- Accueillir Jésus dans la communion
SAINT LUC nous raconte qu’avant de choisir ses apôtres Jésus a passé toute la nuit en prière. Dans les moments qui ont précédé d’autres événements importants, nous voyons le Seigneur ayant recours à ce dialogue personnel avec son Père. Il le fera aussi, par exemple, des années plus tard, au Jardin des Oliviers : face à l’imminence de la Passion, Jésus demande la force de toujours faire la volonté de Dieu son Père.
Bien sûr, il n’est normalement pas possible de passer des nuits entières à veiller. Mais l’attitude de notre Seigneur nous montre le besoin que le Christ lui-même avait d’être intensément à l’écoute de Dieu son Père, surtout lorsqu’il est confronté à une situation importante nécessitant beaucoup de lumière, de consolation et d’encouragement. Comme le disait saint Josémaria, grâce à la prière, nous pouvons transformer toute notre journée en « une conversation intime et confiante. Je l’ai affirmé, je l’ai écrit bien souvent, et peu m’importe de le répéter, car notre Seigneur nous a fait savoir par son exemple que c’est le comportement le plus sûr : prier constamment, du matin au soir et du soir au matin. Quand tout se fait facilement : merci, mon Dieu ! Quand arrive un moment difficile : Seigneur, ne m’abandonne pas ! » [1]
Un père s’intéresse aux moindres détails de la vie de son enfant. Et même s’il les a entendus cent fois, il est capable de faire preuve d’une affection et d’un enthousiasme toujours nouveaux. C’est pourquoi nous pouvons avoir la même attitude envers notre Père céleste. Lorsque nous lui offrons même les plus petites choses de notre journée, il les fait siennes et elles prennent alors la valeur infinie du sacrifice de son Fils. « Toutes nos demandes ont été recueillies une fois pour toutes dans son Cri sur la Croix et exaucées par le Père dans sa Résurrection et c’est pourquoi il ne cesse d’intercéder pour nous auprès du Père » [2].
NOUS NE CONNAISSONS PAS le contenu exact de la nuit de prière de Jésus. Mais il est facile de supposer qu’il pensait à chacun des apôtres qu’il allait choisir le lendemain. Il les contemplait avec leurs vertus et leurs défauts, et il avait un grand désir qu’ils soient très féconds et heureux dans la diffusion de la bonne nouvelle du salut. « Le choix des disciples est un événement de prière ; ils sont, pour ainsi dire, engendrés dans la prière, dans la familiarité avec le Père. […] C’est aussi le point de départ pour comprendre les paroles de Jésus : “ Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson” (Mt 9, 38) : ceux qui travaillent à la moisson de Dieu ne peuvent pas être simplement choisis comme un employeur cherche ses ouvriers ; ils doivent toujours être demandés à Dieu et choisis par lui pour ce service » [3].
La vie de tout un chacun n’est jamais isolée, elle a besoin de relations avec les autres. Il est donc logique que, même dans la prière, des noms et des visages nous viennent à l’esprit, surtout ceux qui nous sont les plus proches, qui font partie de notre quotidien et qui nous sont chers. De cette manière, les relations seront ouvertes à l’action divine, Dieu sera invité à habiter plus clairement au milieu de ces liens. On éprouve ainsi une joie qui n’est ni « fortuite ni accidentelle », mais « le fruit de l’harmonie profonde entre les personnes, qui nous fait goûter la beauté d’être ensemble, de nous soutenir mutuellement sur le chemin de la vie » [4].
Il est normal que nous ayons une relation plus facile avec certains, soit parce que nous avons un caractère similaire, soit parce que nous nous retrouvons dans nos hobbies et nos goûts. Mais le fait de savoir que nous sommes les enfants d’un même Père « nous conduira à approfondir nos relations avec nos frères et sœurs ; à ne pas nous laisser emporter uniquement par les choses que nous avons en commun et aussi à dépasser les éventuelles barrières humaines que nous pouvons avoir, en sachant voir le Christ lui-même en chacun ». [5]
QUAND NOUS RECEVONS Jésus dans la communion eucharistique, nous sommes bien placés pour confier à Dieu n’importe quelle intention, au nom de son Fils. Nous pouvons faire l’expérience directe de ce que raconte saint Luc : « Toute la foule cherchait à le toucher, parce qu’une force sortait de lui et les guérissait tous » (Lc 6, 19). Ce sera peut-être le moment de se souvenir, comme Jésus l’a fait, des personnes que nous voulons aider ; ou aussi le moment de remplir nos cœurs d’action de grâce pour le fait qu’il a voulu compter sur nous, et même parce que nous arrivons à prier : « Père, je te rends grâce parce que tu m’as exaucé » (Jn 11, 41). Nous pouvons aussi faire l’expérience de notre indignité ou des limites de nos possibilités, comme le centurion qui voulait que son serviteur guérisse : « Dis seulement une parole et mon serviteur sera guéri » (Mt 8, 8).
Lorsque quelqu’un d’important va nous recevoir, nous préparons généralement ce que nous allons dire afin de ne pas l’oublier à ce moment-là, peut-être sous le coup de l’émotion. De la même manière, nous pouvons faire quelque chose de semblable lorsque nous nous préparons à recevoir le Seigneur dans l’Eucharistie, en alignant des intentions tout au long de la journée. « Avez-vous déjà pensé à la façon dont vous vous prépareriez à le recevoir s’il n’était possible de communier qu’une seule fois dans la vie ? » [6] demandait saint Josémaria. Et d’ajouter à un autre moment : « Nous devons le recevoir comme les grands de la terre : avec un beau décor, des lumières, de nouveaux vêtements. Et si tu demandes quelle propreté, quelle parure et quelles lumières tu dois avoir, je te répondrai : la propreté dans tes sens, un par un ; la parure dans tes puissances, une par une ; la lumière dans toute ton âme » [7].
La Vierge Marie a été la première à recevoir Jésus. Nous pouvons lui demander de nous donner la grâce d’accueillir l’amour de son fils avec la même pureté, humilité et dévotion avec lesquelles elle l’a fait.
[1]. Saint Josémaria, Amis de Dieu, n° 247.
[2].Catéchisme de l’Église Catholique, n° 2741.
[3]. Benoît XVI, Jésus de Nazareth I.
[4]. Pape François, Angélus, 27 décembre 2015.
[5]. Notes prises lors d’une réunion de famille avec Mgr Fernando Ocariz, 25 juin 2022.
[6]. Saint Josémaria, Méditation, 14 avril 1960.
[7].Ibid.