Le postulateur de la cause de canonisation de Josémaria Escriva participait, du 8 au 11 janvier dernier à Rome, à un congrès réunissant 1200 personnes de 57 pays à l’occasion du centenaire de la naissance de ce prêtre espagnol qui disait: «Il n’y a pas d’autre chemin, mes enfants: ou nous savons trouver le Seigneur dans notre vie ordinaire, ou nous ne le trouverons jamais».
Le quotidien. Un thème parfait —La grandeur de la vie ordinaire— pour ce congrès «ouvert sur l’avenir». Pour ce temps de réflexion et d’approfondissement —historique, théologique, philosophique et pratique— d’un enseignement qui s’adresse surtout aux laïcs et peut «illuminer la société moderne», soutient monseigneur Capucci.
DIGNITÉ DU LAÏC
Au moment où le pape Jean-Paul II appelle tous les baptisés à chercher la sainteté et les engage à «avancer au large» pour rechristianiser la société, le message du bienheureux Josémaria prend donc tout son relief. Car le fondateur de l’Opus Dei identifie clairement le lieu où peut être relevé ce défi...
«Là où sont vos aspirations, votre travail, vos amours, là se trouve le lieu de votre rencontre quotidienne avec le Christ. C’est au milieu des choses les plus matérielles de la terre que nous devons nous sanctifier, en servant Dieu et tous les hommes».
Se sanctifier? Oui, répond l’actuel prélat. En vivant et en travaillant avec Jésus Christ et comme Lui. Monseigneur Javier Echevarria met aussi l’accent sur la dignité des laïcs, dont le bienheureux Josémaria a toujours défendu la liberté, la responsabilité et l’autonomie, refusant de les considérer comme des «agents» du clergé: «Le laïc n’est pas un “non-prêtre”. «Il a des devoirs et des charges même plus importantes, si l’on peut dire, parce qu’il doit témoigner dans le monde. Il a donc une position de dignité égale. Il est un laïc, avec sa fonction propre de vivifier son milieu social.»
Ce commentaire rejoint la pensée du pape Jean-Paul I au sujet de l’«“anticléricalisme” juste et nécessaire» dont parlait le fondateur de l’Opus Dei, «en ce sens que les laïcs ne doivent pas emprunter des méthodes et des métiers aux prêtres et aux religieux, et réciproquement». UNITÉ DE VIE
Par ailleurs, l’idéal d’«unité de vie» prôné par monseigneur Escriva invite les fils et filles de Dieu «riches d'une formation doctrinale et spirituelle solide», à être cohérents et à devenir contemplatifs au milieu du monde en fusionnant prière, travail et désir d’évangélisation.
Ils évitent ainsi, écrit-il, de «mener une espèce de double vie: d’un côté la vie intérieure, la vie de relation avec Dieu; de l’autre, une vie distincte et à part, la vie familiale, professionnelle et sociale».
Et le pape Jean-Paul II de renchérir, au cours de l’audience qui a suivi le congrès: «Les petits événements de la journée renferment en eux une grandeur insoupçonnable, et c’est précisément en les vivant avec amour envers Dieu et nos frères qu’il est possible de surmonter en profondeur toute fracture entre la foi et la vie quotidienne; fracture que le Concile Vatican II dénonce comme l’une des “plus graves erreurs de notre temps”.» RÉVOLUTION
Selon le professeur de politique internationale Janne H. Matlary, de l’Université d’Oslo, anciennement sous-secrétaire au gouvernement norvégien, qui a prononcé une conférence intitulée Le travail, chemin de sainteté, «il serait absurde que Dieu nous ait placés dans des circonstances où il serait impossible de devenir saints».
Pour elle, la découverte du message de Josémaria Escriva a constitué une véritable «révolution». Désormais, madame Matlary considère que «le but de l’existence humaine est d’aimer et de louer Dieu» et soutient que quiconque aspire à la sainteté «servira nécessairement tout être humain et contribuera à l’amélioration du monde».
Sanctifier son travail sous-entend, précise-t-elle, qu’on l’accomplisse le plus parfaitement possible, qu’on veuille en faire un service et qu’on y ajoute de l’amour...
«Il peut être fort stérile et ennuyeux d’éplucher des pommes de terre, même si cela est utile à ceux qui les mangeront. Mais ce travail peut être rempli de louanges et d’amour de Dieu, et peut Lui être offert —Il le transformera alors et l’utilisera selon Son plan. Voilà une réelle unité de vie: travail et prière unis dans l’amour de Dieu.»