intériorité de l'être humain à une conviction qui, chez saint Josémaria, s'exprime en termes très humains - comme l'expression Dieu s'est épris de l'homme - et se transforme en axe de toute l'existence. « Le Dieu de notre foi n'est pas un être lointain, qui contemple avec indifférence le sort des hommes : leurs aspirations, leurs luttes, leurs angoisses. C'est un Père qui aime ses enfants au point d'envoyer le Verbe, Seconde Personne de la Très Sainte Trinité, pour que, en s'incarnant, Il meure pour nous et nous rachète. C'est ce même Père aimant qui nous attire maintenant doucement vers Lui, par l'action du Saint-Esprit qui habite en nos cœurs. (…) La Trinité s'est éprise de l'homme » (QCP 84). L'amour de Dieu est perçu comme quelque chose de très personnel parce que « Dieu notre Père nous aime, chacun d’entre nous, tels que nous sommes ! » (AD 148).

L'amour pour Dieu naît en l'homme en réponse à un amour antécédent de Dieu pour nous. Le caractère infini de l'amour de Dieu nous pousse à construire toute notre vie sur ce fondement, avec une espérance pleine de joie qui nous pousse à vouloir correspondre à cet amour. « L'unique forme de conduite ou de mesure qui nous permet de comprendre tant soit peu cette manière d'agir de Dieu, c'est de nous rendre compte qu'elle manque de mesure, de concevoir à quel point elle naît d'une folie d'amour qui Le pousse à prendre notre chair et à se charger du fardeau de nos péchés. Comment serait-il possible que nous nous en rendions compte et que nous percevions combien Dieu nous aime, sans devenir à notre tour fous d'amour ? Il faut laisser ces vérités de notre foi imprégner notre âme jusqu'à ce qu'elles transforment toute notre vie. Dieu nous aime ! Lui, le Tout-Puissant, l'Omnipotent, qui a fait le ciel et la terre. Dieu va jusqu'à s'intéresser aux plus petits détails concernant ses créatures — vos affaires et les miennes — et il nous appelle un par un, par notre nom. Cette certitude que nous donne la foi nous fait contempler ce qui nous entoure sous un jour nouveau et, bien que tout demeure pareil, nous avons la sensation que tout est différent, parce que tout est expression de l'amour de Dieu » (QCP 144).

La nature théologale de l'amour pour Dieu se manifeste aussi dans notre réponse, puisque son origine se trouve en Dieu. C'est Lui qui accorde l'amour dont nous L'aimons, en déversant le don de l'Esprit Saint (cf. Rm 5, 5). Dans cette perspective, que cet amour soit théologal signifie, d'une part, qu'il consiste en un amour filial, car si nous vivons dans le Christ (cf. Ga 2, 20), l'amour de Dieu consiste à aimer le Père dans le Fils, grâce à l'action de l'Esprit qui nous incorpore au Christ et nous fait crier Abba, Père ! (Cf. Ga 4, 4-7) : et, d'autre part que, de même que le Fils s'incarne pour accomplir la volonté du Père (cf. Jn 6, 38 ; Lc 22, 42 ; et He 10, 5-7), l'amour du chrétien pour Dieu doit le pousser à accomplir sa volonté. L'immensité de l'amour de Dieu qui se déverse sur l'homme – « Il n’y a d’autre amour que l’Amour ! » (C 417) - conduit à orienter toute sa vie vers Son amour, avec un don de soi qui est une réponse à Son appel : « Qu’une vie est peu de chose, pour l’offrir à Dieu ! … » (C 420). En résumé, la spiritualité de saint Josémaria se révèle comme une spiritualité filiale, dans laquelle l'amour pour Dieu est l'amour d'un fils de Dieu, grâce à l'action divine et à la correspondance de l'homme qui cherche dans son existence à rendre gloire à Dieu, accomplissant sa volonté dans son existence concrète (cf. C 754-778).

Parmi les différentes conclusions qui se dégagent de ce qui a été dit à propos de saint Josémaria, deux ressortent tout spécialement. D'une part, la supplication confiante devant l'évidence de ses propres faiblesses : « Dis-Lui — je le Lui dis — qu’Il est toute Grandeur, toute Bonté, toute Miséricorde. Et ajoute : c’est pourquoi je veux m’éprendre de Toi, malgré la rudesse de mes manières, de ces pauvres mains que voici, usées et écorchées aux sentiers ardus et poussiéreux de la terre » (AD 246). De l'autre, l'incontournable recours à l'Esprit Saint, comme le montre un point de Forge, à nette saveur autobiographique : « Ne te contente pas de parler au Paraclet, écoute-le ! (…) Dans ta prière, appelle-le : Hôte Divin, mon Maître, ma Lumière, mon Guide, mon Amour, et dis-Lui : fais que je sache t'accueillir avec prévenance, écouter tes leçons et m’enflammer, te suivre et t’aimer » (F 430).

2. Concrétisations vitales de l'amour pour Dieu

L'amour pour Dieu dans la spiritualité de saint Josémaria n'est pas confiné à la sphère émotionnelle, et ne se trouve pas non plus à la merci des va-et-vient des sentiments ou des états d'âme. Même s'il se manifeste affectivement (sinon il ne serait pas humain et, pour cette raison, pas non plus surnaturel), l'amour consiste en l'acte de liberté le plus radical, qui s'exerce au plus intime de la personne et l'implique dans toutes ses dimensions : dans son intelligence et sa volonté, dans ses affections et ses attitudes, dans son intériorité et dans ses relations avec les autres. Notre auteur utilise l'expression vouloir aimer pour indiquer ce qui a été dit, se référant à la fois à l'amour de Dieu et à la charité à l'égard du prochain, sur laquelle il faudra revenir. « De quel amour s’agit-il ? La Sainte Écriture parle de dilectio, afin que l’on comprenne bien qu’il ne s’agit pas seulement d’affection sensible. Ce mot exprime plutôt une ferme détermination de la volonté. Dilectio vient de electio, choix. J’ajouterai qu’aimer en chrétien signifie vouloir aimer » (AD 231). Là se trouve la fin de la personne, qui est pleinement vécue dans l'eschatologie, mais qui commence déjà à être une réalité dans notre vie quotidienne. Pour le reste, l'expression « vouloir aimer » s'éloigne d'une conception volontariste de l'amour de Dieu – c'est-à-dire d'un « vouloir » issu d'une volonté présumée autosuffisante, de teinte pélagienne –, pour souligner la nécessité de la grâce dans l'exercice de la liberté.

L'amour pour Dieu prend précisément la forme d'un amour filial qui s'exprime dans toutes les sphères de la personne et dans chacun des domaines de son existence, générant une nouvelle manière de vivre ; une vie intérieure qui comporte une série de concrétisations dans l'existence chrétienne. Arrêtons-nous à trois d'entre elles.

En premier lieu, l'amour de Dieu nous amène à prendre conscience de la nécessité de la lutte spirituelle - purification et croissance des vertus - face à l'évidence de nos propres péchés et de la distance qui sépare l'amour de Dieu de notre amour pour Dieu. « Nous ne devrions pas être surpris, quand nous sentons dans notre corps et dans notre âme l'aiguillon de l'orgueil, de la sensualité, de l'envie, de la paresse, du désir de dominer les autres » (QCP 75), observait saint Josémaria. C'est pourquoi il note synthétiquement fin 1971, quatre ans avant sa mort : « Voilà notre destinée sur la terre : lutter par amour jusqu'au dernier instant. Deo gratias !" (AVP, III, p. 639). Le réalisme que souligne saint Josémaria est renforcé par la considération du contraste entre un Dieu qui est amour et va jusqu'à l'extrême kénose, et un être humain qui éprouve la tendance à l'égocentrisme. « Quelques traits de l’Amour de Dieu qui s’incarne nous suffisent ; et sa générosité touche notre âme, nous enflamme, nous pousse doucement vers une douleur contrite de notre comportement si souvent mesquin et égoïste. (…) Lorsque nous considérons le don total que Dieu fait de lui-même et son anéantissement — j’en parle pour que nous le méditions, chacun réfléchissant pour son compte — la fatuité, la présomption de l’orgueilleux se révèlent être un péché horrible, précisément parce qu’il place la personne à l’opposé du modèle que Jésus-Christ nous a montré par sa conduite. Réfléchissez-y calmement : étant Dieu, il s’est humilié. L’homme, bouffi d’orgueil, rempli de son propre moi, prétend s’exalter à tout prix sans reconnaître qu’il est fait d’une mauvaise terre tout juste bonne pour une cruche » (AD 112). Ainsi, l'une des premières concrétisations existentielles de l'amour pour Dieu consiste en une lutte intérieure destinée, avec la grâce, à nous débarrasser du vieil homme pour revêtir l’homme nouveau dans le Christ.

En second lieu, l'amour pour Dieu implique de fréquenter Dieu. Il ne consiste pas dans une absorption autoréférentielle, ni non plus dans la dissolution de sa propre personne au sein d'une instance amorphe. L'amour a un caractère relationnel impliquant union et dialogue, c'est pourquoi - accentue saint Josémaria - le chrétien a besoin de concrétiser un plan de vie, c'est-à-dire un ensemble de pratiques de piété à travers lesquelles, tout au long de la journée, chercher Dieu, Le fréquenter et vivre en lui]. Être constant dans un tel comportement relationnel constitue une exigence d'amour ; d'où l'exigence d'un effort quotidien : « Mais s’assujettir à un plan de vie, à un horaire, est si monotone, m’as-tu dit ! Et je t’ai répondu : il y a monotonie là où manque l’amour » (C 77). On comprend donc l'insistance avec laquelle saint Josémaria prêchait que, dans la vie ordinaire du chrétien, l'enjeu était de transformer le travail en prière (cf. QCP 48), tout en insistant : les normes, c'est-à-dire les pratiques quotidiennes de piété, passent avant tout. « N'as-tu pas compris qu'il te fallait être une âme de prière, grâce à un dialogue avec Dieu qui finit par t'assimiler à Lui ? » (QCP 8), une divinisation qui englobe tout ce qui est humain et, avec la vertu de grâce, le transforme en acte d'amour de Dieu.

En troisième lieu, puisque la spiritualité de saint Josémaria est éminemment séculière et donc vécue dans l'ordinaire, l'amour pour Dieu s'incarne dans un ensemble d'attitudes qui nous permettent de transformer la prose quotidienne en alexandrins d'amour pour Dieu (Cf. Entretiens 116). « Le travail naît de l'amour, manifeste l'amour et s'ordonne à l'amour » (QCP 48). Pour cela, il faut la rectitude d'intention, c'est-à-dire chercher uniquement la gloire de Dieu (F 921) ; mais aussi, vivre les vertus humaines, le désir de servir les autres, le soin des petites choses, bien accomplir les tâches de chaque jour, etc."

3. Amour de Dieu et amour du prochain

Saint Josémaria met en évidence dans de nombreuses occasions le sens anthropologique authentique de l'amour, tout en indiquant que l'herméneutique floue ne manque pas. « Tu m'as souvent entendu dire que l'on parle parfois de l’amour comme s’il s’agissait de la recherche d’une satisfaction, ou d’un simple moyen de perfectionner sa propre personnalité de façon égoïste. — Et moi, je t’ai toujours dit qu’il n'en est pas ainsi : le véritable amour suppose que l’on sorte de soi-même et que l’on se donne. » (F 28). Ce sens atteint sa plénitude à la lumière de l'enseignement évangélique selon lequel l'amour de Dieu est inséparable de l'amour du prochain (cf. Mt 22, 34-40 ; 1 Jn 4, 7-21).

L'amour du prochain ne peut se limiter à susciter de bons sentiments. Saint Josémaria l'a dit de manière incisive en une occasion : « Aujourd'hui, après avoir donné la Sainte Communion aux moniales, avant la Sainte Messe, j'ai dit à Jésus ce que je lui dis tant de fois jour et nuit : (...) « Je t'aime plus que celles-ci ». Immédiatement, j'ai entendu, sans qu’il y ait eu de paroles : « les œuvres sont amours et pas les bonnes raisons » » (Notes intimes, n. 606 : AVP, I, p. 417). L'exigence entendue ce jour-là ne l'a jamais quitté : « Mon Dieu, s'exclamait Don Josémaria en se souvenant de cette locution, que cela - les œuvres sont amour et non les bonnes raisons - me fait mal (ibidem, n.912 : p. 485).

L'amour du prochain comme expression intrinsèque de l'amour de Dieu renvoie à son caractère théologal, c'est pourquoi saint Josémaria invite à « ne pas aimer d'un amour égoïste ni d'un amour à courte vue : nous devons aimer de l'amour de Dieu » (QCP 97). Un amour dans lequel l'humain ouvre l'espace où le divin se montre. « En assurant la présence du Christ parmi les hommes, en étant lui-même ipse Christus, le chrétien n'essaie pas seulement de se comporter avec amour, mais il tente aussi de faire connaître l'amour de Dieu, à travers cet amour humain qui est le sien » (QCP 115). Cet amour appelle à ne pas ignorer les autres, ni leur situation spirituelle ni leur état matériel, à ne pas se contenter de ne pas nuire. La passivité n'est pas chrétienne : les œuvres sont amour et non les bonnes raisons. C'est pourquoi saint Josémaria encourage sans cesse à pratiquer l'apostolat personnel et à s'engager pour le développement intégral des êtres humains dans notre vie quotidienne (au sein de la famille, avec le travail, avec l'action en société, etc.).

L'entrelacement de l'humain et du divin, l'amour de Dieu qui se réalise dans l'amour des autres parce que l'on vit la vie du Christ, est au cœur de la spiritualité de saint Josémaria. Voyons-le dans un dernier texte synthétique, parmi les nombreux qui pourraient être évoqués. « Cette charité, ce n’est pas nous qui la bâtissons ; elle nous envahit par la grâce de Dieu, car il nous aima le premier. Il faut que nous nous pénétrions profondément de cette vérité splendide : Si nous pouvons aimer Dieu, c’est parce que nous avons été aimés par Dieu. Nous sommes, toi et moi, en mesure de prodiguer à pleines mains notre amour envers tous ceux qui nous entourent, car nous sommes nés à la foi par l’amour du Père. Demandez hardiment au Seigneur ce trésor, cette vertu surnaturelle de la charité, pour l’exercer dans ses moindres conséquences. Il est arrivé souvent que, nous, les chrétiens, nous n’ayons pas su répondre à ce don. Parfois nous avons rabaissé la charité, comme si elle se limitait à l’aumône froide, sans âme ; ou bien nous l’avons réduite aux bonnes œuvres plus ou moins formelles. (…) Pour que cette vérité vous pénètre, j’ai prêché mille et une fois sous une forme imagée, que nous n’avons pas un cœur pour aimer Dieu et un autre pour aimer les créatures » (AD 229). L'amour théologal conduit à mettre le cœur dans la relation avec Dieu et avec les autres, d'une manière humainement et surnaturellement opérative.

4. Marie : modèle d'amour pour Dieu

L'existence du chrétien ordinaire se tisse au milieu des tâches quotidiennes. L'amour envers Dieu y est l'aiguillon de la fidélité à l'amour de Dieu qui nous appelle à Lui. C'est pourquoi saint Josémaria conclut son célèbre ouvrage Chemin par un point significatif : « Quel est le secret de la persévérance ? L’Amour. — Éprends-toi de lui et tu ne l’abandonneras point » (C 999).

La description des enseignements de saint Josémaria sur l'amour de Dieu serait incomplète si sa dimension mariale n'était pas rappelée. Elle provient d'un double motif : d'une part, à cause du rôle évident que Marie joue dans l'existence chrétienne par son cheminement vers le Christ. Et d'autre part, parce qu'en elle saint Josémaria voyait un modèle d'amour pour Dieu dans l'ordinaire. « N'oublions pas que la presque totalité des journées que Marie a passées sur cette terre se sont déroulées d'une manière bien semblable aux journées de millions d'autres femmes, consacrées elles aussi à leur famille, à l'éducation de leurs enfants, aux tâches du foyer à mener à bien. De tout cela, Marie sanctifie jusqu'au plus petit détail, à ce que beaucoup considèrent à tort comme insignifiant et sans valeur : le travail de chaque jour, les attentions à l'égard des personnes aimées, les conversations et les visites de parents ou d'amis. Vie ordinaire bénie, qui peut être tellement pleine d'amour de Dieu ! Car voilà ce qui explique la vie de Marie : son amour. Un amour poussé à l'extrême, jusqu'à l'oubli total de soi, toute contente qu'elle était de se trouver à sa place, là où Dieu la voulait, dans l'accomplissement total de la volonté divine. C'est pourquoi le plus petit de ses gestes n'est jamais banal, mais apparaît, au contraire comme plein de signification » (QCP 148).


Thèmes connexes : Charité ; Dieu le Père ; le Saint Esprit ; Jésus Christ.

Bibliographie : CECH, p. 583-604 ; Ernst BURKHART - Javier LÓPEZ Vie quotidienne et sainteté dans l'enseignement de saint Josémaria. Étude de théologie spirituelle, I-III, Madrid, Rialp, 2010-2013 ; Johannes B. TORELLÓ, « Aus Liebe verrückt », in César ORTIZ (Hrsg.) Josemaría Escrivá. Profile einer Gründergestalt, Cologne, Adamas Verlag, 2002, p. 39-55 ; José María YANGUAS, « « Amare con tutto il cuore » (Dt 6, 5). Considerazioni sull’amore del cristiano negli insegnamenti del Beato Josemaría Escrivá » Romana. Bolletino della Prelatura della Santa Croce e Opus Dei, 26 (1998), pp. 144-157.

Luis ROMERA