Le fondateur de l'Opus Dei canonisé devant plus de 300 000 fidèles

Dans son article paru dans Le Figaro, Sophie de Ravinel décrit l’ambiance qui régnait sur la Place Saint-Pierre le matin du 6 octobre.

C'est une foule joyeuse et recueillie de plus de 300 000 personnes qui a envahi hier dès l'aube les environs de la place Saint-Pierre pour la canonisation du fondateur de l'Opus Dei, Josémaria Escriva. Vers 10h, Jean-Paul II est arrivé dans sa papamobile sous un grand soleil, acclamé par la foule et alors que 1 200 voix appartenant à 37 choeurs et venus du monde entier entonnaient leurs chants.

Une heure avant le début de la cérémonie, il était quasiment impossible de circuler dans les rues adjacentes où les fidèles se pressaient, leurs billets à la main, pour tenter de s'approcher des immenses écrans géants qui ont été installés jusqu'au château Saint-Ange, au bord du Tibre, tout au bout de la via della Conciliazone. La plupart des hommes avaient revêtu un costume, les prêtres leur clergyman, les familles étaient accompagnées de nombreux enfants et les jeunes constituaient, aux dires des organisateurs, plus de 40% des pèlerins. L'espagnol dominait largement dans les conversations. La langue du fondateur est en effet parlée par la plupart des membres de l'Opus Dei, quelle que soit leur nationalité. Ce dimance, ils sont venus de 84 pays pour accompagner Josémaria durant son entrée dans la cour des saints de l'Église catholique et une cinquantaine de cardinaux et d'évêques venus des cinq continents ont concélébré la cérémonie présidée par Jean-Paul II. Sur la gauche de l'autel, avaient pris place plusieurs centaines d'évêques ou d'archevêques ayant tenu à se rendre à Rome pour l'événement.

Peu après le début de la messe, lors du rite de canonisation, la foule a entonné la litanie des saints dans un grand recueillement. La prière des fidèles était palpable, un fait relativement rare durant les grandes cérémonies pontificales de ce type, rassemblant plusieurs centaines de milliers de personnes. A la lecture par le Pape de la formule de canonisation, le silence était absolu, immédiatement suivi par de longs applaudissements.

Tous ont ensuite écouté le Souverain Pontife les invitant à "élever le monde jusqu'à Dieu et à le transformer de l'intérieur", à faire en sorte que leur vie intérieure et leur vie familiale, professionnelle et sociale, "faites de petites réalités terrestres", ne soient jamais séparées, mais "constituent une seule existence sainte et pleine de Dieu". "La foi catholique s'oppose au conformisme et à l'inertie intérieure", leur a-t-il rappelé à la suite du nouveau saint. "Évidemment, a ajouté Jean-Paul II en se référant implicitement aux oppositions rencontrées par l'Opus Dei au cours de son histoire, les difficultés et les incompréhensions ne manquent pas pour ceux qui ont le désir de servir avec fidélité la cause de l'Évangile. Le Seigneur purifie et modèle avec la force mystérieuse de la Croix, ceux qui sont appelés à le suivre. C'est dans la Croix que l'on trouve la lumière, la paix et la joie", a enfin ajouté le Pape en précisant que "le secret de la sainteté et le vrai succès des saints est dans la prière et dans une vie sacramentelle intense et constante".

Cette vie de prière, la pratique régulière des sacrements et de l'apostolat, c'est ce que sont bien décidés à vivre deux jeunes français âgés d'une trentaine d'années, Sébastien Wagener et Stéphane Jacopin. S'ils ne font pas partie de l'Opus Dei, ils se reconnaissent comme "des amis de l'Oeuvre" et participent à des groupes de prière et de réflexion animés par la communauté. "Les enseignements d'Escriva m'entraînent sur un chemin de sainteté comme il en existe d'autres dans l'Église", affirme Sébastien qui, comme son ami Stéphane, se nourrit aussi à d'autres sources de spiritualité. Ils ont tous deux été formés dans le scoutisme. "C'est lorsque j'ai rencontré l'Opus Dei, explique cependant Stéphane, que j'ai commencé à me rendre à la messe plus régulièrement en semaine". Pour lui, cette canonisation, "est un excellent moyen pour mieux faire connaître Escriva et son oeuvre".

Hélène Paillot, quant à elle, ne cache pas son émotion, comme la plupart des pèlerins qui l'entourent. Ce dimanche était pour elle l'aboutissement de longs mois de travail à Rome comme traductrice du site Internet dédié à l'événement. Hélène, engagée au célibat au sein de l'Opus Dei, est âgée d'une trentaine d'années et ne veut pas mettre de barrières à ses rêves. Elle veut sauver les âmes et devenir sainte elle aussi, au travers de sa vie toute simple de bibliothécaire. "Cela passe par ma générosité et ma fidélité", précise-t-elle dans un sourire alors que Jean-Paul II, après la prière de l'Angélus concluant la célébration, remontait toute l'avenue de la Conciliazione dans une ambiance des grands jours du Vatican.

Ce matin, elle s'est jointe aux 180 000 pèlerins qui étaient attendus de nouveau sur la place Saint-Pierre pour la messe d'action de grâces autour du Prélat actuel de l'Opus Dei, Mgr Javier Echevarría Rodriguez.