Méditation : Fête de la Présentation du Seigneur au Temple

Les thèmes proposés pour la méditation du jour sont : la fête de la rencontre ; Syméon vivait dans l’espérance ; sous l’impulsion de l’Esprit Saint.

- La fête de la rencontre

- Syméon vivait dans l'espérance

- Sous l'impulsion de l'Esprit Saint


QUARANTE JOURS après la naissance de Jésus, la Sainte Famille se rend au Temple de Jérusalem afin d’accomplir les prescriptions de la loi : la présentation du premier-né (cf. Ex 13, 2. 12-13) et la purification de la mère (cf. Lv 12, 2-8). Les deux mystères sont réunis dans la fête d’aujourd’hui, puisqu’il s’agit du Fils de Dieu et de l’Immaculée.

D’un côté, la présentation du fils aîné se faisait en souvenir du salut des premiers-nés hébreux en Égypte. Selon la loi de Moïse, le fils premier-né était la propriété de Dieu et devait être « consacré au Seigneur » (Lc 2, 23). Dès lors, cette cérémonie était considérée comme une sorte de « rachat ». D’un autre côté, la purification de la mère se faisait quarante jours après l’accouchement. Jusqu’à ce moment, la femme ne pouvait pas fréquenter les lieux sacrés, car en mettant un enfant au monde elle restait marquée par une certaine impureté. Lors de la cérémonie de la purification un double sacrifice était offert : un agneau et une tourterelle ou deux petites colombes. « Et cette fois c’est toi, mon ami, qui vas porter la cage avec les tourterelles. — Te rends-tu compte ? Elle — l’Immaculée — se soumet à la Loi comme si elle était souillée » [1]. L’évangéliste précise que Marie et Joseph ont offert le sacrifice prévu pour les pauvres (cf. Lc 2, 24).

« Et soudain viendra dans son Temple le Seigneur » (Ma 3, 1), dit le prophète Malachie. C’est un moment unique, d’une grande beauté : le fils de Dieu entre dans son Temple. C’est pourquoi le psaume 23 chante : « Portes, levez vos frontons, élevez-vous, portes éternelles : qu’il entre, le roi de gloire ! Qui est ce roi de gloire ? C’est le Seigneur, le fort, le vaillant, le Seigneur, le vaillant des combats » (Ps 23, 7-9). Cependant, le « Dieu fort » n’a pas voulu entrer dans le Temple au son des trompètes, mais comme un enfant de plus, dans l’agitation permanente des gens, parmi les pèlerins, les dévots, les prêtres et les lévites ; personne n’était conscient de ce qui était en train de se passer. Seules deux vieilles personnes, Syméon et Anne, porteront dans leurs bras le « Roi de gloire ». Voilà pourquoi la fête de la Présentation du Seigneur au Temple, est « la fête de la rencontre : la nouveauté de l’Enfant rencontre la tradition du temple ; la promesse trouve un accomplissement ; Marie et Joseph, jeunes, rencontrent Syméon et Anne âgés. Tout, en somme, se rencontre quand arrive Jésus » [2].


SYMÉON était un « un homme juste et religieux, qui attendait la Consolation d’Israël, et l’Esprit Saint était sur lui. Il avait reçu de l’Esprit Saint l’annonce qu’il ne verrait pas la mort avant d’avoir vu le Christ, le Messie du Seigneur » (Lc 2, 25-26). Syméon était toujours prêt à rencontrer Dieu car, comme les vierges sages de la parabole, il portait un bassin rempli d’huile. C’est un vieil homme qui jouissait de la jeunesse permanente qu’apporte l’espoir. Mû par l’Esprit, il monta au Temple pour prier. Lorsqu’il a vu la famille venant de Bethléem, et lorsqu’il a regardé l’enfant, il a compris qu’il n’était pas l’un de ceux, nombreux, qui venaient chaque jour au Temple. Toutes les prophéties se sont réalisées dans ce bébé qu’il a pris dans ses bras : il était l’être attendu, le premier-né d’une humanité nouvelle, le consacré du Père.

« Syméon ne s’est pas laissé user par l’écoulement du temps. C’est un homme maintenant âgé, et pourtant la flamme de son cœur est encore allumée ; dans sa longue vie il aura parfois été blessé, déçu, et pourtant il n’a pas perdu l’espérance ; avec patience, il conserve la promesse sans se laisser envahir par l’amertume du temps passé ou par cette mélancolie résignée qui émerge lorsqu’on arrive au crépuscule de la vie. L’espérance de l’attente s’est traduite en lui dans la patience quotidienne de celui qui, malgré tout, est demeuré vigilant, jusqu’à ce que, finalement, “ses yeux voient le salut” (cf. Lc 2, 30) » [3].

Éclairé par l’Esprit Saint, Syméon a appelé l’enfant « lumière qui se révèle aux nations » (Lc 2, 29-35). La liturgie d’aujourd’hui débute par la procession des chandelles, pour signifier que le Christ est la lumière qui vient dans le monde afin d’illuminer les hommes qui, sans Dieu, buttent sur le chemin. La parole de Dieu, d’après saint Josémaria, « inonde les cœurs de lumière et d’espérance » [4]. C’est là une partie du secret de Syméon pour rester jeune : son ouverture sincère à la parole de Dieu, avec toujours un regard neuf.


APRÈS l’intervention de Syméon, la famille de Bethléem rencontre Anne, femme prophète d’âge avancé qui venait chaque jour au Temple « servant Dieu jour et nuit dans le jeûne et la prière » (Lc 2, 37). Cette veuve âgée, après avoir rencontré l’enfant, louait Dieu et parlait de l’enfant « à tous ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem » (Lc 2, 38). Les deux vieilles personnes prophétisent que Jésus est le Messie attendu et ont l’intuition que sa mort et sa résurrection sauvera tous les peuples.

La présence de l’Esprit Saint palpite dans la scène, il « anime les pas et les cœurs de ceux qui l’attendent. C’est l’Esprit qui suggère les paroles prophétiques de Syméon et d’Anne, paroles de bénédiction, de louange à Dieu, de foi dans son Consacré, d’action de grâce parce que finalement nos yeux peuvent voir et nos bras embrasser son salut » [5]. En Syméon et Anne, nous découvrons deux personnes dociles aux motions divines. Le Saint-Esprit était la force motrice de leur vie, « était en eux », les guidait, les poussait, parlait dans leur cœur. Ils sont une icône de sainteté, car ils écoutent et proclament la Parole de Dieu, en cherchant résolument le visage du Christ.

« Dans le temple, Jésus vient à notre rencontre et nous allons à sa rencontre à lui. Nous contemplons la rencontre avec le vieux Syméon, qui représente l’attente fidèle d’Israël et l’exultation du cœur pour l’accomplissement des antiques promesses. Nous admirons également la rencontre avec Anne, la prophétesse âgée qui en voyant l’Enfant exulte de joie et de louange à Dieu. Syméon et Anne sont l’attente et la prophétie, Jésus est la nouveauté et l’accomplissement : Il se présente à nous comme la surprise de Dieu éternelle ; dans cet enfant né pour tous se rencontrent le passé, fait de mémoire et de promesses, et l’avenir, plein d’espérance » [6]. Nous pouvons imaginer comment Syméon et Anne ont admiré la Vierge Marie qui avait porté cette espérance dans son sein. Elle peut intercéder pour que le souffle de l’Esprit Saint, qui rend nouvelles toutes choses, ne manque jamais dans notre vie.


[1]. Saint Josémaria, Saint Rosaire, Quatrième mystère joyeux.

[2]. Pape François, Homélie, 2 février 2019.

[3]. Pape François, Homélie, 2 février 2021.

[4]. Saint Josémaria, Chemin de Croix, 1ère station.

[5]. Benoît XVI, Homélie, 2 février 2013.

[6]. Pape François, Homélie, 2 février 2016.