Vie de Marie (IV) : les fiançailles avec Joseph

L'union des vies de Marie et de Joseph marque l'imminence de l'apothéose de l'histoire. La scène des fiançailles constitue le quatrième volet de la « Vie de la Sainte Vierge ».

La plénitude des temps est proche. Celle qui est prédestinée à être la Mère de Dieu ne le sait pas encore. Elle a grandi, Elle est devenue femme. Mais la Sainte Trinité lui prépare un mariage saint qui préservera sa virginité. Le Fils de Dieu fait homme, Messie d’Israël et Rédempteur du monde, va naître et grandir au sein d’une famille.

A ce moment-là – tous les indices concordent à ce sujet – les parents de la Vierge étaient probablement déjà morts. Marie devait vivre chez un parent qui l’avait prise en charge quand Elle était devenue orpheline. Elle approchait de l’âge auquel les jeunes filles d’Israël se mariaient habituellement, environ quinze ans, et ce chef de famille, en tant que représentant du père de Myriam, a eu à s’occuper de ce problème. Et le mariage de Marie avec Joseph, l’artisan de Nazareth, fut conclu.

Les Évangiles ne nous donnent que peu de renseignements sur l’époux de Marie. Nous savons que lui aussi était de la maison de David et que c’était un homme juste (Mt 1, 19), c’est-à-dire un homme qui – comme l’affirment les Écritures – se plaît dans la Loi du Seigneur, et médite sa Loi jour et nuit (Ps 1, 2). La liturgie lui applique des paroles inspirées : le juste grandira comme un palmier, il poussera comme un cèdre du Liban (Ps 91[ 92] 13).

Comment cela va-t-il se faire, puisque je ne connais point d’homme. Cette réponse, alors qu’Elle était déjà fiancée à Joseph de Nazareth, montre que Marie était bien décidée à rester vierge.

L’évangile de Saint Luc raconte que quand l’Archange Gabriel lui annonce, de la part de Dieu, qu’Elle va concevoir un fils, Marie répond : Comment cela va-t-il se faire, puisque je ne connais point d’homme (Lc 1, 34). Cette réponse, alors qu’Elle était déjà fiancée à Joseph de Nazareth, montre que Marie était bien décidée à rester vierge. Aucun motif humain ne peut justifier une telle décision, plutôt étrange pour l’époque. Toute jeune israélite, d’autant plus de la descendance de David, nourrissait dans son cœur l’illusion de se compter parmi les ancêtres du Messie. La Tradition de l’Église explique cette ferme détermination comme le fruit d’une inspiration toute particulière de l’Esprit Saint, qui préparait celle qui allait être la Mère de Dieu. Et c’est ce même Esprit qui lui fit rencontrer celui qui allait être son époux virginal.

Nous ignorons comment Marie et Joseph se sont rencontrés. Si la Vierge, comme c’est probable, habitait déjà à Nazareth – un petit village de Galilée – ils se connaissaient sans doute depuis longtemps. De toutes façons, il est logique de penser que - avant la célébration du mariage – Marie avait informé Joseph de son intention de rester vierge. Et Joseph, préparé par l’Esprit Saint, allait découvrir dans cette révélation une voix du ciel : lui aussi s’était très probablement senti poussé intérieurement à se consacrer corps et âme au Seigneur. Impossible d’imaginer l’harmonie qui s’établit entre ces deux cœurs après le mariage, ni la paix intérieure qui débordait de leurs âmes.

L’Église applique à Joseph, noble de sang et plus noble encore d’esprit, l’éloge que la Sagesse divine avait adressé à Moïse : il fut aimé de Dieu et des hommes et sa mémoire est bénie 

Tout est surnaturel dans cette scène de la vie de Marie, et en même temps, tout est très humain. C’est cette simplicité – si fréquente dans les choses divines – qui explique les récits pieux qui apparurent bientôt au sujet du mariage de Marie et Joseph ; un récit plein d’évènements merveilleux immortalisés par l’art et la littérature. D’après ces sources, quand Marie atteignit l’âge de se marier, Dieu montra miraculeusement aux prêtres du Temple de Jérusalem et à tout le peuple qui Il avait choisi comme époux pour Marie.

Le fait historique était sans doute beaucoup plus simple. Le mariage a probablement été célébré à Nazareth. Quand la famille de Marie s’est mise d’accord avec Joseph, on a pu célébrer les fiançailles, qui dans la loi mosaïque avaient force de mariage. Après un certain temps, l’époux devait conduire sa fiancée chez lui. C’est pendant ce laps de temps qu’eut lieu l’Annonciation.

L’épisode des fiançailles revêt une grande importance dans la vie de la Vierge. Joseph était de la lignée royale de David et, en vertu de son mariage avec Marie, il conférerait au fils de la Vierge -Fils de Dieu – le titre légal de fils de David, accomplissant ainsi les prophéties. L’Église applique à Joseph, noble de sang et plus noble encore d’esprit, l’éloge que la Sagesse divine avait adressé à Moïse : il fut aimé de Dieu et des hommes et sa mémoire est bénie (Sir 45, 1).

Marie sait seulement que Dieu a voulu la marier à Joseph, un homme juste qui l’aime et la protège. Joseph sait seulement que le Seigneur désire qu’il protège Marie. Israël ne connaît pas ce couple de jeunes mariés. Joseph est toujours silencieux, Marie est toujours discrète, mais Dieu est heureux et les anges s’émerveillent.

LA VOIX DU MAGISTÈRE

« L’évangile de Luc, en présentant Marie comme vierge, ajoute qu’elle était « fiancée à un homme nommé Joseph, de la maison de David »(Lc 1,27). Ces informations semblent, à première vue, contradictoires ».

« Il convient de noter que le terme grec utilisé dans ce passage n’indique pas la situation d’une femme qui a contracté mariage et vit donc dans l’état d’épouse, mais plutôt de fiancée. Mais contrairement à ce qui se passe dans les cultures modernes, dans la coutume juive ancienne, l’institution des fiançailles prévoyait un contrat et avait normalement une valeur définitive : en effet, elle introduisait les fiancés à l’état matrimonial même si le mariage n’était pleinement accompli que quand le jeune homme accueillait la jeune fille dans sa maison ».

« Au moment de l’Annonciation, la situation de Marie est donc celle d’épouse promise. Nous pouvons nous demander pourquoi elle avait accepté les fiançailles, à partir du moment où elle avait l’intention de rester vierge pour toujours. Luc est conscient de cette difficulté, mais il se contente d’exposer la situation sans fournir d’explications. Le fait que l’évangéliste, même en soulignant le vœu de Marie de rester vierge, la présente également comme épouse de Joseph, est un signe de la valeur historique des deux affirmations ».

On peut supposer que Marie et Joseph, au moment de leur engagement, s’étaient entendus sur ce projet de vie virginale. Par ailleurs l’Esprit Saint, qui avait inspiré Marie dans son choix de rester vierge en vue du Mystère de l’Incarnation, et qui souhaitait pour celle-ci un contexte familial propice à la croissance de l’enfant, avait bien pu susciter l’idéal de la virginité chez Joseph aussi ».

« L’ange du Seigneur lui apparut en songe, et lui dit : « Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie ton épouse, l’enfant engendré en Elle vient de l’Esprit Saint » , (Mt 1,20). Il reçoit ainsi la confirmation du fait qu’il est appelé à vivre d’une façon toute particulière le chemin du mariage. A travers la communion virginale avec la femme prédestinée pour donner le jour à Jésus, Dieu l’appelle à coopérer à la réalisation de son dessein de salut ».

« Le genre de mariage vers lequel l’Esprit Saint oriente Marie et Joseph ne peut se comprendre que dans le contexte du plan de salut et dans une spiritualité élevée. La réalisation concrète du mystère de l’Incarnation exigeait une naissance virginale qui pût mettre en relief la filiation divine de l’enfant et, en même temps, une famille pour assurer le développement normal de sa personnalité ».

« Marie et Joseph, Justement en vue de leur contribution au mystère de l’Incarnation du Verbe, ont reçu la grâce de vivre ensemble le charisme de la virginité et le don du mariage. La communion d’amour virginal de Marie et Joseph, en lien avec la réalisation concrète du mystère de l’Incarnation, même si c’est un cas très particulier, fut cependant un vrai mariage ».

« La difficulté de s’approcher du mystère sublime de leur union nuptiale a conduit certains , déjà au IIe siècle, à attribuer à Joseph un âge avancé et à le considérer comme son protecteur plutôt que son époux. On peut supposer au contraire que ce n’était pas un vieillard, mais que sa perfection intérieure, fruit de la grâce, le portait à vivre avec une affection virginale sa relation nuptiale avec Marie ».

« La coopération de Joseph au mystère de l’Incarnation inclut aussi l’exercice du rôle paternel envers Jésus. La dite fonction lui est reconnue par l’ange qui, en lui apparaissant en songe, lui indique le nom de l’Enfant : « Elle enfantera un fils et tu lui donneras le nom de Jésus, c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés » (Mt 1, 21) ».

Jean-Paul II (XXe siècle), Catéchèse mariale à l’audience du 21-VIII-1996.

LA VOIX DES PÈRES DE L’ÉGLISE

L’enfant grandissait, quand elle n’eut plus besoin du lait maternel, ses parents s’empressèrent de l’emmener au temple pour l’offrir à Dieu et accomplir ainsi la promesse qu’ils avaient faite. Les prêtres firent son éducation au sanctuaire, comme cela avait été fait pour Samuel (cf. 1 Sam, 24). Puis, quand elle fut adolescente, ils tinrent conseil pour décider quoi faire de ce corps saint sans offenser le Seigneur. Il semblait absurde de la soumettre aux lois de la nature en la donnant comme épouse à un homme ; ils pensaient que si un homme s’appropriait ce qui avait été consacré au Seigneur ce serait un sacrilège. En effet, il était conforme à la loi que l’homme devînt le maître de sa femme ».

« Par ailleurs, la loi ne permettait pas à une femme d’habiter dans le temple avec les prêtres ni de se montrer à l’intérieur du sanctuaire, chose contraire aussi à l’honnêteté et à la dignité de la loi. Ayant discuté ces problèmes, ils prirent une décision réellement inspirée : la confier en mariage, à un homme qui offriraient toutes les garanties de respect pour sa virginité ».

« On trouva en Joseph l’homme adéquat pour cette situation. De plus, il était de la même tribu et de la même famille que la Vierge. Suivant le conseil des prêtres, Joseph épousa la jeune fille, mais la relation matrimoniale fut exclue de ces noces ».

Saint Grégoire de Nysse (IVe siècle), Sermon sur la Nativité du Seigneur (PG 46, 1140 A-B).

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« Assurément les mystères divins sont cachés et, comme l’a dit le prophète, il n’est pas facile à l’homme , quel qu’il soit, de connaître les desseins de Dieu (cf. Is 40, 13). C’est pourquoi l’ensemble des actions et des enseignements de notre Seigneur et Sauveur nous fait comprendre qu’un dessein bien pensé a fait choisir de préférence pour Mère du Seigneur celle qui avait été mariée à un homme ».

« Mais pourquoi ne fut-elle pas rendue mère avant son mariage ? Peut-être pour qu’on ne pût pas dire qu’elle avait conçu dans l’adultère. Et l’Écriture, à juste titre, a indiqué ces deux choses ; Elle était épouse et Vierge ; vierge, afin qu’elle paraisse pure de toute relation avec un homme ; épouse, pour la soustraire au stigmate infamant d’une virginité perdue, dont la grossesse aurait manifesté la déchéance. Le Seigneur a préféré permettre à certains de douter de sa propre origine plutôt que de la pureté de sa Mère ; il savait, lui, combien est délicat l’honneur d’une vierge, combien est fragile la réputation de la pudeur ; et il n’a pas jugé bon d’établir la vérité d son origine aux dépens de sa Mère. C’est ainsi que la virginité de Sainte Marie fut préservée, sans nuire à sa pureté, sans porter atteinte à sa réputation ».

Saint Ambroise (IVe siècle). Traité sur l’Évangile de Saint Luc, livre II, n.1.

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LA VOIX DES SAINTS

C’est une règle générale de toutes les grâces singulières communiquées à une créature rationnelle que, lorsque la grâce divine choisit quelqu’un pour une fonction spéciale ou pour quelque état très élevé, elle accorde à la personne tous les charismes nécessaires pour le ministère qu’elle doit exercer, et avec profusion ».

« Cela s’est réalisé de façon excellente dans la personne de Saint Joseph, qui a servi de père à notre Seigneur Jésus-Christ et qui fut vraiment l’époux de la Reine de l’univers, Dame des anges. Joseph a été choisi par le Père éternel comme protecteur et gardien fidèle de ses principaux trésors, c’est-à-dire de son Fils et de son Épouse, et il a rempli sa mission avec une absolue fidélité. C’est pourquoi le Seigneur lui dit : C’est bien, bon et fidèle serviteur, entre dans la joie de ton Maître (Mt 25, 21) ».

« Si nous regardons la relation entre Joseph et l’Église universelle, n’est-il pas l’homme spécialement choisi, par lequel et sous lequel le Christ a été introduit dans le monde de manière ordonnée et honnête ? Par conséquent, si l’Église tout entière est redevable à la Vierge Mère, puisque c’est d’Elle qu’elle a reçu le Christ, de la même façon elle doit à Joseph, après Marie, une gratitude et un respect particuliers ».

« Joseph devient l’épingle qui ferme l’Ancien Testament, puisqu’en lui la dignité patriarcale et la dignité prophétique réalisent le fruit promis. De plus, il est le seul à avoir possédé physiquement ce que la supériorité divine avait promis aux patriarches et aux prophètes ».

« Il nous faut supposer, sans aucun doute, que cette familiarité, ce respect, cette très haute dignité que le Christ a attribués à Joseph pendant sa vie sur terre, comme un fils à son père, ne lui ont pas été refusés au ciel ; au contraire, Il l’en a comblé ».

Saint Bernardin de Sienne (XVe siècle).II e sermon, sur Saint Joseph, 7 . 16. 27-30.

« J’ai pris pour avocat et protecteur le glorieux Saint Joseph et je me suis beaucoup confiée à lui. J’ai vu clairement que ce père et protecteur de mon âme m’a tirée de ce besoin, comme il m’a arrachée, avec plus de bienfaits que je n’aurais su lui en demander, à des périls plus grands d’un autre genre, qui menaçaient mon honneur et mon salut éternel. Je ne me souviens pas de lui avoir jamais rien demandé, jusqu’à ce jour, qu’il ne me l’ait accordé. C’est chose admirable que les grâces insignes dont Dieu m’a comblée par l’intermédiaire de ce bienheureux Saint, et les dangers, tant de l’âme que du corps, dont il m’a délivrée ; on dirait que le Seigneur donne grâce à d’autres saints pour nous secourir dans tel ou tel besoin, mais le glorieux Saint Joseph, je le sais par expérience, nous secourt en tout. Le Seigneur veut nous faire comprendre que, de même qu’il lui était soumis sur terre, - reconnaissant en lui l’autorité d’un père et d’un précepteur – de même au ciel, il exauce toutes ses demandes ».

« Je voudrais persuader tout le monde d’avoir une grande dévotion envers ce Saint glorieux, sachant par expérience tous les bienfaits qu’il obtient de Dieu. Je ne connais personne qui, ayant eu envers lui de la dévotion et lui ayant offert des œuvres particulières, n’a progressé en vertu, car il profite grandement aux âmes qui lui sont confiées. Voilà déjà plusieurs années que je lui adresse une demande le jour de sa fête, et il l’exauce toujours. Et si ma prière va un peu de travers, il la redresse pour mon plus grand bien ».

« si j’avais autorité pour écrire, je raconterais volontiers en détails les grâces dont tant de personnes sont, comme moi, redevables à ce grand Saint ; mais pour ne pas faire plus que ce que l’on m’a demandé, je passerai sur certaines choses plus vite que je ne le voudrais, et je serai plus longue qu’il n’est nécessaire sur d’autres ; bref, comme toute personne qui n’a guère le sens de la mesure. Je demande simplement à ceux qui ne me croiraient pas d’en faire la preuve, ils verront par expérience le grand bien qu’il y a à se confier à ce glorieux Patriarche et à lui avoir de la dévotion. Les gens qui prient devraient en particulier toujours l’aimer, comment peut-on penser à la Reine des anges et à tout ce qu’elle a vécu avec l’Enfant Jésus sans remercier Saint Joseph de son dévouement envers eux. Que celui qui ne trouve personne pour lui enseigner l’oraison prenne ce glorieux Saint pour maître, il ne s’égarera pas en chemin ».

Sainte Thérèse de Jésus (XVIe siècle). Le Livre de ma vie, chap ; 6, nn.6-8.

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« Je ne suis pas d’accord avec l’iconographie classique qui représente Saint Joseph comme un vieillard, même si elle s’explique par l’excellente intention de mettre en valeur la virginité perpétuelle de Marie. moi, je me l’imagine jeune, fort, avec quelques années de plus que Notre Dame peut-être, mais dans la plénitude de l’âge et des forces humaines ».

« Pour vivre la vertu de la chasteté, il n’est pas nécessaire d’être vieux ou de manquer de forces. La chasteté naît de l’amour et, pour un amour pur, la force et la joie de la jeunesse ne sont pas un obstacle. Saint Joseph était jeune, de cœur et de corps, quand il épousa Marie, quand il connut le mystère de sa Maternité divine et vécut près d’Elle, en respectant l’intégrité que Dieu voulait léguer au monde comme un signe de plus de sa venue parmi les créatures. Qui ne sait pas comprendre un tel amour est bien ignorant de ce qu’est l’amour véritable, et méconnaît le sens chrétien de la chasteté ».

Saint Josémaria Escrivá de Balaguer (XXe siècle). Quand le Christ passe, n.40.

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LA VOIX DES POÈTES

Les jeunes gens de la tribu de Marie
qui prétendaient à sa main
déposèrent un jour leur bâton au temple béni
mais seul celui de Joseph a fleuri.
Au moment où une colombe descend
de Salomon sur la pousse féconde
elle semble dire :- le Rédempteur du monde
prend cette branche pour en faire son nid.
Marie initiée au mystère,
confie à Joseph le trésor virginal,
et les filles d’Israël chantent en chœur les psaumes du Prophète royal.
Sept aurores plus tard, leurs amours angéliques
vers le mariage se sont envolées,
sous une voûte de feuillage tremblant
dont le zéphyr disperse les feuilles.
Le séraphin salue les Époux
parmi les oiseaux légers ;
Et la fleur vénère sa robe et ses pieds
de ses lèvres roses parfumées.
Entourée de lumières, de roses, de jeunes filles
elle se rend à l’autel resplendissant,
les étoiles la contemplent avec envie
et voudraient couronner son front.
L’ange de l’amour et de l’innocence
les couvre de ses ailes avec un voile ;
celui qui recueille l’essence divine
jamais ne l’a portée si pure au ciel.
Joseph, qui n’ose pas lever les yeux
vers le soleil de ses rêves, passe à son joli doigt
un anneau d’améthyste,
et la Vierge de Sion suit son époux.

Jacinto Verdaguer (XIXe siècle). Flors de Maria (Traduction espagnole dans « Vie de Saint Joeph », de José Ildefonso Gatell).

Está cercana la plenitud de los tiempos. La predestinada para ser Madre de Dios aún no lo sabe. Ha crecido y se ha hecho mujer. Pero la Trinidad Santa le prepara un matrimonio santo que custodiará su virginidad. El Hijo de Dios hecho hombre, Mesías de Israel y Redentor del mundo, ha de nacer y crecer en el seno de una familia.

Es muy probable —todos los indicios apuntan en esa dirección— que, por aquellas fechas, los padres de la Virgen ya habrían fallecido. María debía de vivir en casa de algún pariente, que se habría hecho cargo de Ella cuando quedó huérfana. Al aproximarse la edad en que las doncellas de Israel solían contraer matrimonio, en torno a los quince años, el jefe de aquella familia, como representante del padre de Myriam, tuvo que ocuparse de esa cuestión. Y se concertó el matrimonio de María con José, el artesano de Nazaret.

Pocas noticias nos dan los Evangelios sobre el esposo de María. Sabemos que también él pertenecía a la casa de David, y que era un varón justo ( Mt 1, 19), es decir, un hombre que —como afirma la Escritura— se complace en la Ley del Señor, y noche y día medita en su Ley ( Sal 1, 2). La liturgia le aplica unas palabras inspiradas: el justo florecerá como palmera, crecerá como cedro del Líbano ( Sal 91 [92] 13).

"¿Cómo se hará esto. Porque no conozco varón". Esta respuesta, cuando ya era la prometida de José de Nazaret, no tiene más que una explicación: María tenía la firme determinación de permanecer virgen.

El evangelio de San Lucas narra que cuando el Arcángel Gabriel le anuncia, de parte de Dios, la concepción de un hijo, María responde: ¿Cómo se hará esto? Porque no conozco varón ( Lc 1, 34). Esta respuesta, cuando ya era la prometida de José de Nazaret, muestra que María tenía la firme determinación de permanecer virgen. No hay motivos humanos que justifiquen esa decisión, más bien rara en aquella época. Toda joven israelita, y más si pertenecía a la descendencia de David, abrigaba en su corazón la ilusión de contarse entre los ascendientes del Mesías. La Tradición de la Iglesia explica esa firme determinación como fruto de una inspiración especialísima del Espíritu Santo, que estaba preparando a la que iba a ser Madre de Dios. Ese mismo Espíritu le hizo encontrar al varón que sería su virginal esposo.

No sabemos cómo se encontraron María y José. Si la Virgen, como es probable, habitaba ya en Nazaret —una pequeña aldea de Galilea— se conocerían desde tiempo atrás. En cualquier caso es lógico pensar que —antes de celebrarse los desposorios— María comunicó a José su propósito de virginidad. Y José, preparado por el Espíritu Santo, descubriría en esa revelación una voz del cielo: muy probablemente también él se había sentido impulsado interiormente a dedicarse en alma y cuerpo al Señor. No es posible imaginar la concordia que se estableció entre esos dos corazones después de los desposorios, ni la paz interior que rebosaba en sus almas.

A José, noble de sangre y más noble aún de espíritu, la Iglesia aplica el elogio que la Sabiduría divina había hecho de Moisés: "fue amado de Dios y de los hombres y su memoria es bendecida".

Todo es muy sobrenatural en esta escena de la vida de María y, al mismo tiempo, es todo muy humano. Esa misma sencillez —tan propia de las cosas divinas— explica las narraciones piadosas que pronto se formaron sobre los desposorios de María y José; un relato lleno de sucesos maravillosos, que el arte y la literatura han inmortalizado. Según esas fuentes, cuando María llegó a la edad de contraer matrimonio, Dios mostró milagrosamente a los sacerdotes del Templo de Jerusalén y a todo el pueblo quién era el elegido como esposo de María.

El hecho histórico debió de ser mucho más sencillo. El lugar de los desposorios pudo muy bien ser Nazaret. Cuando la familia de María llegó a un acuerdo con José, se celebrarían los esponsales, que en la Ley mosaica tenían la misma fuerza que el matrimonio. Pasado algún tiempo, el esposo debía conducir a la novia a su propia casa. En ese lapso de tiempo tuvo lugar la Anunciación.

El episodio de los desposorios con José reviste gran importancia en la vida de la Virgen. José era de la estirpe real de David y, en virtud de su matrimonio con María, conferirá al hijo de la Virgen —Hijo de Dios— el título legal de hijo de David, cumpliendo así las profecías. A José, noble de sangre y más noble aún de espíritu, la Iglesia aplica el elogio que la Sabiduría divina había hecho de Moisés: fue amado de Dios y de los hombres y su memoria es bendecida ( Sir 45, 1).

María sólo sabe que el Señor ha querido desposarla con José, un varón justo que la quiere y la protege. José sólo sabe que el Señor desea que sea custodio de María. Israel ignora a esta pareja de recién casados. José siempre callado. María discreta siempre. Pero Dios se complace y los ángeles se admiran.


LA VOZ DEL MAGISTERIO

«El evangelio de Lucas, al presentar a María como virgen, añade que estaba "desposada con un hombre llamado José, de la casa de David" ( Lc 1, 27). Estas informaciones parecen, a primera vista, contradictorias».

«Hay que notar que el término griego utilizado en este pasaje no indica la situación de una mujer que ha contraído el matrimonio y por tanto vive en el estado matrimonial, sino la del noviazgo. Pero, a diferencia de cuanto ocurre en las culturas modernas, en la costumbre judaica antigua la institución del noviazgo preveía un contrato y tenía normalmente valor definitivo: efectivamente, introducía a los novios en el estado matrimonial si bien el matrimonio se cumplía plenamente cuando el joven conducía a la muchacha a su casa».

«En el momento de la Anunciación, María se halla, pues, en la situación de esposa prometida. Nos podemos preguntar por qué había aceptado el noviazgo, desde el momento en que tenía el propósito de permanecer virgen para siempre. Lucas es consciente de esta dificultad, pero se limita a registrar la situación sin aportar explicaciones. El hecho de que el evangelista, aun poniendo de relieve el propósito de virginidad de María, la presente igualmente como esposa de José, constituye un signo de que ambas noticias son históricamente dignas de crédito».

«Se puede suponer que entre José y María, en el momento de comprometerse, existiese un entendimiento sobre el proyecto de vida virginal. Por lo demás, el Espíritu Santo, que había inspirado en María la opción de la virginidad con miras al misterio de la Encarnación y quería que ésta acaeciese en un contexto familiar idóneo para el crecimiento del Niño, pudo muy bien suscitar también en José el ideal de la virginidad».

«El ángel del Señor, apareciéndosele en sueños, le dice: "José, hijo de David, no temas tomar contigo a María tu mujer porque lo engendrado en Ella es del Espíritu Santo" ( Mt 1, 20). De esta forma recibe la confirmación de estar llamado a vivir de modo totalmente especial el camino del matrimonio. A través de la comunión virginal con la mujer predestinada para dar a luz a Jesús, Dios lo llama a cooperar en la realización de su designio de salvación».

«El tipo de matrimonio hacia el que el Espíritu Santo orienta a María y a José es comprensible sólo en el contexto del plan salvífico y en el ámbito de una elevada espiritualidad. La realización concreta del misterio de la Encarnación exigía un nacimiento virginal que pusiese de relieve la filiación divina y, al mismo tiempo, una familia que pudiese asegurar el desarrollo normal de la personalidad del Niño».

«José y María, precisamente en vista de su contribución al misterio de la Encarnación del Verbo, recibieron la gracia de vivir juntos el carisma de la virginidad y el don del matrimonio. La comunión de amor virginal de María y José, aun constituyendo un caso especialísimo, vinculado a la realización concreta del misterio de la Encarnación, sin embargo fue un verdadero matrimonio».

«La dificultad de acercarse al misterio sublime de su comunión esponsal ha inducido a algunos, ya desde el siglo II, a atribuir a José una edad avanzada y a considerarlo el custodio de María, más que su esposo. Es el caso de suponer, en cambio, que no fuese entonces un hombre anciano, sino que su perfección interior, fruto de la gracia, lo llevase a vivir con afecto virginal la relación esponsal con María».

«La cooperación de José en el misterio de la Encarnación comprende también el ejercicio del papel paterno respecto de Jesús. Dicha función le es reconocida por el ángel que, apareciéndosele en sueños, le invita a poner el nombre al Niño: "Dará a luz un hijo y tú le pondrás por nombre Jesús, porque él salvará a su pueblo de sus pecados" ( Mt 1, 21)».

Juan Pablo II (siglo XX), Catequesis mariana en la audiencia del 21-VIII-1996.

* * * LA VOZ DE LOS PADRES DE LA IGLESIA

«Al crecer la niña, cuando ya no era necesario amamantarla, sus padres se apresuraron a llevarla al templo para ofrecerla a Dios y cumplir así la promesa que habían hecho. Los sacerdotes la educaron en el santuario, del mismo modo que había sido educado Samuel (cfr. 1 Sam 1, 24 ss). Después, cuando se convirtió en una adolescente, tuvieron consejo para decir qué hacer de aquel cuerpo santo sin ofender al Señor. Pareció un absurdo someterla a las leyes de la naturaleza dándola como esposa a un hombre; pensaban que sería sacrílego que un hombre se convirtiese en dueño de lo que había sido consagrado al Señor. Efectivamente, era conforme a la ley que el varón se convirtiese en dueño de su esposa».

«Por otra parte, la ley no permitía que un mujer habitase en el templo junto a los sacerdotes y se mostrase en el interior del santuario, cosa contraria también a la honestidad y a la dignidad de la ley. Tras discutir estos problemas, tomaron una decisión verdaderamente inspirada: confiarla, bajo la forma de un matrimonio, a un hombre que ofreciese todas las garantías de respeto a su virginidad».

«Se encontró en José el hombre adecuado para aquella situación. Además, era de la misma tribu y familia de la Virgen. Siguiendo el consejo de los sacerdotes, José desposó a la doncella, pero la relación matrimonial quedó excluida de aquellas nupcias».

San Gregorio de Nisa (siglo IV), Homilía sobre la Natividad del Señor (PG 46, 1140 A-B).

* * *

«Sin duda los misterios divinos son ocultos y, como ha dicho el profeta, no es fácil al hombre, cualquiera que sea, llegar a conocer los designios de Dios (cfr. Is 40, 13). Por eso el conjunto de acciones y enseñanzas de nuestro Señor y Salvador nos dan a entender que un designio bien pensado ha hecho elegir con preferencia, para Madre del Señor, a la que había sido desposada con un varón».

«Mas ¿por qué no fue hecha madre antes de sus esponsales? Puede ser para que no se pudiera decir que había concebido adúlteramente. Y con razón ha indicado la Escritura estas dos cosas: Ella era esposa y virgen; virgen, para que apareciera limpia de toda relación con un varón; desposada, para sustraerla al estigma infamante de una virginidad perdida, a la que su embarazo pudo haber manifestado su caída. El Señor ha querido mejor permitir que algunos dudasen de su origen que de la pureza de su Madre; sabía él cuán delicado es el honor de una virgen, cuán frágil la fama del pudor; no juzgó conveniente establecer la verdad de su origen a expensas de su Madre. Así fue preservada la virginidad de Santa María, sin detrimento para su pureza, sin violar su reputación».

San Ambrosio (siglo IV). Tratado sobre el Evangelio de San Lucas, libro II, n. 1.

* * *

LA VOZ DE LOS SANTOS

"Es regla general de todas las gracias singulares comunicadas a una criatura racional que, cuando la gracia divina elige a alguien para un oficio especial o algún estado muy elevado, concede todos los carismas necesarios a aquella persona para el ministerio que ha de desempeñar, y la adorna de ellos con profusión».

«Esto se ha realizado de un modo excelente en la persona de San José, que hizo las veces de padre de nuestro Señor Jesucristo y que fue verdadero esposo de la Reina del universo y Señora de los ángeles. José fue elegido por el eterno Padre como protector y custodio fiel de sus principales tesoros, esto es, de su Hijo y de su Esposa, y cumplió su oficio con absoluta fidelidad. Por eso le dice el Señor: Bien, siervo bueno y fiel; entra en el gozo de tu Señor ( Mt 25, 21)».

«Si miramos la relación que tiene José con la Iglesia universal, ¿no es éste el hombre especialmente elegido, por el cual y bajo el cual Cristo fue introducido en el mundo de un modo ordenado y honesto? Por tanto, si toda la Iglesia está en deuda con la Virgen Madre, ya que por medio de Ella recibió a Cristo, de modo semejante debe a José, después de a María, una especial gratitud y reverencia».

«José viene a ser el broche que cierra el Antiguo Testamento, ya que en él la dignidad patriarcal y profética alcanzan el fruto prometido. Además, él es el único que poseyó corporalmente lo que la condescendencia divina había prometido a los patriarcas y a los profetas».

«Hemos de suponer, sin duda alguna, que aquella familiaridad, respeto y altísima dignidad que Cristo tributó a José mientras vivía aquí en la tierra, como un hijo a su padre, no se la ha negado en el cielo; al contrario, la ha colmado y consumado».

San Bernardino de Siena (siglo XV). Sermón 2, sobre San José, 7. 16. 27-30.

* * *

«Tomé por abogado y señor al glorioso San José y encomendéme mucho a él. Vi claro que así de esta necesidad como de otras mayores de honra y pérdida de alma este padre y señor mío me sacó con más bien que yo le sabía pedir. No me acuerdo hasta ahora haberle suplicado cosa que la haya dejado de hacer. Es cosa que espanta las grandes mercedes que me ha hecho Dios por medio de este bienaventurado Santo, de los peligros que me ha librado, así de cuerpo como de alma; que a otros santos parece les dio el Señor gracia para socorrer en una necesidad, a este glorioso Santo tengo experiencia que socorre en todas y que quiere el Señor darnos a entender que así como le fue sujeto en la tierra —que como tenía el nombre de padre, siendo ayo, le podía mandar—, así en el cielo hace cuanto le pide».

«Querría yo persuadir a todos fuesen devotos de este glorioso Santo, por la gran experiencia que tengo de los bienes que alcanza de Dios. No he conocido persona que de veras le sea devota y haga particulares servicios, que no la vea más aprovechada en la virtud; porque aprovecha en gran manera a las almas que a él se encomiendan. Paréceme ha algunos años que cada año en su día le pido una cosa, y siempre la veo cumplida. Si va algo torcida la petición, él la endereza para más bien mío».

«Si fuera persona que tuviera autoridad de escribir, de buena gana me alargara en decir muy por menudo las mercedes que ha hecho este glorioso Santo a mí y a otras personas; mas por no hacer más de lo que me mandaron, en muchas cosas seré corta más de lo que quisiera, en otras más larga que era menester; en fin, como quien en todo lo bueno tiene poca discreción. Sólo pido por amor de Dios que lo pruebe quien no me creyere, y verá por experiencia el gran bien que es encomendarse a este glorioso Patriarca y tenerle devoción. En especial, personas de oración siempre le habían de ser aficionadas; que no sé cómo se puede pensar en la Reina de los ángeles en el tiempo que tanto pasó con el Niño Jesús, que no den gracias a San José por lo bien que les ayudó en ellos. Quien no hallare maestro que le enseñe oración, tome este glorioso Santo por maestro y no errará en el camino».

Santa Teresa de Jesús (siglo XVI). Libro de su vida , cap. 6, nn. 6-8.

***

«No estoy de acuerdo con la forma clásica de representar a San José como un hombre anciano, aunque se haya hecho con la buena intención de destacar la perpetua virginidad de María. Yo me lo imagino joven, fuerte, quizá con algunos años más que Nuestra Señora, pero en la plenitud de la edad y de la energía humana».

«Para vivir la virtud de la castidad, no hay que esperar a ser viejo o a carecer de vigor. La pureza nace del amor y, para el amor limpio, no son obstáculos la robustez y la alegría de la juventud. Joven era el corazón y el cuerpo de San José cuando contrajo matrimonio con María, cuando supo del misterio de su Maternidad divina, cuando vivió junto a Ella respetando la integridad que Dios quería legar al mundo, como una señal más de su venida entre las criaturas. Quien no sea capaz de entender un amor así, sabe muy poco de lo que es el verdadero amor, y desconoce por entero el sentido cristiano de la castidad».

San Josemaría Escrivá de Balaguer (siglo XX). Es Cristo que pasa , n. 40.

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LA VOZ DE LOS POETAS

Pretendiendo la mano de María

los mozos de su tribu, al bendecido

templo llevan sus báculos un día,

mas sólo el de Joséf ha florecido.

A tiempo en que bajando una paloma

de Salomón al vástago fecundo

decir parece: —Para nido toma

aquesta rama el Redentor del mundo.

Iniciada María en el misterio,

fía a Joséf el virginal tesoro,

y del Real Profeta en el salterio

las hijas de Israel cantan a coro.

Siete auroras después, al maridaje

volaron sus angélicos amores,

bajo un dosel de trémulo follaje

que da a esparcir al céfiro sus flores.

El serafín saluda a los Esposos

entre aligeras aves confundido;

y con rosados labios olorosos

la flor sus pies adora y su vestido.

Entre luces y rosas y doncellas

se encamina al altar resplandeciente,

mirándola celosas las estrellas

que ya quisieran coronar su frente.

El ángel del amor y la inocencia

los cubre de sus alas con el velo;

el que recoge su divina esencia,

nunca tan pura la ha subido al cielo.

Joséf, que no osa levantar la vista

al sol de sus ensueños, en su hermoso

dedo pone un anillo de amatista,

y la Virgen de Sión sigue a su esposo.

Jacinto Verdaguer (siglo XIX). Flors de Maria (Traducción al castellano en "Vida de San José", de José Ildefonso Gatell)

J. A. Loarte

J. A. Loarte