Le Bienheureux Alvaro del Portillo fêté en France

Cette année, pour la première fois, le bienheureux Alvaro del Portillo a été fêté par la célébration d'une Messe en son honneur, dans diverses villes de France. Vous pouvez relire l'homélie prononcée à Paris par Mgr de Rochebrune, Vicaire de l'Opus Dei en France, et celle de Mgr Le Gall, prononcée à Toulouse.

Homélie prononcée par mgr de Rochebrune, Vicaire régional de l'Opus Dei en France, lors de la Messe célébrée le 16 mai 2015, en la basilique Notre Dame des Victoires, en l'honneur du Bienheureux Alvaro del Portillo.

Mgr de Rochebrune, Vicaire régional de l'Opus Dei en France

« C'est avec une très grande joie que nous célébrons aujourd'hui la mémoire du Bienheureux Alvaro. C'est la première célébration de sa fête liturgique. Nous avons le souvenir encore vivant de sa béatification à Madrid le 27 septembre dernier. les participants qui ont vu cette foule se rassembler se sont émerveillé de voir la fécondité spirituelle apostolique et humaine de Saint Josémaria, le fondateur de l'Opus Dei et de son successeur le Bienheureux Alvaro. Bon nombre d'entre nous faisons partie de ces fruits : nous avons bénéficié de l'affection, de la prière, des enseignements de ces deux saints, et nous rendons grâce à Dieu ce matin de pouvoir honorer le Bienheureux Alvaro.

Si cette Messe est célébrée à Notre Dame des Victoires, c'est pour deux raisons : la première, c'est que le bienheureux s'y est rendu pour prier Marie. La seconde, c'est pour célébrer ensemble devant ND des Victoires l'année mariale pour la famille, que le prélat de l'Oeuvre a suggéré de vivre cette année, dans l'optique du synode sur la famille, en octobre prochain, à Rome.

Le Bienheureux Alvaro fut un homme profondément marial. A l'occasion de ses déplacements à travers le monde, il trouvait le temps d'aller se recueillir dans un sanctuaire marial. Ce fut le cas il y a maintenant 27 ans, le 27 août 1988. Ce matin là, à peine arrivé à Paris ce matin là, il demanda à mon prédécesseur, Mgr Romero, s'il était possible de faire un pèlerinage durant son séjour dans notre capitale. Connaissant déjà notre Dame ainsi que la chapelle de la rue du Bac, il lui demanda s'il y aurait un autre endroit où il pourrait honorer la Sainte Vierge. La réponse fut facile : notre Dame des Victoires. Ici, conduit par son amour de la Sainte Vierge et son amour pour notre pays, le Bienheureux Alvaro vint se recueillir. Il suggéra que l'on récite le chapelet en français, afin de s'unir à la prière de ses enfants spirituels. Et nous, comment avançons nous dans la piété, dans le goût pour la prière ?

Ayons à coeur de nous recueillir aux pieds de la Vierge Marie avec l'attitude des enfants qui ont besoin de leur mère pour lui demander de grandes et belles choses. Et demandons lui concrètement de nous aider à nous lancer dans un élan apostolique nouveau pour aider les familles du monde entier à prendre conscience de la grandeur de leur existence. Comme je vous le disais, le choix de célébrer cette Messe ici est aussi guidé par l'itinéraire marial qui est le nôtre en cette année où nous nous proposons de prier spécialement pour la famille.

Nous ne pouvons pas nous contenter simplement d'être fils ou filles de nos parents, ou bien frères et sœurs, ou bien époux ou épouse, ou bien encore père ou mère ou même grand-parents. Nous sommes tous quelque chose de cela. Mais il s'agit de faire un peu de prière pour voir comment les relations familiales que nous entretenons avec les membres de nos familles peuvent être transformées sanctifiées, transfigurées par les liens de l'amour divin. ET pour cela prenons pour exemple la Ste Vierge : elle est Mère, elle est fille elle est épouse. Elle mieux que personne a placé très haut le niveau des relations qui peuvent se tisser au sein d'une famille. Tant de délicatesse de sa part, tant d'esprit de service, d'oubli de soi, de souci des autres (pensons aux noces de Cana) ! ET quelle générosité… quel don de soi au pied de la Croix. Et ensuite, tout au long de l'histoire, toutes ces interventions et toute son intercession auprès de ses enfants les hommes.

La lecture que nous avons entendu aujourd'hui nous montre à quel point nous pouvons placer à un niveau plus élevé la qualité de nos relations familiales : Col 3,17 Puisque vous avez été choisis par Dieu, que vous êtes sanctifiés, aimés par lui, revêtez-vous de tendresse et de compassion, de bonté, d'humilité, de douceur et de patience. Supportez-vous les uns les autres, et pardonnez-vous mutuellement si vous avez des reproches à vous faire. Le Seigneur vous a pardonné : faites de même. Par-dessus tout cela, ayez l'amour, qui est le lien le plus parfait.

Il me semble que le Bienheureux Alvaro répondait bien à cette description que fait Saint Paul, de la vie sainte du chrétien. Rendons grâce à Dieu d'avoir eu à la tête de l'Opus Dei un pasteur si bon, si fidèle à l'esprit du fondateur saint Josémaria, et formulons le désir de vivre dans la fidélité et la sainteté, en ces jours de préparation à la grande solennité de la Pentecôte.

Les actes des apôtres précisent qu'au retour de l'Ascension, les apôtres se sont de nouveau réunis au Cénacle et qu'ils était là unis dans la prière avec Marie, la mère de Jésus. Soyons nous mêmes dans cette même attitude. »

Homélie prononcée par Mgr Le Gall, évêque de Toulouse, lors de la Messe en l'honneur du Bienheureux Alvaro del Portillo, en l'église Notre Dame La Dalbade, le 12 mai 2015

Mgr Le Gall, évêque de Toulouse

"Voici un peu plus de deux semaines, nous entendions l'évangile du Bon Pasteur, au cœur du Temps pascal : image très ancienne que l'on trouve dans les catacombes, dès les origines du christianisme ; Jésus y est représenté sous les traits d'un jeune berger portant sur ses épaules une brebis. Ce beau et bon Pasteur figure sur la page de couverture duDirectoire pour le ministère pastoral des évêques, que nous recevons de Rome au moment de notre nomination. Il orne encore, avec sa houlette, les éditions du Catéchisme de l'Église catholique. Dans ma chapelle à l'Archevêché, un bâton de berger reste placé près du tabernacle. Il m'a été donné, lors de rencontres sur Luchon, par un authentique berger du Comminges ; il est utilisé pour aider à la marche en montagne, pour éloigner les prédateurs et pour ramener les brebis au troupeau par les pattes. C'est tout le symbolisme de la crosse épiscopale.

Nous étions nombreux, venus de Toulouse à Madrid, le 27 septembre 2014, pour la béatification de don Alvaro del Portillo, l'humble et fidèle successeur de saint Josémaria à la tête de la famille de l'Œuvre. Ce jour radieux nous a marqués par une grâce de paix, de lumineuse sérénité, bien à l'image du Serviteur de Dieu. Il était proche du Bienheureux Paul VI et de saint Jean-Paul II, qui l'a nommé évêque et l'a lui-même ordonné le 6 janvier 1991 (je fus aussi ordonné un 6 janvier, à Mende en Lozère, pour la fête de l'Épiphanie). Mais bien avant son élévation à l'épiscopat, il a été pour tous un bon pasteur selon le cœur de Jésus : il connaissait ses brebis et ses brebis le connaissaient ; il donnait sa vie pour elle chaque jour et tout au long du jour, dans une disponibilité souriante qui le rendait proche de tous et de chacun.

« Compte tenu de son tempérament accueillant, pouvait-on lire dans le livret de sa béatification, personne ne gardait pour soi son opinion, ni ne se privait d'exprimer ses doutes ou ses interrogations, de crainte de se faire mal voir ou de se tromper. Il ne s'accrochait pas à ses propres idées et savait les corriger si nécessaire. Ce qui impressionnait aussi était sa vision d'ensemble, son esprit positif et l'attitude de confiance et de liberté qu'il suscitait dans son entourage. Plus que tout, Don Alvaro dirigeait l'Opus Dei avec son affection, qui lui donnait cette proximité avec chaque âme qui caractérise un vrai pasteur » (p. 40).

Nous venons d'entendre ces paroles de la bouche de Jésus : « Voilà pourquoi le Père m'aime : parce que je donne ma vie, pour la recevoir à nouveau » (Jn10, 17). Bien entendu, il ne s'agit pas de marchandage genre « donnant-donnant », mais d'une claire énonciation du dessein divin de salut, car si Jésus était mort et n'était pas ressuscité, nous serions les plus malheureux des hommes, encore chargés de nos péchés, pour reprendre les mots de saint Paul (cf. 1 Co 15, 16-19). Quand nous donnons notre vie dans l'accomplissement de notre devoir d'état, dans le quotidien de notre vie de baptisés, nous sommes sur le chemin de la sainteté, comme l'ont si bien compris saint Josémaria et son successeur : nous donnons notre vie, pour la recevoir. Notons la qualité de cette traduction : il ne s'agit pas de donner notre vie pour la reprendre, mais bien pour la recevoir des mains du Père qui est vivant et de celui qui est mort et ressuscité pour nous.

La grâce reconnue de don Alvaro a été celle de la fidélité dans la continuité : une fidélité solide et humble comme celle des pierres de fondation. Nous savons que le Père Josémaria lui avait donné le surnom de Saxum, c'est-à-dire pierre, roche, roc qualifiable de solide. C'est la prière, que le Père appelait surtout saxum, notamment le Memorare attribué à saint Bernard : « Saxum, rocher, parce qu'elle nous confère la force de la pierre la plus dure dans notre tâche de sanctification personnelle et dans le travail apostolique ».

Le fondateur, dans une lettre du 18 mai 1939, lui écrivait : « Saxum ! Qu'il est lumineux, qui est long le chemin qu'il te reste à parcourir, je le vois ! Lumineux et bien rempli, comme un champ fertile. Fécondité bénie que celle de l'apôtre, plus belle que toutes les beautés de la terre ! Saxum ! » C'était une prophétie !

À chacun de nous, frères et sœurs, réunis dans le sillage de grâce du cher Bienheureux, de nous enraciner dans notre foi, cum Petro et sub Petro, comme il aimait à le redire. À la suite de ce « fils très fidèle », soyons nous-mêmes fidèles. Je puis donc, avec l'Église de Jésus Christ qui est à Toulouse, compter sur vous. Amen et merci."