- Jésus enseigne par paraboles
- Accueillir la Parole de Dieu
- Le rôle des circonstances extérieures
LE SEIGNEUR parcourt la terre de Galilée avec ses disciples et annonce le Royaume de Dieu à ceux qui viennent l’écouter. Jésus utilise des paraboles dans sa prédication : de courtes histoires qui révèlent de manière simple une vérité profonde de la vie spirituelle. Il prend des exemples quotidiens dans le monde du travail, comme les semailles, la pêche ou les travaux ménagers. À d’autres moments également, il les prend dans la vie sociale et familiale, comme une fête de mariage, la relation d’un père avec ses enfants, ou l’entrepreneur à la recherche de journaliers. Il raconte même des événements qui peuvent être inhabituels pour de nombreux auditeurs, comme la découverte d’un trésor ou un vol sur la route. Toutes ces images sont faciles à comprendre, elles sont bien plus qu’un enseignement théorique. « Une image attrayante donne au message un sentiment de familiarité, de proximité, de possibilité, de lien avec sa propre vie. Une bonne image peut amener à aimer le message à transmettre, elle éveille un désir et motive la volonté dans le sens de l’Évangile » [1].
Jésus aime utiliser ces paraboles parce qu’il connaît bien la façon d’être des humains. Il connaît le pouvoir d’un exemple tiré de la vie quotidienne des gens. Cette attitude reflète la simplicité, la proximité, le désir de se mettre à la place de l’autre. Ce que le Christ transmet, ce ne sont pas des idées étrangères au monde dans lequel nous vivons, mais des idées étroitement liées aux réalités quotidiennes. C’est pourquoi saint Josémaria a écrit : « Demande au Seigneur qu’il nous accorde à nous ses fils le “don des langues”, le don de nous faire comprendre de tous. Pourquoi je le désire, ce “don des langues” ? Tu peux le déduire des pages de l’évangile, qui abondent en paraboles, en exemples qui rendent tangible la doctrine et illustrent ce qui est spirituel sans avilir ni dégrader la parole de Dieu. Pour tous — qu’ils soient ou non des savants —, il est plus facile de considérer et de comprendre le message divin au moyen de ces images empruntées à la vie des hommes » [2]. Il ne s’agit pas seulement de trouver un bon emballage pour ce que nous voulons dire, mais d’aimer les gens comme le Christ l’a fait.
DANS LA PARABOLE du semeur, Jésus nous dit que les graines qui ne sont pas tombées sur une bonne terre ont été mangées par les oiseaux ; ou, quand elles ont germé, elles ont séché rapidement à cause du manque d’humidité ou ont été étouffées par les ronces. En revanche, ceux qui sont tombés dans la bonne terre ont porté du fruit, et ils ont porté du fruit au centuple (cf. Lc 8, 5-8). Le Seigneur montre que le semeur sème sur tout le champ, sans faire grand cas de la manière dont la semence sera reçue : il la sème à la volée, dans l’espoir qu’elle portera ses fruits. La semence, dans son sens le plus profond, c’est le Christ lui-même, à qui Dieu nous a donné : « Ceux qui écoutent avec foi et rejoignent le petit troupeau du Christ ont reçu le Royaume ; alors la semence, d’elle-même, germe et croît jusqu’au moment de la récolte » [3].
« La parabole du semeur est comme la “mère” de toutes les paraboles, car elle parle de l’écoute de la parole. Elle nous rappelle que la parole de Dieu est une semence qui, en elle-même, est féconde et efficace, et que Dieu la sème partout avec générosité, sans se soucier des restes. Tel est le cœur de Dieu ! Chacun de nous est un champ sur lequel tombe la semence de la parole, n’excluant personne ! » [4] Nous recevons Dieu lui-même. Par conséquent, le chemin pour se laisser atteindre par cette semence n’est pas, en premier lieu, la conformité morale à un mode de vie, ou l’acceptation intellectuelle d’une doctrine, mais une réponse d’amour à Dieu qui est venu à notre rencontre.
Il dépend en partie de nous que cette graine germe et porte des fruits au centuple. Le Seigneur offre le bonheur à tous, mais il ne l’exige pas, c’est chacun qui décide librement de l’accepter. Dieu nous a rendus libres et cette parabole est une manifestation de cette réalité. « La passion pour la liberté, l’exigence de celle-ci de la part des individus et des peuples, est un signe positif de notre époque. Reconnaître la liberté de chaque femme et de chaque homme, c’est reconnaître qu’ils sont des personnes : propriétaires et responsables de leurs propres actions, avec la possibilité de diriger leur propre existence. Bien que la liberté ne fasse pas toujours ressortir le meilleur de chacun, nous ne pourrons jamais en exagérer l’importance, car si nous n’étions pas libres, nous ne serions pas capables d’aimer » [5].
MALGRÉ la simplicité du langage, les disciples demandent à Jésus de leur expliquer la parabole. Le Maître expose ensuite les raisons pour lesquelles la graine ne germe pas en terre, les raisons pour lesquelles la parole de Dieu peut ne pas s’enraciner dans la vie des gens : l’action du diable, le manque de racine au moment de l’épreuve, les richesses et les intérêts mondains… Et il souligne, en même temps, que « ce qui est tombé dans la bonne terre, ce sont les gens qui ont entendu la Parole dans un cœur bon et généreux, qui la retiennent et portent du fruit par leur persévérance » (Lc 8,15).
Il nous arrive souvent de rejeter la faute sur les circonstances extérieures lorsque quelque chose ne se déroule pas comme prévu : un élément imprévu peut compliquer un projet professionnel, une activité familiale ou un événement entre amis. Cependant, saint Josémaria nous invite à vivre saintement aussi ces particularités, tout comme les difficultés que la graine peut traverser ; c’est-à-dire qu’il nous encourage à ne pas tomber dans ce qu’il appelait « la mystique du si » : « Ah ! si je ne m’étais pas marié, ah ! si je n’avais pas cette profession, ah ! si j’avais une meilleure santé, ah ! si j’étais jeune, ah ! si j’étais vieux ! » [6] Dieu vient à notre rencontre dans le présent, ici et maintenant, même là où nous ne l’attendons pas.
La parabole souligne que les circonstances n’ont pas le dernier mot : ce sont les décisions libres des hommes qui sont définitives dans l’acceptation du don divin. Avec l’action de la grâce et notre effort personnel, nous sommes capables d’enlever petit à petit tout ce qui étouffe la graine. La Vierge Marie, champ fertile dans lequel Dieu lui-même s’est incarné, nous aidera à préparer le terrain pour que Jésus puisse également germer dans notre cœur.
[1]. Pape François, Evangelii gaudium, n° 157.
[2]. Saint Josémaria, Forge, n° 895.
[3]. Concile Vatican II, Lumen gentium, n° 5.
[4]. Pape François, Angélus, 12 juillet 2020.
[5].Mgr Fernando Ocariz, Lettre pastorale, 9 janvier 2018, n° 1.
[6]. Saint Josémaria, Entretiens, n° 116.