- S’émerveiller de l’autorité de Jésus.
- L’Évangile nous rend libres.
JESUS souhaitait prêcher à Capharnaüm, non seulement parce que c’était le lieu d’origine de plusieurs apôtres, mais aussi en raison de l’ouverture à son enseignement qu’il y trouvait. En effet, c’était un grand village de pêcheurs sur les bords de la mer de Galilée, avec un grand nombre de marchands et de garnisons romaines, ainsi qu’une importante synagogue. C’était donc un lieu où convergeaient Juifs et païens, autochtones et voyageurs, de sorte qu’il y avait une grande convergence des mentalités.
Lors d’une descente de Jésus à Capharnaüm, saint Luc souligne l’étonnement suscité par son enseignement : « on était frappé par son enseignement car sa parole était pleine d’autorité » (Lc 4, 32). Nous pouvons imaginer les différents auditeurs de la prédication du Seigneur, qui lui prêtaient attention, peut-être poussés par l’espérance, l’intérêt ou la curiosité. Ils observent le rapport entre ses paroles merveilleuses et ses gestes, ses réactions à l’égard des gens, ses attitudes face aux incidents de la vie du village. Contrairement à ce qui arrivait souvent à certains pharisiens, le discours du Christ provoquait chez eux une fascination qui émanait de son autorité. Non seulement il parlait de réalités plus ou moins belles, mais ils voyaient aussi dans sa façon d’agir la confirmation de ce qu’il enseignait.
En lisant et en méditant l’Évangile, nous pouvons nous aussi nous émerveiller de la figure de Jésus comme ses contemporains. « Dans ta prière, je te conseille d’intervenir dans les scènes de l’Évangile, comme un personnage de plus. Représente-toi d’abord la scène ou le mystère, qui te servira à te recueillir et à méditer. Ensuite mets à contribution ton intelligence pour contempler un trait de la vie du Maître : son Cœur attendri, son humilité, sa pureté, son accomplissement de la Volonté du Père. Puis raconte-lui ce qui t’arrive d’ordinaire dans ce domaine, ce qui se passe chez toi, en ce moment. Demeure attentif. Il voudra peut-être t’indiquer quelque chose : c’est alors que viendront les motions intérieures, les découvertes, les reproches » [1]
PENDANT le séjour du Seigneur à Capharnaüm, « il y avait dans la synagogue un homme possédé par l’esprit d’un démon impur, qui se mit à crier d’une voix forte : “Ah ! que nous veux-tu, Jésus de Nazareth ? Es-tu venu pour nous perdre ? Je sais qui tu es : tu es le Saint de Dieu”. Jésus le menaça : “Silence ! Sors de cet homme”. Alors le démon projeta l’homme en plein milieu et sortit de lui sans lui faire aucun mal. Tous furent saisis d’effroi et ils se disaient entre eux : “Quelle est cette parole ? Il commande avec autorité et puissance aux esprits impurs, et ils sortent !” » » (Lc 4, 33-36).
Le Seigneur a le pouvoir sur les esprits impurs. Dans cette scène, le diable le défie et l’appelle avec impertinence le Saint de Dieu, montrant à la fois sa connaissance de sa mission et sa rébellion contre l’œuvre du salut. Malgré sa force apparente, il obéit à l’ordre de Jésus et, à ses mots, il quitte immédiatement le corps de l’homme. Un phénomène similaire se répète à d’autres moments de l’Évangile. Des personnes qui, pendant de nombreuses années, ou même depuis leur naissance, ont été asservies par le démon ou par la maladie, ce qui leur a parfois valu d’être méprisées par leurs contemporains. Et la rencontre avec le Seigneur ne va pas seulement restaurer leur condition physique, mais leur permettre d’avoir un nouveau rapport à la vie : ils pourront à nouveau jouir de la compagnie de leurs proches et leurs rapports avec Dieu seront marqués par une foi renouvelée.
« L’Évangile est une parole de vie : il n’opprime pas les personnes, au contraire, il libère celles qui sont esclaves de nombreux esprits mauvais de ce monde : l’esprit de vanité, l’attachement à l’argent, l’orgueil, la sensualité… L’Évangile change les cœurs, change les vies, transforme les mauvais penchants en bonnes intentions. L’Évangile est capable de changer les gens. C’est pourquoi il incombe aux chrétiens de répandre partout la puissance rédemptrice, en devenant des missionnaires et des hérauts de la Parole de Dieu » [2].
EN PLUS de l’Évangile, les indications de Jésus nous parviennent à travers l’Église et les différentes médiations que le Seigneur utilise pour nous faire connaître sa volonté. Comme le rappelle le prélat de l’Opus Dei : « Dieu peut aussi nous faire connaître sa volonté à travers les personnes qui nous entourent, avec plus ou moins d’autorité selon les cas et les contextes. Savoir que Dieu peut nous parler à travers d’autres personnes ou à travers des événements plus ou moins ordinaires, la conviction que nous pouvons l’écouter là, génère en nous une attitude docile à l’égard de ses desseins, cachés aussi dans les paroles de ceux qui nous accompagnent sur notre chemin » [3].
L’étymologie du mot « obéir » vient du latin ob-audire, qui signifie « savoir écouter ». Pour suivre le Christ de près, nous avons parfois besoin de vérifier nos idées auprès de ceux qui nous connaissent bien, car nous ne savons pas toujours ce qui est bon pour nous. La volonté de Dieu n’est généralement pas présentée de manière claire et évidente. « Savoir écouter » signifie donc être ouvert à ce que les autres voient. Cela peut être difficile à accepter, surtout si le comportement sur lequel nous délibérons nous plaît ou est très difficile pour nous. C’est pourquoi il est essentiel d’être constamment disposé à prendre en considération les conseils que nous recevons de la part de personnes qui nous aiment et qui ont la grâce de Dieu pour nous aider ; nous devons les apprécier comme une aide du Seigneur pour discerner quelle est sa volonté.
Seigneur, que veux-tu de moi ? De ce point de vue, on peut comprendre la grandeur de la vertu d’obéissance. Celui qui l’exerce ne se diminue pas ; au contraire, il devient grand par sa volonté de faire ce que Dieu veut, au point de ne pas vouloir se tromper lui-même dans le discernement de sa mise en pratique. La Vierge Marie, en effet, a été grande parce qu’elle a su écouter ce que Dieu voulait d’elle et faire sa volonté. « Chez Marie, rien ne rappelle l’attitude de ces vierges folles qui obéissent, il est vrai, mais sans réfléchir. Notre Dame écoute avec attention ce que Dieu veut d’elle ; elle médite ce qu’elle ne comprend pas ; elle interroge sur ce qu’elle ne sait pas. Ensuite, elle s’applique de tout son être à accomplir la volonté divine : « Je suis la servante du Seigneur ; qu’il m’advienne selon ta parole ! » [4]
[1]. Saint Josémaria, Amis de Dieu, n° 253.
[2].Pape François, Angélus, 1er février 2015.
[3]. Mgr Fernando Ocariz, Lettre pastorale, 10 février 2024, n° 6
[4]. Saint Josémaria, Quand le Christ passe, n° 173.