ABANDON

1. Confiance totale en Dieu. 2. L'abandon à sa Volonté en l'acceptant intégralement. 3. Abandon et moyens humains.

1. Confiance totale en Dieu.
2. L'abandon à sa Volonté en l'acceptant intégralement.

3. Abandon et moyens humains.

Dans les enseignements de saint Josémaria, l'abandon provient de l'assurance que Dieu est un Père qui nous aime et peut tout faire (cf. QCP 128). Cela suppose, d'une part, de reconnaître la sagesse et la puissance de Dieu et, d’autre part, de prendre conscience de notre néant et de nos misères. En conséquence, quelles que soient ses limitations personnelles et précisément parce qu’elles existent, le chrétien doit s’abandonner à Dieu et avoir confiance en Lui : « Attends tout de Jésus : tu n’as rien, tu ne vaux rien, tu ne peux rien. — Il agira si tu t’abandonnes à Lui » (C 731).

1. Confiance totale en Dieu

Comme dans toute la tradition chrétienne, saint Josémaria unit l'abandon à l’humilité : « Tu lui disais : « Ne te fie pas à moi… Moi, si, je me fie à toi, Jésus… Je m’abandonne dans tes bras ; j’y laisse ce que j’ai : mes misères ! » — Et cela me semble une bonne prière. » (C 113). Et il relie cela à la filiation divine et à la vie d'enfance. C’est l’abandon et la confiance de l’enfant qui considère son père comme le meilleur moyen de défense et de sécurité contre tout danger. Saint Josémaria, maître de l'enfance spirituelle, dira que la prière simple et confiante est « la preuve manifeste d'un abandon confiant » (AD 296).

Confiance et conviction que Dieu le Père place chacun où il doit être : « Au fil des années, j’ai tâché de m’appuyer sans défaillir sur cette réalité si encourageante. Ma prière, en toute circonstance, a toujours été la même, à quelques nuances près. Je lui ai dit : Seigneur, c’est Toi qui m’as placé ici ; Toi qui m’as confié ceci ou cela, et moi, j’ai confiance en Toi. Je sais que tu es mon Père, et j’ai toujours observé que les tout-petits ont une confiance totale en leurs parents. Mon expérience sacerdotale m’a confirmé que cet abandon dans les mains de Dieu porte les âmes à acquérir une piété forte, profonde et sereine, qui les pousse à travailler constamment avec droiture d’intention » (AD 143).

2. L'abandon à Sa Volonté en l'acceptant dans son intégralité.

Dans les écrits de saint Josémaria, il est clairement démontré que l'abandon exige de la force, du courage, de l’humilité. Il ne s'agit pas simplement de se laisser porter, attitude passive, mais, comme on peut le lire dans la citation précédente, l'abandon pousse à acquérir une piété forte, profonde et sereine, et exige « la reddition de l'intelligence et du cœur » (Articles du Postulateur, 425).

L'abandon conduit à accepter et à accomplir la volonté de Dieu. Il y a deux oraisons jaculatoires très fréquentes chez saint Josémaria qui reflètent cette attitude, surtout quand cet abandon se fait particulièrement difficile. Un point de Chemin rend témoignage de la première : « Tu passes par une grande tribulation ? — Tu es en proie à des contradictions ? Très lentement, comme en la savourant, dis cette prière vigoureuse et virile : Que la juste, que l’aimable volonté de Dieu soit faite, accomplie, louée et éternellement exaltée par-dessus toutes choses. — Amen. — Amen. Je t’assure que tu trouveras la paix » (C 691). L’usage de cette prière est attesté depuis 1928. L’auteur a lui-même parfois expliqué la place qu’elle occupait dans sa vie intérieure : « la récitation d’ainsi soit-il ou du fiat, cette oraison jaculatoire très solide qui nous fait nous identifier à la Volonté de Dieu, me remplit de joie et de paix » ; et il y a plusieurs textes qui montrent comment il recourrait à sa récitation pour accepter les peines : « Des peines ? Des contrariétés pour cet événement ou pour tel autre ?... Ne vois-tu pas que Dieu ton Père veut qu’il en soit ainsi..., Lui qui est bon..., Lui qui t’aime — toi seul ! — plus que toutes les mères du monde peuvent aimer leurs enfants ? » (F 929).

Une autre prière abondamment répétée par saint Josémaria est consignée dans un texte de son Chemin de Croix : « Tu m'as dit : Père, je traverse un très mauvais moment. Et je t'ai répondu, à l'oreille : Prends sur tes épaules une petite partie de cette croix, rien qu'une petite partie. Et si même alors tu n'en as pas la force... laisse-la tout entière sur les épaules robustes du Christ. Et maintenant, répète avec moi : Seigneur, mon Dieu, j'abandonne entre tes mains le passé, le présent et l'avenir, ce qui est petit et ce qui est grand, ce qui est peu et ce qui est beaucoup, ce qui est temporel et ce qui est éternel. Et sois tranquille. » (Chemin de Croix, VIIème Station).

L'abandon qu'il enseigne est un abandon qui conduit à accepter la Volonté de Dieu, même lorsqu'elle implique une croix, et à l’aimer ; c’est-à-dire qu’il faut du courage, de la force pour faire confiance à Dieu et pour que la souffrance qui peut être ressentie, ne provoque ni inquiétude ni angoisse, mais donne au contraire la paix et la joie. « Jésus, maintenant que la Croix est vraiment solide, qu'elle pèse, fais en sorte qu'elle nous remplisse de paix. Seigneur, quelle Croix est-ce donc ? Une Croix sans être une Croix. Avec ton aide, en connaissant la formule de l'abandon, c’est ainsi que seront toutes mes Croix » (Notes Intimes, n° 429).

Sa conscience aiguë de l'importance de l'acceptation de la croix et de l'abandon à celle-ci le porte à dire que s'il n'y a pas de joie dans la croix, c'est que l'abandon a échoué : lorsque l'abandon faiblit, « la joie est perdue, alors je sens le poids de la Croix » (CECH, p 791). « Cet abandon est précisément la condition qui te fait défaut pour ne plus jamais perdre la paix » (C 767) ; et « L’abandon à la Volonté de Dieu est le secret pour être heureux sur terre. — Dis alors : Meus cibus est, ut faciam voluntatem eius, ma nourriture est de faire sa Volonté » (C 766).

Saint Josémaria fonde l'abandon sur le sens de la filiation divine qui, étroitement lié à l'identification à la croix, est le trait sur lequel reposent les différents aspects caractéristiques de sa figure humaine et sacerdotale. Comme le dit un document pontifical, saint Josémaria « situa dans la conscience de la filiation divine dans le Christ le fondement d'une spiritualité où la force de la foi et l'audace apostolique de la charité s'accordent harmonieusement avec l'abandon filial en Dieu le Père » (Décret sur les vertus héroïques du Serviteur de Dieu Josémaria Escrivá de Balaguer).

3. Abandon et moyens humains

L'abandon exige la lutte intérieure, le détachement de soi-même ; ce n’est pas, comme on l'a déjà dit, se laisser simplement porter, passivement, ou une sorte de providentialisme quiétiste : « Pour parvenir à l'abandon, il est nécessaire de parcourir encore un petit bout de chemin. Si tu n'y es pas encore arrivé, ne t'inquiète pas : poursuis ton effort. Viendra le jour où tu ne verras d'autre chemin que Lui — Jésus —, sa très Sainte Mère, et les moyens surnaturels que le Maître nous a laissés » (Chemin de Croix, IVème Station).

À certains moments de sa vie, saint Josémaria considérait comme un signe de confiance le fait de raconter à Dieu ses problèmes sans rien Lui demander et de Le laisser faire : « Je ne vais plus rien demander à Jésus : je me limiterai à Lui plaire en tout et à Lui raconter les choses, comme s’Il ne les savait pas, comme le ferait un petit enfant avec son père » (Notes intimes, n ° 416). Cependant, à un autre stade de sa vie spirituelle, dans son enseignement habituel, il soulignait que s’abandonner soi-même ne consistait pas à cesser de lutter - une telle attitude conduirait non pas à l'abandon mais à l’acédie - et il insistait sur l’importance de la prière de demande et sur le devoir de mettre tous les moyens humains, de faire tous les efforts possibles, en abandonnant le résultat, le succès ou l’échec, entre les mains de Dieu : « Quand tu t'abandonneras vraiment entre les mains du Seigneur, tu apprendras à te contenter de ce qui arrive, et à ne pas perdre ta sérénité si tes activités ne prennent pas la tournure que tu souhaites malgré ton acharnement et les bons moyens que tu as employés... C'est qu'elles auront pris la « tournure » que Dieu voulait qu'elles prennent » (S 860). Il a toujours vu un exemple de cette attitude chez saint Joseph, qui, comme le disent les évangiles, « s’abandonna sans réserve entre les mains de Dieu », fut docile aux plans que Dieu lui communiquait, mettant l’intelligence et une attitude active à son service (cf. QCP 42).


Thèmes connexes : Filiation divine ; Enfance spirituelle ; Volonté de Dieu.

Bibliographie : Amis de Dieu 142-153 ; Quand le Christ Passe 39-56 ; Chemin de Croix passim ; AVP : archives du postulateur ; CECH : Chemin, édition critico-historique ; Congrégation pour les Causes des Saints « Décret sur les vertus héroïques du Serviteur de Dieu, Josémaria Escrivá de Balaguer », 9-IV-1990, AAS, LXXXII (1990), p. 1450-1455 ; Javier ECHEVARRIA, « Le Saint de la vie ordinaire. La figure de saint Josémaria Escrivá de Balaguer dans les textes du magistère » Romana, Bulletin de la Prélature de la Sainte Croix et Opus Dei, 40 (2005), p. 101-129 ; Pilar URBANO L'homme de Villa Tevere. Les années romaines de Josémaria Escrivá, Barcelone, Plaza et Janes, 1994.

Ana De Zaballa Beascoechea