Approfondir sa foi en banlieue

Depuis plusieurs années, Anne anime des réunions d’approfondissement de la foi à Gagny, en Seine Saint Denis.

Anne, vous animez un « café théologique » pour mères de famille...

Animer est peut-être un bien grand mot, car nos réunions sont très informelles : nous nous retrouvons une fois par mois chez l’une des participantes, le jour qui convient à toutes, autour d’un café.

Le groupe est composé de 3 enseignantes, 2 infirmières et 2 sans activité professionnelle à l’extérieur. Le caractère amical de nos rencontres et le besoin de parler de leur foi font que les participantes sont très assidues. La dernière fois, l’une d’elles, infirmière de nuit, venait de faire trois gardes de suite, mais cela ne l’a pas empêchée de venir l’après-midi du 3ème jour !

Je précise que l’initiative vient de Marylise qui avait commencé à proposer ce genre de réunions chez elle pour approfondir le Catéchisme de l'Église catholique. J’ai pris la « relève » à partir du moment où elle a eu son 5ème enfant et n’ a plus eu le temps de les préparer.

Votre méthode pédagogique s'appuie sur la participation

Effectivement. Nous choisissons ensemble le sujet, chacune achète le document que l'on va travailler et lit le passage qui sera commenté la fois suivante. Cela permet ensuite une véritable participation et chacune profite du sujet pour poser toutes les questions qu'elle voudra.

Il me semble capital que mes « auditrices » se rendent compte que l’enseignement de l'Église vaut pour tous, qu’il demande à être explicité, et qu'il peut enrichir notre foi.

L’avantage de cette formule, c’est qu’entre mères de famille, on se parle librement, on apprend à se connaître au fil des mois, on se comprend et je peux adapter mes suggestions à la situation de chacune : témoignage dans le domaine professionnel, moment de prière, etc…

Vous êtes mère de famille et membre de l’Opus Dei. Vous avez consacré de très nombreuses heures à votre propre formation. Est-ce votre vocation et votre formation qui vous pousse à vous occuper des autres et à faire connaître le Christ ?

J’ai vécu la découverte de ma vocation à l’Opus Dei comme une lumière qui me montrait que Dieu est présent à mes activités et me soutient pour y mettre plus d’amour. En même temps, cela nécessitait une formation, qui ne finira jamais, sur le plan humain, doctrinal et spirituel, pour mettre en pratique ce à quoi Dieu m'appelle. J'étais un peu comme un baptisé qui découvre, à un moment précis de sa vie, ce que signifie être pleinement chrétien et prend des conseils pour y parvenir.

Car on découvre à quel point on est capable de vivre deux vies parallèles : la vie courante et la vie de foi ! C’est dans ce domaine que j’ai le plus appris et que j’ai pu faire la synthèse de ma foi, dans le sens de savoir où je vais et par quels moyens j'y vais.

Je me suis dit que sans doute beaucoup d’autres étaient dans mon cas et qu’il fallait faire ce qui était à ma portée pour qu’ils re-trouvent le Christ.

Pourquoi est-ce si important d’approfondir sa foi, de lire les encycliques, d'étudier le catéchisme pour persévérer dans la pratique religieuse ?

Celui ou celle qui est baptisé enfant, ce qui est mon cas, reçoit le don de la foi, mais n’est pas encore en mesure de connaître son contenu et ses implications dans la vie personnelle, familiale, sociale et professionnelle. C’est le rôle du catéchisme, quand on est jeune, puis de l’approfondissement personnel lorsqu'on est adulte. Je pense qu'il est nécessaire, pour persévérer, de rester en contact avec les sources chrétiennes de la foi, la richesse humaine et spirituelle qu'elles contiennent et la vérité et la clarté qu’elles nous délivrent.

N'y a-t-il pas le risque de se décourager ?

Non. Il ne faut pas oublier que, face à l’enjeu de notre persévérance, nous ne sommes pas seuls : Dieu nous soutient dans la mesure où nous Le prions et où nous mettons les moyens.

Cela est d’autant plus nécessaire que la société ne véhicule pas que des valeurs compatibles avec la foi chrétienne...

Vous-même étiez adolescente dans les années 70. Vous aviez eu une éducation religieuse mais devenue adulte, vous avez éprouvé le besoin de l‘approfondir. Pouvez-vous nous expliquer pourquoi et comment vous avez répondu à ce besoin ?

Arrivée à l’âge adulte, j’avais toujours la foi en Dieu, mais une foi non approfondie, non explicitée par manque de moyens, d’occasions. N’ayant pas de notions très claires, je n’avais pas non plus l’audace de chercher. Dans mes premiers contacts avec des membres de l’Opus Dei, j’ai été frappée et attirée par leur joie et les bases claires et solides de la formation qui était donnée. Je me suis mise à lire des auteurs spirituels. J’éprouvais le besoin de tout comprendre sur la foi, le pourquoi de l'Église, des sacrements... J’ai assisté à des récollections, des cours de théologie. J’avais l’impression que je rassemblais les pièces d’un puzzle et que se présentait à moi, petit à petit, un panorama cohérent et profond qui allait devenir le fondement de ma vie.