Fioretti avril 2018

Quelques extraits de la prédication du Pape François pendant ce temps de joie pascale, marqué par la publication de l'Exhortation apostolique : "Gaudete et Exultate"

L’équilibre de l’Église ressemble à l’équilibre du vélo

À Sainte Marthe, le 24 avril 2018 :

« [Dès ses débuts] l’Église était une Église en mouvement, une Église qui allait au-delà d’elle-même. Ce n’était pas un groupe d’élus fermé, mais une Église missionnaire. Mieux encore, l’équilibre de l’Église, pour ainsi dire, tient dans la mobilité, dans la fidélité à l’Esprit Saint. Quelqu’un disait que l’équilibre de l’Église ressemble à l’équilibre du vélo : il est ferme et stable quand il se déplace ; si tu le laisses immobile, il tombe. C’est un bon exemple ».

Il n’existe pas d’évangélisation “en fauteuil”

À Sainte-Marthe, le 19 avril 2018 :

« L’évangélisation, ce n’est pas un beau plan de prosélytisme. “Allons là et faisons des prosélytes…” Non… C’est l’Esprit qui te dit comment tu dois parler pour apporter la Parole de Dieu, pour porter le nom de Jésus. L’évangélisation “en fauteuil”, çà n’existe pas. “Lève-toi et va”. En sortie, toujours. “Va”. En mouvement. Va là où tu dois dire la Parole […] Il n’y a pas de vademecum de l’évangélisation. […] L’évangélisation est un peu un corps à corps, de personne à personne. On part de la situation, pas des théories.” […] Jésus évangélise ainsi. Toujours en chemin, toujours sur la route, toujours proche des personnes, et il partait toujours des situations concrètes… […] C’est l’Esprit qui nous pousse à nous lever, à nous approcher, et à partir des situations. »

Le péché vieillit le cœur

Homélie à la paroisse San Paolo della Croce,

16 avril 2018 :

« Nous nous sommes habitués à vieillir avec le péché […]. Le péché fatigue le cœur et nous perdons un peu de notre foi en Jésus Christ ressuscité : “Non, je n’y pense pas… Cela serait trop de joie… Oui, oui, il est vivant, mais il est au Ciel pour ses affaires… ”. Mais dans ses affaires j’y suis ! Chacun de nous ! Mais nous sommes incapables de faire ce lien.

[…] Le péché nous vieillit, mais Jésus, ressuscité, vivant, nous renouvelle. […] Quand nous allons au sacrement de la Pénitence, c’est pour être renouvelés, pour rajeunir. Et c’est Jésus ressuscité qui fait cela. […] C’est le Christ qui veut nous défendre, l’Avocat, quand nous avons péché, pour nous rajeunir. Frères et sœurs, demandons la grâce de croire que le Christ est vivant, qu’il est ressuscité ! C’est cela croire, et si nous croyons à cela, les autres choses sont secondaires. C’est notre vie, c’est notre vraie jeunesse. La victoire du Christ sur la mort, la victoire du Christ sur le péché.

Le Baptême n’est pas une formule magique

Audience générale du 2 avril 2018 :

« Le baptême n’est pas une formule magique mais un don de l’Esprit Saint qui habilite celui qui le reçoit “à lutter contre l’esprit du mal”, croyant que “Dieu a envoyé dans le monde son Fils pour détruire le pouvoir de Satan et transférer l’homme des ténèbres dans son royaume de lumière infinie” (cf. Rite du baptême des enfants, n. 56). Nous savons d’expérience que la vie chrétienne est toujours sujette à la tentation, surtout à la tentation de se séparer de Dieu, de sa volonté, de la communion avec lui, pour retomber dans les méandres des séductions mondaines. Et le baptême nous prépare, nous donne la force pour cette lutte quotidienne, y compris la lutte contre le diable qui, comme le dit saint Pierre, cherche comme un lion à nous dévorer et à nous détruire. »

“Liberté, liberté, liberté ! ”, ou “Esclave, esclave, esclave”

À Sainte-Marthe le 13 avril 2018 :

« Pensons aujourd’hui […] à notre liberté Suis-je libre ? Ou suis-je esclave de mes passions, de mes ambitions, de tant de choses, des richesses, de la mode ? On dirait une blague, mais tant de personnes sont esclaves de la mode ! … Pensons à notre liberté, dans ce monde qui est un peu schizophrène, où l’on crie : “Liberté, liberté, liberté ! ”, mais où l’on est plutôt “esclave, esclave, esclave”. Pensons à cette liberté que Dieu, en Jésus, nous donne. »

Ne devenons pas des chrétiens à l’eau de rose

À Sainte-Marthe, le 12 avril 2018 :

« Tout comme les apôtres, chacun de nous a touché Jésus dans sa propre vie. Souvent les péchés, les compromis, la peur nous font oublier cette première rencontre, celle qui nous a changé la vie. L’on en a un souvenir, mais un souvenir édulcoré ; cela nous fait devenir des chrétiens “à l’eau de rose”, édulcorés, superficiels. Demandons toujours à l’Esprit Saint la grâce d’être concret. Jésus est passé dans ma vie, par mon cœur. […] À nous de demander la grâce du souvenir de cette première rencontre. Demandons les uns pour les autres cette joie qui vient de l’Esprit Saint… la joie de l’obéissance pascale, la joie du témoignage pascal et la joie de ce qui est concret. »

La mauvaise humeur n’est pas un signe de sainteté

Exhortation Gaudete et exsultate, n° 126-127, du 9 avril 2018 :

« Ordinairement, la joie chrétienne est accompagnée du sens de l’humour […]. La mauvaise humeur n’est pas un signe de sainteté : “Éloigne de ton cœur le chagrin” (Qo 11, 10). Ce que nous recevons du Seigneur “afin d’en jouir” (1 Tm 6, 17) est tel que parfois la tristesse frise l’ingratitude de notre part, frise le repli sur nous-mêmes au point que nous sommes incapables de reconnaître les dons de Dieu.

Son amour paternel nous invite : “Mon fils, traite-toi bien […]. Ne te refuse pas le bonheur présent” (Si 14, 11.14). Il nous veut positifs, reconnaissants et pas trop compliqués : “Au jour du bonheur, sois heureux […]. Dieu a fait l’homme tout droit, et lui, cherche bien des calculs” (Qo 7, 14.29). En toute circonstance, il faut garder un esprit souple, et faire comme saint Paul : “J’ai appris en effet à me suffire en toute occasion” (Ph 4, 11). »

La porte blindée de notre péché

Homélie du 8 avril 2018, dimanche de la miséricorde :

« La résignation est toujours une porte fermée. Les disciples en ont fait l’expérience qui, à Pâques, constataient amèrement que tout était redevenu comme avant : ils étaient encore là, à Jérusalem, découragés ; le “chapitre Jésus” semblait clos, et après tant de temps passé avec lui, rien n’avait changé. […] Nous aussi nous pouvons penser : “Je suis chrétien depuis si longtemps, et cependant rien ne change, je fais toujours les mêmes péchés”. […]

Mais le Seigneur nous interpelle : “Ne crois-tu pas que ma miséricorde est plus grande que ta misère ? Tu récidives dans ton péché ? Récidive dans la demande de miséricorde, et nous verrons qui l’emportera !” Et puis il n’est pas vrai que tout recommence comme avant. À chaque pardon nous sommes ragaillardis, encouragés, car nous nous sentons à chaque fois plus aimés. Et quand nous retombons, nous éprouvons davantage de souffrance qu’avant. C’est une souffrance bénéfique qui lentement nous détache du péché. Nous découvrons alors que la force de la vie c’est recevoir le pardon de Dieu et aller de l’avant, de pardon en pardon. Ainsi va la vie : de honte en honte, de pardon en pardon. […]

Il y a une autre porte fermée, blindée parfois : notre péché. Quand je commets un gros péché, si moi, en toute honnêteté, je ne veux pas me pardonner, pourquoi Dieu devrait-il le faire ? Mais cette porte est verrouillée seulement d’un côté, le nôtre ; pour Dieu elle n’est jamais infranchissable. Comme nous l’apprend l’Évangile, il aime, justement, entrer “les portes étant fermées”, quand tout passage semble barré. Là, Dieu fait des merveilles. Il ne décide jamais de se séparer de nous, c’est nous qui le laissons dehors. Mais quand nous nous confessons il se produit une chose inouïe : nous découvrons que même ce péché qui nous tenait à distance du Seigneur devient le lieu de la rencontre avec lui. Là, le Dieu blessé d’amour vient à la rencontre de nos blessures. Et il rend nos misérables plaies semblables à ses plaies glorieuses. Car il est miséricorde et opère des merveilles dans nos misères. »

Chaque fois que je sors de la messe, je dois sortir meilleur que je ne suis entré

Audience générale, 4 avril 2018 :

« Les chrétiens vont à la messe pour participer à la Passion et à la Résurrection du Seigneur et ensuite pour vivre davantage en chrétiens : l’engagement au témoignage chrétien s’ouvre. Nous sortons de l’église pour “aller en paix”, pour porter la bénédiction de Dieu dans les activités quotidiennes, dans nos maisons, dans nos milieux de travail, parmi les occupations de la cité terrestre, “glorifiant le Seigneur par notre vie”. Mais si nous sortons de l’église en bavardant et en disant : “Regarde celui-ci, regarde celui-là…” avec une langue longue comme ça, la messe n’est pas entrée dans mon cœur. Pourquoi ? Parce que je ne suis pas capable de vivre le témoignage chrétien. Chaque fois que je sors de la messe, je dois sortir meilleur que je ne suis entré, avec davantage de vie, avec davantage de force, avec davantage d’envie de donner un témoignage chrétien. À travers l’Eucharistie, le Seigneur Jésus entre en nous, dans notre cœur et dans notre chair, afin que nous puissions “exprimer dans notre vie le sacrement reçu dans la foi” (Missel romain, Collecte du lundi de l’octave de Pâques). »