Les bras du Prêtre Souverain

La contemplation du Christ crucifié nous conduit à L'adorer, à nous réfugier totalement dans son Coeur miséricordieux.

Le Prêtre éternel, « a offert, à grands cris et dans les larmes, des prières et des supplications à celui qui pouvait le sauver de la mort, et il a été exaucé en raison de sa piété » (Hébreux 5, 7).

Sur le Calvaire, Jésus est cloué sur le bois de la croix. Ses bras resteront étendus ainsi pendant trois heures. Le supplice inexorable devient sacrifice d’expiation. Dépouillé de ses vêtements, Jésus reste, sur l’autel de la Croix, « un grand prêtre compatissant et digne de confiance dans le service de Dieu, pour faire l'expiation des péchés du peuple » (Hébreux 2, 17).

sculpture de Pasquale Sciancalepore ( Rome, 1975)

Son Cœur, dans le feu brûlant de l’amour miséricordieux, bat à l’unisson de la miséricorde du Père, qui agrée tel holocauste. « Le Fils de l’homme est venu pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude » (Matthieu 20, 28).

Les contemplatifs ont découvert l’épaisseur du geste. Tous ont compati sa passion dans l’amour et se sont offerts avec lui, « afin de compléter les souffrances du Christ » (Colossiens 1, 24). Beaucoup ont trouvé refuge dans le Cœur transpercé, devenu la source de toute justification pour les enfants de Dieu. Le mémorial du mystère pascal invite, notamment dans le moment de la consécration eucharistique, à adorer le Sauveur, prêtre et victime volontaire. Les artistes ont représenté le Christ en croix soit dans le paroxysme des douleurs, soit la tête inclinée dans le silence de la mort, soit avec la tunique sacerdotale et le visage serein.

Saint Josémaria, parmi tant d’autres, participa à la vie de Jésus intensément. Il nourrit une dévotion personnelle pour l’Amour miséricordieux depuis le début de son ministère sacerdotal. « Nous voulons que le Christ règne, nous pratiquons et propagerons l’Evangile, nous cultiverons l’amour entre les gens et l’Amour de Dieu » (Cahiers intimes, année1931)

Sa piété eucharistique lui faisait voir le sacrifice eucharistique comme l’instant suprême « où le temps s’unit à l’éternité : Jésus, dans un geste de prêtre éternel, attire à Lui toutes choses, pour les placer, avec le souffle du Saint-Esprit, en la présence de Dieu le Père » (Quand le Christ passe §94).

Vers la fin de sa vie il invoqua avec confiance « le Cœur Sacré et Miséricordieux de Jésus » pour les besoins de l’Eglise et du monde.

A la même époque il s’adressa à Pasquale Sciancalepore, sculpteur romain, pour commander un Christ en croix, vivant et paisible, qui fut installé (en 1975), en deux exemplaires fondus en bronze doré : l’un dans le sanctuaire de Torreciudad (Espagne), l’autre dans une chapelle à Rome. Le Christ est de grandeur nature et ne porte pas la blessure du côté. Une légère contorsion du corps exprime les souffrances du supplice ; les yeux ouverts adressent un regard amical, qui invite à la conversion.

Saint Josémaria voyait le geste du Crucifié comme une expression de sa miséricorde de Prêtre éternel, sans limites. « Le Christ, qui est monté sur la Croix les bras grands ouverts dans un geste de Prêtre éternel, veut compter sur nous, qui ne sommes rien, pour porter à tous les hommes les fruits de sa Rédemption » (Forge §4).

Abbé Antoine Fernandez