L’apostolat mené par les premiers membres de l’Opus Dei dans les pays européens, au lendemain de la guerre civile espagnole, a porté des fruits nombreux. Éventuellement, un jeune prêtre français de l’Opus Dei, Dominique Le Tourneau, devait venir étudier à Rome; c’est là qu’il a connu saint Josémaria et vécu deux ans à ses côtés.
Aujourd’hui aumônier d’une école parisienne pour filles et juge au Tribunal inter-diocésain de Champagne-Picardie, Mgr Le Tourneau est aussi professeur invité à l’Université de Navarre et auteur de plusieurs ouvrages, dont Le code de droit canonique annoté et, dans la collection Que sais-je?, des titres L’Opus Dei et L’Église et l’État en France.
Lors d’un colloque qui s’est tenu à Montréal le 25 janvier 2003, autour du thème Trouver Dieu dans la vie de tous les jours, il a présenté dans ses grandes lignes «le peuple propre de la prélature de l’Opus Dei», une institution de «nature hiérarchique» composé d’un prélat, d’un presbytérium et de fidèles laïcs.
«La profondeur et l’ampleur de la mission pastorale assignée par le Saint-Siege à l’Opus Dei lui conférait, dès l’origine, une portée universelle. Elle comportait la nécessité de la collaboration et du don de soi d’hommes et de femmes, célibataires et mariés, laïcs et prêtres, tous appelés à trouver Dieu et à faire trouver Dieu dans la vie de tous les jours», explique-t-il.
Selon l’Annuaire pontifical 2002, l’Opus Dei compte aujourd’hui 1800 prêtres et 82 715 laïcs —des gens de la rue, de laïcs courants, qui appartiennent à tous les milieux sociaux et professionnels. Tous membres de cette «grande famille», ils ressemblent, disait saint Josémaria, aux premiers chrétiens — ces hommes et femmes qui ont agi dans la masse du monde et l’ont christianisé. Dès le départ, le 2 octobre 1928, le fondateur a vu, «sous l’inspiration divine, une mobilisation de gens qui, au long des siècles, transmettraient de façon très naturelle, chacun à sa place, ce message de l’appel universel à la sainteté et de transformation du monde et des structures du monde dans lequel nous vivons».
En somme, résume Mgr LeTourneau, l’esprit de l’Opus Dei est «d’amener les gens, là où ils sont, à se sentir responsables de leur foi et à la vivre dans leur milieu naturel: famille, profession, paroisse, etc.» Cette Oeuvre n’étant pas une institution cléricale, elle fait donc largement place aux laïcs, y compris dans ses structures de gouvernement: «Dans l’Opus Dei, prêtres et laïcs sont et se sentent égaux, et tous vivent un même esprit: la sanctification dans leur propre état. «Le sacerdoce ministériel des clercs et le sacerdoce commun des laïcs se réclament et se complètent mutuellement pour réaliser, dans une unité de vocation et de gouvernement, la fin que la prélature se propose.»
Le conférencier français estime que «n’importe qui ayant un minimum de vertus humaines peut comprendre le message central de l’Opus Dei que saint Josémaria résumait ainsi: sanctifier le travail, se sanctifier dans le travail et sanctifier par le travail, c’est-à-dire faire de l’apostolat à l’occasion du travail».