Au milieu des enfants du Paraguay

Le vendredi 24 novembre se projetait au Centre culturel Fontenelle, à Bruxelles, un reportage sur un projet d’aide humanitaire réalisé au Paraguay en juillet dernier par un groupe de dix-sept étudiantes venues de toute la Belgique. Elles en ont profité pour communiquer leurs expériences.

Qu’est-ce qui vous a le plus frappées à votre arrivée ?

La misère. Nous avons d’abord travaillé dix jours dans un bidonville à Asunción, la capitale. Les gens habitent dans des baraques en planches. La première fois ça fait un choc. Un exemple : une seule pièce, avec deux lits simples poussés l’un contre l’autre pour sept personnes : les parents et cinq enfants. Pas d’eau courante ; seulement, dans le jardin, un robinet à 1 m de hauteur, un des seuls robinets de la rue. Pas d’armoires ; le peu de vêtements de rechange, accrochés à un clou au mur. Des poules, des cochons, des chiens qui courent partout, même dans les maisons. Des enfants qui passent avec un t-shirt et un short tout déchirés et deux tongs différentes, sûrement trouvées dans la rue.

Parfois aussi la misère morale. Après Asunción, nous avons passé une dizaine de jours à Loreto, village situé près de Concepción, dans l’Est du pays. A la périphérie, beaucoup de détresse. Des drames familiaux, des familles nombreuses sans père, quelquefois des enfants qui n’ont même plus de larmes, mais qui, après plusieurs jours d’apprivoisement et d’affection, finissent par pouvoir raconter leur chagrin.

Quel travail avez-vous réalisé ?

Laver la tête des enfants, parfois des adultes, avec une lotion contre les poux. Leur couper les cheveux. Leur apprendre à brosser leurs dents. Leur laver les pieds et les mains ; leur nettoyer et couper les ongles. Enlever les parasites, les " piques ", qu’ils avaient dans la peau. Nettoyer et désinfecter les maisons - ils ne connaissent guère l’hygiène, ils n’ont déjà pas de quoi manger… Aider le médecin qui nous accompagnait à examiner les enfants, à prévenir les familles de son arrivée ; distribuer des médicaments…

Mais surtout, nous avons donné notre temps et notre affection aux enfants, joué avec eux, organisé des activités pour eux, préparé avec eux un festival pour leurs parents… Pour eux, c’était un vrai miracle : que nous soyons venues d’Europe pour nous occuper d’eux, que nous revenions chaque jour pour nous intéresser à eux.

En deux fois dix jours, qu’est-ce que vous avez eu le temps de faire ?

Matériellement, une goutte d’eau dans l’océan. Mais voir le grand sourire de ces enfants, leur regard ouvert et confiant, leur joie devant la moindre chose qu’on fait pour eux, ça n’a pas de prix. Et puis… nous avons peut-être donné quelque chose, mais nous avons reçu encore beaucoup plus.

On apprend concrètement ce que veulent dire pauvreté et solidarité. On se rend compte qu’on ne peut pas vivre pour soi-même et son petit confort. Les problèmes de fond, cela se résout à un autre niveau, mais peut-être y aura-t-il des étudiantes de notre groupe qui travailleront professionnellement au développement, plus tard.

Et même si nous avons fait notre possible pour soulager la misère matérielle, les enfants du Paraguay nous ont appris quelque chose de bien plus fondamental : que la richesse matérielle n’est pas le plus important. Ils ont le cœur très grand. Ils n’ont trois fois rien, mais le peu qu’ils avaient, ils nous le donnaient : un pamplemousse, un bonbon... Malgré leur pauvreté, ils vivent heureux. En Europe nous avons de tout, mais il nous manque souvent le bonheur que nous avons vu là-bas.

Vous projetez un séjour d’aide humanitaire au Pérou pour l’été prochain. Comment est-ce que vous vous y préparez ?

D’abord, en cherchant chacune à gagner elle-même de quoi s’auto-financer. Nous nous réunissons régulièrement pour échanger des idées d’initiatives ou pour en préparer. Nous apprenons ou perfectionnons l’espagnol, nous rencontrons des péruviens pour faire connaissance avec leur culture, nous réfléchissons ensemble au développement et à ce dont les personnes ont vraiment besoin. Nous cherchons aussi des sponsors pour les activités à réaliser sur place, du matériel à emporter… Cet été, nous avons reçu beaucoup de médicaments, des vêtements, des ustensiles de toutes sortes.

En travaillant ensemble, nous apprenons aussi à nous connaître entre nous et à travailler en équipe, c’est important, parce que là-bas, le rythme de vie est exigent, et les expériences, très intenses.

On peut encore s’inscrire pour l’été prochain ?

Oui, bien sûr, mais plus tôt on le fait, mieux on se prépare. On risque d’y perdre un peu de son confort, mais d’y gagner beaucoup en générosité et en solidarité !

    Bruxelles