Au fil de l’Évangile du samedi avant l'Epiphanie : "Faites tout ce qu'il vous dira".

Commentaire de l'Évangile du 7 janvier avant l'Épiphanie. "Mais toi, tu as gardé le bon vin jusqu’à maintenant". Pour ceux qui ont confiance dans la puissance de Jésus et dans l'intercession de la Vierge Marie, le meilleur vin les attend, le vin de l'amour de Dieu et du salut éternel.

Évangile (Jean 2,1-12)

En ce temps-là, il y eut un mariage à Cana de Galilée. La mère de Jésus était là. Jésus aussi avait été invité au mariage avec ses disciples. Or, on manqua de vin. La mère de Jésus lui dit : « Ils n’ont pas de vin. » Jésus lui répond : « Femme, que me veux-tu ? Mon heure n’est pas encore venue. » Sa mère dit à ceux qui servaient : « Tout ce qu’il vous dira, faites-le. » Or, il y avait là six jarres de pierre pour les purifications rituelles des Juifs ; chacune contenait deux à trois mesures, (c’est-à-dire environ cent litres). Jésus dit à ceux qui servaient : « Remplissez d’eau les jarres. » Et ils les remplirent jusqu’au bord. Il leur dit : « Maintenant, puisez, et portez-en au maître du repas. » Ils lui en portèrent. Et celui-ci goûta l’eau changée en vin. Il ne savait pas d’où venait ce vin, mais ceux qui servaient le savaient bien, eux qui avaient puisé l’eau. Alors le maître du repas appelle le marié et lui dit : « Tout le monde sert le bon vin en premier et, lorsque les gens ont bien bu, on apporte le moins bon. Mais toi, tu as gardé le bon vin jusqu’à maintenant. »

Tel fut le commencement des signes que Jésus accomplit. C’était à Cana de Galilée. Il manifesta sa gloire, et ses disciples crurent en lui.


Commentaire
Au début de sa vie publique, Jésus se rend avec ses disciples à une célébration de mariage pour bénir et sanctifier par sa présence la fête de l'amour humain. " Et qu'y a-t-il de si étrange dans le fait que Celui qui est venu dans le monde pour célébrer ses propres noces se soit rendu dans cette maison où l'on célébrait les noces ? "[1]. Ce jeune couple de fiancés est devenu un modèle pour tous ceux qui veulent former un projet de vie, car ils y ont associé Dieu. Même si le grand protagoniste de la scène sera Marie, la mère de Jésus, car le narrateur n'hésite pas à la mentionner avant son Fils.
Dans l'ancien Orient, une célébration de mariage pouvait durer plusieurs jours. Surtout si les invités ont fait un long voyage à pied depuis des lieux éloignés. Ce fait atténue quelque peu la négligence des mariés et des responsables, qui n'ont peut-être pas remarqué, au fil des jours de fête, que le vin manquait... Quel désastre ! "Comment est-il possible de célébrer les noces et de faire la fête s’il manque ce que les prophètes indiquaient comme étant un élément typique du banquet messianique(cf. Am 9, 13-14 ; Jo 2, 24; Is 25, 6) ? "[2]. Ce détail quotidien mais important pour tous ne passe pas inaperçu à l'intuition féminine et pratique de Marie, habituée à concentrer son attention et son intérêt sur les autres. Lorsqu'elle découvre le problème, elle pense immédiatement à son fils pour le résoudre. Avec diligence et foi, elle rassemble les serviteurs et ose faire appel en public au pouvoir divin de Jésus : "Ils n'ont pas de vin". -Marie, modèle de prière. "Vois comme elle prie son Fils, à Cana ; et comme elle insiste, sans se décourager, avec persévérance. — Et comme elle réussit.

— Prends exemple sur elle"[3].
La requête de Marie dépasse également la scène de Cana et fait vibrer dans le cœur de son Fils la promesse de salut annoncée par Dieu dans la Genèse. C'est pourquoi Jésus l'appelle avec une solennité biblique "Femme", et exprime un reproche apparent parce que son heure n'est pas venue. Un reproche que Marie semble ignorer : " Sa mère dit à ses serviteurs : "Faites tout ce qu'il vous dira". Ce sont les dernières paroles de Marie rapportées dans les évangiles. Ils sont comme les héritiers d'une mère pour tous les peuples.
Non seulement Jésus cède à la demande de sa Mère, mais il accepte aussi la coopération des serviteurs que Marie lui présente. Lui qui multiplie habituellement le vin par l'eau filtrée par les vignes dans les champs, accélère maintenant le processus par l'eau versée par le travail des hommes. Lorsque nous sommes généreux et que nous mettons les moyens à notre disposition : "remplissez d'eau les jarres et ils les remplissent jusqu'au bord", Dieu bénit par son action sanctifiante et transforme la tâche humaine en une œuvre divine, en un signe de son amour au profit de tous. "Et les choses les plus ordinaires deviennent extraordinaires, surnaturelles, lorsque nous avons la bonne volonté de nous occuper de ce que Dieu nous demande"[4].
Nous pouvons noter deux autres détails. Le récit indique qu'il y avait là six jarres, dont la capacité correspondrait à un total de près de 600 litres. L'eau de la purification des Juifs est transformée par Dieu en un vin excellent et très abondant, car "la fête de Dieu avec l’humanité a commencé"[5]. La grande quantité de vin symbolise l'immense amour de Dieu pour les hommes et préfigure le sang de l'Agneau qui s'immolera jusqu'au bout pour attirer tous les hommes à lui. Il symbolise également le dévouement du chrétien envers les autres à travers le nouveau commandement de l'amour, dont la mesure est sans commune mesure. Marie avance l'heure de Jésus : celle du mystère pascal de sa mort et de sa résurrection, pressentie dans la mention du moment au début du récit : " le troisième jour ".
Enfin, Jésus dit : " portez-en au maître du repas". Le texte grec l'appelle architriclinio, ce qui signifie littéralement "le chef du triple siège". Il était l'invité qui s'asseyait le premier pour louer la prospérité des célébrants, goûtant comme un expert les produits de leur festin. Sa louange publique fera comprendre au lecteur, qui connaît l'origine du vin, la prospérité qui attend ceux qui comptent sur Dieu dans leur vie comme les mariés de Cana, ceux qui ont confiance en sa puissance comme Marie, et ceux qui aiment le service caché et efficace comme les serviteurs.


[1] Saint Augustin, in Ioannem, Tract. 8

[2]Pape François, Catéchèse 8 juin 2016

[3]Saint Josémaria, Chemin, 502

[4]Saint Josémaria, Lettre du 14 septembre 1951, n° 23

[5]Benoît XVI, Jésus de Nazareth. Du Baptême dans le Jourdain à la Transfiguration, La Sphère des livres, Madrid 2007, 298

Pablo M. Edo