Enflammés dans l’Amour

La venue de l'Esprit Saint sur les Apôtres, réunis autour de Marie, est évoquée dans cet article comme l'étreinte du Consolateur qui embrasse le Corps mystique de Jésus. L’Amour en personne fait irruption dans le nouveau Peuple de Dieu pour le rendre héraut de l’Évangile. « L’Esprit Saint, par sa présence permanente sur le chemin de l’Église, irradie la lumière de l’espérance sur les croyants »

« Vous serez baptisés dans le Saint Esprit, d’ici peu » (Actes 1, 5) ; en effet, bientôt l’Église est plongée « dans l’Esprit et le feu » (Luc 3, 16). La sainteté du Prêtre souverain ruisselle, comme une onction bénie, sur les enfants du Père. L’Esprit d’amour apporte communion et dialogue. « La Pentecôte montre le visage de l'Église, prête pour la mission évangélisatrice » (Jean-Paul II, Le Rosaire de la Vierge Marie §23). Le feu du ciel parle.

L’Esprit d’amour apporte communion et dialogue.

Le Consolateur embrasse le Corps mystique de Jésus, dans une étreinte vitale, qui fait sauter les verrous de l’isolement. L’Amour en personne fait irruption dans le nouveau Peuple de Dieu pour le rendre héraut de l’Évangile. « L’Esprit Saint, par sa présence permanente sur le chemin de l’Église, irradie la lumière de l’espérance sur les croyants » (pape François, L’espérance ne déçoit pas, 9/05/2024 §3).

L’Esprit divin, lien brûlant entre le Père et Fils, est comme le baiser que la Trinité dépose sur son Peuple racheté et sanctifié.

Après un parcours mouvementé, Joseph, hissé au pinacle de la gloire en Égypte, retrouve ses frères infidèles, pour se réconcilier avec eux ; attendri, il réserve son premier geste d’affection au plus jeune, resté innocent. Le baiser de Joseph à Benjamin (Genèse 45,14), fait penser au don du Christ à l’égard de ses frères cadets : il « envoya le Saint-Esprit consolateur à ses disciples le jour de la Pentecôte dans des langues de feu » (Bible de Saint Louis, Genèse, v. 1, f. 25 : ©Moleiro, 2002). L’Esprit divin, lien brûlant entre le Père et Fils, est comme le baiser que la Trinité dépose sur son Peuple racheté et sanctifié.

Malgré nos défauts et tant d’erreurs, le Saint-Esprit est l’âme vivante du Peuple de Dieu : « Ce qui est le plus important dans l’Église, ce n’est pas de voir comment les hommes répondent, mais de voir ce que Dieu fait » (Saint Josémaria, Quand le Christ passe §131). L’Esprit du Verbe et du Père vivifie la liturgie, la catéchèse et les multiples œuvres de miséricorde ; il anime les membres de l’Église dans la prière, dans les ministères, dans l’annonce (Catéchisme §688).

Le don de l’Esprit avait été très souvent annoncé : il descendrait sur l’Emmanuel, le Roi messianique ; il envelopperait de son ombre la Vierge Mère ; il remplirait l’âme des prophètes, des justes et des pénitents. Suivant les inspirations divines, Moïse fit forger, parmi le mobilier du sanctuaire, le chandelier à sept branches, qui porterait la lumière, symbole de la Loi et de la proximité divine. La tradition y a pressenti la sainteté de Notre Dame, qui « porte la Lumière du monde et reçoit la plénitude des dons du Saint-Esprit » (Bible de Saint Louis, Exode, v. 1, f. 47). Si chaque saint est comme un rayon de la Sagesse divine, la Vierge Marie, « vase de l’Esprit », montre cet éclat éminent par sa prière et par ses actes.

Celui qui a parlé par les prophètes et les apôtres, sanctifie aussi par les sacrements, éveille les vertus théologales, inspire la prière et les bonnes œuvres ; dicte la communion « spirituelle ». Nous lui devrons la grâce de la persévérance. « Sans lui, nous ne sommes pas chrétiens, il n'y a ni l'Église ni mission. Sans Lui, nous vivons une double vie : chrétienne en paroles, mondaine en actes » (pape François, Homélie de Pentecôte, 2013). Seul l’Esprit sauve. Divin Témoin du Fils, il imprime en nous son image et son message : « La lettre du Christ est écrite avec l’Esprit du Dieu vivant sur des tables de chair, sur les cœurs » (2 Corinthiens 3, 3).

Saint Pierre rappelle l’ancien oracle de Joël : « Dans les derniers jours, je répandrai de mon Esprit sur toute chair, vos fils et vos filles seront prophètes » (Actes 2, 17). Autrefois, Moïse obtint de Dieu la diffusion de l’esprit de sagesse, dont il bénéficiait, sur les chefs du peuple : « Le Seigneur descendit dans la nuée et préleva un peu de l’esprit qui était en Moïse pour le donner aux soixante-dix anciens. Dès que l’esprit se posa sur eux, ils se mirent à prophétiser » (Nombres 11, 25). Un commentateur remarque le lien entre la mission du Fils et celle de l’Esprit, en soulignant le rôle de Notre Dame : « Par l’Incarnation du Christ, la grâce de l’Esprit Saint a été diffusée sur les peuples. Sur tous est venu ce don de la vertu céleste qui vint jadis sur Moïse et les prophètes » (Bible de Saint Louis, Nombres, t. 1, f. 68). Le nouveau Moïse déploie les dons du ciel.

La contemplation de ce mystère glorieux nous pousse à remercier et à évangéliser sans crainte. Dieu le souhaite et le monde en a bien besoin

La contemplation de ce mystère glorieux nous pousse à remercier et à évangéliser sans crainte. Laissons l’Esprit agir en nous au quotidien : Dieu le souhaite et le monde en a bien besoin : « Esprit Saint, nous te confions le monde, nous te consacrons l’Église et nos cœurs. Viens Esprit de pardon, harmonie du cœur, transforme-nous comme tu sais le faire, par Marie » (pape François, Homélie de Pentecôte, 2023).

Abbé Fernandez