Trouver Dieu dans la vie de tous les jours
Trouver Dieu dans la vie de tous les jours? Dans l’ordinaire de la vie?... S’il y avait, parmi les quelque 300 participants au symposium organisé à Montréal sur ce thème, le 25 janvier 2003, des personnes sceptiques à ce sujet, leurs interrogations ont fondu comme la neige au soleil.
C’est dans la foulée de la canonisation de saint Josémaria Escriva, le 6 octobre 2002 à Rome que Les Amis de l’Université pontificale de la Sainte-Croix ont décidé d’offrir au public montréalais l’occasion de mieux découvrir le message du fondateur de l’Opus Dei.
Un amoureux de Dieu
L’émouvant témoignage de l’abbé Joseph Soria, qui a eu le privilège de vivre aux côtés de saint Josémaria pendant une vingtaine d’années et de l’assister dans les derniers moments de sa vie, a permis de saisir plus concrètement la responsabilité de chaque baptisé d’être «un autre Christ» au milieu du monde.
«Je peux dire qu’à travers sa façon d’être tellement aimante et humaine, j’ai rencontré Dieu. Non pas qu’il ait été Dieu, mais à travers lui j’ai vraiment rencontré Dieu dans ma vie quotidienne.»
L’exemple, la prière et la prédication de Mgr Escriva ont profondément marqué l’abbé Soria, qui a insisté sur la bonne humeur, la foi immense et l’unité de vie de son père spirituel. Il emprunte au premier successeur de saint Josémaria, Mgr Alvaro del Portillo, les mots nécessaires «pour comprendre la personnalité de notre fondateur : il faut garder à l’esprit ces qualités fondamentales qui imprégnaient tout son être: le don de lui-même à Dieu et à toutes les âmes pour l’amour de Dieu; son empressement constant à correspondre généreusement à la volonté de Dieu. Tels étaient les principaux objectifs de sa vie. C’était un amoureux de Dieu».
Un homme possédé par un secret qu’il devait livrer plus tard dans le numéro 1006 de Forge ... «Je vois en toute clarté quelle est la recette, le secret du bonheur sur la terre et au Ciel: ne pas se contenter d’accepter la Volonté de Dieu, mais y adhérer, s’identifier à la Volonté divine; en un mot : la vouloir, en vertu d’un acte positif de notre volonté. J’y insiste : tel est le secret infaillible de la joie et de la paix.»
Après avoir décrit saint Josémaria comme un homme à la personnalité vibrante et vigoureuse, au tempérament courageux et impétueux, fort et énergique, au coeur maternel et paternel à la fois, le conférencier a rappelé comment il a aussi été «un homme marqué par la croix —sa compagne fidèle».
Une croix particulièrement lourde au moment de la fondation de l’Opus Dei, qui s’est réalisée à travers «d’incroyables difficultés de toutes sortes». Guerre civile et... optimisme!
Il va sans dire que la guerre civile espagnole, fond de scène des tout débuts de l’Opus Dei, a rendu particulièrement pénible la création de ce qui devait devenir une nouvelle institution de l’Église catholique.
Le docteur John F. Coverdale, avocat, historien et auteur américain qui a travaillé avec saint Josémaria de 1961 à 1968, a tracé à grands traits l’histoire des premières années de l’Oeuvre.
«Durant les trois années de guerre, 12 évêques, plus de 4000 prêtres diocésains et plus de 2500 religieux ont été tués. Il est impossible de savoir combien de femmes et d’hommes laïcs ont été tués pour leur foi, mais leur nombre est sans aucun doute élevé.
De juillet 1936 à avril 1939, ce climat de guerre et de persécution religieuse a servi d’arrière-plan à la fondation de l’Opus Dei, qui avait un peu moins de huit ans.»
Forcés de se cacher et de fuire, saint Josémaria et les premiers membres de l’Opus Dei ont connu la faim, le froid, l’isolement et l’anxiété, conservant toutefois une confiance inébranlable en Dieu.
Dans «un abandon total au Seigneur», le fondateur, qui exerçait clandestinement son ministère sacerdotal, a encouragé ses enfants à développer «une vie intérieure de prière et de sacrifice» au coeur de l’épreuve et aussi à étudier des langues étrangères en vue de l’expansion future de l’Opus Dei.
Leur inactivité forcée est ainsi devenue une occasion de croissance intérieure, grâce à un plan de vie bien établi —messe, prière mentale, lecture spirituelle, rosaire, étude, rencontres amicales, création de liens d’amitié avec d’autres réfugiés.
Jamais, durant cette période de souffrance, saint Josémaria n’a perdu sa foi profonde en la Providence de Dieu. Toujours, il a affectueusement enseigné à ses enfants à voir la main de Dieu dans les circonstances difficiles de la vie quotidienne et à transformer tout travail en travail de Dieu. La guerre, disait-il, ne doit pas être une excuse pour se laisser aller à la paresse.
Le 1er avril 1939, le conflit civil prend fin. Saint Josémaria sera le premier prêtre à rentrer à Madrid, pressé de retrouver ses fils et ses filles. Il trouve «le premier et seul centre de l’Opus Dei réduit en poussière; le travail entrepris avec les femmes est presque complètement détruit; deux membres sont morts au combat et trois autres n’ont pas persévéré; les ressources financières sont inexistantes».
À l’issue de la guerre, l’Opus Dei ne compte plus que 16 membres —une femme et 15 hommes : «Des vocations solides»... Des âmes «de prière et de sacrifice».
Saint Josémaria résume en un mot la caractéristique du travail apostolique qu’ils entreprennent alors : «Optimisme!»... Leurs outils? Ceux de la vie intérieure : «Le Christ et nous»!
La tâche immédiate, conclut le docteur Coverdale dans son exposé, était de rouvrir le plus vite possible la résidence académique de Madrid. Ensuite viendrait le temps de se tourner vers d’autres points du globe.