Le Prélat en la fête de saint Josémaria : « Dieu ne cesse pas de nous aimer lorsque nous commettons des erreurs »

Homélie de Mgr Fernando Ocáriz en la fête de saint Josémaria, en la basilique Saint Eugène (Rome).

Homélie du 26 juin 2024

Fête de saint Josémaria

En ce jour de fête, et à la lumière des lectures de la Messe, nous pouvons considérer deux aspects de la vie de saint Josémaria qui nous montrent ce que fut sa relation avec Dieu : la filiation divine et la sanctification du travail.

La filiation divine

« Vous n’avez pas reçu un esprit qui fait de vous des esclaves et vous ramène à la peur – dit saint Paul dans l'une des lectures que nous venons de lire – mais vous avez reçu un Esprit qui fait de vous des fils ; et c’est en lui que nous crions Abba ! c’est-à-dire : Père ! » (Rm 8, 15). Par le Baptême, nous sommes enfants de Dieu dans le Christ, ce qui implique une nouvelle manière de voir Dieu, marquée par l'amour, la confiance et la simplicité, qui sont les attitudes d'un fils envers son père.

Savoir que nous avons un Père qui nous aime infiniment nous permet de mener une vie joyeuse et épanouie, et nous incite à éclairer tous les domaines de notre existence de cet amour, de cette confiance et de cette simplicité, même au milieu des difficultés ou lorsque nous ressentons le plus fortement nos défauts. Dieu nous aime pour ce que nous sommes – ses enfants – et non pour ce que nous faisons, pour nos réussites. Et en même temps, il ne cesse de nous aimer lorsque nous commettons des erreurs. Comme nous le rappelle le Pape, Dieu nous embrasse « toujours après nos chutes, en nous aidant à nous relever et à nous mettre debout » (Discours, 26 janvier 2019). Notre vie est un retour continuel à la maison du Père, comme le fils prodigue, sachant qu'Il nous attend les bras ouverts.

Il n'y a donc rien de plus opposé à notre condition d'enfant de Dieu que la peur. « Un fils de Dieu, disait saint Josémaria, n'a peur ni de la vie ni de la mort parce que le sens de la filiation divine est le fondement de sa vie spirituelle : Dieu est mon Père, pense-t-il, et il est l'Auteur de tout bien, la Bonté même » (Forge, n° 987).

Cela ne veut pas dire que nous ne sommes pas affectés par les coups que nous recevons ou les mauvaises passes que nous traversons dans la vie. Lorsque survient un problème familial, une maladie ou un revers financier, il est normal, surtout au premier abord, de ressentir un certain vertige. Il peut nous arriver la même chose lorsque nous contemplons la situation du monde : comment ne pas nous souvenir dans notre prière, parmi tant de besoins, de la guerre entre l'Ukraine et la Russie ou de la terrible situation en Terre Sainte ?

Misa de san Josemaría en Roma

La fragilité que nous ressentons dans nos vies et l'instabilité de la paix dans le monde peuvent, en même temps, être une aide pour notre force si elles nous poussent à nous réfugier dans l'amour qui ne manque jamais, appuyés sur ce rocher qui est beaucoup plus solide que ce que les réalités terrestres peuvent nous offrir. « Réfugie-toi dans la filiation divine : Dieu est ton Père très aimant. Voilà ta sécurité, le mouillage où tu peux jeter l’ancre, quoi qu’il arrive à la surface de cette mer qu’est la vie. Et tu y trouveras la joie, la vigueur, l’optimisme, la victoire ! » (Chemin de Croix, VIIème station, no 2).

Sanctification du travail

Dans la première lecture, nous avons rappelé un autre passage qui nous parle du dessein de Dieu sur le monde. Il s'agit du passage qui raconte comment Dieu créa l'homme « et le conduisit dans le jardin d’Éden pour qu’il le travaille et le garde » (Gn 2, 15). Il est agréable de pouvoir considérer à nouveau que le travail – qui occupe une bonne partie de notre temps – est une chose merveilleuse. Parfois, il semble nous tirer vers le bas – parce que nous n'aimons pas ce que nous faisons, ou parce que cela devient compliqué ou, tout simplement, parce que nous sommes fatigués – mais le texte de la Genèse nous rappelle que le travail n'est pas une conséquence du péché originel : dès son origine, l'homme a l'honneur de participer à la construction d'un monde meilleur grâce à son travail. Le Christ lui-même a passé la plus grande partie de sa vie à exercer un métier. Ces années de travail ont également contribué à notre rédemption. Jésus nous montre ainsi que toute tâche peut contenir une valeur plus profonde que celle que l'on peut apprécier humainement.

Saint Josémaria avait l'habitude de répéter que la grandeur du travail dépend de l'amour avec lequel on l'accomplit. Un amour qui se manifeste dans le souci du détail, dans l'empressement à servir les autres, dans le sourire adressé à tous, dans le professionnalisme avec lequel nous accomplissons nos tâches... Et tout cela avec le désir principal de rendre gloire à Dieu et de servir les autres qui sont aussi les enfants de Dieu lui-même. « C’est pourquoi l’homme ne peut se limiter à faire des choses, à fabriquer des objets – commentait saint Josémaria –. Le travail naît de l’amour, manifeste l’amour et s’ordonne à l’amour. Nous reconnaissons Dieu, non seulement dans le spectacle que nous offre la nature, mais aussi dans l’expérience de notre travail et de notre effort. Le travail est ainsi prière, action de grâces, parce que nous savons que c’est Dieu qui nous a placés sur terre, nous savons qu’il nous aime et que nous sommes les héritiers de ses promesses » (Quand le Christ passe, no 48).

Recourons à l'intercession maternelle de Sainte Marie, en lui demandant de nous aider à nous savoir et à nous sentir toujours les enfants préférés de Dieu et à trouver son Fils dans notre travail accompli par amour.

Ainsi soit-il.