Culture et sainteté : une rencontre fructueuse

Le sujet principal du sixième numéro de "Studia et documenta" concerne les relations du fondateur de l'Opus Dei avec quatre brillants intellectuels.

C’est la sixième année consécutive que l’Istituto Storico San Josemaría Escrivá de Roma présente sa collaboration annuelle à l’historiographie de l’Opus Dei et de son Fondateur.

Plus de cent articles publiés

Depuis sa parution en 2007, Studia et Documenta a déjà publié plus de cent articles dont certains ont plus de cent pages. Cet apport historiographique consistant et concret, très attentif aux sources, intéresse l’histoire de l’Église contemporaine et d’autres domaines historiographiques. Cela est évident dans ce sixième volume.

Vies parallèles

Certes le penchant des historiens pour le genre des “vies parallèles” connu depuis deux mille ans, est toujours vivant et en mesure d’ouvrir de nouvelles perspectives. C’est ce que montre la première partie de la revue consacrée monographiquement aux rapports du fondateur de l’Opus Dei avec quatre intellectuels. José Maria Albareda est le premier d’entre eux. Il a joué un rôle important dans la vie scientifique espagnole durant presque trente ans grâce à sa recherche dans le domaine de l’édaphologie et son travail en tant que Secrétaire du Conseil Supérieur de la Recherche Scientifique (CSIC) depuis sa création en 1939 à 1966. Il était aussi membre de l’Opus, ordonné prêtre en 1960. Pablo Perez Lopez, Professeur titulaire d’Histoire Contemporaine, nous présente les premières années de cette relation entre 1935 et 1939, et les moments particulièrement difficiles qu’ils partagèrent en fuyant la persécution religieuse durant la guerre civile espagnole.

Saint Josémaria, grand chancelier de l'université de Navarre, remet le doctorat "Honoris Causa" au canoniste Willy Onclin

C’est dans ce contexte chronologique qu’est situé le travail d’Onésimo Díaz sur les premiers contacts de J.Escriva avec Rafael Calvo Serer, un autre intellectuel espagnol. Onésimo Díaz, spécialiste en histoire culturelle et politique du XX ème siècle, a déjà consacré d’importants travaux à Calvo Serer, professeur titulaire d’Histoire et promoteur d’entreprises culturelles et de journaux, militant politique opposé au régime franquiste qu’il affronta et qui le conduisit à la fermeture du quotidien Madrid dont il était Président. Calvo Serer faisait aussi partie de l’Opus Dei et, comme J.M.Albareda, il bénéficia de l’élan spirituel de saint Josémaria pour évoluer en toute liberté et avec un profond sens chrétien dans son activité culturelle et politique personnelle.

José Carlos Martín de la Hoz, théologien et historien, présente dans cette partie monographique mgr José López Ortiz, évêque et historien du Droit. Il entretint avec Josémaria Escriva une longue relation de plus de cinquante ans, dans une amitié profonde.

Le canoniste Willy Onclin est le quatrième intellectuel dont parle dans cette monographie le professeur Jean-Pierre Schouppe, spécialiste en Droit canonique et juriste professionnel pour faire un résumé de l’amitié qui le liait au Fondateur d’Opus Dei. Ce professeur de l’université de Louvain qui travailla de très près dans la réforme du Code de Droit Canonique de 1983, avait rencontré saint Josémaria durant les années du Concile Vatican II.

Saint Josémaria s'entretient avec Arcadio Maria Larraona sur la petite terrasse de l'appartement de "Città Léonina".

Rapports de saint Josémaria avec deux des principaux protagonistes de l’histoire de l’Église au XXème siècle

La partie de Studia et Documenta consacrée aux Études et au Notes comprend des travaux aux sujets variés. Le premier prend cependant un peu la suite du chapitre précédent puisqu’il évoque les rapports de saint Josémaria avec deux des principaux protagonistes de l’histoire de l’Église au XXème siècle: le pape Pie XII et mgr Giovanni Battista Montini, un de ses étroits collaborateurs et futur pape Paul VI. L’historien Luis Cano analyse les démarches et les activités du fondateur de l’Opus Dei à Rome lors de son premier séjour en cette Ville Éternelle. L’auteur s’est centré sur les aspects inédits de ce voyage et surtout sur les personnes que J.Escriva rencontra et fréquenta à Rome, dont mgr Montini fait essentiellement partie pour différentes raisons. Ces rencontres laissèrent leur empreinte dans l’histoire future des relations de l’Opus Dei et du Saint-Siège.

Dans "Mujer y Universidad en España (1910-1936)", Montero montre aussi combien la vision du fondateur de l’Opus Dei était pleine d’espoir et réaliste pour ce qui est de l’importante mission de la femme dans la vie universitaire.

Mercedes Montero, historienne de la Communication, est l’auteur de l’article suivant concernant la situation de la femme dans l’université en Espagne entre 1910 et 1936 ainsi que sur son rapport avec le point 946 de Chemin. M.Montero découvre qui est l’auteur d’une phrase que saint Josémaria utilisa et que d’aucuns ont trouvée péjorative par rapport à l’intégration de la femme dans le monde de la culture. Elle montre aussi combien la vision du fondateur de l’Opus Dei était pleine d’espoir et réaliste à l’époque pour ce qui est de l’importante mission de la femme dans la vie universitaire.

L’Espagne franquiste: mythe ou “grand récit”

L’historien Jaume Aurell consacre une longue étude à la formation du mythe ou du “grand récit” sur l’Opus Dei sous l’Espagne franquiste: le contraste entre la réalité de cette institution de l’Église et l’image publique forgée en ces années-là. Une partie d’un secteur du catholicisme espagnol de l’après-guerre la prit pour “une nouveauté dangereuse” ou pour “une hérésie” et, à l’extrême opposé, elle passait pour être une organisation conservatrice orientée à réaliser ses propres ambitions politiques et économiques et, plus tard, pour un avorton franquiste et intégriste. Autrement dit, J.Aurell a analysé les éléments qui composent, à son avis, ce “mythe” négatif, cette “légende noire” de l’Opus Dei, ainsi que ses origines et son évolution. Il explique en même temps les mécanismes qui règlent la formation de ces visions simplificatrices sur des personnes ou des institutions dans les sociétés postmodernes.

Dans la section Documenti, le spécialiste Santiago Martínez Sánchez s’occupe encore d’une relation amicale entre mgr Escriva et le cardinal José Maria Bueno Montreal, personnage important de l’Église en Espagne. Cette longue relation (1939-1975) est décrite sur la base des lettres échangées durant cette période que Santiago Martinez, grâce à une méthode critique affinée et à une introduction très riche, publie pour la première fois

Débuts de l’Œuvre de Saint Raphaël

Dans cette section-là, l’historien Fernando Crovetto publie un autre document inédit: le récit de Juan Jimenez Vargas sur les débuts de l’ Œuvre de Saint Raphaël (1933-1935), ensemble d’activités de formation chrétienne pour les jeunes auxquels saint Josémaria consacra tant d’énergie dans sa vie. Le jeune J.J.Vargas, avec un style concis et décontracté, rédigea à l’époque un document concernant les premiers pas d’un travail qui a caractérisé l’activité de l’Opus Dei dès ses débuts.

Dans la section Notiziario, consacrée aux nouvelles d’actualité concernant l’Opus Dei et son Fondateur, il y a les interventions du cardinal Antonio Maria Rouco et des professeurs José Luis Illanes, Miguel Angel Garrido et Pedro Rodriguez dans la présentation de l’édition critico-historique de Saint Rosaire, dans la collection des Œuvres complètes promue par l’Institut Historique, qui eut lieu à Madrid en 2011.

La section bibliographique comprend plus de vingt recensions et notes de livres concernant la recherche sur l’Opus Dei et sur saint Josémaria et leurs contextes historiques.

La dernière partie de la revue est consacrée, comme d’habitude, à la liste bibliographique qui comprend cette fois-ci la bibliographie générale sur mgr Alvaro del Portillo: presque cinquante pages avec une relation très complète des œuvres publiées, aussi bien celles du premier successeur de saint Josémaria que celles le concernant.

La nouveauté importante de ce numéro de Studia et Documenta est qu’il s’agit du premier volume que l’Institut Historique publie en tant qu’éditeur. En effet, l’Institut a pris en main non seulement la rédaction et la direction scientifique, comme il l’avait fait jusqu’à présent, mais aussi le management éditorial de la revue. Avec cette avancée, l’Institut souhaite donner un élan plus important à la diffusion de l’annuaire dans les milieux académiques et scientifiques et aussi auprès de beaucoup de personnes, spécialistes ou non, qui s’intéressent à l’histoire de saint Josémaria et de l’Opus Dei.

Il a prévu, entre autres, des conditions intéressantes d’abonnement et d’acquisition de numéros précédents et il invite ses abonnés ainsi que les personnes intéressées à visiter son nouveau site web www.studiaetdocumenta.org où ils trouveront une plus large information.

Sommaire complet et/ou abstracts (dans l’original espagnol) de Studia et Documenta 6 (2012) dans : www.isje.org