- Dieu est tout près, dans la Sainte Écriture,
- Jésus est la Parole faite chair,
- ouvrir notre âme à la vie de Jésus.
LE DIMANCHE de la Parole de Dieu, que nous célébrons aujourd’hui, a été établi pour « faire grandir dans le peuple du Seigneur la religiosité et l’assiduité familière avec les Saintes Écritures »[1]. C’est pourquoi l’Église nous suggère que « dans la célébration eucharistique, l’on puisse introduire le texte sacré, de manière à rendre évidente à l’assemblée la valeur normative que possède la Parole de Dieu » [2].
L’origine de cette action se trouve dans le livre de Néhémie. Le peuple d’Israël venait de retourner sur la terre promise, après les longues années d’exil à Babylone. Une fois à Jérusalem, Esdras, prêtre et scribe, a réuni l’assemblée, hommes et femmes, tout ceux qui étaient capables de comprendre, et il commence à lire le livre de la loi hissé sur une tribune en bois bâtie pour la circonstance. Il lit sans discontinuer depuis l’aube jusqu’à midi. L’attitude d’écoute et de vénération des Écritures dont les assistants font preuve est fort émouvante. « Esdras ouvrit le livre ; tout le peuple le voyait, car il dominait l’assemblée. Quand il ouvrit le livre, tout le monde se mit debout. Alors Esdras bénit le Seigneur, le Dieu très grand, et tout le peuple, levant les mains, répondit : “Amen ! Amen !” Puis ils s’inclinèrent et se prosternèrent devant le Seigneur, le visage contre terre » (Ne 8, 5-6). Grâce à la lecture et à l’explication des textes, le peuple a pu saisir dans ces propos le sens le plus profond des événements qu’ils avaient vécus. Un grand nombre a réagi avec émotion, jusqu’aux larmes.
Le peuple élu a fait souvent l’expérience de la proximité de Dieu, tout au long de l’histoire du salut. Il s’agit d’un Dieu qui, par le biais des Écritures, révèle aux hommes la vérité la plus profonde sur leur condition de créatures aimées, ainsi que sur les modalités de leur relation avec leur créateur, pour qu’ils soient heureux au long de leur parcours terrestre. Devant la bonté et la proximité de Dieu, le psalmiste s’exclame reconnaissant : « Les préceptes du Seigneur sont droits, ils réjouissent le cœur ; le commandement du Seigneur est limpide, il clarifie le regard » (Ps 18, 9).
JÉSUS revient à Nazareth, « où il avait été élevé » (Lc 4, 16). Une fois sur place, il s’est rendu à la synagogue le jour du sabbat selon son habitude. En ce jour de repos et de prière, les Juifs se réunissaient pour écouter la Sainte Écriture et recevoir les enseignements des maîtres. Après plusieurs prières, celui qui présidait invitait l’un ou l’autre parmi les gens présents, bien préparé, à lire et à commenter les Écritures. Parfois, quelqu’un se portait volontaire pour le faire.
Tel fut peut-être le cas pour Jésus, qui, se levant, prit le rouleau prévu et lut les mots suivants du prophète Isaïe : « L’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs leur libération, et aux aveugles qu’ils retrouveront la vue, remettre en liberté les opprimés, annoncer une année favorable accordée par le Seigneur » (Lc 4, 18-19). Une fois la lecture achevée, alors que Jésus roulait le manuscrit, « tous, dans la synagogue, avaient les yeux fixés sur lui » (Lc 4, 20). Un moment sans doute d’une grande intensité, dans une grande expectative. Ses compatriotes, qui le connaissaient depuis son enfance, avaient envie de vérifier si tout ce qu’on disait à son sujet, miracles et guérisons, était vrai, de même que ses enseignements savants donnés avec autorité. Ils s’attendaient, avec peut-être un certain scepticisme, à entendre quelque chose d’extraordinaire. Or, les mots de Jésus pour commenter les propos du prophète sont allés bien plus loin que toutes leurs prévisions. « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre » (Lc 4, 21).
L’Écriture s’est accomplie. Ce qu’il dit, ce ne sont plus des promesses mais la réalité. La Parole s’est incarnée dans le Christ. Ceux qui l’écoutaient, et nous avec eux, ce sont ces captifs, ces aveugles et ces opprimés qui peuvent maintenant recevoir la grâce du Seigneur. Dieu, qui s’était déjà fait tout proche dans la Sainte Écriture, s’est approché plus encore de nous de façon inattendue et insolite : en assumant notre condition humaine. La parole de Dieu acquiert un nouveau sens. Nous découvrons qu’en réalité elle parle du Christ du début à la fin. « Nous devons, en effet, reproduire en nous le Christ vivant, en connaissant le Christ, à force de lire la Sainte Écriture et de la méditer » [3].
« EN TANT que chrétiens, nous sommes un seul peuple qui marche dans l’histoire, fort de la présence du Seigneur parmi nous qui nous parle et nous nourrit. […] Il est nécessaire, dans ce contexte, de ne pas oublier l’enseignement qui vient du livre de l’Apocalypse. Il est dit ici que le Seigneur est à la porte et qu’il frappe. Si quelqu’un entend sa voix et lui ouvre, il entre pour dîner avec lui (cf. 3, 20). Le Christ Jésus, à travers l’Écriture Sainte, frappe à notre porte ; si nous écoutons et ouvrons la porte de notre esprit et celle de notre cœur, alors il entrera dans notre vie et demeurera avec nous » [4].
Nous ne parvenons pas toujours à écouter Dieu. Nous vivons dans un monde dominé par les mots, les bruits, les distractions. Il se peut que, par moments, nous nous sentions dépassés. Ce qui ne facilite pas quelque chose de simple en apparence, l’écoute, l’attention réfléchie, l’accueil des mots qui comptent réellement. Voilà quelque chose que nous pouvons développer : demander au Seigneur un désir plus vif de l’écouter lorsque la Parole de Dieu est proclamée pendant la sainte messe, lorsque nous lisons personnellement la Bible, ou lorsque nous faisons un moment de prière en méditant les textes sacrés.
« Quand on aime quelqu’un, on désire connaître tous les détails de sa vie et de son caractère, de façon à s’identifier à lui. C’est pourquoi nous devons méditer la vie de Jésus. […] Car il nous faut bien la connaître, l’avoir tout entière dans notre tête et dans notre cœur, afin qu’à tout moment, sans qu’il soit besoin d’aucun livre, en fermant les yeux, nous puissions la voir comme dans un film » [5]. La Vierge Marie nous accompagne sur le chemin de l’écoute de la Sainte Écriture, elle qui fut appelée bienheureuse parce qu’elle a cru à l’accomplissement de ce que le Seigneur lui avait dit (cf. Lc 1, 45). Demandons-lui que nous sachions, comme elle, accueillir et garder dans notre cœur tout ce que le Seigneur nous transmet par sa Parole.
[1]. Pape François, Aperuit illis, 30 septembre 2019, n° 15.
[2]. Ibid., n° 3.
[3]. Saint Josémaria, Quand le Christ passe, n° 14.
[4]. Pape François, Aperuit illis, 30 septembre 2019, n° 8.
[5]. Saint Josémaria, Quand le Christ passe, n° 107.