Achève au moins un de tes projets

William Keenan, Angleterre

William Keenan rencontra l’Opus Dei à Manchester dans les années 60. Écrivain et journaliste, il a longtemps travaillé pour « The Daily Mirror » comme critique de télévision et journaliste scientifique. Il a écrit des romans policiers et des pièces de théâtre-radio pour la BBC.

Mon premier contact avec l’Opus Dei eut lieu chez un médecin de ma paroisse qui nous réunissait chez lui. Il avait invité ce jour-là un prêtre de l’Opus Dei qui fit un cours fascinant sur la recherche de la sainteté au quotidien.

À l’époque j’étais journaliste du Daily Express de Manchester. Je travaillais de 16h ou 17h à 3h du matin. Si je rentrais directement chez moi, je savais que j’aurais du mal à m’endormir et regarderais mon plafond tout en programmant des articles ou en composant des titres de manchettes dans ma tête. Aussi, je passais avant au Club de la Presse de l’Albert Square pour boire une ou deux bières. Je ne rentrais donc que vers 4h pour ne me lever que le lendemain à midi. Ensuite, j’essayais de gribouiller quelque chose jusqu’à l’heure de repartir au bureau.

Le médecin qui nous avait invités n’était pas de l’Opus Dei mais participait aux récollections mensuelles du Greygarth Hall, centre de l’Opus Dei à Manchester. Il me proposa de venir avec lui le mois suivant, mais il en fut empêché, c’est pourquoi je suis allé aux récollections de mon côté.

Ces “récollections” étaient faites de deux méditations prêchées par un prêtre et suivies d’un Salut au Saint Sacrement. Puis nous prenions un thé. Au bout de la soirée, ce que j’avais retenu ce n’était pas le contenu des causeries, mais la joie des personnes avec lesquelles je m’étais entretenu pendant le thé. Cela m’encouragea à revenir tous les mois.

Je fis alors la connaissance d’un jeune ingénieur avec lequel je m’entretenais volontiers. Je lui ai incidemment parlé d’un polar que j’étais en train d’écrire. Nous nous sommes retrouvés et il m’a tout de suite demandé des nouvelles de ce travail qui n’avait pas marché et que j’avais laissé tomber. Il me parla alors du point n° 42 de Chemin : « Pourquoi ces flottements de caractère ? Quand fixeras-tu enfin ta volonté sur quelque chose ? Oublie ton penchant pour les premières pierres et fais en sorte de poser la dernière pierre à un seul de tes projets. »

Ça tombait bien. J’ai brassé cette idée dans ma tête et réalisé que tous mes projets étaient inachevés. Le roman policier était assez avancé, j’ai donc décidé de le terminer.

Je l’ai envoyé à mon éditeur, persuadé qu’il ne valait pas grand-chose. Cependant, il l’a tout de suite accepté, tout comme deux autres policiers, une biographie et huit pièces de théâtre pour les samedis de la BBC. Il m’était souvent arrivé d’avoir déjà écrit les trois quarts d’une œuvre et de tout laisser de côté pour commencer quelque chose d’autre. Désormais, il me fallait achever chaque projet.

Depuis, j’ai rencontré d’autres écrivains dans le même cas et leur ai parlé de ce point de Chemin. L’un de mes amis, par exemple, devait écrire une pièce pour la télévision. Il m’a appelé pour me dire qu’il n’arrivait pas à la finir. Quelque chose ne tournait pas rond dans ce texte et il était sur le point de rembourser la BBC qui l’avait payé d’avance. Je l’ai invité à prendre un pot et convaincu de ne pas rembourser mais d’achever son travail. Cette pièce fut jouée sans retouches… J’ai pu vérifier encore une fois que l’enseignement de ce point de saint Josémaria n’avait pas aidé que moi. Il a touché beaucoup de mes amis.

Témoignage publié dans The New Statesman, London, England, UK