La Résurrection de Jésus

Nous vous proposons les textes de l’homélie du Pape François lors de la Veillée Pascale du 30 mars à la Basilique Saint-Pierre et de son message Urbi et Orbi du Dimanche de Résurrection, 31 mars 2013. Nous vous proposons aussi des liens vers des textes de saint Josémaria qui pourront vous aider à approfondir le sens de la Pâque.

Photo News.va : le pape François, à la basilique Saint-Pierre, lors de la Veillée Pascale

 Texte intégral de l'homélie de la Vigile de Pâques: Accepte alors que Jésus Ressuscité entre dans ta vie, accueille-le comme ami, avec confiance : Lui est la vie ! Si jusqu’à présent tu as été loin de Lui, fais un petit pas : il t’accueillera à bras ouverts. Si tu es indifférent, accepte de risquer : tu ne seras pas déçu. S’il te semble difficile de le suivre, n’aies pas peur, fais-lui confiance, sois sûr que Lui, il t’est proche, il est avec toi et te donnera la paix que tu cherches et la force pour vivre comme Lui le veut. 

Chers frères et sœurs,

Dans l’évangile de cette nuit lumineuse de la Vigile pascale, nous rencontrons en premier les femmes qui se rendent au tombeau de Jésus avec les aromates pour oindre son corps (cf. Lc 24,1-3). Elles viennent pour accomplir un geste de compassion, d’affection, d’amour, un geste traditionnel envers une personne chère défunte, comme nous le faisons nous aussi. Elles avaient suivi Jésus, l’avaient écouté, s’étaient senties comprises dans leur dignité et l’avaient accompagné jusqu’à la fin, sur le Calvaire, et au moment de la déposition de la croix. Nous pouvons imaginer leurs sentiments tandis qu’elles vont au tombeau : une certaine tristesse, le chagrin parce que Jésus les avait quittées, il était mort, son histoire était terminée. Maintenant on revenait à la vie d’avant. Cependant dans les femmes persistait l’amour, et c’est l’amour envers Jésus qui les avait poussées à se rendre au tombeau. 

Mais à ce point il se passe quelque chose de totalement inattendu, de nouveau, qui bouleverse leur cœur et leurs programmes et bouleversera leur vie : elles voient la pierre enlevée du tombeau, elles s’approchent, et ne trouvent pas le corps du Seigneur. C’est un fait qui les laisse hésitantes, perplexes, pleines de questions : « Que s’est-il passé ? », « Quel sens tout cela a-t-il ? » (cf. Lc 24,4). Cela ne nous arrive-t-il pas peut-être aussi à nous quand quelque chose de vraiment nouveau arrive dans la succession quotidienne des faits ? Nous nous arrêtons, nous ne comprenons pas, nous ne savons pas comment l’affronter. La nouveauté souvent nous fait peur, aussi la nouveauté que Dieu nous apporte, la nouveauté que Dieu nous demande. Nous sommes comme les Apôtres de l’Évangile : nous préférons souvent garder nos sécurités, nous arrêter sur une tombe, à la pensée pour un défunt, qui à la fin vit seulement dans le souvenir de l’histoire comme les grand personnages du passé. Nous avons peur des surprises de Dieu ; nous avons peur des surprises de Dieu ! Il nous surprend toujours !

Frères et sœurs, ne nous fermons pas à la nouveauté que Dieu veut porter dans notre vie ! Ne sommes-nous pas souvent fatigués, déçus, tristes, ne sentons-nous pas le poids de nos péchés, ne pensons-nous pas que nous n’y arriverons pas ? Ne nous fermons pas sur nous-mêmes, ne perdons pas confiance, ne nous résignons jamais : il n’y a pas de situations que Dieu ne puisse changer, il n’y a aucun péché qu’il ne puisse pardonner si nous nous ouvrons à Lui. Mais revenons à l’Évangile, aux femmes et faisons un pas en avant. Elles trouvent la tombe vide, le corps de Jésus n’y est pas, quelque chose de nouveau est arrivé, mais tout cela ne dit encore rien de clair : cela suscite des interrogations, laisse perplexes, sans offrir une réponse. Et voici deux hommes en vêtement éclatant, qui disent : « Pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les morts ? Il n’est pas ici, il est ressuscité » (Lc 24,5-6). Ce qui était un simple geste, un fait, accompli bien sûr par amour – le fait de se rendre au tombeau – maintenant se transforme en évènement, en un fait qui change vraiment la vie. Rien ne reste plus comme avant, non seulement dans la vie de ces femmes, mais aussi dans notre vie et dans l’histoire de l’humanité.

Jésus n’est pas mort, il est ressuscité, il est le Vivant ! Il n’est pas seulement revenu à la vie, mais il est la vie même, parce qu’il est le Fils de Dieu, qu’il est le Vivant (cf. Nb 14, 21-28, Dt 5,26, Jon 3,10) Jésus n’est plus dans le passé, mais il vit dans le présent et est projeté vers l’avenir, il est l’«aujourd’hui» éternel de Dieu. Ainsi la nouveauté de Dieu se présente aux yeux des femmes, des disciples, de nous tous : la victoire sur le péché, sur le mal, sur la mort, sur tout ce qui opprime la vie et lui donne un visage moins humain. Et c’est un message adressé à moi, à toi, chère sœur et cher frère. Combien de fois avons-nous besoin que l’Amour nous dise : pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les morts ? Les problèmes, les préoccupations de tous les jours tendent à nous faire replier sur nous-mêmes, dans la tristesse, dans l’amertume… et là se trouve la mort. Ne cherchons pas là Celui qui est vivant ! 

Accepte alors que Jésus Ressuscité entre dans ta vie, accueille-le comme ami, avec confiance : Lui est la vie ! Si jusqu’à présent tu as été loin de Lui, fais un petit pas : il t’accueillera à bras ouverts. Si tu es indifférent, accepte de risquer : tu ne seras pas déçu. S’il te semble difficile de le suivre, n’aies pas peur, fais-lui confiance, sois sûr que Lui, il t’est proche, il est avec toi et te donnera la paix que tu cherches et la force pour vivre comme Lui le veut. 

Il y a un dernier élément simple de l’Évangile de cette lumineuse Vigile pascale que je voudrais souligner. Les femmes rencontrent la nouveauté de Dieu : Jésus est ressuscité, il est le Vivant !

Mais devant le tombeau vide et les deux hommes en vêtement éclatant, leur première réaction est une réaction de crainte : « elles baissaient le visage vers le sol » - note saint Luc -, elles n’avaient pas non plus le courage de regarder. Mais quand elles entendent l’annonce de la Résurrection, elles l’accueillent avec foi. Et les deux hommes en vêtement éclatant introduisent un verbe fondamental : « Rappelez-vous ce qu’il vous a dit quand il était encore en Galilée… Et elles se rappelèrent ses paroles » (Lc 24,6.8). C’est l’invitation à faire mémoire de la rencontre avec Jésus, de ses paroles, de ses gestes, de sa vie ; et c’est vraiment le fait de se souvenir avec amour de l’expérience avec le Maître qui conduit les femmes à dépasser toute peur et à porter l’annonce de la Résurrection aux Apôtres et à tous les autres (cf. Lc 24,9). Faire mémoire de ce que Dieu a fait et fait pour moi, pour nous, faire mémoire du chemin parcouru ; et cela ouvre le cœur à l’espérance pour l’avenir. Apprenons à faire mémoire de ce que Dieu a fait dans notre vie. En cette Nuit de lumière, invoquant l’intercession de la Vierge Marie, qui gardait chaque évènement dans son cœur (cf. Lc 2, 19.51), demandons que le Seigneur nous rende participants de sa Résurrection : qu’il nous ouvre à sa nouveauté qui transforme, aux surprises de Dieu ; qu’il fasse de nous des hommes et des femmes capables de faire mémoire de ce qu’il accomplit dans notre histoire personnelle et dans celle du monde ; qu’il nous rende capables de le sentir comme le Vivant, vivant et agissant au milieu de nous ; qu’il nous enseigne chaque jour à ne pas chercher parmi les morts Celui qui est vivant. Amen. 

L'intégralité du message Urbi et Orbi : Alors, voici l’invitation que j’adresse à tous : accueillons la grâce de la Résurrection du Christ ! Laissons-nous renouveler par la miséricorde de Dieu, laissons-nous aimer par Jésus, laissons la puissance de son amour transformer aussi notre vie ; et devenons des instruments de cette miséricorde, des canaux à travers lesquels Dieu puisse irriguer la terre, garder toute la création et faire fleurir la justice et la paix.

 

Photo News.va: le pape François, lors de la bénédiction Urbi et Orbi, dimanche de Pâques

Chers frères et sœurs de Rome et du monde entier, bonne fête de Pâques !

C’est une grande joie pour moi de pouvoir vous faire cette annonce : le Christ est ressuscité ! Je voudrais qu’elle arrive dans chaque maison, dans chaque famille, spécialement là où il y a plus de souffrance, dans les hôpitaux, dans les prisons…

Surtout je voudrais qu’elle atteigne tous les cœurs, parce que c’est là que Dieu veut semer cette Bonne Nouvelle : Jésus est ressuscité, c‘est une espérance pour toi, tu n’es plus sous la domination du péché, du mal ! L’amour a vaincu, la miséricorde a vaincu !

Nous aussi, comme les femmes disciples de Jésus, qui allèrent au tombeau et le trouvèrent vide, nous pouvons nous demander quel sens a cet événement (cf. Lc 24, 4). Que signifie que Jésus est ressuscité ? Cela signifie que l’amour de Dieu est plus fort que le mal et que la mort elle-même ; cela signifie que l’amour de Dieu peut transformer notre vie, faire fleurir ces zones de désert qui sont dans notre cœur. 

Cet amour même pour lequel le Fils de Dieu s’est fait homme et est allé jusqu’au bout du chemin de l’humilité et du don de soi, jusqu’aux enfers, jusqu’à l’abîme de la séparation de Dieu, cet amour miséricordieux lui-même a inondé de lumière le corps mort de Jésus et l’a transfiguré, il l’a fait passer dans la vie éternelle. Jésus n’est pas retourné à la vie d’avant, à la vie terrestre, mais il est entré dans la vie glorieuse de Dieu et il y est entré avec notre humanité, il nous a ouvert à un avenir d’espérance.

Voilà ce qu’est Pâques : c’est l’exode, le passage de l’homme de l’esclavage du péché, du mal à la liberté de l’amour, du bien. Parce que Dieu est vie, seulement vie, et sa gloire est l’homme vivant (cf. Irénée, Adversus haereses, 4, 20, 5-7).

Chers frères et sœurs, le Christ est mort et ressuscité une fois pour toujours et pour tous, mais la force de la Résurrection, ce passage de l’esclavage du mal à la liberté du bien, doit se réaliser en tout temps, dans les espaces concrets de notre existence, dans notre vie de chaque jour. Que de déserts, aujourd’hui encore, l’être humain doit traverser ! Surtout le désert qui est à l’intérieur de lui, quand manque l’amour pour Dieu et pour le prochain, quand manque la conscience d’être gardien de tout ce que le Créateur nous a donné et nous donne. Mais la miséricorde de Dieu peut faire fleurir aussi la terre la plus aride, peut redonner vie aux ossements desséchés (cf. Ez 37, 1-14).

Alors, voici l’invitation que j’adresse à tous : accueillons la grâce de la Résurrection du Christ ! Laissons-nous renouveler par la miséricorde de Dieu, laissons-nous aimer par Jésus, laissons la puissance de son amour transformer aussi notre vie ; et devenons des instruments de cette miséricorde, des canaux à travers lesquels Dieu puisse irriguer la terre, garder toute la création et faire fleurir la justice et la paix.

Et ainsi demandons à Jésus ressuscité, qui transforme la mort en vie, de changer la haine en amour, la vengeance en pardon, la guerre en paix. Oui, le Christ est notre paix et par lui implorons la paix pour le monde entier !

Paix pour le Moyen-Orient, en particulier entre Israéliens et Palestiniens, qui travaillent à trouver la route de la concorde, afin qu’ils reprennent avec courage et disponibilité les négociations pour mettre fin à un conflit qui dure désormais depuis trop de temps. Paix en Irak, pour que cesse définitivement toute violence, et, surtout, pour la Syrie bien-aimée, pour sa population blessée par le conflit et pour les nombreux réfugiés qui attendent aide et consolation. Que de sang a été versé ! Et que de souffrances devront encore être infligées avant qu’on réussisse à trouver une solution politique à la crise ?

Paix pour l’Afrique, encore théatre de conflits sanglants. Au Mali, afin qu’il retrouve unité et stabilité ; et au Nigéria, où malheureusement ne cessent pas les attentats qui menacent la vie de tant d’innocents et où de nombreuses personnes, même des enfants, sont retenues en otage par des groupes terroristes. Paix dans l’est de la République Démocratique du Congo et en République Centrafricaine, où nombreux sont ceux qui sont contraints à laisser leurs maisons et vivent encore dans la peur.

Paix en Asie, surtout dans la Péninsule coréenne, pour que soient surmontées les divergences et que murisse un esprit renouvelé de réconciliation.

Paix au monde entier, encore si divisé par l’avidité de ceux qui cherchent des gains faciles, blessé par l’égoïsme qui menace la vie humaine et la famille, égoïsme qui continue la traite de personnes, l’esclavage le plus répandu en ce vingt-et-unième siècle. Paix au monde entier, déchiré par la violence liée au trafic de drogue et par l’exploitation inéquitable des ressources naturelles ! Paix à notre Terre ! Que Jésus ressuscité apporte réconfort aux victimes des calamités naturelles et fasse de nous des gardiens responsables de la création !

Chers frères et sœurs, à vous tous qui m’écoutez de Rome et de toutes les parties du monde, j’adresse l’invitation du Psaume : « Rendez grâce au Seigneur : Il est bon ! Éternel est son amour ! Oui, que le dise Israël : ‘ Éternel est son amour !’ » (Ps 117, 1-2).

Des textes de saint Josémaria :

 La Vie a été plus forte que la mort  Le Christ présent chez les chrétiens