Les fioretti du pape François en février

Nous poursuivons la publication d'extraits de propos tenus par le pape devant divers publics, notamment lors de son voyage au Mexique.

Le prophète Isaïe n’était pas communiste

Audience publique du 24 février 2016 :

« Le prophète Isaïe dit : ‘Malheureux, vous qui ajoutez maison à maison, qui joignez champ à champ, jusqu’à occuper toute la place et habiter, seuls, au milieu du pays !’ (Is 5,8).

Et le prophète Isaïe n’était pas communiste ! Mais Dieu est plus grand que la méchanceté et que les jeux sales des êtres humains. Dans sa miséricorde, il envoie le prophète Élie pour aider [le roi] Achab à se convertir. […] Dieu voit ce crime et il frappe au cœur d’Achab, et le roi, mis devant son péché, comprend, s’humilie et demande pardon. Comme ce serait beau si les puissants exploiteurs d’aujourd’hui faisaient la même chose ! Le Seigneur accepte son repentir ; toutefois, un innocent a été tué et la faute commise aura des conséquences inévitables. En effet, le mal accompli laisse des traces douloureuses et l’histoire des hommes en porte les blessures.

La miséricorde montre aussi, dans ce cas, la voie maîtresse qu’il faut suivre. La miséricorde peut guérir les blessures et peut changer l’histoire. »

Je préfère une famille au visage épuisé par le don de soi, à une famille aux visages maquillés qui n’ont pas su ce qu’est la tendresse et la compassion

A Chiapas (Mexique), le 15 février 2016 :

« Nous finissons par être des colonies d’idéologies destructrices de la famille, du noyau familial, qui est la base de toute société saine. Je préfère une famille blessée qui essaie tous les jours de vivre l’amour, à une famille et à une société malades de l’enfermement ou de la facilité de la peur d’aimer. ‘—Combien d’enfants as-tu ? — Non, nous n’en avons pas parce que, évidemment, nous aimons aller en vacances, faire du tourisme, je veux acheter une maison de campagne’. Le luxe, ainsi que le confort ; et les enfants attendent et, lorsque tu veux en avoir un, il est déjà trop tard. Comme ça fait du mal ! Je préfère une famille au visage épuisé par le don de soi, à une famille aux visages maquillés qui n’ont pas su ce qu’est la tendresse et la compassion ».

La recherche exacerbée de cinq minutes de gloire

Homélie à Ecatepec (Mexique), le 14 février 2016 :

« La vanité est la recherche de prestige sur la base de la disqualification continuelle et constante de ceux qui ‘ne sont pas comme nous’. La recherche exacerbée de ces cinq minutes de gloire, qui ne supporte pas la ‘gloire’ des autres. Transformant l’arbre tombé en bois de chauffage, elle conduit à la troisième tentation: l’orgueil; c’est-à-dire se mettre sur un plan de supériorité en tout genre, sentant qu’on ne partage pas ‘‘la vie du commun des mortels’’, et prier tous les jours: ‘Merci Seigneur parce que tu ne m’as pas fait comme eux’. »

La tentation de ‘blinder les portes’

Homélie aux Missionnaires de la miséricorde, le 10 février 2016 :

« C’est à nous de reconnaître que ‘nous avons besoin de miséricorde’ : c’est le premier pas du cheminement chrétien ; il s’agit d’entrer par la porte ouverte qu’est le Christ, où il nous attend lui-même, le Sauveur, pour nous offrir une vie nouvelle et joyeuse.

Il peut y avoir quelques obstacles qui ferment les portes de notre cœur. Il y a la tentation de ‘blinder les portes’, c’est-à-dire de cohabiter avec son péché, en le minimisant, en se justifiant toujours, en pensant ne pas être pire que les autres ; mais de cette façon, les verrous de l’âme se ferment et l’on reste enfermé à l’intérieur, prisonnier du mal.

Un autre obstacle est la ‘honte d’ouvrir la porte’ secrète de son cœur. En réalité, la honte est un bon symptôme parce qu’elle indique que nous voulons nous détacher du mal ; pourtant, elle ne doit jamais se transformer en crainte ou en peur. »

Si quelqu’un nous dit une chose dure, nous cherchons toute de suite à dire que ce n’est pas vrai

À Sainte-Marthe, le 1er février 2016 :

« Si quelqu’un nous dit […] une chose dure, nous cherchons toute de suite à dire que ce n’est pas vrai […] L’humilité peut seulement arriver dans le cœur à travers les humiliations. Il n’y a pas d’humilité sans humiliations, et si tu n’es pas capable de porter certaines humiliations dans ta vie, tu n’es pas humble. […] Le but de la sainteté que Dieu offre à ses enfants, […] vient à travers l’humiliation de son Fils, qui se laisse insulter, qui se laisse porter sur la Croix, injustement. Et ce Fils de Dieu qui s’humilie, c’est la voie de la sainteté. Et David, par son attitude, prophétise cette humiliation de Jésus. Demandons au Seigneur la grâce, pour chacun de nous, pour toute l’Église, la grâce de l’humilité, mais aussi la grâce de comprendre qu’il n’est pas possible d’être humble sans humiliation. »