Homélie du Nonce Apostolique à l’occasion de la Fête de saint Josémaria

Comme chaque année, des messes en l’honneur de saint Josémaria sont célébrées en R.D. du Congo

Homélie de S.E. Mgr Adolfo Tito C. Yllana

Nonce Apostolique

Fête de St. Josémaria Escriva de Balaguer

Cathédrale Notre Dame du Congo, le 27 juin 2011

Excellences les Représentants des Hautes Autorités Civiles,

Excellences  les Chefs de Missions Diplomatiques

Chers frères dans le sacerdoce,

Chers frères et sœurs dévoués à St Josémaria Escriva

Chers frères et sœurs

Hier, dimanche le 26 juin, la fête liturgique de saint Josémaria Escriva de Balaguer, fondateur de l’Opus Dei, a coïncidé avec la solennité de la fête du Saint Sacrement, du Corps et du Sang de Christ. Ce soir nous nous retrouvons dans cette Cathédrale Notre Dame du Congo pour célébrer la Messe en commémoration de Saint Josémaria Escriva, le « saint de l’ordinaire », comme le Bienheureux Jean Paul II le qualifia le lendemain de sa canonisation[i].

Josémaria Escriva, par sa vie et par son témoignage, a été reconnu par l’Eglise comme un modèle de sainteté, modèle de perfection chrétienne que nous tous pouvons émuler.

Cette heureuse commémoration nous ouvre l’occasion de comprendre en profondeur le message que l’Eglise a adressé à nous tous fidèles, peuple de Dieu. 

Dans la Constitution Dogmatique Lumen Gentium, « Lumière des Nations », les Pères de l’Eglise nous enseignent : «Il est donc bien évident pour tous que l’appel à la plénitude de la vie chrétienne et à la perfection de la charité s’adresse à tous ceux qui croient au Christ, quel que soit leur état ou leur forme de vie; dans la société terrestre elle-même, cette sainteté contribue à promouvoir plus d’humanité dans les conditions d’existence. Les fidèles doivent s’appliquer de toutes leurs forces, dans la mesure du don du Christ, à obtenir cette perfection, afin que, marchant sur ses traces et se conformant à son image, accomplissant en tout la volonté du Père, ils soient avec toute leur âme voués à la gloire de Dieu et au service du prochain. Ainsi la sainteté du Peuple de Dieu s’épanouira en fruits abondants, comme l’histoire de l’Église  le montre de façon éclatante à travers la vie de tant de saints l’histoire de l’Église ». (40)

Et Saint Josémaria a répondu à cet appel de l’Esprit, dont nous parlent les Pères de l’Eglise, dans toute simplicité, en faisant des actions ordinaires, mais en les faisant toutes pour l’amour de Dieu : un véritable saint de l’ordinaire.

Dans la 2ème lecture de la Liturgie de la Parole, Saint Paul affirme la réalité de notre être chrétiens. L’Apôtre explique ce que signifie être fils de Dieu : « tous ceux qui se laissent conduire par l’Esprit de Dieu, ceux-là sont fils de Dieu. […] c’est un Esprit qui fait de vous de fils ».

Par conséquent, nous entrons dans une vraie réalité, très profonde : la paternité de Dieu. Donc nous pouvons crier vers le Père « en l’appelant ‘Abba’ ». Dieu est notre Père et nous sommes enfants de Dieu.

C’est dans cet Esprit que Notre Seigneur Jésus Christ, en s’adressant a ses disciples et à tous ceux qui l’écoutent, proclame : « Vous donc, soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait » (Mt 5, 48).

La sainteté, ou la perfection chrétienne, consiste dans l’accomplissement de la volonté de Dieu, ce que Saint Paul dit à la communauté des Thessaloniciens : « Et voici quelle est la volonté de Dieu : c’est votre sanctification » (1 Th. 4,3).

Cet appel à la perfection nous demande d’œuvrer et de vivre avec amour et poussés par l’Esprit de Dieu : « Et en effet – comme dit le Concile Vatican II - à tous il a envoyé son Esprit pour les mouvoir de l’intérieur à aimer Dieu de tout leur cœur, de toute leur âme, de toute leur intelligence et de toutes leurs forces (cf. Mc 12, 30), et aussi à s’aimer mutuellement comme le Christ les a aimés (cf. Jn 13, 34 ; 15, 12) ».

Josémaria Escrivá, par sa vie et par son témoignage, a été reconnu par l’Eglise comme un modèle de sainteté, modèle de perfection chrétienne que nous tous pouvons émuler

Peut être que quelquefois la perfection chrétienne devienne pour nous comme une condition éthérée, presque impossible à rejoindre. Le Pape Benoît XVI nous conseille de nous mettre « à l’écoute de qui a véritablement vécu la Parole de Dieu, c’est-à-dire les saints »

Saint Josémaria nous montre comment y arriver avec les moyens très ordinaires, en élevant toujours notre cœur envers Dieu : « Le véritable champ de notre existence chrétienne, est la vie ordinaire. » (…) « Vous devez maintenant comprendre — avec une clarté nouvelle — que Dieu vous appelle à le servir dans et à partir des tâches civiles, matérielles, séculières de la vie humaine : c’est dans un laboratoire, dans la salle d’opération d’un hôpital, à la caserne, dans une chaire d’université, à l’usine, à l’atelier, aux champs, dans le foyer familial et au sein de l’immense panorama du travail, c’est là que Dieu nous attend chaque jour. Sachez-le bien : il y a quelque chose de saint, de divin, qui se cache dans les situations les plus ordinaires et c’est à chacun d’entre vous qu’il appartient de le découvrir. »[ii]

Dans la 1ère lecture, après l’avoir créé, Dieu voulait faire participer l’homme à son œuvre de création. Dans le dessein de Dieu, l’homme est appelé à soutenir et à continuer cette perfection, qui se trouve dans tous ce que Dieu a fait. On vient d’écouter ces paroles dans le livre de la Genèse : « Le Seigneur Dieu prit l’homme et le conduisit dans le jardin d’Éden pour qu’il le travaille et le garde ».

Alors l’homme est appelé par Dieu à vivre son existence, à travailler et à garder la perfection qu’il a reçue par Dieu, son Créateur.

On se souvient des paroles de Saint Irénée, le Père de l’Eglise qui disait : « La gloire de Dieu c’est l’homme pleinement vivant ». C’est vrai ! La gloire de Dieu se manifeste dans la perfection de l’homme, dans sa sainteté, comme l’Eglise nous montre à travers les vies des saints.

La sainteté, ou la perfection chrétienne, consiste dans l’accomplissement de la volonté de Dieu

Le 6 octobre 2002, dans l’homélie de la Messe de canonisation de Josémaria Escrivá, le Bienheureux Jean Paul II nous rappelait : « Le travail, et toute autre activité, menée à bien avec l'aide de la Grâce, se convertissent en instruments de sanctification quotidienne. » 

Dans l’Evangile d’aujourd’hui, Luc conclue l’épisode de la pêche, en écrivant : « Alors ils ramenèrent les barques au rivage et, laissant tout, ils le suivirent. » 

Cet épisode de l’Evangile nous révèle comment en tous ce que nous faisons, dans toutes nos activités quotidiennes et professionnelles, dans toutes nos épreuves, il y a une constante : le Christ qui nous appelle à Le suivre. Les disciples de Jésus comprirent ce message et laissèrent tout pour Le suivre. Quoi comporte suivre Jésus ? Lui-même, il nous le dit : « Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renie lui-même, qu’il se charge de sa croix, et qu’il me suive ».

(Mt 16,24 ; Mc 8, 34)

Mais Jésus s’adresse personnellement aujourd’hui à chacun et chacune de nous et il nous indique ce que nous devrions apprendre par Lui : « Chargez-vous de mon joug et mettez-vous à mon école, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez soulagement pour vos âmes ».

Dans l’audience générale du 16 février courant, Notre Saint Père Benoît XVI nous aide à comprendre comment ce joug et ce fardeau de Christ nous amènent à la véritable perfection: « … nous pouvons comprendre que le chemin avec le Christ, aller avec le Christ, «le Chemin», n’est pas un poids ajouté au fardeau déjà assez difficile de notre vie, ce n’est pas quelque chose qui rendrait encore plus lourd ce fardeau, mais il s’agit d’une chose totalement différente, c’est une lumière, une force, qui nous aide à porter ce fardeau. Si un homme porte en lui un grand amour, cet amour lui donne presque des ailes, et il supporte plus facilement toutes les épreuves de la vie, car il porte en lui cette grande lumière; telle est la foi:

être aimé par Dieu et se laisser aimer par Dieu en Jésus Christ. Se laisser aimer est la lumière qui nous aide à porter le fardeau de chaque jour. Et la sainteté n’est pas notre œuvre, très difficile, mais elle est précisément cette «ouverture»: ouvrir les fenêtres de notre âme pour que la lumière de Dieu puisse entrer, ne pas oublier Dieu car c’est précisément dans l’ouverture à sa lumière que se trouve la force, la joie des rachetés. Prions le Seigneur afin qu’il nous aide à trouver cette sainteté, à nous laisser aimer par Dieu, qui est notre vocation à tous. »

La fidélité au Christ nous ouvre le chemin vers le Père. L’amour pour le Christ nous fait reconnaître que nous sommes des véritables fils de Dieu, qui est amour.

Remercions Dieu qui nous a donné Josémaria Escrivá. Maintenant nous pouvons imiter ce saint, nous identifier à lui dans notre chemin pour arriver à la sainteté

Etre disciples du Christ c’est acheminer dans sa même voie, qui est tracée par l’amour du Père pour nous : c’est la perfection, la sainteté, la perfection chrétienne, l’amour du Christ pour nous.

Par cet amour on peut comprendre comment les disciples, qui après toute la nuit n’avaient pas pris de poissons, après un moment en croyant dans les paroles puissantes de Christ, jettent encore les filets et ils trouvent les poissons.

La célébration d’aujourd’hui donc, en fêtant la mémoire de Saint   Josémaria Escriva, nous approche au Christ : le Christ amour, le Christ vivant, comme on a célébré hier dans la solennité du Corpus Domini ; le Christ vérité que nous devons toujours écouter et suivre. 

Et le Saint d’aujourd’hui a vécu ce réalité : parmi toutes les activités et taches quotidiennes, parmi toutes les préoccupations, il trouvait toujours le temps pour prier et adorer le SS. Sacrement, en se mettant à l’écoute de la Parole. 

Comme les disciples d’Emmaüs, prenons le chemin de notre vie avec Jésus, en marchant pour arriver à découvrir Dieu parmi nous, Dieu qui dans la 1ère lecture avait modelé l’homme à son image : à la perfection.

Remercions Dieu qui nous a donné Josémaria Escrivá. Maintenant nous pouvons imiter ce saint, nous identifier à lui dans notre chemin pour arriver à la sainteté.

Dans cette célébration eucharistique élevons nos cœurs à Notre Mère, Mère de l’Eglise, la Vierge Marie qui – avec son fiat et son accomplissement de la volonté de Dieu, la Parole - est le modèle par excellence de la perfection : qu’elle nous accompagne jusqu’à atteindre cette perfection, la sainteté de vie, à laquelle nous tous sommes appelés.

Amen.

[i] Bienheureux Jean Paul II, Audience avec les pèlerins vénus à la Canonisation de Josémaria Escriva, 7-X-2002.

[ii] Saint Josémaria, Entretiens avec le Fondateur de l’Opus Dei, 113-114.