Comment t’est venue l’idée de ce projet un peu fou ?
Ce projet est né d’une discussion avec un camarade de prépa. Nous étions tous les deux en prépa et ressentions le besoin de vivre un projet à la fois sportif, fraternel et spirituel. L’idée de rejoindre Rome à vélo nous est venue assez naturellement : c’était une manière de reprendre le flambeau de mes deux grands frères, qui avaient rallié les JMJ de Lisbonne à vélo depuis Lourdes. Nous avons donc pédalé du 18 au 27 juillet, soit neuf jours d’effort pour 810 km et près de 9000 mètres de dénivelé ! La charge de travail en prépa ne nous a pas aidés à tout planifier, mais l’enthousiasme de nos proches et le soutien de notre entourage nous ont portés.
Y avait-il aussi une dimension solidaire dans votre projet ?
Oui, et c’était important pour nous. Nous avons choisi d’associer notre itinéraire à une cause qui nous tenait à cœur : l’ONG Les Baroudeurs de l’Espoir, qui œuvre pour la scolarisation des enfants au Moyen-Orient. Leur mission fait écho à l’héritage éducatif de Madeleine Daniélou. Cela donnait encore plus de sens à notre initiative : rouler pour prier, pour témoigner, mais aussi pour soutenir.
Ce périple était-il aussi une forme de pèlerinage ?
Absolument. Dès le départ, notre intention était claire : vivre un vrai pèlerinage, et arriver au Vatican non pas comme des touristes à vélo, mais comme des pèlerins venus prier aux pieds du successeur de Pierre. Chaque jour, nous avons essayé de garder une vie spirituelle simple mais régulière, fidèle à l’esprit de saint Josémaria : messe quotidienne, prière du chapelet, bénédicité, examen de conscience le soir… Cela nous a ancrés dans l’essentiel, malgré la fatigue et les imprévus.
Quel a été ton moment le plus fort ?
L’arrivée à Rome, bien sûr, a été un moment bouleversant : après tous ces kilomètres, poser les yeux sur la place Saint-Pierre… c’était à la fois une grande fierté et une immense grâce.
Mais le moment le plus marquant spirituellement reste, pour moi, ce soir-là, quand nous sommes revenus seuls sur la place, presque vide. Nous avons prié le chapelet aux intentions du pape, de l’Église et de la France. Il y avait un silence habité, une paix profonde. C’était comme un couronnement intérieur de notre démarche.
Et pendant le Jubilé, qu’est-ce qui t’a le plus touché ?
Il y a eu des temps très forts : l’adoration à Tor Vergata, la messe de clôture, le passage de la Porte Sainte… Et surtout, la joie de voir près d’un million de jeunes rassemblés dans la foi, venus de partout, unis dans la louange. À deux reprises, nous avons eu la chance de nous retrouver très près du pape Léon XIV, de croiser son regard, de recevoir son sourire et sa bénédiction. Deo gratias !

Que retiens-tu de cette aventure pour ta vie spirituelle ?
Je repars profondément renouvelé. Cette expérience m’a comblé de joie, mais aussi donné une conviction : celle que notre monde a soif de Dieu, même s’il l’ignore parfois. Et que nous, jeunes chrétiens, avons un rôle à jouer : par la prière, par la joie, par l’audace.
Je rentre avec le désir de m’engager encore davantage, avec assurance et confiance, auprès de ceux qui ont besoin de la présence du Christ.