Découvrir le sens du silence et de la contemplation, aux côtés de la Sainte Vierge

Après avoir contemplé la vulnérabilité du Christ lorsqu'il a « crié » pendant sa crucifixion, le Saint-Père nous invite à nous tourner vers la Vierge Marie, le Samedi Saint, afin qu'elle nous apprenne à découvrir le sens du silence et de la contemplation.

« Un tombeau neuf dans lequel on n’avait encore déposé personne » (Jn 19,40-41)

Chers frères et sœurs,

Dans notre cheminement catéchétique sur Jésus, notre espérance, nous contemplons aujourd'hui le mystère du Samedi Saint. Le Fils de Dieu repose dans le tombeau. Mais son « absence » n'est pas un vide : c'est une attente, une plénitude contenue, une promesse gardée dans l'obscurité. C'est le jour du grand silence, où le ciel semble muet et la terre immobile, mais c'est précisément là que s'accomplit le mystère le plus profond de la foi chrétienne. C'est un silence lourd de sens, comme le ventre d'une mère qui garde son enfant encore à naître, mais déjà vivant.

Le corps de Jésus, descendu de la croix, a été enveloppé avec soin, comme on le fait pour ce qui est précieux. L'évangéliste Jean nous dit qu'il a été enterré dans un jardin, dans « un tombeau neuf, dans lequel personne n'avait encore été mis » (Jn 19, 41). Rien n'est laissé au hasard. Ce jardin rappelle l'Éden perdu, le lieu où Dieu et l'homme étaient unis. Et ce tombeau jamais utilisé auparavant évoque quelque chose qui doit encore arriver : c'est un seuil, pas une fin. Au début de la création, Dieu avait planté un jardin, maintenant aussi la nouvelle création prend forme dans un jardin : avec un tombeau fermé qui s'ouvrira bientôt.

Le Samedi Saint est également un jour de repos. Selon la loi juive, le septième jour ne doit pas être travaillé : en effet, après six jours de création, Dieu s'est reposé (cf. Gn 2, 2). Maintenant, le Fils aussi, après avoir accompli son œuvre de salut, se repose. Non pas parce qu'il est fatigué, mais parce qu'il a achevé son œuvre. Non pas parce qu'il a abandonné, mais parce qu'il a aimé jusqu'au bout. Il n'y a rien d'autre à ajouter. Ce repos est le sceau de l'œuvre accomplie, c'est la confirmation de ce qui devait être fait et qui a été accompli. C'est un repos rempli de la présence cachée du Seigneur.

Nous avons du mal à nous arrêter et à nous reposer. Nous vivons comme si la vie n'était jamais suffisante. Nous courons pour produire, pour démontrer, pour ne pas perdre de terrain. Mais l'Évangile nous enseigne que savoir s'arrêter est un geste de confiance que nous devons apprendre à accomplir. Le Samedi Saint nous invite à découvrir que la vie ne dépend pas toujours de ce que nous faisons, mais aussi de la manière dont nous savons renoncer à ce que nous avons pu faire.

Dans le sépulcre, Jésus, la Parole vivante du Père, se tait. Mais c'est précisément dans ce silence que la vie nouvelle commence à fermenter. Comme une graine dans la terre, comme l'obscurité avant l'aube. Dieu n'a pas peur du temps qui passe, car il est aussi le Seigneur de l'attente. Ainsi, même notre temps « inutile », celui des pauses, des vides, des moments stériles, peut devenir le ventre de la résurrection. Tout silence accueilli peut être le prélude à une Parole nouvelle. Tout temps arrêté peut devenir temps de grâce, si nous l'offrons à Dieu.

Jésus, enseveli dans la terre, est le visage doux d'un Dieu qui n'occupe pas tout l'espace. C'est le Dieu qui laisse faire, qui attend, qui se retire pour nous laisser la liberté. C'est le Dieu qui fait confiance, même quand tout semble fini. Et nous, en ce samedi arrêté, nous apprenons que nous ne devons pas nous précipiter pour ressusciter : il faut plutôt se reposer, accueillir le silence, se laisser embrasser par la limite. Parfois, nous cherchons des réponses rapides, des solutions immédiates. Mais Dieu œuvre en profondeur, dans le temps lent de la confiance. Le samedi de la sépulture devient ainsi le ventre d'où peuvent jaillir les forces d'une lumière invincible, celle de Pâques.

Chers amis, l'espérance chrétienne ne naît pas dans le bruit, mais dans le silence d'une attente habitée par l'amour. Elle n'est pas fille de l'euphorie, mais d'un abandon confiant. La Vierge Marie nous l'enseigne : elle incarne cette attente, cette espérance. Quand il nous semble que tout est arrêté, que la vie est un chemin interrompu, souvenons-nous du Samedi Saint. Même dans le tombeau, Dieu prépare la plus grande surprise. Et si nous savons accueillir avec gratitude ce qui s'est passé, nous découvrirons que, précisément dans la petitesse et dans le silence, Dieu aime transfigurer la réalité en rendant toutes choses nouvelles par la fidélité de son amour. La vraie joie naît de l'attente habitée, de la foi patiente, de l'espérance que tout ce qui a vécu dans l'amour ressuscitera certainement à la vie éternelle.

source : vatican.va (traduit par nos soins de la version espagnole, plus complète que la version française)