Un dimanche de Pâques pas comme les autres…

Comme toutes les années au moment de Pâques , nous nous étions réunis avec nos enfants – déjà grands – pour fêter ce joyeux moment ensemble.

A peine revenus de la messe, mon mari reçoit un message : son collègue de Kiev a trouvé refuge dans une maison aimablement prêtée par un ami et se trouve avec sa famille à une heure de voiture de la maison. Mon mari me propose de les inviter pour un café… « mais tu dois t’attendre à plusieurs personnes … » m'avertit-il.

Je regarde ces mamans au regard triste qui trouvent pourtant la force de sourire, pour nous remercier de ce petit moment de détente inattendu.

Trois voitures ukrainiennes se garent finalement dans notre cour vers 18h…un couple et trois mamans sont accompagnés de 11 enfants plutôt petits qui surgissent des véhicules et courent dans tous les sens en nous souhaitant « Buona Pasqua! » – Bonnes Pâques en italien – car nous sommes sur notre lieu de vacances … il est trop tard pour un café . Mon mari se dépêche de rapporter des énormes pizzas , très vite prises d’assaut par tous les enfants. Une fois rassasiés, les plus petits restent près de leurs mamans et les plus grands se précipitent pour jouer avec nos enfants adultes. Beaucoup de joie, beaucoup d’insouciance aussi, comme si , le moment d’une soirée , ces enfants arrivaient à oublier que leurs papas Alexander, Michael et Wolodymyr combattent au front. Pourtant le collègue de mon mari est bien là avec toute sa famille. Il nous explique qu’ ils se sont enfuis de nuit, tous phares éteints, avec leur deux voitures, avant que le gouvernement ucrainien ne force les hommes - quelques jours plus tard - à rester dans le pays pour combattre.

Je regarde ces mamans au regard triste qui trouvent pourtant la force de sourire, pour nous remercier de ce petit moment de détente inattendu.

Sofiia finit sa dernière année de lycée grâce à l’héroïsme de ses professeurs qui continuent, de Kiev, à enseigner en ligne les programmes, coûte que coûte.

La plus âgée des enfants, la jeune Sofiia, 17 ans, en dernière année de lycée , mais très mûre pour son âge, me raconte en anglais le déchirement de laisser son violon derrière elle. Elle a fui avec sa mère par le train et seule une petite valise était autorisée pour le voyage. Le surplus resterait sur le quai leur avait-on dit. Elle rêve d’être biologiste et essaiera d’entrer à l’université de Padoue qui propose un programme en anglais. Alors que les petits vont à l’école du village italien où toute cette grande famille habite, Sofiia finit sa dernière année de lycée grâce à l’héroïsme de ses professeurs qui continuent à enseigner en ligne les programmes, coûte que coûte. C’est une classe éparpillée dans le monde entier qui suit ces cours si particuliers : les amies de Sofiia se trouvent à présent aux États Unis, en Allemagne, en Angleterre …

Les trois voitures reprennent la route du retour. En voyant leurs phares s’enfoncer dans la nuit, je comprends que ce dimanche de Pâques bien différent restera à jamais gravé dans nos mémoires.