Les fioretti du pape François en mars

Le Pape appelle à une conversion profonde : la conversion des enfants de Dieu

« Les fidèles laïcs sont appelés à devenir ferment de vie chrétienne dans toute la société »
tweet du 26 mars 2015

« Attention à notre confort ! Quand nous nous sentons bien à l'aise, nous oublions facilement les autres. »
tweet du 12 mars 2015

On ne peut tromper Jésus, il nous connaît de l'intérieur

Le 8 mars 2015, dans la paroisse Sainte-Marie-Mère-du-Rédempteur :

« Jésus connaît tout ce qui est à l'intérieur de notre cœur ; on ne peut tromper Jésus, faire semblant d'être saint, de fermer les yeux… et ensuite pratiquer une vie en faisant ce qu'il ne veut pas ; lui le sait. […] Est-ce que Jésus se fie à moi ou est-ce que je mène un double jeu : le catholique qui va à l'église… et vit comme un païen ? 'Je suis pécheur… Je veux que tu te fies à moi, alors je t'ouvre la porte pour que tu nettoies mon âme' ». Comme « le Seigneur a nettoyé le temple de Jérusalem », ainsi il nettoie « la saleté de l'âme » humaine, « non pas avec le fouet » mais avec « avec la miséricorde », a-t-il précisé en encourageant à « ouvrir son cœur à cette miséricorde de Dieu ». La saleté du péché « ne lui fait pas peur. Ce qui l'éloigne c'est le double jeu : faire le juste pour couvrir des péchés cachés… si ton cœur n'est pas juste, si tu ne fais pas justice, si tu n'aimes pas ceux qui ont besoin de l'amour, si tu ne vis pas l'esprit des béatitudes, tu n'es pas catholique, tu es hypocrite ».

Ne recouvrons pas de pratiques de dévotion des comportements contraires aux exigences de la justice
Le 7 mars, en l'église Ognisanti :
Le disciple de Jésus ne va pas à l'église seulement pour observer un précepte, pour se sentir en règle avec un Dieu qui, ensuite, ne doit pas trop nous 'déranger'. 'Mais, moi, Seigneur, je vais tous les dimanches, j'accomplis… Toi, ne te mêle pas de ma vie, ne me dérange pas'. C'est l'attitude de beaucoup de catholiques, beaucoup. Le disciple de Jésus va à l'église pour rencontrer le Seigneur et trouver dans sa grâce agissante dans les sacrements, la force de penser et d'agir selon l'Évangile. C'est pourquoi nous ne pouvons pas nous faire d'illusion en entrant dans la maison du Seigneur pour 'recouvrir' de prières et de pratiques de dévotion des comportements contraires aux exigences de la justice, de l'honnêteté ou de la charité envers notre prochain. Nous ne pouvons substituer par des 'hommages religieux' ce qui est dû à notre prochain, en repoussant notre véritable conversion. Le culte, les célébrations liturgiques, sont le cadre privilégié pour écouter la voix du Seigneur qui guide sur la voie de la rectitude et de la perfection chrétienne. Il s'agit d'accomplir un itinéraire de conversion et de pénitence, pour enlever de notre vie les scories du péché, comme l'a fait Jésus en nettoyant le temple des intérêts mesquins. Et le Carême est le temps favorable pour tout cela, c'est le temps du renouvellement intérieur, de la rémission des péchés, le temps où nous sommes appelés à redécouvrir le sacrement de la pénitence et de la réconciliation, qui nous fait passer des ténèbres du péché à la lumière de la grâce et de l'amitié avec Jésus. Il ne faut pas oublier la grande force qu'a ce sacrement pour la vie chrétienne : il nous fait grandir dans l'union avec Dieu, il nous fait retrouver la joie perdue et expérimenter la consolation de nous sentir personnellement accueillis dans les bras miséricordieux de Dieu. »

La confession ne doit pas être vécue comme une torture

Aux participants au cours annuel sur le for interne proposé par le Tribunal de la Pénitencerie apostolique, 12 mars 2015 :

« Vivre le sacrement de Pénitence comme un moyen pour éduquer à la miséricorde signifie aider nos frères à faire une expérience de paix et de compréhension, humaine et chrétienne. La confession ne doit pas être une 'torture', mais tous devraient sortir du confessionnal le bonheur dans le cœur, le visage rayonnant d'espérance, même s'il est parfois –on le sait– baigné des larmes de la conversion et de la joie qui en découle (cf. Exhort. ap. Evangelii gaudium, 44). »

Ce sacrement ne doit pas « devenir un interrogatoire pesant, fastidieux et intrusif. Au contraire, ce doit être une rencontre libératrice et riche en humanité, grâce à laquelle pouvoir éduquer à la miséricorde, ce qui n'exclut pas, mais au contraire comprend l'engagement juste à réparer, autant que possible, le mal commis. […] C'est ainsi que le fidèle sera invité à se confesser fréquemment, et qu'il apprendra à le faire de la meilleure des façons, avec la délicatesse d'âme qui fait tant de bien au cœur, même au cœur du confesseur! »

« Confesseurs et pénitents ne doivent pas oublier qu'il n'existe pas de péché que Dieu ne puisse pardonner... […] Seul celui qui se soustrait à la Miséricorde divine ne peut être pardonné, comme celui qui se soustrait au soleil ne peut être réchauffé ». Les confesseurs doivent eux aussi, « se laisser éduquer par le Sacrement de la Réconciliation. […] Ils doivent toujours garder le regard tourné vers le Ciel, ne jamais perdre le sens du surnaturel ».

Seul va en enfer celui qui dit à Dieu : 'Je n'ai pas besoin de toi, je me débrouille seul'

Le 9 mars 2015 à la paroisse romaine de la Mère-du-Rédempteur :

« Si tu as été un terrible pécheur, avec tous les péchés du monde, et puis que tu es condamné à la peine de mort, et quand tu es là, tu blasphèmes, tu jures..., et au moment d'aller vers la mort, au moment où tu t'apprêtes à mourir, tu regardes le ciel et tu dis: 'Seigneur!' Où vas-tu, au ciel ou en enfer ? Au Ciel ! Seul va en enfer celui qui dit à Dieu : 'Je n'ai pas besoin de toi, je me débrouille seul', comme l'a fait le diable qui est le seul dont nous sommes sûrs qu'il est en enfer […]. La morale chrétienne est une grâce, une réponse à l'amour qu'il te donne d'abord. Jésus t'aide à aller de l'avant, et si tu tombes, il te relève et t'aide à poursuivre. Mais si tu penses que la vie morale c'est seulement faire cela et ne pas faire cela, ce n'est pas chrétien. C'est une philosophie morale, mais ce n'est pas chrétien. Chrétien, c'est l'amour de Dieu qui nous aime en premier... C'est cela la morale chrétienne: tu tombes ? Lève-toi et repars. C'est cela la vie. Mais toujours avec Jésus. »

Ceux qui font avancer la vie de l'Eglise, ce sont les saints
« Le cœur mauvais […] ne nous laisse pas comprendre l'amour de Dieu. Nous voulons être libres », mais « avec une liberté qui à la fin nous rend esclaves, et non pas avec la liberté de l'amour que nous offre le Seigneur […] Jésus guérit une personne, mais le cœur de ces docteurs de la loi, de ces prêtres, de ce système juridique était si dur, ils cherchaient toujours des excuses. Et ainsi, ils lui disent: 'Mais toi tu chasses les démons au nom du démon. Tu es un sorcier démoniaque'. Ce sont des juristes, qui croient que la vie de la foi est réglementée uniquement par les lois qu'ils font ». Pour eux, « Jésus utilise ce terme : hypocrites, sépulcres blanchis, au-dehors ils ont belle apparence, mais au-dedans ils sont pleins d'ossements de morts et de toute pourriture […] Dans l'histoire de Dieu avec son peuple, le Seigneur envoyait les prophètes, pour lui dire qu'il aimait son peuple ». Et « dans l'Eglise, le Seigneur envoie les saints ». Ce sont eux « qui font avancer la vie de l'Eglise : ce sont les saints. Ce ne sont pas les puissants, ce ne sont pas les hypocrites ». Ce sont « l'homme saint, la femme sainte, l'enfant, le garçon saint, le prêtre saint, la religieuse sainte, l'évêque saint... » : c'est-à-dire « celui qui n'a pas le cœur endurci », mais « toujours ouvert à la parole d'amour du Seigneur », ceux qui « n'ont pas peur de se laisser caresser par la miséricorde de Dieu. C'est pour cela que les saints sont des hommes et des femmes qui comprennent tant de misères, tant de misères humaines, et qui accompagnent le peuple de près. Ils ne méprisent pas le peuple […] 'Qui n'est pas avec moi est contre moi'. On pourrait demander: 'Mais n'y a-t-il pas une voie de compromis, un peu de ceci et un peu de cela ? ». Non, « ou tu es sur le chemin de l'amour, où tu es sur le chemin de l'hypocrisie. Ou tu te laisses aimer par la miséricorde de Dieu, ou tu fais ce que tu veux, selon ton cœur qui s'endurcit toujours plus, chaque fois, sur ce chemin ». Il n'y a pas « de troisième voie de compromis: ou tu es saint, ou tu prends l'autre chemin ». Et celui qui ne « rassemble pas » avec le Seigneur, non seulement « laisse les choses », mais « pire encore: il disperse, détruit. C'est un corrupteur. C'est un corrompu qui corrompt ».

À la manière dont sont traités les enfants, on peut juger la société

Catéchèse du 18 mars 2011 :

« A la manière dont sont traités les enfants, on peut juger la société, mais pas seulement moralement, sociologiquement aussi, si c'est une société libre ou une société esclave d'intérêts internationaux.

'Gardez-vous de mépriser un seul de ces petits, car, je vous le dis, leurs anges dans les cieux voient sans cesse la face de mon Père qui est aux cieux.' (Mt 18,10).

Les enfants sont en soi une richesse pour l'humanité et aussi pour l'Église, parce qu'ils nous rappellent constamment la condition nécessaire pour entrer dans le Royaume de Dieu : ne pas se considérer comme se suffisant à soi-même mais comme ayant besoin d'aide, d'amour, de pardon. Et tous, nous avons besoin d'aide, d'amour et de pardon !

Même si l'on devient adulte, ou âgé, même si l'on devient un père ou une mère, si l'on occupe un poste de responsabilité, en-dessous de tout cela, demeure l'identité d'enfant. Nous sommes tous des enfants. Et cela nous conduit toujours au fait que nous ne nous donnons pas la vie à nous-mêmes mais nous l'avons reçue. Le grand don de la vie est le premier cadeau que nous ayons reçu. Parfois, nous risquons de vivre en oubliant cela, comme si nous étions nous-mêmes maîtres de notre existence, et au contraire nous sommes radicalement dépendants. En réalité, c'est un motif de grande joie de sentir qu'à tous les âges de la vie, dans toutes les situations, dans toutes les conditions sociales, nous sommes et nous demeurons des enfants. […]Ils apportent leur façon de voir la réalité, avec un regard confiant et pur. L'enfant a une confiance spontanée dans son papa et dans sa maman ; il a une confiance spontanée en Dieu, en Jésus, en la Vierge Marie. En même temps, son regard intérieur est pur, pas encore pollué par la malice, par les duplicités, par les 'incrustations' de la vie qui endurcissent le cœur. Nous savons que les enfants aussi ont le péché originel, qu'ils ont leurs égoïsmes, mais ils conservent une pureté et une simplicité intérieures. Mais les enfants ne sont pas diplomates : ils disent ce qu'ils sentent, ils disent ce qu'ils voient, directement. Et bien souvent ils mettent leurs parents en difficulté, en disant devant les autres personnes : 'Ceci ne me plaît pas parce que ce n'est pas beau'. Mais les enfants disent ce qu'ils voient, ce ne sont pas des personnes doubles, ils n'ont pas encore appris cette science de la duplicité que nous autres, adultes, nous avons malheureusement apprise.

D'autre part, dans leur simplicité intérieure, les enfants portent en eux la capacité de recevoir et de donner de la tendresse. La tendresse, c'est avoir un cœur 'de chair' et non 'de pierre', comme le dit la Bible (cf. Ez. 36,26). La tendresse est aussi poésie : c'est 'sentir' les choses et les événements, ne pas les traiter comme de simples objets, juste pour les utiliser, parce qu'ils servent…

Les enfants sourient spontanément et pleurent spontanément. Cela dépend toujours du cœur, et souvent notre cœur se bloque et perd cette capacité de sourire, de pleurer. Et alors les enfants peuvent nous enseigner de nouveau à sourire et à pleurer. Mais, nous-mêmes, nous devons nous demander : est-ce que je souris spontanément, avec fraîcheur, avec amour ou mon sourire est-il artificiel ? Est-ce que je pleure encore ou bien ai-je perdu la capacité de pleurer ? Deux questions très humaines que nous enseignent les enfants. […] Les enfants apportent la vie, la joie, l'espérance, et aussi des ennuis. Mais la vie est comme cela. Ils apportent aussi, certainement, des préoccupations et parfois beaucoup de problèmes ; mais il vaut mieux une société avec ces préoccupations et ces problèmes qu'une société triste et grise parce qu'elle est restée sans enfants ! Et quand nous voyons que le taux de naissance d'une société arrive à peine à un pour cent, nous pouvons dire que cette société est triste, qu'elle est grise parce qu'elle est restée sans enfants.

Le péché, c'est l'idolâtrie
À Sainte-Marthe, le 10 mars 2015 :

« Dieu pardonne toujours, toujours. Mais il demande que je le fasse aussi. Si je ne pardonne pas, je ferme la porte au pardon de Dieu. Demander pardon ce n'est pas la même chose que de 's'excuser'. » Demander pardon « c'est être conscient du péché […] Je me trompe ? Eh bien, excuse-moi, je me suis trompé… J'ai péché ! L'une et l'autre chose n'ont rien à voir ! Le péché n'est pas une simple erreur. Le péché, c'est l'idolâtrie, adorer une idole, l'idole de l'orgueil, de la vanité, de l'argent, du 'moi je', du bien-être…, ces nombreuses idoles que nous avons. […] 'Pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés'. Si je ne suis pas capable de pardonner, je ne suis pas capable de demander pardon.

La mondanité anesthésie l'âme

À Sainte-Marthe, le 5 mars 2015

« Le mauvais riche, un homme vêtu 'de pourpre et de fin lin' qui 'chaque jour menait une joyeuse et brillante vie', peut-être était-il un homme religieux, à sa façon. Peut-être priait-il deux ou trois fois par an. Il se rendait sûrement au temple pour faires des sacrifices et donnait de belles offrandes aux prêtres, et ces derniers, avec leur pusillanimité cléricale, le remerciaient et le faisaient asseoir à la place d'honneur ». Mais il ne se rendait pas compte qu'à sa porte, il y avait un mendiant, Lazare, avec tant de douleurs, « symboles de tout ce dont il avait besoin[…]

Lorsqu'il sortait de chez lui, peut-être que la voiture avec laquelle il sortait avait des vitres teintées pour ne pas voir dehors, peut-être, je ne sais pas... Mais il est sûr que son âme, les yeux de son âme étaient assombris pour ne pas voir. Il voyait seulement sa vie et ne se rendait pas compte de ce qui était arrivé à cet homme, il n'était pas méchant : il était malade. Malade de mondanité. Et la mondanité transforme les âmes, fait perdre la conscience de la réalité : ils vivent dans un monde artificiel, construit par eux. La mondanité anesthésie l'âme. C'est pour cela que cet homme mondain n'était pas capable de voir la réalité, la réalité de nombreux pauvres qui vivent à nos côtés. De nombreuses personnes vivent une vie difficile, mais si j'ai un cœur mondain, je ne le comprendrai jamais. Avec un cœur mondain, on ne peut pas comprendre la nécessité et le besoin des autres. Avec un cœur mondain, on peut se rendre à l'église, on peut prier, on peut faire tant de choses. Mais Jésus, lors de la dernière cène, quelle était sa prière adressée au Père ? 'S'il te plait, Père, protège ces disciples afin qu'ils ne tombent pas dans le monde, dans la mondanité'. C'est un péché subtil et plus qu'un péché : c'est un état d'âme pécheur […] Lorsque le pauvre homme mondain, dans les tourments, demande d'envoyer Lazare avec un peu d'eau pour l'aider, que répond Abraham? Abraham est la figure de Dieu, le Père. Que répond-il ? 'Fils, souviens-toi…'. Les mondains ont perdu leur nom ; même nous, si nous avons un cœur mondain, nous perdons notre nom. Mais nous ne sommes pas orphelins. Jusqu'à la fin, jusqu'au dernier moment, nous pouvons être sûrs que nous avons un Père qui nous attend. Fions-nous à lui. Il nous appelle 'fils', au milieu de cette mondanité. 'Fils ! Nous ne sommes pas orphelins ».