Les Fioretti du Pape François en décembre

Les « fiorettis » du Pape François en décembre et son homélie pour la messe pour la paix du 1er janvier.

  • Nous ne pouvons dire: 'je suis chrétien' et vivre en païen

Angelus du 26 décembre 2014

« La cohérence chrétienne est une grâce que nous devons demander au Seigneur: être cohérents, vivre en chrétiens, et ne pas dire: 'je suis chrétien', et vivre en païen. La cohérence est une grâce à demander aujourd'hui. »

Suivre l'Évangile est certes un chemin exigeant, « mais beau, très beau »,mais qui le parcourt avec fidélité et courage reçoit le don promis par le Seigneur aux hommes et aux femmes de bonne volonté. « Comme le chantaient les anges le jour de Noël: 'Paix, Paix!' […] 'Vous serez détestés de tous à cause de mon nom ; mais celui qui aura persévéré jusqu'à la fin, celui-là sera sauvé'. » Ces paroles du Seigneur ne viennent pas « perturber la célébration de Noël, mais lui enlèvent le revêtement doucereux qui ne lui appartient pas […] Si vous portez cette croix avec amour, vous êtes entrés dans le mystère de Noël, vous êtes dans le cœur du Christ et de l'Eglise […] Tous ne sont pas appelés, comme Saint Étienne, à verser leur sang, mais il est demandé à chaque chrétien d'être cohérent avec la foi qu'il professe. »

  • 'Ai-je du temps pour jouer avec mes enfants, ou suis-je toujours occupé ?'

Aux employés du Vatican, le 22 décembre 2014

« Chacun de nous peut penser: 'Quelle est la chose que je dois soigner le plus ?'. Penser : 'Aujourd'hui je vais soigner ça'. Mais surtout soigner la famille ! La famille est un trésor, les enfants sont un trésor. Une question que les jeunes parents peuvent se poser: 'Ai-je du temps pour jouer avec mes enfants, ou suis-je toujours occupé(e) et je n'ai pas de temps pour eux?'. Je vous laisse cette question. Jouer avec ses enfants : c'est tellement beau ! Et ceci est semer l'avenir. »

  • L'Église n'est pas un entrepreneur

À Sainte-Marthe, le 19 décembre 2014

« Ouvrons-nous à l'Esprit de Dieu, […] tout seuls, nous n'y arrivons pas. C'est lui qui peut faire les choses […]. Aujourd'hui, nous prions pour notre mère Église, pour tant de stérilité dans le peuple de Dieu. Des stérilités qui dérivent de l'égoïsme, du pouvoir… lorsque l'Église croit dans le pouvoir de tout faire, de s'emparer des consciences des gens, d'aller sur la voie des pharisiens, des sadducéens, sur la voie de l'hypocrisie, l'Église est stérile. Que ce Noël rende notre Église ouverte au don de Dieu, qu'elle laisse l'Esprit Saint nous surprendre et qu'elle soit une Église qui fasse des enfants, une Église mère. Mère. Souvent, je pense que l'Église, dans beaucoup d'endroits, est plus une mère qui n'agit pas en entrepreneur […] Demandons aujourd'hui au Seigneur, tout en regardant la crèche, la grâce de la fécondité de l'Église. Que l'Église soit avant tout une mère, comme Marie ».

  • La maladie de l'Alzheimer spirituel

Discours à la Curie, le 22 décembre 2014 (les 15 maladies de la communauté ecclésiale)

« La maladie de l'Alzheimer spirituel, c'est-à-dire l'oubli de 'l'histoire du salut', de l'histoire personnelle avec le Seigneur, du 'premier amour' (Ap 2, 4). Il s'agit d'un déclin progressif des facultés spirituelles qui, dans un laps de temps plus ou moins long, causent un grave handicapà la personne en la faisant devenir incapable d'une activité autonome, du fait d'un état de dépendance absolue de ses vues souvent imaginaires. Nous le voyons dans ceux qui ont perdu la mémoire de leur rencontre avec le Seigneur, dans ceux qui ne font pas le sens 'deutéronomique' de la vie; dans ceux qui sont totalement dépendants de leur 'présent', de leurs passions, caprices et manies; dans ceux qui construisent autour d'eux des murs et des habitudes et deviennent toujours plus esclaves des idoles qu'ils ont sculptées de leurs propres mains. »

  • 'Seigneur, voilà mes péchés – non pas ceux de l'autre…
  • À Sainte-Marthe, le 16 décembre 2014
  • Tant de chrétiens qui se sentent 'purs' seulement parce qu'ils se rendent à la messe et qu'ils communient. Mais Dieu a besoin d'autre chose : 'si ton cœur n'est pas repenti, si tu n'écoutes pas le Seigneur, si tu n'acceptes pas la correction et que tu ne lui fais pas confiance, tu n'as pas un cœur repenti' »
  • Un saint « écoutait le Seigneur, il faisait tout selon sa volonté, il donnait tout au Seigneur qui lui dit : 'Il manque encore une chose que tu ne m'as pas donnée'. Le pauvre était si bon, il répondit : – 'Mais, Seigneur, qu'est-ce que je ne t'ai pas donné ? Je t'ai donné ma vie, je travaille pour les pauvres, je travaille pour la catéchèse…' – 'Il y a quelque chose que tu ne m'as pas encore donné'. – 'Quoi, Seigneur?' –'Tes péchés.' Quand nous serons en mesure de dire au Seigneur : 'Seigneur, voilà mes péchés – non pas ceux de l'autre, ce sont les miens… Prends-les et ainsi je serai sauvé' – quand nous serons capables de faire cela, nous serons ce beau peuple, 'peuple humble et pauvre', qui se confie dans le nom du Seigneur ».
  • 'Jette-lui une peau de banane, afin qu'il enrage d'être pécheur et ainsi puisse Te rencontrer'
  • À Sainte-Marthe, le 15 décembre 2014
  • « La vérité n'intéressait pas [les grands prêtres et les anciens du peuple]. Ils cherchaient juste leur intérêt et allaient dans le sens du vent, comme des girouettes. Ces chefs des prêtres négociaient tout : la liberté intérieure, la foi, la patrie, tout sauf les apparences. C'étaient des opportunistes à qui importaient de toujours bien se sortir des situations difficiles […] Jésus au contraire nous enseigne que le chrétien doit avoir un cœur fort, solide, un cœur qui grandit sur le roc qui est le Christ, et qui avance avec prudence. On ne négocie pas le cœur, on ne négocie pas ce roc qu'est le Christ ! Il n'a jamais négocié son cœur de Fils. Son cœur était si ouvert aux gens, de trouver un chemin pour les aider […] Il m'est arrivé quelque fois, en voyant un chrétien ou une chrétienne avec le cœur faible et si rigide, de demander au Seigneur :'jette-lui une peau de banane, afin qu'il fasse une belle glissade, qu'il enrage d'être pécheur et ainsi puisse Te rencontrer, Toi qui es le Sauveur'. Tant de fois un péché nous met en colère et nous fait rencontrer le Seigneur, qui nous pardonne, comme les malades qui étaient là et allaient vers Jésus pour guérir ».
  • Demandons au Seigneur « la grâce que notre cœur soit simple, lumineux de la vérité de Celui qui nous la donne, afin que nous puissions aimer, pardonner, être compréhensifs avec les autres, miséricordieux, et surtout de ne jamais condamner. Demandons au Seigneur la grâce qu'il nous donne cette lumière intérieure, qui nous convainc que seul Lui est le rocher, et non toutes nos histoires que nous estimons importantes. C'est le Seigneur qui nous montre le chemin, qui élargit le cœur pour que puissent y entrer les problèmes de tant de gens, c'est Lui qui nous donne une grâce que les chefs des prêtres du temps de Jésus n'avaient pas : la grâce de se sentir pécheur ».
  • Où a-t-on vu une sainte funèbre ?
  • Angelus du 13 décembre 2014
  • Jésus est venu apporter la joie à tous et pour toujours. Il ne s'agit pas d'une joie seulement espérée ou renvoyée au paradis: 'ici on est triste, sur la terre, mais au paradis on sera joyeux'. Non, non! Mais d'une joie réelle et dont on peut faire l'expérience aujourd'hui, parce que Jésus lui-même est notre joie, et avec Jésus la joie est là. Sans Jésus il y a la joie? Non! Bien! Il est vivant, il est ressuscité, et il agit en nous et au milieu de nous par sa Parole et les sacrements.
  • Nous tous, les baptisés, enfants de l'Église, nous sommes appelés à accueillir toujours à nouveau la présence de Dieu au milieu de nous et à aider les autres à la découvrir, ou à la redécouvrir s'ils l'ont oubliée. Il s'agit d'une très belle mission, semblable à celle de Jean-Baptiste: orienter les gens vers le Christ —pas vers nous!— parce que c'est Lui le but vers lequel tend le cœur de l'homme quand il cherche la joie et le bonheur.
  • Saint Paul indique les conditions pour être "missionnaires de la joie": prier avec persévérance, toujours rendre grâce à Dieu, servir son Esprit, chercher le bien et éviter le mal (cf. 1 Th 5,17-22). Si tel est notre style de vie, alors la Bonne Nouvelle pourra entrer dans beaucoup de maisons et aider les personnes et les familles à redécouvrir qu'en Jésus est le salut. En lui, c'est possible de trouver la paix intérieure et la force pour affronter chaque jour les différentes situations de la vie, même les plus lourdes et les plus difficiles.
  • On n'a jamais entendu parler d'un saint triste, ou d'une sainte avec un visage funèbre. Jamais on a entendu parler de cela ! Ce serait un contre-sens. Le chrétien est une personne qui a le cœur rempli de paix, parce qu'il sait placer sa joie dans le Seigneur même quand il traverse les moments difficiles de la vie. Avoir la foi cela ne signifie pas ne pas avoir de moments difficiles, mais avoir la force de les affronter en sachant que nous ne sommes pas tout seuls. Voilà la paix que Dieu donne à ses enfants.
  • Dieu n'est pas un commerçant
  • A Sainte-Marthe le 11 décembre 2014
  • « Dieu se présente comme une mère, qui dialogue avec son enfant : une mère quand elle chante une berceuse à son enfant et prend la voix d'un enfant et se fait toute petite comme l'enfant, et parle avec le ton enfantin au point d'en être ridicule si l'on ne savait pas tout ce qu'il y a là de grand. […] Et Dieu fait la même chose. C'est la tendresse de Dieu. Il est si proche de nous qu'il s'exprime avec cette tendresse: la tendresse d'une mère.» Et l'enfant « se laisse aimer » : « c'est la grâce de Dieu ». En effet, « quand nous parlons de grâce, nous parlons de cette proximité […] C'est le même langage que nous trouvons dans l'Ecriture: « Voici que j'ai fait de toi un traîneau à battre, tout neuf... Je te ferai grand! ». Et, en disant cela, la mère « le caresse, l'approche d'elle ». Mais « Dieu aussi fait ainsi: c'est la tendresse de Dieu » qui « est si proche de nous, qu'elle s'exprime avec cette tendresse, la tendresse d'une mère […] Si toi, dans ton rapport avec le Seigneur tu ne ressens pas qu'il t'aime avec tendresse, c'est qu'il te manque quelque chose, c'est que tu n'as pas encore compris ce qu'est la grâce, que tu n'as pas encore reçu cette grâce qui est cette proximité […] Dans l'histoire et aussi dans notre vie nous sommes tentés de mercantiliser la grâce, d'en faire 'une marchandise ou une chose que l'on peut contrôler', en nous disant : 'Mais moi j'ai tellement de grâce', ou encore 'J'ai l'âme propre, je suis en état de grâce'. Et c'est ainsi que cette vérité si belle de la proximité de Dieu glisse dans une comptabilité spirituelle : 'Non, moi je fais telle ou telle chose parce que cela me procurera 300 jours de grâce… Je fais telle autre chose parce que cela me donnera cela, et ainsi j'accumule la grâce'. Mais qu'est-ce que la grâce? Une marchandise? Cela y ressemble. Et dans notre histoire cette proximité de Dieu à son peuple a été trahie par cette attitude d'égoïsme qui est la nôtre, celle de vouloir contrôler la grâce, de la mercantiliser […] Le Seigneur n'est pas un commerçant, le Seigneur aime, il est proche […] Si nous avions le courage d'ouvrir notre cœur à cette tendresse de Dieu, combien de liberté spirituelle aurions-nous! ».
  • Une Eglise anxieuse, triste, c'est une Eglise de musée
  • À Sainte Marthe, le 9 décembre 2014
  • « Le prophète Isaïe déclare : 'Consolez, consolez mon peuple, dit votre Dieu. Parlez au cœur de Jérusalem. Proclamez que son service est accompli, que son crime est expié, qu'elle a reçu de la main du Seigneur le double pour toutes ses fautes' (Is 40, 1-11) […]. Le peuple a besoin de consolation. La présence même du Seigneur console […] Dans l'Évangile (Mt 18, 12-14), le pasteur qui va chercher la brebis perdue ne fait pas les comptes d'un bon commerçant : à 99, si on en perd une ce n'est pas un problème... Non, il a un cœur de pasteur, il va la chercher jusqu'à ce qu'il la trouve et il fait la fête, il est joyeux[…] La joie de l'Église est d'engendrer ; la joie de l'Église est de sortir de soi-même pour donner la vie ; la joie de l'Église est d'aller chercher les brebis égarées ; la joie de l'Église est celle de la tendresse du pasteur, de la tendresse de la mère. » C'est vraiment alors que l'Eglise « devient mère, devient féconde. Quand l'Église ne fait pas cela, quand elle se referme sur elle-même, elle est peut-être organisée, un organigramme parfait, tout en place, tout propre, mais il manque la joie, la fête, la paix, et elle devient une Église anxieuse, triste, une Église qui tient plus de la vieille fille que de la mère, et cette Église ne sert à rien, c'est une Église de musée.
  • Là où est le Seigneur, 'il y a consolation et paix. Quand arrive la consolation du Seigneur, elle nous bouleverse. C'est lui qui commande, pas nous ». Et la consolation la plus forte « est celle de la miséricorde et du pardon ».
  • Un chrétien qui se pavane, c'est moche
  • À Sainte-Marthe, le 4 décembre 2014
  • « Il y a des chrétiens qui le sont uniquement en apparence : des personnes qui se maquillent en chrétiens et, au moment de l'épreuve, n'ont que du maquillage ». Et « nous savons ce qui arrive à une femme maquillée quand elle marche dans la rue, qu'il se met à pleuvoir et qu'elle n'a pas de parapluie : tout coule, les apparences finissent par terre ». D'ailleurs ce genre de maquillage « est une tentation ». Ainsi il ne suffit pas de dire : 'Je suis chrétien Seigneur' pour l'être vraiment. C'est Jésus lui-même qui dit qu'il ne suffit pas de répéter 'Seigneur ! Seigneur !' pour entrer dans son royaume. » Il faut faire « la volonté du Père » et mettre « en pratique la Parole ». Telle est la différence entre « le chrétien de vie » et celui uniquement « d'apparence […] La vraie question à poser à ces personnes est : 'Dis-moi, ta vie est-elle fondée sur Jésus? Ton espérance où est-elle? Sur ce roc ou sur ces apparences' ? […] Pensons aux plus petits ; aux malades qui offrent leurs souffrances pour l'Eglise pour les autres, à toutes les personnes âgées seules, qui prient, à toutes les mères et à tous les pères de famille qui subviennent avec beaucoup d'efforts aux besoins de leurs familles, à l'éducation de leurs enfants, en travaillant dur chaque jour, qui font face aux problèmes mais avec l'espérance en Jésus. Qui ne sont pas en train de se pavaner, mais font ce qu'ils peuvent. Ce sont des saints de la vie quotidienne ». Pensons aussi « à tous ces prêtres qui ne se font pas voir, mais qui travaillent dans leurs paroisses, avec tant d'amour : la catéchèse des enfants, le soin des personnes âgées, des malades, la préparation des fiancés au mariage. Et tous les jours la même chose, la même chose, la même chose. Ils ne s'ennuient pas, parce qu'au fondement ils ont le roc ». Par contre, « tout le reste est apparence aujourd'hui nous sommes là, demain nous n'y serons pas ».
  • Dieu se révèle, non comme quelqu'un qui est en haut et qui domine l'univers, mais comme celui qui s'abaisse, qui descend sur la terre petit et pauvre et montre par là que pour être semblable à lui, nous devons, non pas nous mettre au-dessus des autres, mais nous abaisser, servir, se faire petit avec les petits et pauvres avec les pauvres. C'est une chose moche, quand on voit un chrétien qui ne veut pas s'abaisser, qui ne veut pas servir. Un chrétien qui se pavane partout, c'est moche : ce n'est pas un chrétien, c'est un païen. Le chrétien sert, il s'abaisse. Faisons en sorte que nos frères et sœurs ne se sentent jamais seuls ».
  • Vous pouvez poursuivre en lisant l'homélie du saint Père à la messe pour la paix de ce jeudi 1er janvier
  • source : vatican.va