11 ans dans l'Opus Dei

Mariée, mère de 5 enfants, Apolline fait partie de l'Opus Dei comme surnuméraire depuis 11 ans. Elle nous parle de son engagement, de liberté, de correction fraternelle et de finances.

Apolline et trois de ses enfants

Comment décrire votre engagement dans l’Opus Dei ?

Je me suis engagée à vivre ma foi chrétienne à la lumière des enseignements de Saint Josémaria, à assister aux moyens de formation dispensés par l’Opus Dei et à témoigner de ma foi dans ma vie de tous les jours. En réponse à ma demande, l’Opus Dei m’assure l'assistance spirituelle dont j'ai besoin.

Comment se traduit-il dans votre vie de tous les jours ? Avec votre mari, vos enfants ?

J’essaye de vivre comme si Dieu était là, à côté de moi : je le salue le matin, je le remercie pour mes petits bonheurs, je lui dis que j’en ai marre que mon mari rentre tard, je lui montre mon travail, je lui parle de mes amis, de mes enfants, etc.

J'essaie chaque semaine de recevoir une formation chrétienne. Cela me permet de mieux comprendre la foi (on n’a jamais fini de la découvrir) et de prendre des petites résolutions pour vivre les enseignements du Christ au quotidien : sourire aux personnes que je côtoie même si elles m’agacent, être patiente quand mes enfants mangent trèèès lentement, prier davantage pour les autres que pour mes petits problèmes… Cela rejaillit donc sur mon mari et mes enfants, mais cela reste une démarche personnelle que je ne leur impose pas.

Parlez-vous de votre engagement avec votre mari ?

Bien entendu, d’autant plus qu’il est surnuméraire également. Lorsque je travaillais, nous avions convenu qu’il rentrerait plus tôt du travail le lundi pour prendre en charge les enfants pendant que je me rendais aux réunions de l’Opus Dei.

Régulièrement, nous parlons des enseignements que j'ai reçus, je lui donne des nouvelles des personnes de l’Œuvre qui sont nos amies… ou je lui confie que je me suis endormie et que la semaine prochaine il faudra que je me couche plus tôt la veille !

Parfois nous récitons le chapelet ensemble en faisant la vaisselle, cela nous encourage l’un l’autre. Mais l'essentiel de ma relation avec Dieu reste personnelle, intime. Chacun a son histoire, sa vie avec Dieu, et je ne dis pas à mon mari : « Dis donc il me semble que tu n’as pas fait les 15 minutes de lecture spirituelle réglementaires ! »

Comment avez-vous connu l'Opus Dei ?

Mes parents sont surnuméraires, et j’ai longtemps expliqué à tout le monde que « ce n’était pas mon truc et que l’Opus Dei n’est pas héréditaire », avant de redécouvrir l’Opus Dei, alors que j'étais étudiante. Je me suis même posé la question de m’engager comme numéraire et de laisser tomber mon petit ami pour Dieu parce que cela me paraissait plus généreux… mais rien que d’y penser j’étais en larmes !

Avez-vous perçu une pression ou une incitation à vous engager ?

Non, je me suis sentie très libre.

Le prêtre et une amie de l'Opus Dei m’ont réconfortée en me disant qu’une numéraire triste serait une bien triste numéraire et que ce n’était peut être pas tout à fait cela que Dieu me demandait. La paix et la joie que j’ai ressenties après avoir décidé de m’engager comme surnuméraire, et d’épouser mon amoureux, m’ont confortée dans ma décision d’entrer dans l’Opus Dei.

On parle parfois de pression psychologique...

Personnellement, je me sens libre de mes actes, de choisir mes amis, mes loisirs, mes vêtements, de dire ou non si je fais partie de l’Opus Dei ou que mon péché mignon est le macaron au chocolat ! Je suis tout à fait moi-même à l’Opus Dei comme à la maison. D’ailleurs, tout ce que je pense se lit sur mon visage, je serais bien en peine de cacher des pressions psychologiques à mon mari par exemple.

On parle de correction fraternelle. Qu'est-ce que cela ?

Pour vous le faire comprendre simplement, je vais vous donner un exemple.

Un jour où j’étais affalée sur un canapé pendant un enseignement, on m’a fait remarquer que mon attitude pouvait exprimer l'ennui et le désintérêt pour la personne qui parlait. Mieux valait, le cas échéant, le lui dire après, seule à seule.

Pour ma part, j’ai suggéré à quelqu'un de couper son portable avant de rentrer dans la chapelle, pour éviter les sonneries et la panique qui s'ensuit durant la messe ou un moment de prière.

Est-ce que cette pratique pourrait favoriser un climat de délation et de suspicion ?

Pas du tout ! La correction fraternelle existe depuis toujours chez les chrétiens, le Christ en parle lui-même dans l’évangile où Il dit en substance : si ton frère vient à pécher, reprends-le, et s’il change, tu auras gagné ton frère. L’objectif, c’est d’aider l’autre. Vous connaissez la paille et la poutre ? On ne voit pas facilement nos défauts, alors l’avis des autres nous aide à en prendre conscience pour corriger le tir. Il ne s’agit pas de juger l’autre, mais de lui montrer le chemin où avancer. Après il fait ce qu’il veut ! Et franchement, ces conseils sont donnés avec plus de compréhension que ceux donnés dans le monde du travail par exemple...

Avez-vous également un engagement financier ?

Je donne de l’argent tous les mois, entre 40 et 50€. Il n'y a pas de « cotisation », donc l’Opus Dei n’a rien à me « réclamer ». Je choisis combien je donne, j’en ai parlé à mon mari puisque nous gérons notre argent ensemble, c’est normal qu’il soit au courant. Si j’oublie, personne ne me le réclame. Si je traverse une période financièrement plus délicate, je me sens tout à fait libre de diminuer ou suspendre mon don. Ce que je souhaite surtout, c'est pouvoir collaborer à ma façon avec cet apostolat qui m'aide tant personnellement. Quitte par exemple à me contenter de recouvrir des livres pour la bibliothèque du centre, pour que d'autres puissent en profiter !