Un point de vue américain sur le dernier Dan Brown

““Le Code” se vend bien, les critiques vont bon train”, a écrit Celia McGee, dans le “New York Daily News” du 4 septembre 2003, en rendant compte du dernier livre de Dan Brown, Da Vinci’s Code, qui était paru six mois plus tôt aux États-Unis.

Mais les détracteurs se manifestent, ajoute-t-elle. “Ils ne sont pas d’accord avec les sources du livre, l’accusent de malhonnêteté intellectuelle et le déclarent anti-catholique (...). Le révérend James Martin, rédacteur en chef de “America”, hebdomadaire national catholique, critique l’idée du roman selon laquelle l’Église a conspiré pour dissimuler une descendance conçue par le Christ ayant épousé Marie-Madeleine et pour dissimuler le culte du “ féminin sacré”. “Historiquement, l’Église a minimisé la contribution des femmes au début de la chrétienté” dit-il. “Mais ce livre pourrait donner la fausse impression que l’Église retient des évangiles secrets et que sais-je encore, alors que tout est accessible” (...) Le roman “s’est trompé dans la datation concernant le développement de la doctrine sur la divinité du Christ, et en fait une invention de l’empereur romain Constantin”, affirme la médiéviste Sandra Miesel: (...) l’auteur a fait de très nombreux emprunts” à deux ouvrages de recherches menées par des non spécialistes, “La révélation des Templiers: Les gardiens du secret sur la véritable identité du Christ” et “Le sang sacré et le Saint Graal”, un ouvrage qui se livre à des spéculations sur la descendance du Christ. La plupart des spécialistes ont discrédité ces deux ouvrages.”

La journaliste new-yorkaise souligne d’autres invraisemblances du livre: “Brown attribue de manière erronée la commande de “La madone au Rocher” à un couvent et affirme que Da Vinci fut bombardé de commandes par le Vatican, alors qu’il n’y en a eu qu’une seule. Le héros du livre mentionne l’absence du calice dans “La Dernière Cène” comme preuve que Da Vinci savait qu’il n’y en avait aucun en ce qui concerne le Graal. Mais, affirme Miesel, le tableau est tiré d’un verset de l’Évangile de St Jean, “qui ne dit rien de l’institution de l’Eucharistie.” Qu’il y ait eu un pape jetant dans le Tibre les cendres des Templiers qu’il aurait exterminés défie toute logique, puisque ce pontife était alors en exil en Avignon (...)”

Celia McGee conclut: “De telles erreurs ne sont peut-être pas perceptibles au lecteur non averti. Mais l’affirmation selon laquelle l’Église a brûlé cinq millions de sorcières sur le bûcher va à l’encontre des recherches actuelles qui place le chiffre aux alentours de cinquante mille (...) C’est une histoire contemporaine, une œuvre de fiction intégrale, mais agencée autour d’une monumentale recherche sur une partie de l’histoire volontairement enterrée.”

Celia McGee, “The Code...”, dans le “New York Daily News” du 4 septembre 2003

New York Daily News