Un saint en périphérie

« l’Opus Dei tient à servir l’Église comme elle veut être servie… ; la tâche qui nous est confiée répond parfaitement aux caractéristiques spirituelles et apostoliques de notre Œuvre » : tels furent les mots que Mgr Escriva adressa au Pape Paul VI lors de l'inauguration du centre de formation professionnelle Elis, dans un quartier sinistré de la périphérie de Rome, après la 2ème guerre mondiale.

Mille tonnes d’explosif s’étaient abattues, le 19 juillet 1943, sur un quartier au nord-est de Rome ; le bombardement massif visait une gare de triage ferroviaire, mais il fit presque deux mille victimes et de centaines de blessés ; des foyers rasés, des rues éventrées. Même la basilique Saint-Laurent-hors-les murs fut touchée. Dans le quartier, un monument rappelle la prière du pape pour les victimes. Pie XII constata en direct l’état des banlieues de son diocèse : marginalisation sociale, pauvreté, désespoir, chômage, familles en difficulté. En 1956, à l’occasion du 80e anniversaire du pontife, une quête mondiale apporta un cadeau généreux, qui fut affectée immédiatement à la création d’une œuvre sociale dans ce quartier sinistré de la périphérie, le Tiburtino.

Jean XXIII en confia la direction à l’Opus Dei, bien connu déjà en Italie. Les travaux avancèrent bon train. Pendant la dernière séance du concile Vatican II, le 21 novembre 1965, Paul VI voulut l’inaugurer, en présence des autorités locales et de nombreux pères conciliaires. Il en fut ravi. Le fondateur de l'Opus Dei, Mgr Escriva, accueillit le souverain pontife avec un discours, lu en italien, plein de reconnaissance et de fierté filiale : « l’Opus Dei tient à servir l’Église comme elle veut être servie… ; la tâche qui nous est confiée répond parfaitement aux caractéristiques spirituelles et apostoliques de notre Œuvre ».

discours de Mgr Escriva lors de l'inauguration du centre ELIS par le Pape Paul VI

Les périphéries ne faisaient pas peur à Escriva, qui avait inauguré son ministère sacerdotal dans une paroisse rurale et qui avait arpenté les bidonvilles et les hôpitaux de Madrid. Le futur saint Josémaria était passionné de vérité et de formation intégrale ; il se sentait heureux de rendre ce service à la Ville éternelle et à l’Église diocésaine. Son respect des personnes le poussait à soigner la formation intégrale, en développant les qualités personnelles au service à la société.

« L’Opus Dei a accueilli avec une gratitude spéciale cette mission de former professionnellement, humainement et chrétiennement les jeunes travailleurs… En effet, aussi bien la formation de ses membres que le développement de ses apostolats sont assis sur la sanctification du travail professionnel de chacun », soulignait alors Escriva en acceptant le défi de l’œuvre sociale.

Flickr © ELIS

L’ensemble fut baptisé « ELIS » (acronyme qui exprime, en italien, les buts du projet : éducation, travail, enseignement, sport) ; il incluait plusieurs centres de formation professionnelle, des foyers de jeunes et une paroisse. Ses programmes offrent des études de multimédia, de télécommunication et de management ; des entreprises associées à l’École financent les bourses ainsi que les cours qui donnent accès au brevet professionnel. Son but a toujours été d’aider les jeunes à aller au bout de leur talent pour surmonter les difficultés de l’insertion sociale et dans le marché du travail. Ses écoles sportives et technologiques sont réputées. Le professionnalisme est mis au service des personnes et éclairé par la foi.

L’Association Centre ELIS est une ONG (organisation non gouvernementale) pour la coopération et le développement qui rayonne en plusieurs pays de l’Amérique Latine, d’Asie et d’Afrique. Le Centre est à l’origine de publications et de colloques qui permettent une réflexion sur la valeur du travail et du service à la personne et à la société.

Depuis, des milliers de filles et de garçons ont bénéficié de ces services, ainsi que de nombreuses familles, en grande partie issus des immigrants ; la fondation promeut aussi des initiatives dans les pays en développement, dans le but de former des formateurs, et met en valeur la responsabilité sociale des entreprises. En 1965, dans ce quartier meurtri de la périphérie romaine, Escriva voyait loin.

Flickr © ELIS

Le 2 juin 1989, l'Association a reçu du Président de la République italienne la Médaille d'Or aux bienfaiteurs de l'École, de la Culture et de l'Art.

Abbé Fernandez