10ème émission : consoler les affligés

«Consoler n’est pas une tâche aisée, nous dit mgr Echevarria dans son podcast du mois de septembre. Il faut beaucoup de doigté puisque l’âme de celui qui souffre est, pour ainsi dire, écorchée vive, désarçonnée. Un mot de plus ou de moins peut guérir ou blesser (…). Pour réussir à consoler, je vous conseille de demander l’aide des anges gardiens ».

Autres podcast du prélat de l’Opus Dei sur les œuvres de miséricorde

1. Introduction: les Œuvres de miséricorde (1.12.2015)

2. Visiter et prendre soin des malades (1.1.2016)

3. Donner à manger à celui qui a faim, à boire à celui qui a soif (1.2.2016)

4. Vêtir celui qui est nu, visiter les prisonniers (1.3.2016)

5. Accueillir les étrangers (1.4.2016)

6. Ensevelir les morts (1.5.2016)

7. Instruire l’ignorant, donner un bon conseil à celui qui doute (1.6.2016)

8. Corriger celui qui se trompe (1.7.2016)

9. Pardonner les offenses (1.8.2016)

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Le lendemain du Sabbat, Marie Madeleine, dans sa douleur et son grand amour, se rendit sur la tombe du Maître pour oindre le Crucifié. Nous lisons ce passage de l’Évangile avec une grande joie car c’est là, près du sépulcre, qu’elle va trouver le Christ Ressuscité lui-même, avec son Corps glorieux. Le Seigneur tientà se révéler dans cette rencontre et appelle Marie Madeleine par son prénom : Marie ! Elle le reconnut sur le champ et s’écria : Rabbouni !Maître !

Elle ne peut ni ne veut retenir ce cri de joie parce qu’elle a la certitude que le Seigneur est vivant. C’est à ce moment précis que les ténèbres de l’âme de cette femme se sont dissipées. Sa tristesse est devenue une joie débordante. Le Seigneur permet qu’une femme de foi le reconnaisse.

le premier des actes du Christ Ressuscité est de consoler l’affligée

J’ai voulu évoquer cet épisode afin que nous découvrions que le premier des actes du Christ Ressuscité est de consoler l’affligée, œuvre de miséricorde que nous considérons aujourd’hui.

En effet, les enfants de Dieu sont faits pour se réjouir du Bien. Or, sur notre route,nous nous heurtons aussi très facilement à la souffrance, en choisissant tristement et en toute liberté le péché ou lorsque la Providence de Dieu permet notre souffrance pour que nous nous unissions à la croix, comme l’Évangile nous le demande. Cette coexistence quotidienne avec le mal qui fait partie du mystère de l’homme est une réalité qui ne devrait pas nous décourager. Elle devrait nous permettre de faire grandir notre espérance en Dieu et notre désir d’avoir recours à Lui, sachant que la douleur et la souffrance n’échappent pas à ses desseins d’amour. De même, si nous nous sommes égarés, l’invitation au repentir et au recommencement ne sont pas non plus hors de portée de sa providence.

Parfois, celui qui éprouve le mal a peut-être tendance à s’isoler en se croyant capable de porter son fardeau sans l’aide de personne. Le diable nous tend ce piège pour nous séparer de Dieu et de nos frères. Pour cela, il ne nous fait voir qu’incompréhension et inimité autour de nous et il nous offre en échange des consolations faciles qui ne nous laissent finalement que des traces d’amertume. Ève était toute seule quand elle osa dialoguer avec le Tentateur. Judas était seul aussi lorsqu’il tomba dans le désespoir, la nuit de la Passion. « La tristesse du monde entraîne la mort » dit fort justement saint Paul dans sa lettre aux Corinthiens.

Les contrariétés font partie de la vie, mais nous aurions vraiment tort de les affronter tous seuls ! Face à ce combat, la tristesse peut nous envahir,nous entraîner vers le pessimisme, pour nous écarter de Dieu et de nos frères. « L’abîme appelle l’abîme », dit la Sainte Écriture. Nous avons besoin alors de bras qui nous arrêtent dans la chute.

À qui se trouve dans cette mauvaise passe, Saint Josémaria conseille de trouver une consolation tout d’abord dans la prière et près du Tabernacle, puisque toute miséricorde vient de Dieu. « Tu me demandes un conseil pour mettre un terme à ta tristesse, écrit-il en Chemin. Je vais te donner une recette de bonne main puisqu’elle est de l’Apôtre Jacques. « Tristatur aliquis vestrum ? Tu es triste, mon fils ? “ Oret”! Mets-toi à prier. Essaie donc, pour voir”.

Le fondateur de l’Opus Dei s’adressait au Ciel dès qu’il avait du mal à accepter une situation dure, la mort d’un être cher, d’un proche, d’un ami, par exemple. Tout en étant frappé par sa douleur de père, de fils, de frère ou d’ami, il ne se laissait pas aller à la tristesse mais priait ainsi : « Que la très juste, la très aimable Volonté de Dieu se fasse, s’accomplisse, soit louée et éternellement exaltée sur toute chose. Amen. Amen.” Il disait deux fois Amen pour marquer avec force qu’il adhérait à la Volonté Divine, tout en ayant du mal à en comprendre les raisons. Je garde un vif souvenir de la grande consolation que saint Josémaria trouvait dans cette prière qui lui permettait de poursuivre sa route.

Ce faisant, très souvent, l’aide de Dieu se servira d’autres personnes: des amis, des collègues, des proches, voire des inconnus. Ils nous consoleront, nous leur apporterons notre consolation, et ce faisant, nous ouvrirons une voie pour que Dieu, en sa miséricorde, adoucisse les difficultés et les peines que nous endurons tous en cette vie.

Pour réussir à consoler, je vous conseille de demander l’aide des anges gardiens.

«Consoler n’est pas une tâche facile. Il faut beaucoup de doigté puisque l’âme de celui qui souffre est, pour ainsi dire, écorchée vive, désarçonnée. Un mot de plus ou de moins peut guérir ou blesser. Notre présence silencieuse suffira alors. Par ailleurs, nous pouvons être amenés à encourager, à redonner espoir, en considérant les choses sous un autre angle.

Pour réussir à consoler, je vous conseille de demander l’aide des anges gardiens. Dieu le Père envoya un ange pour consoler le Christ au Jardin des Oliviers, dans ces instants d’intense souffrance de la vie de notre Sauveur. Cette scène qui peut si souvent nourrir notre prière, nous montre bien, mes enfants, mes frères, mes sœurs, que consoler est une action divine. Consoler le Christ en son agonie manifeste l’Amour de Dieu, l’assistance du Saint Esprit, le grand Consolateur.

Vous avez sans doute en tête combien saint Josémaria assurait que, lorsque nous sommes en grâce de Dieu, nous sommes des Temples de la Trinité. Ceci dit, quand nous exerçons ou que nous accueillons un acte de miséricorde, nous manifestons au monde ce courant d’amour qui vient du Père, que le Fils recueille et qui révèle le Saint Esprit : par la bonté du Seigneur, ce fait si important peut avoir des manifestations aussi banales qu’une caresse, des mots de consolation, un temps d’écoute patiente, un silence, une prière faite auprès de quelqu’un qui souffre et avec lui.

La scène du Jardin des Oliviers nous révèle aussi l’une des difficultés que trouve cette œuvre de miséricorde: on peut ne pas se rendre compte de la souffrance du prochain. En effet, à un jet de pierre de Notre Seigneur, les Apôtres dorment, sans se douter de la souffrance qui envahissait leur Maître.

Nous nous retrouvons nous-mêmes dans cette torpeur. Nous dormons quand nous sommes pris par nos problèmes, lorsque notre affairement nous empêche de nous arrêter pour écouter quelqu’un, quand nous négligeons des signes de tristesse d’un proche, d’un ami, lorsque nous tenons à donner un conseil sans avoir préalablement écouté l’autre, lorsque nous enfonçons celui qui s’est trompé venant à bout de notre patience.

J’achève avec la belle prière de louange que Saint Paul confia à ses frères de Corinthe et qui est le noyau de l’œuvre de miséricorde que nous avons commentée aujourd’hui. « Bénit soit Dieu, Père de Notre Seigneur Jésus-Christ, Père des miséricordes et de toute consolation, qui nous console dans toutes nos tribulations afin que nous puissions apporter à ceux qui souffrent la même consolation que nous avons reçue de Dieu ». Amen.